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Goodyear, « Justice de la République » : un constat réellement « atterrant » …

lundi 25 janvier 2016

« Pour la première fois depuis un demi siècle un gouvernement a demandé que soit requis des peines de prison ferme contre des syndicalistes pour avoir participé avec les salariés à des actions en vue d’empêcher la fermeture de leur usine. » Nous dit l’Appel des Goodyear …

Mais le fait que le droit syndical recule aussi brutalement n’est pas un simple « incident de parcours ». Il est le reflet d’une adaptation en profondeur du capitalisme à sa propre crise. Le fait que le capitalisme adapte le droit à ses propres besoins n’est pas nouveau non plus. On l’avait déjà vu en Belgique, avec carrément un recul d’un siècle qui était en projet, dès 2010… :

https://solydairinfo.wordpress.com/2015/11/16/luttes-sociales-le-combat-et-la-solidarite-continuent/

Ces dernières heures, la lutte des Goodyear reçoit, sur sa pétition « Change.org », que nous continuons néanmoins à soutenir, l’appui d’un membre du mouvement des « économistes atterrés »

C’est justement, pour nous aussi, l’occasion de faire un constat « atterrant » …

Les reculs sociaux et la montée du populisme social-fasciste vont de pair, et ensemble, ils vont également de pair avec l’approfondissement de la crise. Ils sont aussi le fruit des illusions réformistes entretenues jusqu’à un passé très récent par la sociale-démocratie.

Mais aussi par une bonne partie de ce qui se présente comme « à gauche de la gauche »…

Vouloir masquer la nature de classe réactionnaire de l’état « républicain » au service du capitalisme et de ses monopoles, et cela au nom de la « lutte des classes », c’est, délibérément ou non, entretenir les illusions qui ont amené à cette situation, où précisément la résistance prolétarienne et la cohésion nécessaire du mouvement ouvrier se trouvent aussi terriblement affaiblies.

C’est pourquoi il est juste, non seulement de dénoncer ces illusions, mais de critiquer ouvertement ceux qui les propagent, fussent-ils « bien intentionnés », au départ…

Dans le cas d’économistes très officiellement qualifiés, renommés et supposés compétents, on a même le droit de s’interroger sur la nature de leur démarche…

On veut bien leur reconnaitre, pourquoi pas, un certain « droit à la naïveté », et donc bien d’être « atterrés » par les affres du capitalisme, mais cela ne peut aller sans le droit critiquer cet « économisme » particulièrement contreproductif en terme de luttes de classes et très franchement atterrant… !

Voici donc l’article d’un « économiste atterré », qui vient d’être mis en lien sur le site de pétition. Nous le republions donc intégralement, « en italiques entre guillemets », avec nos commentaires intercalés dans le texte :

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Publié sur « leplus.nouvelobs »,

par Henri Sterdyniak, « économiste atterré »…

« 24 mois de prison, dont neuf mois ferme. C’est la sanction à laquelle ont été condamnés huit anciens salariés de l’usine Goodyear d’Amiens, pour la « séquestration » de membres de leur direction. Une pétition lancée en soutien de ces salariés a déjà recueilli plus de 100.000 signatures, dont celle d’Henri Sterdyniak, co-animateur des Economistes Atterrés. Il demande leur acquittement. »

« Depuis quelques années, en France comme dans la plupart des pays développés, le patronat mène avec agressivité la lutte des classes. »

Il ne l’a jamais abandonné, contrairement aux réformistes, et il récolte aujourd’hui les fruits pourris (pour le prolétariat…) de sa ténacité. L’idéologie de collaboration de classe entretenue par les réformistes est une de ses plus grandes victoires. Le réveil est aujourd’hui d’autant plus brutal…

« Maintenant qu’il a la possibilité de mettre en concurrence les travailleurs du monde entier, de choisir entre salariés français, irlandais, roumains ou chinois, il peut s’attaquer aux acquis sociaux, au niveau des salaires et des cotisations, au droit du travail. Il peut jouer du chantage : « Acceptez mes conditions ou je vais produire ailleurs ».

En réalité, cette stratégie a commencé dès le milieu des années 70, avec le premier « choc pétrolier » et les vagues de licenciement qui ont suivi, rendue « indolores », mais seulement en apparence, par le réformisme. La voie était ouverte pour la renaissance du social-fascisme.

« La détresse économique

Une partie importante des entreprises n’ont plus le souci de la cohésion nationale ou locale comme elles n’ont plus le souci de maintenir et de développer la compétence et la capacité de travail de leurs salariés, leur attachement à l’entreprise. »

A quel moment de l’histoire les entreprises ont-elles jamais eu « le souci de la cohésion nationale » ? Il n’est que de rappeler leur notoire collusion d’avant-guerre avec le fascisme, avec leur fameux slogan « plutôt Hitler que le Front Populaire »… Ce qui n’a pas non plus empêché bon nombre de chantres du dit « Front Populaire » de voter les pleins pouvoir à Pétain très peu d’années ensuite. En tous temps, le réformisme est mauvais conseiller.

(Les faits de collaborations patrons-nazis ont été particulièrement étudiés par l’historienne Annie Lacroix-Riz *)

« Elles veulent une main d’œuvre jetable à merci, des intérimaires, des sous-traitants, des travailleurs détachés. Elles ne veulent plus être contraintes par le Code du travail, par des contrats de travail (ni même par des normes sanitaires ou écologiques). »

Ben voyons !

« Elles veulent aussi des cadres dirigeants, sans état d’âme, soucieux uniquement de produire de la valeur pour les actionnaires, qui les récompensent par des rémunérations indécentes. »

« Etats d’âme » et profits n’ont jamais fait bon ménage… Les « cadres » du capitalisme sont évidemment supposés faire du chiffre, et non du « social »…(**) Les seuls « États d’âme » qui intéressent le capitalisme sont ceux qu’il peut marchandiser au cinéma où dans sa littérature pour midinettes…

« Globalement, cette stratégie nous entraîne dans la détresse économique (pas de croissance solide sans salariés stables et bien payés), dans l’incertitude sociale, dans l’instabilité financière, dans la catastrophe écologique.« 

Ceux qui possèdent à la fois le capital, les moyens de production, et en fait, le pouvoir, trouveront toujours le moyen de se mettre à l’abri des catastrophes, et c’est pourquoi ils n’en ont cure : après eux, le déluge…

« Le combat difficile des syndicalistes

Ainsi, le combat des syndicalistes pour maintenir et développer l’emploi et la production en France, pour des emplois stables et correctement rémunérés, nous concerne tous. »

Effectivement !

Encore faut-il se donner les moyens d’une résistance efficace et aussi rapidement que possible, passer à la contre-offensive !

« C’est un combat difficile, face à la campagne incessante du patronat, qui proclame que la baisse des salaires et la fin des droits sociaux sont la seule façon de sauver l’emploi, que lui seul est compétent pour conduire les entreprises et même la société, qu’il faut remplacer le droit du travail par des règles définies dans chaque entreprise, que donner aux chefs d’entreprises le droit de licencier à leur guise est nécessaire pour qu’ils consentent à embaucher. »

N’est-il pas tout simplement logique que dans un système fondé sur la propriété privée des moyens de production, ceux qui les possèdent effectivement s’arrogent le droit de gouverner, soit directement, soit en imposant leurs vues aux gouvernants, et donc aussi le droit de dicter les lois, par ce biais et tant d’autres… ?

Redécouvrir que la « République » actuelle n’est un « État de droit » que pour les capitalistes est une nécessité pour avancer dans la lutte : il est plus que de temps de le constater !!

« Face aussi aux pressions dans beaucoup d’entreprises où être syndiqué signifie souvent augmenter fortement ses risques de licenciement (dont les conséquences sont tragiques en situation de chômage de masse) et renoncer à toute perspective de promotion. »

La répression anti-syndicale la plus impitoyable est la marque des premiers pas du fascisme au pouvoir.

Dans ces pas, la social-démocratie vient de mettre les siens, comme elle l’a toujours fait en période de crise, tout en criant « Au loup ! » par son « aile gauche » afin de se ménager une autre issue de secours… au cas où… !

« La justice de la République

Ce combat syndical, si décrié aujourd’hui par la presse soumise au patronat, celui pourtant qui a construit la Sécurité sociale et permis les Trente Glorieuses, passe par l’information et la mobilisation des salariés, passe par la grève parfois, passe par des manifestations plus fortes, plus rarement quand les salariés sont à bout, en face de dirigeants (proches ou lointains) indifférents à leur sort, heureux d’avoir trouvé un moyen de produire moins cher en produisant ailleurs. »

Les « Trentes glorieuses » c’est la reconstitution du capitalisme monopoliste et de l’impérialisme français, sur les ruines de la guerre, avec le financement US du Plan Marshall.

C’est dans ce cadre qu’ont eu lieu les concessions sociales du patronat. Elles étaient la contre-partie d’une nouvelle collaboration de classe de la part de ceux qui avaient déjà usurpé l’héritage de la résistance prolétarienne.(***)

« Augmenter les profits des actionnaires, est-ce vraiment le seul critère qui vaille quand ces choix brisent la vie de salariés attachés à leur entreprise et paupérisent toute une région ? »

L’accumulation du capital est fondamentalement la loi intrinsèque du capitalisme, et la seule qu’il connaisse aussi, réellement, sur le terrain… Réveillez-vous, Mr l’économiste atterré… Relisez vos classiques !

.

« Non, il ne faut pas laisser les classes dirigeantes, celles qui ont choisi de trahir les intérêts des ouvriers et des classes populaires au nom de la mondialisation et de la liberté des affaires, utiliser la justice de la République pour intimider les syndicalistes, pour affaiblir encore la capacité des travailleurs à résister aux dickats du patronat. »

Qui trahit qui ?

Le patronat, qui suit fidèlement et sans « états d’âme » sa logique capitaliste, ou bien les réformistes qui voudraient encore nous faire « rêver » à une « République » chimérique de bisounours sociaux-démocrates, alors que ceux-ci emboitent délibérément le pas de l’oie du social-fascisme ?

« Les syndicalistes de Goodyear doivent être acquittés. »

On l’espère bien, comme premier pas de la résistance populaire !

Et on continue à soutenir la pétition, comme moyen de ralliement des volontés de lutte… !

La pétition GOODYEAR :

Je signe l’appel Nous Sommes Tous Des Goodyear

L’APPEL DES GOODYEAR

DÉJÀ 1 4 1 1 1 0 SIGNATURES !!

https://www.change.org/p/fran%C3%A7ois-hollande-l-appel-des-goodyear?recruiter=8101895&utm_source=share_petition&utm_medium=twitter&utm_campaign=share_twitter_responsive

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NOTES :

(* http://www.historiographie.info/ )

(** https://solydairinfo.wordpress.com/2015/11/05/un-patron-20-ou-1000-fois-le-smic-ou-lemergence-dun-debat/

https://solydairinfo.wordpress.com/2015/11/02/le-vrai-visage-du-capitalisme/ )

(*** https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/12/23/pour-reconstruire-une-gauche-en-2016-sortir-enfin-les-cadavres-du-placard-thorezien/ )

L’article d’un « économiste atterré »… :

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1470948-goodyear-la-justice-de-la-republique-ne-doit-pas-servir-a-intimider-les-syndicalistes.html

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SOURCES DE L’ARTICLE :

https://solydairinfo.wordpress.com/2016/01/24/goodyear-justice-de-la-republique-un-constat-reellement-atterrant/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2016/01/24/goodyear-justice-de-la-republique-un-constat-reellement-atterrant/

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