Auparavant, Dubaï était l’un des rares pays arabes dont les relations avec Israël étaient au beau fixe.
Comment se fait-il que les agents du Mossad ayant perpétré cet assassinat aient pris si peu de précautions ? Se sentaient-ils en sécurité puisqu’agissant sur le territoire d’un pays ami ?
Comment se fait-il que Dubaï ait livré au monde les preuves que ce sont des agents du Mossad qui ont commis cet assassinat ?
Il est probable que, la réputation d’Israël étant de plus en plus mauvaise, Dubaï n’ait plus envie de couvrir les saloperies d’Israël, et il est probable que Dubaï ait "oublié" de prévenir Israël que les bonnes relations entre les deux pays, c’était terminé !
C’est sans doute pourquoi les agents spéciaux israéliens se sont comportés comme s’ils en avaient rien à foutre d’être repérés par la police de Dubaï : ils savaient très bien qu’il y avait la vidéo-surveillance ! Les espions du Mossad se sont visiblement contentés de ne pas pouvoir être repérés par les citoyens lambdas.
Je livre ici deux articles sur cet assassinat commis par Israël hors de "chez lui".
Et vous pourrez voir aussi, à la fin, la vidéo de 27 minutes livrée par Dubaï à titre de preuve.
DUBAI CONTRE MOSSAD
http://www.lci.tf1.fr/monde/moyen-o…
Le Mossad et un coup à double tranchant
Par Denis BRUNETTI, correspondant permanent à Jérusalem, le 17 février 2010 à 10h26, mis à jour le 17 février 2010 à 12:48
Analyse - Pour la presse israélienne, il ne fait aucun doute que les services secrets de l’Etat hébreu sont à l’origine de l’opération parfaite qui a permis d’assassiner Mahmoud Al Mabhouh à Dubaï. Mais elle s’inquiète également des conséquences diplomatiques.
C’est un impressionnant film d’espionnage qu’a présenté et diffusé au public la police de Dubaï : grâce aux caméras de surveillance de l’aéroport, de la rue, de plusieurs hôtels et centres commerciaux, grâce aux écoutes téléphoniques et aux enregistrements électroniques, les enquêteurs montrent les allées et venues, les contacts et l’organisation par un groupe de 11 personnes de l’assassinat de Mahmoud Al Mabhouh.
Ce cadre du Hamas en exil a été assassiné le 19 janvier dans sa chambre n°230 de l’hôtel Bustan Al Rotana à Dubaï. Ancien fondateur des brigades Ezzedine Al Qassam, responsable personnellement de l’enlèvement et de l’assassinat de deux soldats israéliens, il était surtout, selon Israël, le chef du trafic d’armes vers Gaza, et en particulier celui venant de l’Iran.
27 minutes de vidéo
Dès le début de l’enquête, les yeux se sont tournés vers le Mossad, les services secrets israéliens. Ils auraient les moyens, les méthodes et le mobile pour une telle liquidation. Mais après de nombreuses rumeurs, la police de Dubaï a été bien au-delà d’une enquête de formalité. La police a donc diffusé les photos et surtout un incroyable document de 27 minutes reprenant les principales images vidéos où tout un chacun peut voir les moindres détails d’une organisation sophistiquée : 11 personnes, 10 hommes et une femme, ont préparé et perpétré l’élimination dans un calme et un professionnalisme absolu sous l’oeil des caméras de surveillance.
Et l’on voit tout ou presque : une équipe de surveillance attend tout d’abord la cible à son arrivée à l’aéroport de Dubaï. Il est ensuite suivi à la réception de son hôtel, puis dans l’ascenseur, par deux joueurs de tennis. Un homme note alors le numéro de sa voiture et prévient les autres. Un autre agent sort de son hôtel avec une perruque tandis que des équipes de surveillance, toujours par deux, se relaient dans l’établissement. On amène à ce moment du matériel dans une chambre voisine puis le coordinateur, "Peter" réserve une chambre en face de la victime.
"Kevin" ouvre la porte, sans doute grâce à un dispositif électronique, le coordinateur quitte quant à lui Dubaï avant la phase d’exécution. Une première équipe de tueurs arrive, puis une deuxième tandis que "Kevin" et "Gail" surveillent le couloir. Le meurtre a lieu entre 20h27 et 20h46 dans la chambre. Puis les membres du commando s’éparpillent dans des vols pour Paris, Hong Kong ou Johannesburg avec des passeports anglais, irlandais, allemand et français.
Méthodes du Mossad
Jamais le public n’avait pu ainsi voir les images d’une telle organisation. Les agents semblent très calmes, autonomes, ils se croisent discrètement dans les halls d’hôtel, dans les centres commerciaux, communiquent avec un réseau particulier. Ils portent des lunettes, casquettes ou moustaches mais ils semblent relativement identifiables. Ces visages d’Occidentaux, les passeports européens, une technologie avancée en télécommunications et en électronique plaident naturellement pour une signature israélienne.
Mais d’autres éléments sont venus s’y ajouter depuis mardi : sept Israéliens ont déclaré qu’on leur avait "volé leur identité". Or sept noms indiqués sur les passeports sont bien vrais mais correspondent à de simples citoyens israéliens d’origine britannique, et donc détenteurs d’un deuxième passeport. Et ceux-là ont été stupéfaits mardi matin quand les noms des onze ont été affichés à la Une. Paul John Kooley, un réparateur du kibboutz Nasholim ou Melvyn Mildiner, un rédacteur de Beit Shemesh, se disent "furieux" et "désemparés" par ce qui leur arrive. On a "emprunté" leur nom, leur numéro de passeport ou leur lieu de naissance, afin de forger d’autres passeports, avec des photos légèrement différentes, pour les agents de Dubaï.
Et cela aussi ressemble aux méthodes du Mossad. En 1979, le Royaume-Uni s’était déjà plaint de l’utilisation de faux passeports britanniques par Israël. En 1997, c’est le Canada qui avait demandé des explications après qu’une tentative d’assassinat par un agent porteur d’un faux passeport canadien. Une autre fois, l’Etat hébreu avait même dû s’excuser auprès de la Nouvelle-Zélande.
Des Palestiniens impliqués
Les images de Dubaï ne sont pas le seul indice sur l’implication israélienne dans l’affaire. La police de Dubaï a en effet également annoncé que deux Palestiniens avaient été arrêtés en Jordanie et extradés. Or, au moins l’un d’entre eux aurait eu des contacts avec Peter, le "coordinateur" et… serait un membre de la police palestinienne. Aussitôt à Gaza, le Hamas y a vu la preuve que l’Autorité palestinienne de Ramallah est peut-être complice du Mossad. Réponse de Ramallah : les deux hommes seraient en fait des membres de la police palestinienne… de Gaza, c’est-à-dire des membres de la milice du Hamas. Nouvel imbroglio dans l’affaire, mais en tout cas, un nouveau soupçon sur une opération régionale.
Si les agents ont réussi à "exécuter" leur cible et à s’échapper, les médias israéliens s’inquiètent désormais des problèmes diplomatiques qui pourraient s’ensuivre. Haaretz déclare même que le chef du Mossad, Meir Dagan, devrait partir. Réputé pour ses méthodes expéditives, ce dernier insiste pour se maintenir à son poste. Mais le quotidien affirme que le Mossad ne peut outrepasser abusivement les lois sous sa coupe. Le Mossad a-t-il été trop loin ? Si les journaux israéliens parlent aujourd’hui d’une "réussite opérationnelle", il qualifie aussi l’opération d’"échec stratégique". La légende du Mossad, qui fut minée durant ces dernières années par des échecs piteux, en ressort en tout cas renforcée. "Toutes ces actions, qu’elles soient d’ailleurs du Mossad ou non, contribuent à son image dissuasive, à son image féroce d’un Mossad efficace et impitoyable", souligne la presse.
Terrorisme d’Etat à Dubaï
http://www.aloufok.net/spip.php?art…
jeudi 18 février 2010, par La Rédaction
Des lunettes, une fausse moustache et un chapeau… Les membres du commando qui ont assassiné, le 20 janvier, dans un hôtel de Dubaï, le Palestinien Mahmoud Abou Al-Mabhouh, considéré comme le principal responsable de l’approvisionnement en armes du Hamas, n’ont pas trouvé mieux comme parade aux caméras de surveillance dont l’émirat a truffé ses bâtiments publics et ses hôtels, ce qu’ils ne pouvaient ignorer.
Les onze suspects auraient donc pris un risque calculé, celui de voir leurs visages, sans doute grimés, faire le tour du monde, en tablant que cette piste ne serait pas suffisante pour remonter jusqu’à eux, pas plus que celle des identités usurpées figurant sur leurs passeports. Les images rassemblées par la police de Dubaï montrent plusieurs membres du commando déambulant dans les couloirs de l’Hôtel Al-Bustan Rotana, certains vêtus d’un short, raquette de tennis à la main, apparemment sereins…
Qui étaient-ils ? Tout en se protégeant, pour des raisons patriotiques et de censure, derrière le fameux "AFMR" (according to foreign media reports, "selon la presse étrangère"), la plupart des journaux israéliens ne doutent pas de la responsabilité du Mossad, le service israélien chargé du renseignement extérieur, mais stigmatisent l’amateurisme des agents ayant mené cette opération, voire celle de leurs chefs.
Le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, est bien le seul à oser dire qu’il n’y a "aucune raison de penser" que le Mossad est à l’origine de l’assassinat d’un homme qui figurait en tête de la liste des individus dangereux qu’Israël souhaitait éliminer. M. Lieberman tente de sauver ce qui peut encore l’être de la discrétion habituelle du "kidon", le service action de l’une des agences de renseignement réputées les plus performantes du monde.
Il est probable que le chef du Mossad, Meir Dagan, en poste depuis huit ans, va endosser le rôle de bouc émissaire, tant l’opération de Dubaï s’est accompagnée de fautes lourdes. La première est sans doute d’avoir choisi d’assassiner un responsable du Hamas dans l’un des rares pays arabes avec lequel Israël entretient une relation sans nuages.
La seconde est d’avoir fourni aux membres du commando des passeports de pays européens (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne et France), ce qui, en principe, ne se fait pas entre pays amis. A Londres comme à Dublin, l’ambassadeur d’Israël a été convoqué au ministère des affaires étrangères pour fournir des explications.
La troisième est d’avoir usurpé l’identité de sept Israéliens, dont six ont la double nationalité britannique. Les intéressés ont trouvé une forêt de micros et de caméras pour s’en plaindre. Michael Barney, James Clarke, Jonathan Graham, Stephen Hodes, Paul Keeley, Melvyn Mildine et les autres n’ont pas apprécié d’être assimilés à des meurtriers.
L’un s’est dit "profondément choqué", un autre s’est déclaré "furieux, bouleversé et effrayé", un troisième a dénoncé "un vol d’identité"… La sophistication des mesures de contrôle dans les aéroports et la prochaine généralisation des passeports biométriques rend de plus en plus aléatoire la fourniture de fausses identités aux agents de renseignement.
D’où le souci des services de se procurer de vrais passeports et d’emprunter de vraies identités. En 2004, c’est pour avoir été pincés en tentant d’acheter des passeports que deux agents du Mossad ont été emprisonnés pendant six mois en Nouvelle-Zélande.
Cette cascade de conséquences pour une opération censée être menée dans la discrétion va inévitablement poser la question de la responsabilité du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Alors que le succès factuel de cette mission – la "cible" a été éliminée et les membres du commando ont pu quitter l’émirat – est déjà obscurci par ses retombées politiques et diplomatiques, une chose est sûre : une opération aussi risquée ne peut avoir été décidée sans son feu vert.
Si la piste du Mossad devait se confirmer – elle ne le sera jamais complètement –, il vaudrait mieux, pour le premier ministre israélien, qu’il ait été tenu dans l’ignorance des détails de la mission. Car il n’y avait sans doute pas de moyen plus direct de pointer du doigt la responsabilité du Mossad que de choisir, sur les onze membres du commando, l’identité de sept citoyens israéliens !
M. Nétanyahou n’a décidément pas de chance avec le Mossad. Lors de son premier mandat de premier ministre, en septembre 1997, ce même service avait lamentablement échoué dans une tentative d’empoisonnement, en Jordanie, de Khaled Meshaal, aujourd’hui chef de la branche politique du Hamas. Les deux agents du service action (munis de passeports canadiens) avaient été arrêtés par la sécurité jordanienne.
Israël avait dû fournir un antidote et libérer le chef spirituel du Hamas pour récupérer ses hommes.
Ironie du calendrier : des responsables du Mossad et du Shin Bet (sécurité intérieure) ont fait une rare entorse à leur discrétion, lundi 15 février, en participant à un débat à la Knesset – le Parlement israélien – sur la revalorisation de leurs salaires et de leurs retraites. Aucune décision n’a été prise. Probablement pour quelque temps…
(Laurent Zecchini - Le Monde du 19 février 2010)
Mise à jour
Assassinat de Mahmoud Abou Al-Mabhouh : les enquêteurs de Dubaï désignent le Mossad
Les enquêteurs de Dubaï sont presque à "100%" sûrs que le Mossad israélien est impliqué dans l’assassinat, le mois dernier, d’un cadre du mouvement islamiste palestinien Hamas, a affirmé le chef de la police de Dubaï, alors que le nombre de suspects dans cette affaire est passé à 18 jeudi.
Ces propos du général Dahi Khalfan Tamim, publié sur le site Internet d’un journal du gouvernement d’Abou Dhabi, interviennent alors que la pression internationale se fait plus forte pour qu’Israël réponde aux allégations concernant une possible implication de ses services secrets dans l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, un des fondateurs de la branche militaire du Hamas, dans un hôtel de luxe de Dubaï.
L’enquête s’est aussi étendue aux Etats-Unis, les autorités des Emirats arabes unis affirmant que les tueurs présumés auraient utilisé de faux passeports pour ouvrir des comptes dans des banques américaines leur permettant d’utiliser des cartes de crédit.
"Nos investigations révèlent que le Mossad est impliqué dans le meurtre d’al-Mabhouh. Il est sûr à 99%, si ce n’est pas à 100%, que le Mossad est derrière le meurtre", a affirmé le général Dahi Khalfan Tamim au journal "The National", détenu par le gouvernement d’Abou Dhabi.
Les ambassadeurs israéliens en Grande-Bretagne et en Irlande ont été convoqués jeudi par les autorités de ces pays pour donner des explications, suite à des allégations selon lesquelles des passeports européens ont été utilisés dans le cadre de l’opération.
Les autorités britanniques ont annoncé qu’elles allaient enquêter pour savoir comment certains suspects dans l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh avaient des passeports britanniques, et comment ces passeports avaient pu être contrefaits.
Selon un responsable des Emirats arabes unis, au moins 18 personnes -dont deux femmes- sont désormais suspects dans cette affaire qui, selon la police de Dubaï, visait à prendre al-Mabhouh en filature et à le tuer. Parmi eux figurent dix hommes et une femme identifiés lundi par la police de Dubaï comme des membres d’une équipe partie à Dubaï pour commettre cet assassinat, apparemment avec des faux passeports : six de Grande-Bretagne, trois d’Irlande, un d’Allemagne et un de France.
(jeudi, 18 février 2010 - Avec les agences de presse)
Cliquer sur l’image pour voir cette vidéo de 27 minutes
livrée par Dubaï à titre de preuve.