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Anti Macron - En mai 68, il y eut 99% de reçus aux examens !

dimanche 6 mai 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 22 mai 2016).

En mai 68, il y eut 99% de reçus aux examens ! par conséquent, les étudiants et les lycéens ne doivent jamais avoir peur de faire de vraies grèves, même quand la période des examens s’approche.

C’est un excellent argument à utiliser en AG étudiante ou lycéenne pour faire voter la grève parce qu’il est parfaitement véridique. Cet article scientifique intitulé « Vive la Révolution ! Les bénéfices de long terme de 1968 » vous montrera à quel point les examens obtenus en 1968 ont profité à l’ensemble des contestataires de cette heureuse époque et à leur descendance. Celles et ceux qui ont fait mai 68 ont eu des avantages énormes ! Faisons comme eux !


Mars 2005

« Vive la Révolution ! »

Les bénéfices de long terme de 1968

Eric Maurin & Sandra McNally

http://mai68.org/ag/946.htm
http://kalachnikov.org/ag/946.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/946.htm
http://www.monhebergement.fr/do/ag/…
Lien originel : http://www.repid.com/article.php3?i…

Présentation par Thierry Pech de l’étude d’Eric Maurin & Sandra McNally

(Téléchargez en bas de page le PDF de l’étude d’Eric Maurin & Sandra McNally)

Il semble que tout ait été dit à propos des événements de 68 et que l’on soit condamné au ressassement des mêmes querelles entre ceux qui font profession de défendre « l’esprit de Mai » et ceux qui en fustigent systématiquement les excès, le laxisme moral ou l’hédonisme irresponsable. Pourtant, certains aspects du « joli mois de mai » restent régulièrement ignorés. On se chamaille volontiers sur les éléments sociétaux, idéologiques et culturels de 68, mais plus rarement sur ses effets économiques. Mieux, ce qui fut à l’origine du mouvement disparaît progressivement des discours et des disputes : la place et le rôle de l’université dans la société française. Ces deux dimensions du « problème 68 » sont pourtant étroitement liées. C’est ce que démontre l’étude que l’on va lire.

En effet, par un singulier accident de l’histoire (les choses ne se seraient sans doute pas déroulées de la sorte si le mouvement s’était produit au mois de décembre ou au mois de janvier…), la simplification du baccalauréat et la désorganisation des examens universitaires cette année-là permirent à un grand nombre de lycéens et d’étudiants d’éviter une élimination précoce et de prolonger leurs études. Ce fut singulièrement le cas pour ceux d’entre eux qui étaient issus des classes moyennes et qui, candidats au bac, avaient en moyenne 19 ans en 1968, soit un an de retard environ.

Sur le long terme, ces individus dont le mérite principal est de s’être trouvés au bon endroit au bon moment, connurent des destins économiques et sociaux nettement plus favorables que ceux de leurs aînés et de leurs cadets qui, issus des mêmes milieux, passèrent leur bac en 1967 ou 1969, et n’eurent pas la « chance » de réviser dans l’ambiance perturbée des manifestations, des grèves et des affrontements avec les forces de l’ordre. Sur un terme encore plus long, il apparaît que les enfants de ces « élus de Mai » connurent une réussite scolaire supérieure à celle des enfants des étudiants qui au moment des évènements ne se trouvaient pas à un moment particulièrement sélectif de leur scolarité et dont le destin scolaire ne fut pas affecté par la désorganisation.

Si cette histoire commence par un fait assez accidentel, la succession d’événements favorables qu’elle a occasionnée au fil de deux générations ne doit, elle, rien au hasard. C’est ce que suggère l’intuition commune, mais encore fallait-il le démontrer. S. McNally et E. Maurin s’y emploient : le supplément de réussite dont témoignent les parcours des « élus de Mai » et ceux de leurs enfants, peut être imputé au supplément de formation supérieure qui leur échut voici bientôt 37 ans.

Certains verront là la confirmation de leurs hypothèses sur la confiscation des positions sociales les plus avantageuses par la « génération 68 », et puiseront dans ces pages de nouveaux arguments pour instruire le procès à charge de certaines élites. La vérité est que cette histoire ne concerne pas majoritairement ceux que l’on retrouve aujourd’hui aux commandes des médias, des partis politiques ou des entreprises : pour beaucoup d’entre eux, le scénario aurait été à peu près le même sans aucun relâchement du système sélectif. Ce relâchement a réellement bénéficié, non à la « génération 68 » en général, mais à certaines cohortes particulières et, à l’intérieur de ces cohortes, aux lycéens les moins prédisposés à accéder à l’enseignement supérieur. D’ailleurs, si leurs trajectoires sociales sont spectaculaires au regard de ce qu’elles auraient pu être, elles restent la plupart du temps moins éclatantes que celles des individus accusés par certains d’avoir « confisqué » les positions de pouvoir.

En réalité, il est plus intéressant de suivre le fil de la démonstration que proposent ici Sandra McNally et Eric Maurin : 68 est pour eux une expérience « grandeur nature » des effets que l’on pourrait attendre aujourd’hui d’une ouverture accrue de l’enseignement supérieur à l’ensemble des catégories sociales, à fortiori de celles qui restent le plus souvent à sa porte. Une telle politique pourrait aider à déverrouiller un certain nombre de destins sociaux et, à long terme, à augmenter le capital de formation disponible sur le marché du travail, c’est du moins ce que suggère une lecture rigoureuse de l’expérience des enfants nés en 1949, qui étaient en terminale au moment des évènements et qui ne réussirent leur bac qu’à la faveur de la complète désorganisation de l’examen. Cet enseignement concerne tout autant la recherche de la justice sociale que celle de la performance économique.

Au fond, une des leçons les moins repérées de Mai 68 se trouverait dans la réussite aussi formidable qu’accidentelle d’une émancipation par la formation supérieure. L’histoire sociale des « élus de Mai » donnerait ainsi raison à tous ceux qui, révolutionnaires alors, pensaient que l’université ne devait pas s’adapter à la société, mais la transformer. Ceux-là auront été, pour une part, les cobayes heureux de leurs propres idées.

Thierry Pech
Secrétaire général de la République des Idées
http://www.repid.com

Eric Maurin est économiste au centre Paris-Jourdan Sciences Economiques (PSE), Unité Mixte de Recherche CNRS - EHESS - ENPC - ENS. Il a notamment publié le Ghetto français. Enquête sur le séparatisme social (La République des Idées / Seuil, 2004).

Sandra McNally est économiste au Centre for Economic Performance et Centre for Economics of Education à la London School of Economics (Londres).

L’étude de Eric Maurin & Sandra McNally est ici :

http://mai68.org/spip/IMG/pdf/mai68…

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