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Rémi Fraisse avait "les mains en l’air" quand il a été tué

samedi 26 mars 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 mars 2016).

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN0WR1AA?sp=true

Vendredi 25 mars 2016 18h0

Par Johanna Decorse

TOULOUSE (Reuters) - Rémi Fraisse avait "les mains en l’air" quand il a été tué en octobre 2014 par une grenade offensive tirée par un gendarme mobile sur le site du barrage de Sivens (Tarn), a-t-on appris vendredi d’une source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart.

Le gendarme à l’origine du tir de grenade qui a mortellement touché le militant écologiste de 21 ans a été placé le 18 mars sous le statut de témoin assisté par les juges d’instruction de Toulouse, statut qui exclut pour l’instant son renvoi devant un tribunal.

"Les récits apportés par plusieurs témoins, dont certains qui l’ont vu tomber, ont permis de reconstituer ce qu’a pu faire Rémi Fraisse les minutes avant sa mort. Ces témoins qui étaient juste à côté de lui ont déclaré qu’il avait les mains en l’air et qu’il criait aux gendarmes ’Arrêtez les tirs’ au moment où il a été touché par une grenade", a dit la source à Reuters.

"Un autre témoin, qui a été blessé cette nuit du 26 octobre 2014 par un tir de flash-ball au thorax, devant Remi Fraisse, explique que c’est peut-être ce qui a décidé le jeune homme à agir, comme s’il avait un drapeau blanc, pour demander l’arrêt des tirs", poursuit cette même source.

L’information judiciaire ouverte trois jours après la mort de Rémi Fraisse contre X pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions" a été requalifiée en "homicide involontaire".

Pour Me Claire Dujardin, l’un des conseils de la famille de Rémi Fraisse, ces nouveaux témoignages confirment que le jeune homme était bien "pacifiste" et viennent "contredire plusieurs éléments de l’enquête".

ORDRE "DISPROPORTIONNÉ"

"Cette nuit-là sur le site, il y a avait des personnes très différentes y compris des pacifistes comme Rémi. Il était donc très risqué d’envoyer des grenades offensives", souligne l’avocate qui réfute la thèse de "l’accident" avancée par la défense.

"L’ordre d’utiliser des grenades offensives était disproportionné et le gendarme a commis une faute d’imprudence dans l’exécution de cet ordre. L’instruction va se poursuivre et, nous l’espérons, va permettre de remonter la chaîne des responsabilités", a-t-elle ajouté.

L’auteur du tir de grenade avait été entendu le 14 janvier 2015 par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale sous le régime de la garde à vue et avait été remis en liberté.

Un rapport d’enquête administrative "relative à la conduite des opérations de maintien de l’ordre" avait été rendu public début décembre 2014 par le ministère de l’Intérieur. Il ne faisait pas "ressortir de manquement aux règles juridiques et déontologiques et aux techniques enseignées au maintien de l’ordre".

La mort de Rémi Fraisse avait provoqué un vif émoi, entraînant la suspension du chantier de retenue d’eau puis son abandon le 6 mars 2015 par le conseil départemental du Tarn. Le même jour, le site de Sivens, occupé depuis plus d’un an par de nombreux zadistes opposés à la construction du barrage, avait été évacué.

Un nouveau projet portant sur une retenue réduite de moitié est envisagé par les pouvoirs publics et demandé par des agriculteurs pour pallier le manque de ressources en eau.

Ce "Sivens light" redimensionné suscite toujours l’opposition des associations environnementales qui appellent à un changement des pratiques agricoles pour "mieux gérer l’eau" et à une "optimisation des retenues collinaires existantes".

(Johanna Decorse, édité par Sophie Louet)

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