VIVE LA RÉVOLUTION

Le capitalisme pue

jeudi 23 juin 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 juin 2016).

"À quoi bon faire de la poésie
tout en continuant à se taire et à ramper
devant les despotes et les bourreaux
à quoi bon les mots les plus beaux
s’ils ne servent qu’à faire rêver des idiots."

André Chenet,
"Le journal d’un égaré"

Platon ne voulait pas des poètes dans sa république. Aujourd’hui, ce n’est pas mieux, de plus en plus de villes se munissent de règlements totalement iniques et dignes des pires psychopathes à l’égard de celles et ceux que les États qualifient d’ "artistes ambulants".

C’est que la chanson comme la poésie ne servent pas qu’à faire rêver des idiots. La poésie est généralement ignorée des médias mainstream. Quand à la chanson, elle est totalement galvaudée par ces médias, lesquels nous assurent qu’une chanson n’est populaire que quand elle se vend bien - et qu’elle fait donc la fortune de ses promoteurs, mais chut cela il ne faut pas le dire. Ils nous abreuvent toute l’année de tubes, généralement entrecoupés de pubs et agrémentés des seins de Lady Gaga et du cul de Beyoncé.

Il est donc urgent de se réapproprier la poésie et de libérer la parole. Il y a certainement plein d’autres liens intéressant, merci de les partager si vous en avez, mais pour aujourd’hui voilà quelques extraits de ce que nous trouvons sur Danger Poèsie, le premier blog sur internet "détourné en revue poésie gratuite dans un monde où tout est à vendre".

Ashraf Fayad, la voix de la vie

"Tu écriras ton nom à l’envers sur le miroir
Tu mangeras avec la main droite
et laisseras le reste
à ceux qui méritent plus que toi
ta bouche trempée dans
le pétrole"

Ashraf Fayad, extrait de "Le remède"

"Et, d’abord, qu’est-ce que la justice ?
Qui la rend ? qui la fait ? où ? quand ? à quel moment ?
Qui donc pèse la faute ? et qui le châtiment ?
"
Victor Hugo, extrait de : "Ce que dit la bouche d’ombre"

Le poète apostat

Le poète d’origine palestinienne Ashraf Fayad, qui avait été, lors d’une première sentence, condamné à mort pour apostasie par un tribunal d’Arabie saoudite a vu sa peine commuée à 8 ans de prisons et 800 coups de fouets par un autre tribunal en mal de clémence (lire l’article ci-dessous). Son crime ? Avoir écrit des poèmes dans un pays maudit où les femmes sont complètement enveloppées comme des parties honteuses sous un suaire, un État ubuesque, l’humour en moins, où la justice consiste à fouetter, pendre, égorger, écarteler, décapiter, étrangler, découper, châtrer des êtres humains innocents comme vous et moi, selon le bon vouloir de ses princes ivres de jouissances divines, un royaume putride bâtit artificiellement sur le sable d’un désert et qui n’existe que par les revenus fabuleux que procure à la famille régnante de gigantesques nappes de pétrole gluant. Une monarchie sanglante devant laquelle viennent aujourd’hui se ridiculiser des présidents, des ministres, des hommes d’affaire du monde entier.

Ashraf a eu le tort impardonnable de vouloir vivre de son art, de chanter lucidement la douloureuse mais combien exaltante conquête de la liberté, de faire corps avec les hommes et les femmes de son temps, d’aimer le Printemps arabe sur les rivages de la Méditerranée, de vouloir croquer l’amande exquise sous la coque des cruelles réalités.

Sans poésie, la liberté d’expression ne peut que s’échouer dans un carcan de discours convenus, sans saveurs, et les langues finissent par se tarir, se dessécher. Tout poète est par nature un apostat en puissance parce qu’il lui est impossible de se laisser dicter par quiconque des mots qui ne proviennent pas de ce que Victor Hugo appelait "la bouche d’ombre", ce lieu mystérieux de la parole et de la "création profonde".

Les mots des poètes font vibrer les cordes harmoniques de la vie, ils fécondent en chaque être humain le désir de beauté, jusqu’à parfois les combler d’amour et de bonté à condition qu’il ne soient pas complètement désensibilisés ou corrompus par l’ego, le pouvoir, l’argent, la vanité …etc…

Posons-nous d’abord la question cruciale de comment en finir avec cette engeance wahabite pseudo religieuse soutenue par des gouvernements, ses alliés comme ils se disqualifient d’eux-mêmes, qui mettent à feu et à sang des pays entiers au nom du spectre dépareillé de la démocratie. Que la révolte légitime d’Ashraf Fayad et de ses semblables nous porte vers toujours plus de compréhension et de fraternité dans nos luttes quotidiennes pour l’émancipation et l’épanouissement des communautés humaines. Ne l’oublions surtout pas, tendons-lui la main à travers les barreaux de sa prison, offrons-lui le meilleur de nous-mêmes comme un baume apaisant sur sa chair lacérée. A. Chenet

Pétition pour sauver le poète palestinien Ashraf Fayad condamné pour apostasie par l’Arabie Saoudite

par Zekri Houda

Le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à mort pour "apostasie".

En d’autres termes, l’Arabie saoudite lui reproche d’avoir tenu des propos contre Dieu et contre le royaume. Une accusation qui repose sur un témoignage unique. "J’ai été très choqué mais c’était attendu. Je n’ai cependant rien fait pour mériter la mort", a-t-il expliqué au journal britannique The Guardian.

Ashraf Fayad, qui avait représenté l’Arabie saoudite lors de la Biennale de Venise en 2013, était inquiété par la police religieuse du royaume pour des poèmes aux idées athées.

Le poète avait déjà été détenu en 2013, pour blasphème. Relâché le lendemain, Ashraf Fayad avait de nouveau été arrêté en janvier 2014. Cette fois-ci, il avait passé 27 jours au poste avant de se retrouver en prison.

En 2014, il est alors condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet en première instance après une plainte provenant d’un groupe de discussion culturel dans un café d’Abha (sud-ouest). Un homme affirmait alors l’avoir entendu tenir des propos contre Dieu, tandis qu’un religieux l’accusait de "blasphème" dans un recueil de poèmes que le Palestinien a écrit il y a 10 ans.

Lors du premier procès, Ashraf Fayad avait démenti que son ouvrage soit "blasphématoire", mais s’était quand même excusé. La cour n’avait alors "pas voulu le condamner à mort".

Mais selon l’ONG Human Right Watch, un autre tribunal est donc revenu sur cette décision, jugeant que "le repentir, c’est pour Dieu". Privé de carte d’identité, le poète n’a pu bénéficier de l’aide d’un avocat pour se défendre.

Pour Ashraf Fayadh, cette condamnation vient après de nombreux problèmes rencontrés avec la police religieuse. Pour ses amis, qui avaient alors lancé une page de soutien, la police religieuse n’ayant trouvé aucune trace "d’incitation à l’athéisme" dans ses poèmes, elle l’avait poursuivi pour avoir fumé et pour arborer des longs cheveux.

Si je soutiens Ashraf aujourd’hui, c’est parce que je suis indignée et outrée par le sort qui lui est réservé, dans un pays qui ne cesse de violer les droits humains ; l’Arabie Saoudite, où on coupe les têtes à coup de sabre, où on coupe les mains et les pieds, où on fouette sur les places publiques, et à qui on réserve les meilleures places et les meilleurs titres aux Nations Unies ! N’est-ce pas une aberration, que d’attribuer la présidence du Conseil des droits de l’homme, à ce pays !

Je suis outrée, parce que Ashraf a été condamné pour ses mots, pour sa poésie et en tant que poète libre qui a déjà soutenu en Tunisie deux jeunes condamnés pour athéisme, je ne peux qu’apporter mon soutien à cet homme, à cet orfèvre des mots, condamné pour apostasie !

La liberté de conscience pour moi, doit être inscrite et garantie par toutes les constitutions du monde, pour permettre à chacun de croire ou de ne pas croire, de pouvoir changer de religion, d’être monothéiste ou polythéiste, déiste, panthéiste, agnostique ou que sais-je encore ! Alors, je soutien Ashraf et les milliers d’Ashraf sur la planète qui au nom des théocraties et autres dictatures se font massacrer dans l’indifférence générale !

Pétition sur : change.org

Le remède

Tu démentiras toutes les informations
les revues de presse
les analyses des spécialistes
en dernier cri de la mode
Tu n’abuseras pas du sommeil
et du téléphone portable
Tu t’exerceras un peu
à la mort
Tu te débarrasseras de toutes les photos
que tu as gardées de ton enfance
de ton adolescence, de ta pauvreté
de ton ex-aimée
des contes de ta grand-mère
et de tes virées nocturnes
pour t’attaquer
à certaines prétendues vertus
Tu utiliseras de l’eau chaude pour ta douche
et te laveras les pieds
chaque fois que tu ôteras tes chaussettes
Tu feras tiennes les expériences
de ceux qui viendront après toi
Tu écriras ton nom à l’envers sur le miroir
Tu mangeras avec la main droite
et laisseras le reste
à ceux qui méritent plus que toi
ta bouche trempée dans
le pétrole

La poésie libre

"Je suis née prolétaire.
A l’infortune d’être née pauvre
s’ajouta celle d’être née fille
et la nécessité
si l’on veut rire et bien manger
d’être vraiment intelligente
tout en prostituant son corps
à tous les spectres de la fatigue
Un jour,
ce corps,épuisé,
me manqua
se raidit et s’absenta
Et je voulus dormir
Et je cessai de travailler
Et je volai mon salaire
A qui m’achetait le pouvoir
de résister
à la lente gangrène de l’épuisement de mon corps occupé."

Emmanuelle K.

Ma vie, je l’ai volée.
D’abord par nécessité, ensuite par pur plaisir.
Je ne me déguise pas en artiste.
Je suis nue, armée de désir et compte tenir longtemps.
Je suis une demeurée… Moi-même ma demeure.

Emmanuelle K dans « l’Indépendance du Sourire » troisième recueil de l’ensemble « Quand l’Obéissance est devenue Impossible » Editions de La Différence et le Krill éditeur, Paris oct. 2008

ou encore :

"L’échec de l’art comme interrogation subversive de notre société était flagrant… … Il nous restait nos corps et cette seule évidence : la vie de tous les jours serait l’art clandestin de la révolte et le désir sa poésie…" in « La mariée mise à nu… »
récit, écriture en cours

Transfuge rapide de la fédération anarchiste elle rencontra très jeune et par évidence Guy Debord et Raoul Vaneigem dont elle fut proche et dont elle dira, plus tard, qu’ils lui ont - par l’intelligence qu’il avaient du monde - évité le pire : la prison et la folie.

Farouchement indépendante, elle est, au hasard de la vie, une créatrice insaisissable : poète - donc philosophe - et musicienne (diseuse et chanteuse), mais aussi metteuse en scène (mime musique), réalisatrice de films expérimentaux ou documentaires dont les sujets s’imposent à elle, en exploratrice passionnée de la connaissance.

Elle dérive avec les rêves, voyage avec les druides et les chamans, chante et joue avec l’imaginaire populaire autant que savant.

Elle s’éclaire chez Rimbaud, Breton, Artaud, Lewis Caroll, respire avec Bakounine, Debord, Vaneigem…

Son oeuvre poétique est à son image. En construction et en extension permanente, exigeante et élaborée jusqu’aux abords de la perfection, elle découvre et parcourt une grande variété de continents.

Ezra Pound, poète galvaudé

Cet article trop bref est dédié à tous les sites spécialisés qui font de la poésie une forme esthétisante et sans conséquences politiques (au sens du bien-vivre ensemble) de la littérature.

"Le capitalisme pue"
Ezra Pound

"Pour avoir défendu une position similaire, pour s’être attaqué à l’usure comme procédé hétérodoxe dans le cadre de l’Église de son temps, Dante perdit sa patrie, fut condamné à mort et dut passer le reste de ses jours loin des siens. Ezra Pound subit le même sort." Vintilia Horia

« L’unique possibilité de sortir victorieux du lavage de cerveau, c’est d’affirmer le droit que détient tout homme à ce que ses idées soient jugées une à une. » Ezra Pound

« Si un homme n’est pas prêt à affronter un risque quelconque pour ses opinions, ou bien ses opinions ne valent rien, ou bien c’est lui qui ne vaut rien » Idem

Pourquoi Ezra Pound a—il été séquestré par la psychiatrie durant treize années ? Parce qu’il s’intéressa au plus haut point au monde des banques, de la finance, de l’usure c’est à dire de la dette. Il devint même à son époque une sorte d’expert. Le poète célébré de "Les Cantos" - long poème épique qui reflète sa préoccupation politique et économique - mais vivant chichement, écrivit des articles à ce sujet dans le but d’éclairer ses compatriotes sur certains aspects méconnus de leur histoire, se croyant protégé par le premier amendement de la Constitution américaine. Il croyait à la libre information pour tous. Il fut considéré comme antisémite parce que il démontra le subterfuge, quasiment universel aujourd’hui, du système monétaire hébraïque. Il fut accusé de fascisme non pas tant à cause de ses vues en faveur de certains éléments de l’idéologie fasciste que de son anti-américanisme et de sa haine profonde de l’argent-roi. Un poète ne doit pas se mêler de ce qui ne le regarde pas, et la poésie ne cesser de divertir et de plaire.

"L’usure tue l’enfant dans les entrailles de sa mère" a écrit Pound dans un des vers finaux du Cantos XV.

"La guerre est le suprême sabotage ; c’en est la forme la plus atroce. Pour dissimuler l’abondance existante ou virtuelle, les usuriers suscitent les guerres, et ce, pour créer la disette. Car il est plus difficile d’obtenir le monopole de matières qui abondent que de celles qui sont rares. Les usuriers déclenchent des guerres pour établir des monopoles à leur avantage, et pour ensuite étrangler le monde. Les usuriers provoquent des guerres pour créer des dettes dont ils jouissent des intérêts, ainsi que des profits résultant des fluctuations de la valeur de l’unité monétaire.

…/…

La guerre est le suprême sabotage ; c’en est la forme la plus atroce. Pour dissimuler l’abondance existante ou virtuelle, les usuriers suscitent les guerres, et ce, pour créer la disette. Car il est plus difficile d’obtenir le monopole de matières qui abondent que de celles qui sont rares. Les usuriers déclenchent des guerres pour établir des monopoles à leur avantage, et pour ensuite étrangler le monde. Les usuriers provoquent des guerres pour créer des dettes dont ils jouissent des intérêts, ainsi que des profits résultant des fluctuations de la valeur de l’unité monétaire.

…/…

L’usure est un vice et un crime condamnés par toutes les religions et par tous les moralistes de l’Antiquité. C’est dans le DE RE RUSTICA de Caton que nous trouvons ce fragment de dialogue :

Que dis-tu de l’usure ?

Et toi, que penses-tu de l’assassinat ?Je le répète : on a perdu le sens de la distinction entre le productif et le corrosif ; entre la division des fruits du travail fait en commun (soit un juste et vrai dividende appelé partage dans la langue médiévale) et l’intérêt corrosif qui ne représente aucun accroissement de la production utile et matérielle."

Ezra Pound, Le Travail et l’Usure, (extraits) Editions l’Age d’Homme, Lausanne, 1968

Insurrection poétique, anthologie provisoire

Je n’espère rien, _ je ne crains rien,
je suis libre.

Nikos Kazantsakis

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

La vie n’est pas un long fleuve tranquille
elle est un carnage

Et vous me demandez
une poésie ornée de fleurs
de petits oiseaux

Excusez-moi Mesdames Messieurs
chacun de mes poèmes
enterre vos morts

Anise Koltz

Chaos, mode d’emploi (extraits)

Étions-nous solidaires de l’ordre ou du désordre ?

Conscients que trop d’ordre abolissait la vie

Et que tout chaos sans éthique

Était une usine à fabriquer les tyrans

Nous luttions pareillement contre les idolâtres
De ces deux jumeaux maquillés
De sorte que nul ne reconnaisse
Leur troublante similitude en de communs égarements
Le tribunal révolutionnaire du silence
A décrété que désormais
Tout pouvoir est drogue illicite
Et les pantins de marbre qui contrôlaient nos vies
Sont en cure de désintoxication
Et, face à ces nouveaux juges
Beaucoup se sont agenouillés
Suppliant "Manipulez-moi
Encore un peu, car je ne sais que faire
De cette liberté nouvelle
Qui s’ouvre devant moi comme une falaise abrupte…"

Pascal Perrot, “Chaos mode d’emploi”, éditions RAZ (2016)

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