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4 mars 1960 - attentat de la CIA à La Havane contre le bateau français La Coubre

samedi 6 mars 2010 (Date de rédaction antérieure : 6 mars 2010).

http://www.granma.cu/frances/2010/m…

Il y a 50 ans, l’agression terroriste de La Coubre
Washington persiste dans son mutisme

Jean Guy Allard

MALGRE les nombreuses accusations de Cuba quant à la responsabilité de la CIA dans l’explosion, le 4 mars 1960, du bateau français La Coubre dans le port de La Havane, 50 ans après, le gouvernement des Etats Unis persiste à garder au secret les documents de ses archives.

Ce comportement s’est confirmé le vendredi 26 février, lorsqu’en réponse à une requête d’information, des fonctionnaires des Archives nationalesde Securité des Etats-Unis –un projet non gouvernemental de recherche de l’Université George Washington–, ont révélé qu’il n’y avait aucun document sur le sujet émanant des services US de renseignement.

Les seuls documents disponibles, accessibles à travers la banque de données du Digital National Security Archives (DNSA), destinés aux étudiants et au personnel de l’université en question, sont deux brèves références chronologiques et un document contenant une chronologie un peu plus détaillée.

Une réponse qui est perçue comme une nouvelle confirmation qu’en un demi-siècle, le pays dont l’appareil de propagande ne cesse de déverser des torrents de calomnies contre Cuba n’est pas parvenu à fournir un seul document, ne serait-ce qu’un semblant de vérité, sur une tragédie qui coûta la vie à près d’une centaine d’êtres humains, et dont l’anniversaire a été commémoré le 4 mars.

EXPLOSION AU MILIEU D’UNE CAMPAGNE TERRORISTE

Pour bien comprendre la catastrophe de La Coubre dans toute sa dimension, il faut la situer dans le contexte de l’année 1960, 15 mois à peine après le triomphe de la Révolution cubaine.

L’explosion à quai du cargo français dans la baie de La Havane, en pleine opération de déchargement des munitions, intervint au milieu d’une campagne systématique de terrorisme contre Cuba, où les attentats se succèdaient à une cadence infernale.

La chronologie des violents incidents le démontre clairement : depuis la mort, début janvier, « d’un travailleur dans un incendie à Matanzas provoqué par le largage de substances incendiaires depuis un avion », jusqu’à « l’incendie de grandes proportions d’origine criminelle au magasin La Epoca, à La Havane », le 31 décembre, ce sont des dizaines et des dizaines d’actes terroristes répertoriés, tous rattachés d’une manière ou d’une autre à la CIA.

Il y a à peine deux ans et demi, en juillet 2007, dans le cadre de l’émission de radio de Miami La Noche se mueve, le chef de file terroriste Antonio Veciana - qui reconnaît avoir travaillé pendant des décennies à la solde de la CIA – a raconté en détail comment « des bombes incendiaires », arrivaient alors à La Havane acheminées par la CIA, qui proposait des modèles différents, chacun avec un code couleur indiquant le temps d’explosion.

Ce qui est incroyable, c’est que Posada Carriles en personne, à l’encontre duquel les procureurs « anti-terroristes » du Département de la Justice, prétendent aujourd’hui ne détenir que des preuves très faibles, confirma ces révélations dans les aveux qu’il rédigea dans les années 80.

Posada Carriles qui fut tortionnaire à Caracas pour le compte de la CIA pendant 10 ans et commandita la destruction d’un avion de ligne cubain, entre autres infamies, signale textuellement : « La CIA envoyait du plastic C3, des bâtonnets explosifs, des mèches, des cordons détonants, des détonateurs, et tout ce qu’il fallait pour les actes de sabotage. » A cette époque (1960), ce genre d’activité était baptisé de l’euphémisme d’« action et sabotage ».

Luis Posada Carriles, qui se promène aujourd’hui à Miami avec la bénédiction du FBI et qui a participé à toutes ces actions violentes, signale : « Je faisais effectivement partie de ces groupes. José Puente Blanco, ancien président de la Fédération des étudiants, et son frère Roberto, dirigeaient un mouvement. Je suis allé aux Etats-Unis et c’est là que j’ai fait la connaissance d’Alfredo Cepero, qui appartenait au même mouvement ; nous avons élaboré ensemble des plans pour introduire du matériel de guerre à Cuba et approvisionner nos amis de La Havane ».

Il s’en est fallu de peu pour que Posada raconte tout ce qu’il sait du crime de La Coubre et de l’implication de la CIA dans ce sabotage. En réalité, il y a encore aujourd’hui des dizaines de témoins de cette époque où la « Company » déchaînait sa sanguinaire offensive anti-cubaine : Carlos Alberto Montaner, actuellement prima donna du service de la propagande US contre Cuba, fut capturé, surpris les mains dans le sac, en train de poser des bombes dans les magasins et les salles de cinéma de La Havane.

LES FAITS EXIGEAIENT UNE ENQUÊTE

Le plus grand attentat terroriste de l’époque, l’explosion de La Coubre, occasionna en plus d’une centaine de morts, plus de 200 blessés et de nombreux disparus. Le coût des dégâts matériels fut ensuite estimé à quelque 17 millions de dollars.

En octobre 2002, dans le cadre d’une conférence internationale, le Dr José Luis Méndez Méndez, reconnu comme le spécialiste du terrorisme contre Cuba, fit une analyse détaillée des faits qui entourent cette sauvage agression perpétrée contre la Révolution.

Pour lui, il est évident qu’aux Etats Unis « on a dû enquêter d’office » sur ce crime. « Il est impossible d’avoir ignoré les circonstances dans lesquelles ont été impliqués plusieurs citoyens des Etats-Unis », devait-il signaler.

Il énuméra beaucoup d’éléments suspects :

  • Donald Lee Chapman, un passager solitaire sur ce bateau, disait se rendre dans le Nebraska, alors qu’il avait prévu de débarquer à Miami, à des milliers de milles de sa destination. Jack Lee Evans, qui quitta en toute hâte Cuba le 5 mars, déclarait plus tard à Miami avoir connu les auteurs du sabotage. Ce qui allait ensuite apparaître comme une manœuvre pour obstruer l’enquête préliminaire. Ces citoyens des Etats-Unis étaient-ils là par une simple erreur ? s’est demandé l’expert.

Deux congressistes de l’Etat du Nebraska ont intercédé en faveur de Donald Lee Chapman. Ils adressèrent des requêtes et exigèrent du Département d’Etat qu’ils fasse pression sur Cuba pour exiger sa libération.

  • Le colonel de la CIA J.C. King avait eu des contacts à Miami avec Rolando Masferrer Rojas, un sbire de la tyrannie de Fulgencio Batista qui avait commandé à Cuba des groupes de paramilitaires. Masferrer s’était entretenu dans cette même ville avec le Nord-américain Richard E. Brooks, qui était au courant de l’arrivée à Cuba de bateaux transportant des armes, ainsi que des ports où ils devaient débarquer. On ne peut que s’interroger sur les liens qui ont pu exister entre J.C. King, Masferrer, Brooks et La Coubre
  • La présence de la CIA à La Havane avait pour priorité l’obtention d’informations sur l’arrivée d’armes. Ce n’est pas un hasard si plusieurs citoyens des Etats-Unis, dont Chapman, furent arrêtés alors qu’ils prenaient des photos sur le lieu de l’explosion le jour même de l’attentat. Leur ambassade intercéda en leur faveur.

LES CAMARADES FRANÇAIS SE SOUVIENNENT

La tragédie de La Coubre a aussi une autre particularité qui oblige les autorités nord-américaines à enquêter sérieusement sur les répercussions du crime commis par son agence terroriste. Six marins, employés du transport maritime français, périrent dans la gigantesque explosion.

Tout comme le premier lieutenant François Artola, le timonier Jean Buron et les marins Lucien Aloi, André Picard, Jean Gendron et Alain Moura.

Coïncidence historique, ces tristes événements se produisirent au moment ou les écrivains Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir visitaient Cuba, à l’invitation de Fidel et du Che. Ces auteurs emblématiques de la littérature française contemporaine participèrent, sur la place de la Révolution, aux obsèques des victimes.

Le mercredi 4 mars 2010, à trois heures de l’après-midi, alors qu’à La Havane le peuple cubain commémorait un nouvel anniversaire de l’attentat du bateau La Coubre, des dizaines de Français rendaient hommage à leurs compatriotes assassinés

Pour la première fois depuis de nombreuses années, à Nantes les marins et travailleurs du port ont déposé des fleurs devant le Monument historique dédié aux marins disparus, avec la participation de plusieurs syndicats CGT solidaires de Cuba, et des représentants de l’ensemble des associations de solidarité et des membres du personnel de l’ambassade de Cuba en France.

Là-bas, comme à Cuba, devait résonner la question essentielle au sujet du crime de La Coubre que formula le leader de la Révolution cubaine dans ses réflexions du 17 juillet 2007.

« Pourquoi, au nom de la liberté d’information, ne déclassifie-t-on pas un seul document qui nous dise comment la CIA, il y a déjà près d’un demi-siècle, fit exploser le bateau La Coubre ? »

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