25 juillet 2001

 

Les événements du G8 ne semblent pas laisser les gens indifférents à Dijon.
Depuis quelques jours, on observe plusieurs collages et bombages dénonçant
les politiques meurtrières de l'état italien et du G8. Par ailleurs, un
journal mural a été réalisé, dont nous encourageons la reproduction, la
distribution et le collage. Il est disponible sur le site oueb de maloka :
http://www.chez.com/maloka (au format PDF), avec quelques autres affiches.
Enfin, une action a eu lieu au consulat d'Italie ce matin, dont voici le
compte-rendu.

Vendredi 25 juillet 2001, une quarantaine de personnes a occupé le consulat
d'Italie de Dijon vers 10h30, en réaction à la répression sanglante s'étant
abattue sur les manifestant-e-s anti-g8 avant, pendant et après le sommet.
Une banderole affichant "le G8 tue pour faire taire la colère de la rue"
fut accrochée au dessus de l'entrée du consulat, pendant que des tracts
étaient distribués aux résident-e-s de l'immeuble, aux passant-e-s et aux
automobilistes. A l'intérieur, l'employée du consulat refusa obstinément
d'envoyer les fax de revendications motivant l'action, après en avoir reçu
l'ordre de l'ambassade de Paris, jointe par téléphone. Un membre du cabinet
de la mairie arriva alors avec les flics, proposant aux occupant-e-s de
quitter les lieux pour envoyer les fax depuis la mairie. Refusant de
partir, les manifestant-e-s parlementèrent plus d'une heure, sans succès.
Malgré les réticences de l'employée, les occupant-e-s envoyèrent alors
eux-mêmes les communiqués depuis le fax du consulat, et l'action pris fin
après deux heures d'occupation.

Ci-dessous, le tract distribué, suivi du communiqué :

A Gênes, le pouvoir tue pour faire taire la colère de la rue !

Ces 19-20-21 juillet s'est déroulé à Gênes le sommet du G8 qui réunit
les dirigeants des 8 pays les plus riches de la planète. Ce sommet (tout
comme ceux du FMI, de la Banque Mondiale, de l'OMC...) concentrant les
pouvoirs économique et politique aux mains d'une poignée de dirigeants
s'inscrit dans le cadre de la mondialisation que l'on veut nous imposer, où
les intérêts des plus riches contrôlent et gèrent la vie de l'ensemble de
la population mondiale. Ainsi, la globalisation n'est pas qu'une histoire
de commerce mais aussi une affaire de pouvoir et de domination. C'est la
mise en place d'un monde uniforme sous l'emprise du diktat des banques et
des multinationales. Ce processus creuse de plus en plus les inégalités
entre les riches et les pauvres au nom du profit et de l'accumulation
capitaliste.

C'est pourquoi, comme de nombreuses associations, collectifs et
individu-e-s venu-e-s manifester à Gênes, nous nous plaçons dans une
optique de lutte anticapitaliste plutôt qu'antimondialisation. C'est-à-dire
que nous ne croyons pas en des réformes gouvernementales qui viseraient à
réguler le capitalisme, système fondé sur l'exploitation et la recherche du
profit.
Ainsi nous refusons le lobbying et la représentativité dans quelque
institution que ce soit, celles-ci n'ayant aucune légitimité à nos yeux. Le
but d'un grand nombre de manifestant-e-s est donc bien d'empêcher le
déroulement du sommet par l'action directe et la désobéissance civile.

Les médias institutionnels (relais des gouvernements) cherchent à
diviser le mouvement contestataire entre bon-ne-s manifestant-e-s et
méchant-e-s casseuses/eurs. La "casse" est présentée comme étant le fait
d'une minorité de vandales agissant de manière irréfléchie. Or elles/ils se
sont attaqué-e-s à des multinationales, à des banques, des assurances...
pas aux petits commerces de quartier. Cependant, des exactions ont été
commises en leur nom par la police infiltrée, dans le but de décrédibiliser
leur démarche en brouillant le sens politique de leur action.

Causer des dommages matériels à des gens qui ne parlent que le langage de
l'argent, c'est leur signifier qu'ils ne sont pas intouchables, c'est
saboter un centième de leur profits et leur rendre un millième de la
violence que leurs activités génèrent. Rappelons que la propriété privée
reste un ensemble d'objets inanimés alors que les différents êtres victimes
du capitalisme (Sans-terres au Brésil, zapatistes du Chiapas,
prisonnier-e-s turc-que-s en lutte, papous, colombien-ne-s ou nigerien-ne-s
résistant à l'industrie pétrolière, travailleurs/euses précarisé-e-s,
chomeurs/euses ou sans-papiers), sont par contre bien vivant-e-s, leurs
souffrances bien réelles. Il nous semble important de souligner que la
destruction de biens privés est une tactique parmi d'autres moyens
d'actions (blocage pacifique, carnaval festif, construction de barricades,
confrontation violente ou non-violente avec la police...). La diversité des
modes d'actions est justement ce qui fait la force du mouvement.

On reproche à une "minorité de violents" de provoquer des affrontements
avec les forces de l'ordre. Or celles-ci n'ont pas besoin d'une quelconque
"casse" pour réprimer violemment les manifestant-e-s.

Avant même l'ouverture du sommet, l'état a déployé un système
ultra-sécuritaire afin d'empêcher toute contestation : fermeture des
frontières, filtrage des individu-e-s, fouilles répétées, création d'une
zone interdite autour du lieu du sommet. Durant les trois jours de
manifestations, des chars et mitraillettes, des canons à eau, gaz
lacrymogène ont été utilisés par 20000 policier-e-s et militaires.
La violence de la répression empire de sommet en sommet. Déjà à
Göteborg en juin dernier, un policier avait tiré sur un manifestant à
balles réelles, le blessant grièvement. A Gênes, un militant de 23 ans a
été assassiné de deux balles dans la tête avant de se faire écraser par le
véhicule des carabiniers. A cette mort s'ajoutent plus de 600 blessé-e-s,
la plupart matraqué-e-s sauvagement, ainsi que des centaines d'arrestations
arbitraires. Le centre de convergence du GSF (Forum Social de Gènes) et de
relais des médias alternatifs a même été victime d'une perquisition
illégale par la police, qui a aveuglement frappé des gens qui dormaient,
puis a confisqué des disques durs, bandes vidéos... avant de détruire le
matériel informatique.

Pour justifier l'ampleur de la répression, l'Etat et les médias
évoquent des "anarchistes" irresponsables et violents, à l'utopie
délirante. Or, ce sont précisément l'élimination de la violence de
l'organisme social (inégalités, discriminations, oppressions) ainsi que
l'abolition des rapports de domination et de toute structure hiérarchisée
de la société qui sont visées par les anarchistes.
Nos luttes ne sont pas seulement réactionnelles, en confrontation, mais
aussi créatives. Elles proposent des alternatives concrètes, mettent en
place dès aujourd'hui des structures émanant de la base, solidaires et
autogérées (indépendantes des institutions et sans visées commerciales) :
échanges de savoir ou de services, coopératives locales, comités de
quartiers, occupations de locaux vides, création de lieux de vie et
d'activités, édition alternative de brochures et de musiques...

Aujourd'hui, mercredi 25 juillet, nous occupons le consulat d'Italie de
Dijon pour faire part de notre colère et forcer l'Etat italien à entendre
nos revendications.
Nous tenons à affirmer notre solidarité avec TOU-TE-S les
manifestant-e-s, invariablement victimes de la répression policière.
Nous dénonçons l'instrumentalisation et la criminalisation des
"anarchistes" par les médias institutionnels & le pouvoir pour justifier
ses exactions et diviser le mouvement.
Nous exigeons la libération immédiate de tou-te-s les manifestant-e-s
interpellé-e-s et l'abandon des poursuites à leur encontre.

Des anarchistes

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Communiqué faxé au consulat central d'Italie à Paris, ainsi qu'à l'Elysée
et à Matignon :

Occupation du consulat d'Italie de Dijon

Le sommet du G8 vient de se terminer, après trois jours de manifestations
et d'émeutes en ayant ébranlé la légitimité. Cette mobilisation sans
précédent a donné lieu à une répression d'une violence et d'une envergure
encore jamais égalées au cours des contestations anticapitalistes qui se
succèdent depuis maintenant deux ans.

Un avant-goût de la violence employée par les états pour faire taire la
contestation avait été donné à Göteborg en juin dernier, où un policier
avait tiré sur un manifestant à balles réelles, le blessant grièvement.

Le cap suivant a été franchi à Gênes, avec le meurtre d'un militant de 23
ans, tué de deux balles dans la tête, avant de se faire écraser par un
véhicule des carabiniers. A cette mort s'ajoutent plus de 500 blessé-e-s,
la plupart battu-e-s sauvagement, ainsi que des centaines d'arrestations
arbitraires et un centre de convergence dévasté par la police.

Certain-e-s manifestant-e-s se sont attaqué-e-s à de nombreuses enseignes
précises du capitalisme (banques, multinationales). Cependant, des
exactions ont été commises en leur nom par la police infiltrée, dans le but
de décrédibiliser leur démarche en brouillant le sens politique de leur action.

En conséquence, nous occupons aujourd'hui le consulat d'Italie de Dijon,
pour faire part de notre colère et forcer l'état italien à entendre nos
revendications. Notre action s'inscrit dans le cadre d'une réaction globale
contre l'arbitraire de l'état italien et du G8. En effet, d'autres actions
de solidarité ont déjà eu lieu dans de nombreuses villes du monde, ont lieu
en ce moment même, et auront encore lieu dans les jours, les mois à venir.

Nous tenons à affirmer notre solidarité avec TOU-TE-S les
manifestant-e-s, invariablement victimes de la répression policière.
Nous dénonçons l'instrumentalisation et la criminalisation des
"anarchistes" par les médias institutionnels & le pouvoir pour justifier
ses exactions et diviser le mouvement.
Nous exigeons la libération immédiate de tou-te-s les manifestant-e-s
interpellé-e-s et l'abandon des poursuites à leur encontre.

Enfin, précisons que ni vos lois, ni vos menaces, ni vos flics ne sauront
nous arrêter. Nous luttons, nous lutterons pour construire un autre monde,
débarrassé des dominations et du pouvoir qui caractérisent le vôtre.

Des anarchistes
Dijon, 25 juillet 2001

 


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