7 février 2002

 

En Terre Sainte : l'hécatombe
Déclaration du Congrès rabbinique de l'Etat de New York

[traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier]

Les Juifs authentiques respectueux de la Torah protestent contre les dirigeants de l'"Etat" d'Israël

Le 7 février 2002 - L'obervation des préceptes de la Torah interdit aux Juifs d'avoir un Etat, fût cet Etat religieux. C'est pourquoi tous les rabbins et tous les Juifs craignant Dieu se sont opposés au sionisme, dès son apparition, sous toutes ses formes et dans toutes ses conséquences. C'est avec peine et chagrin que nous nous rassemblerons afin de protester contre l'"Etat d'Israël" qui défie la Torah, et en particulier contre son dirigeant, Sharon le sanguinaire, qui rend actuellement visite au président Bush. C'est lui, Sharon, qui a défié la Torah en désacralisant le nom du Tout-Puissant en se rendant sur le Mont du Temple afin d'y proclamer la guerre contre le peuple palestinien. C'est lui qui, par conséquent, a initié et fait exploser un enchaînement de meurtres et de massacres dont sont victimes toutes les populations de la Terre Sainte. Il ne cesse d'alimenter cette guerre, secondé en cela par ses collègues athées au gouvernement d'Israël. Nous nous rassemblerons, aussi, afin de protester contre la politique et les agissements pernicieux du gouvernement israélien à l'encontre des Juifs religieux. Nous dénoncerons la persécution et l'incarcération de rabbins qui avaient pour seul tort de vouloir défendre des lieux de sépulture sacrés. Nous dénoncerons encore plus fortement l'assistance apportée au meurtre de sang froid de l'éminent rabbin Samet, assassiné pour avoir défendu les principes religieux dans la ville sainte de Jérusalem. Nous demandons également au gouvernement des Etats-Unis de prendre toutes les mesures nécessaires à sa disposition afin de mettre un terme à ces agissements, afin d'obtenir l'élargissement du respecté rabbin Biton et d'amener devant la justice l'assassin du rabbin Samet. Nous prions le Tout-Puissant de libérer la terre (sainte) et le peuple juif par la proche venue du Messie ! A ceux qui se demanderaient pourquoi nous sommes ici, aujourd'hui. Washington, DC, 7 février 2002.


Questions et réponses au sujet de la manifestation de protestation de ce jour contre Sharon et la rencontre de son Cabinet ministériel avec Notre Honoré Président, George Bush.

Q - Quelle est la raison de la protestation d'aujourd'hui ?
R - Nous avons deux objectifs. Le premier est local, le second est mondial. Premièrement, nous exigeons la libération du rabbin Daniel Biton, prisonnier de conscience, actuellement incarcéré par le gouvernement israélien. Deuxièmement, nous sommes ici aujourd'hui pour déclarer que le gouvernement israélien lui-même et l'idéologie sioniste qu'il incarne ne sont en rien des représentants légitimes du peuple juif ou de la foi biblique, qui est le seul fondement de notre existence-même.

Q - Commençons par le début : pourquoi le rabbin a-t-il été arrêté ?
R - Lors d'un procès qu'on lui avait intenté au seul motif qu'il avait participé à une manifestation religieuse de protestation - pacifique -, il a proclamé son opposition à l'existence même de l'Etat israélien. C'est à cause de cette atteinte au "politiquement correct" qu'il a été emprisonné.

Q - Pourquoi qualifier cela de problème local ?
R - Il s'agit du problème posé par la souffrance injuste d'un individu. Bien entendu, c'est un problème très grave, qui mérite l'attention immédiate des personnes, dans la communauté internationale, soucieuses des violations des droits humains élémentaires. Toutefois, malgré la profondeur de la blessure morale infligée au Rabbin, il serait sans doute le premier à admettre qu'elle est amplement dépassée par le problème de l'entreprise sioniste en tant que telle, encore plus préoccupant et urgent, et de très loin.

Q - Pourquoi s'agit-il, en l'occurrence, d'un problème urgent ?
R - Aujourd'hui, le sionisme apparaît nu devant le peuple juif et aussi devant l'ensemble de l'humanité : c'est une entreprise qui a échoué. Les fondateurs du sionisme (tous des Juifs qui avaient rejeté leur foi ancestrale) proclamaient que le sionisme  allait résoudre le problème de l'exil et de la souffrance des Juifs. Il allait offrir un abri sûr à tous les Juifs du monde. Plus d'un siècle après, il a apporté la démonstration qu'il était incapable de mener à bien ne serait-ce que la tâche considérablement moins grandiose qui consisterait à protéger les Juifs qui vivent d'ores et déjà en Terre Sainte.

Q - Mais l'Etat a survécu, non ?
R - C'est faire preuve d'humour noir que de voir dans un gouvernement qui a fait subir à ses citoyens cinq guerres et d'incessantes souffrances une "survie" désirable. Combien encore de sang devra-t-il être versé avant que les Juifs se débarrassent, enfin, des chaînes de la domination sioniste du monde et commencent à remettre en cause les prétendues racines de cette idéologie ?

Q - A quelles racines prétendues faites-vous allusion ?
R - Le noyau de la pensée sioniste est le dogme, vieux d'au moins un siècle, selon lequel l'exil des Juifs résulte d'une action humaine, en l'occurrence, (prétendument) de la supériorité militaire de l'armée romaine, qui a détruit le Temple (de Jérusalem, 70 après J.C., ndt) et que, de ce fait, on peut mettre fin à cette diaspora par l'action militaire et politique. Cette lecture erronée et réductionniste de l'histoire juive a représenté un schisme d'avec deux mille ans de croyance biblique et de tradition. Les Juifs ont toujours vu dans leur exil une punition Divine. Il pensaient que le seul moyen de leur délivrance était de se repentir et de faire de bonnes actions. En procédant à une projection du drame de l'histoire juive en ces termes matérialistes et séculiers, le sionisme s'attaquait à l'essence-même de l'odyssée spirituelle du peuple de la Torah. Cette entreprise était vouée à l'échec.

Q - Pourquoi était-elle condamnée ?
R - Parce que le Talmud et le Midrash nous mettent en garde depuis toujours contre toute tentative de mettre fin à l'exil des Juifs, car de cela ne pourraient résulter que des massacres incessants et horribles. Et aussi parce qu'il est tout simplement impossible, du point de vue métaphysique, que ce qui n'est qu'un rejet du judaïsme, conduit par des gens qui renient la Torah, puisse prétendre diriger et représenter le peuple juif avec une quelconque chance de succès.

Q - Alors, dans ce cas, comment se fait-il que le sionisme soit si populaire ?
R - Après les terribles destructions de la seconde guerre mondiale, les Juifs européens avaient perdu la plupart de leurs grands dirigeants communautaires. De plus, il y avait une confusion générale qui finit par s'emparer de l'esprit de nombre de survivants. Le monde non-juif était anxieux de s'amender de sa passivité durant l'Holocauste. De là, le succès du sionisme, en 1948. Toutefois, une lecture dépassionnée de l'histoire juive amène à la conclusion que, dès son apparition, le sionisme a été rejeté par l'immense majorité des Juifs croyants et observant les préceptes de la Torah.

Q - Cette opposition était-elle motivée par la seule philosophie du sionisme ?
R - Non. En réalité, ce qui horrifiait ces Juifs pieux, c'étaient les agissements des sionistes, tant avant qu'ils accèdent au pouvoir qu'après la création de l'Etat, car ces agissements étaient révélateurs de la véritable nature de ce mouvement. L'Etat israélien a depuis fort longtemps combattu la pratique juive. Il a violé des sépultures juives afin d'effectuer des fouilles archéologiques, désacralisé des corps en procédant à des autopsies à la chaîne, persisté à maintenir la décadence des moeurs que représentent des régiments mixtes... la liste serait interminable...

Q - Mais vous admettez sûrement, aujourd'hui, que l'Etat est un fait, et qu'il ne pourrait disparaître qu'au prix d'énormes pertes en vies de Juifs ?
R - Ce qui est sûr, c'est qu'il ne survit qu'au prix d'énormes pertes en vies de Juifs ! Nous savons ce que l'existence de l'état a coûté en matière de sang versé et de souffrances. Le prix à payer pour le démanteler est une inconnue. Toutefois, nous sommes convaincus que si le peuple juif se débarrassait sincèrement de l'idéologie sioniste, des moyens pacifiques seraient trouvés permettant d'en démanteler l'appareil de son pouvoir.

Q - Quel est l'objectif général de la manifestation de ce jour ?
R - Au-delà du but immédiat - la libération du rabbin Biton - nous nous sommes engagés à porter à la connaissance du monde entier que des non-croyants, même s'ils s'affublent du nom d'"Israël", exhibent l'étoile de David et installent force ménorahs (chandeliers à sept branches, ndt), n'ont aucun droit à parler au nom des Juifs du monde entier. Comme l'a dit Rav Saadya Gaon (882 - 942), un dirigeant babylonien du peuple juif post-talmudique, "nous ne sommes une nation qu'en vertu de la Torah". Toute formulation du judaïsme qui rejetterait la révélation au Mont Sinaï constitue une déformation de la (vraie) foi qui nous a été dictée (au Mont Sinaï), voilà plus de quatre mille ans.
Ceux qui ne professent pas les enseignements du Sinaï, bien que Juifs (probablement victimes eux-mêmes de l'époque d'hérésie généralisée dans laquelle nous vivons) ne sauraient être considérés représentatifs du Judaïsme.

Q - Avez-vous quelque espoir que votre message soit entendu ?
R - Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, l'échec total de la folie sioniste est évident. Les plans de paix ont échoué. Le plus "grand" ténor de la droite, Ariel Sharon, a apporté lui-même la démonstration qu'il était totalement incapable de résoudre quoi que ce soit. Chaque jour, le nombre de morts augmente. Toutes les alternatives à l'intérieur des présupposés sionistes ont été essayées. Les gens sont désireux de dépasser les vieux clichés sépia et nourrissent de nouvelles solutions - qui sont, en réalité, éprouvées et traditionnelles. Le coût qu'entraîne le retard à remettre le sionisme en question s'alourdit de jour en jour.

Q - Si ce n'est plus Israël, qu'est-ce qui deviendra le centre d'intérêt des Juifs en Amérique et ailleurs dans le monde ?
R - Le foyer central de l'intérêt des Juifs à travers les siècles a toujours été le service du Tout Puissant à travers le respect de la Torah et les mitzvoth (les bonnes actions). C'était là le seul ordre du jour, pour le peuple juif, et il reste valable aujourd'hui. En s'efforçant d'observer le devoir de ne pas déroger à une droiture accompagnée de dignité sereine, avec l'aide du Créateur, nous pouvons nous rendre dignes d'inspirer et d'élever tous les hommes vers la paix dans le monde et le service de D...u.

Q - Le sionisme est-il contradictoire avec ce devoir (religieux) ?
R - Oui. Le sionisme entraîne les Juifs dans d'interminables conflits avec d'autres peuples. Il nous oblige à nous engager de manière agressive dans les guerres, les manoeuvres politiques et les pressions les plus diverses. Il ne s'agit là, en aucun cas, de valeurs juives. En exil, nous devons accepter notre statut et servir le Créateur, tout en cultivant la bonne volonté, l'honnêteté et des relations amicales envers tout notre entourage. Les rodomontades hautaines et le militarisme propres à l'Etat israélien ne sauraient en rien représenter des réponses appropriées à l'exil, ni à l'observance minimale d'un peuple tourné vers D...u, sincère et fraternel.

Q - Ainsi, votre programme... ?
R - C'est de prier pour un démantèlement pacifique de l'Etat d'Israël, afin d'encourager les Juifs, de par le monde, à couper les liens avec cet Etat et à proclamer devant l'humanité que le Judaïsme ne saurait en même temps accepter d'être représenté par des hérétiques et aspirer à de bonnes relations avec tous les hommes et toutes les nations.

 

Congrès rabbinique de l'Etat de New York  - PO.Box 79 - Highland Mills N Y 10930 - USA

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Note de do : vous pouvez relire mon texte intitulé :

L'antisémitisme est le meilleur allié du sionisme !
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Merci pour votre attention,
Meilleure salutation,
do


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