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La désindustrialisation de la France – PME en péril ?

vendredi 26 février 2016

L’analyse et les conclusions que nous présentons sont valables pour la plupart des pays industrialisés. La France nous servira d’exemple pour illustrer le phénomène de délocalisation manufacturière et de saccage industriel en cours dans l’ensemble des pays occidentaux.

En France, l’industrie a perdu 1,9 million d’emplois entre 1980 et 2007, soit 36 % de ses effectifs. En 2013, la part de l’industrie dans l’emploi total était de 24,7% en Allemagne mais de seulement 17,9% en France. Or, l’industrie est presque le seul secteur économique générateur de plus-value (valeur ajoutée). Entre 2000 et 2010, la valeur ajoutée industrielle a chuté d’environ 6,1% en France, comme dans 10 autres pays de l’Union européenne comprenant l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne, L’Espagne, le Portugal, l’Autriche… Doit-on s’étonner de l’approfondissent de la crise économique ?

En 2013, la part de la production manufacturière dans le PIB était de 22,2% en Allemagne et de seulement 11,3% en France. Ainsi, la baisse de la valeur de la production industrielle entre janvier 2008 et décembre 2014 a été de 1,4% en Allemagne mais de 16,5% en France. Comme le disent les chercheurs du CNRS : « Dans les régions en voie de désindustrialisation, les emplois précaires et mal payés d’aide-soignante, femme de ménage ou d’assistante maternelle sont devenus les seules propositions de reclassement faites aux anciennes ouvrières qualifiées. »

Selon les chercheurs, la réduction progressive des activités industrielles se traduit, en France comme dans les autres pays, par :

  • la diminution du nombre d’emplois dans le secteur secondaire (industrie),
  • une baisse du poids de ce secteur dans le PIB (PIB et valeur ajoutée),
  • l’amplification du déficit commercial et industriel structurel,
  • l’automatisation des chaines de montage (entrainant un chômage accru),
  • la délocalisation des activités industrielles vers les pays « émergents ».

« Toutefois, prétendent les chercheurs du CNRS, les progrès technologiques et l’automatisation des tâches permettent de diminuer les couts et devraient être des facteurs favorables si cela permettait de conquérir de nouveaux marchés et de maintenir l’emploi. » Ce qui à l’évidence n’est pas le cas (36% des effectifs industriels français ont disparu depuis 30 ans).

La délocalisation est la conséquence d’une production manufacturière réalisée pour moins chère à l’étranger (dans les zones aux salaires de misère, fortement mécanisée par les multinationales françaises qui y ont déplacées leurs machines-outils). « La disparition de certaines activités industrielles est la conséquence soit d’un processus normal de l’évolution des besoins (sic), soit de l’impossibilité de produire à un cout compétitif dans une économie avancée », prétendent les chercheurs du CNRS. De fait, il est vrai qu’un travailleur français ne pourrait survivre s’il recevait le salaire d’un ouvrier au Vietnam. Il risquerait de s’évanouir sur la chaine de montage comme l’entreprise américaine le démontre de l’autre côté de l’Atlantique.

Les chercheurs du CNRS concluent « La véritable cause c’est celle de la compétitivité dans les secteurs occupés par notre industrie lorsque ni le progrès technique, ni l’automatisation, ni l’amélioration de l’activité commerciale ou du management, ni la reconversion dans d’autres secteurs d’activité ne permettent d’éviter la délocalisation ou la faillite. » Voilà une tautologie. Les chercheurs du CNRS concluent que si l’industrie française n’est pas assez compétitive, alors c’est qu’elle n’est pas assez productive… Évidemment dirons-nous ! La véritable question serait de savoir pourquoi l’industrie française ne parvient pas à maintenir sa compétitivité face à l’industrie des pays « émergents », et face à l’Allemagne, et face aux États-Unis, qui ne sont certainement pas des pays « émergents » ?

Les chercheurs poursuivent leur investigation : « En dehors de ces facteurs endogènes à l’industrie, les facteurs exogènes sont les impôts et taxes, les normes européennes, le SMIC, le Code du travail… et le taux de change. Ce dernier intervient directement sur les exportations, mais il permet aussi aux importations de concurrencer notre production nationale. Il touche donc finalement l’ensemble des entreprises exportatrices ou non. Pour les facteurs exogènes, les acteurs sont L’État et l’Union européenne (…) L’examen de l’action de l’État français par rapport aux autres pays de l’UE montre que les charges sur les entreprises sont plus lourdes, le Code du travail plus lourd, plus complexe et plus handicapant (pour les entreprises), et que le SMIC introduit globalement des salaires plus élevés qu’ailleurs en Europe et même en Allemagne, sur l’ensemble de l’échelle des salaires. Non seulement l’État français accepte les normes européennes, qui peuvent jouer sur le commerce hors Union européenne, mais il a une fâcheuse tendance à en rajouter. Ceci nous handicape un peu plus. Mais le facteur primordial qui est du ressort de l’État français, c’est la gestion de la monnaie, gestion qu’il a donnée à la zone euro. Compte tenu de tous les handicaps cités plus haut, il en ressort que la compétitivité ne peut pas être gagnée, sauf exception, sans un taux de change plus favorable à notre pays par rapport à nos fournisseurs et clients, au premier rang desquels se place l’Allemagne. »

À nouveau une conclusion en oxymoron… Voilà que le manque de productivité de l’industrie française explique son manque de compétitivité (…) Mais pourquoi ce manque de productivité serions-nous tentés de demander ? Dans le paragraphe suivant, les chercheurs proposent leur « explication » à ce mystère.

« La représentation de l’industrie par le Medef occulte la dimension du taux de change, car ce syndicat patronal est aux mains de la grosse industrie, fortement exportatrice et délocalisée. Le Medef n’attend que de l’argent pour investir et une diminution des charges. Il se satisfait de l’euro qui lui simplifie la vie et lui évite une monnaie nationale plus sujette à des variations de cours sur le marché européen. Pourtant c’est le maillage des petites et moyennes entreprises qui est le tissu créateur d’emplois et garant du savoir-faire français. Celles-ci, dont la production est surtout nationale, ne peuvent combler les handicaps endogènes et exogènes pour rester concurrentielles. »

Vous avez compris ce salmigondis ? Contrairement à ce que prétendent les chercheurs du CNRS, l’objet de l’activité économique n’est pas de créer un « tissu industriel créateur d’emploi, ni de garantir le savoir-faire français », mais de valoriser le capital en générant la production d’une abondante plus-value. Le fait que l’euro « satisfasse » les grandes entreprises françaises ne semble pas intriguer les chercheurs… Le mode de production capitaliste encourage la monopolisation, c’est exact, mais la monopolisation n’interdit pas la sous-traitance vers les PME, même qu’elle la favorise. Les grands trusts multinationaux – exportateurs – sont représentés par le MEDEF qui n’attend que les subventions de l’État et de meilleures conditions de surexploitation de la force de travail, des conditions comparables à ceux des pays « émergents » pour faire des profits exorbitants. Le salut du « savoir-faire français et des emplois » est à ce prix. D’abord hausser le taux d’expropriation du surtravail, et ensuite subventionner l’exploitation du travail salarié français (sic). Si la tonte des travailleurs français ne soutient pas la concurrence-productiviste avec la tonte des travailleurs chinois alors les cartels multinationaux français iront surexploiter la classe ouvrière chinoise… c’est cela la mondialisation impérialiste.

Les chercheurs, consciencieux, persistent et signent : « L’euro finit de les tuer (les PME) lentement, car quoique l’on dise de l’esprit national, le français regarde de plus en plus les prix des marchandises avant d’acheter. Le label français est vite délaissé au profit du cout même quelquefois à moindre qualité du produit. »

Vous avez bien lu, le nationalisme économique, qui n’est pas réclamé de la part des trusts multinationaux français, est exigé des chômeurs et des travailleurs-consommateurs français paupérisés. Il est exact que les travailleurs-consommateurs soumis aux conséquences de la crise économique systémique (chômage, précarité, bas salaires, réduction des allocations gouvernementales, saccage des services publics, endettement chronique et inflation galopante) y regardent à deux fois avant de dépenser leurs quelques deniers, qui pourraient les en blâmer ?

Lisons à nouveau les réflexions des chercheurs petits-bourgeois : « Cette obstination de l’État français en faveur de l’euro, soutenu par le Medef lequel a des atomes crochus avec tous les grands lobbys du Nouvel Ordre Mondial (sic), n’aboutit qu’à des mesures insuffisantes sur les facteurs endogènes pour rétablir la compétitivité industrielle et l’emploi. Le déficit du commerce extérieur chronique à hauteur de 60 à 70 milliards d’euros en est l’illustration chiffrée. Ce qui se passe dans l’industrie française a des répercussions sur l’agriculture qui donne des signes de détresse matérialisés par la disparition des petites exploitations et le suicide des paysans. »

Dira-t-on aux chercheurs que ce déficit du commerce extérieur français est causé par l’importation des marchandises produites par les multinationales françaises dans leurs usines délocalisées dans les pays à industrialiser !?… Et nous voici projeter dans un Nouvel Ordre mondial (sic) alors que nous sommes simplement au cœur du mode de production capitaliste à son stade ultime impérialiste. Tous les pays industrialisés avancés enregistrent des déficits commerciaux astronomiques (sauf l’Allemagne qui devrait suivre sans tarder). Les chercheurs des centres de recherches subventionnés par l’État ont pour mission de présenter superficiellement la situation économique ; d’embrouiller la compréhension et de susciter des espoirs en proposant des remédiations qui approfondiront la crise économique déjà assez désastreuse.

L’économie impérialiste française est en compétition avec l’économie impérialiste des pays « émergents » qui arrachent davantage de plus-value aux travailleurs surexploités dans les usines délocalisées des pays avancés. Les taux de profits sont donc supérieurs dans les pays impérialistes du BRICS et les entreprises multinationales de France et des pays de l’Alliance atlantique se déplacent donc vers ces régions pour aller y exproprier ces salariés surexploités.

Rassurez-vous cependant, ces travailleurs d’Orient vendent de plus en plus chèrement leur force de travail et il viendra un moment où il n’y aura plus davantage à spolier leur force de travail par rapport à ceux d’Occident. Qu’adviendra-t-il alors des emplois industriels dans l’hémisphère Nord comme de ceux délocalisés dans l’hémisphère Sud ? C’est le mode de production capitaliste à son stade impérialiste qui est la source de tous les problèmes économiques et sociaux de la France, du Canada, de l’Allemagne et des pays du BRICS.

Le texte de l’éditorial est disponible sur le webmagazine : http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-desindustrialisation-de-la-france-pme-en-peril/

Manifeste du Parti Ouvrier (2014) Éditions Publibook

http://www.publibook.com/librairie/…

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