Bonjour à toutes et à tous,
Un récent rapport commandé par le gouvernement déclare :
"Les politiques scolaires menées depuis trois décennies expliquent la dégradation des inégalités sociales dans l’école française", estime le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) en qualifiant l’école française de "lieu de reproduction sociale", sous l’effet d’"une longue chaîne de processus inégalitaires" qui s’accumulent tout au long de la scolarité.
Les élèves défavorisés ont des temps d’enseignement qui sont plus courts, ils ont des enseignants qui sont moins expérimentés.
D’après moi, y’a pas de secret :
En France, on donne les meilleurs enseignants aux meilleurs élèves, et les moins bons au moins bons élèves ; alors qu’il faudrait faire l’inverse.
Les moins bons élèves sont ceux qui n’ont pas le même langage que le prof.
En fait, malgré son maigre salaire, le prof parle le langage de la bourgeoisie. Alors, l’élève qui parle le langage prolo ou paysan ne comprend pas bien ce que dit le prof. Et il doit se faire expliquer par un élève qui a compris.
Les enfants se comprennent toujours entre eux, même quand l’un vient de la bourgeoisie et l’autre du prolétariat. Donc, un élève qui a compris parvient plus facilement qu’un prof à expliquer les mathématiques à un élève qui n’a pas compris.
Mais, plus le temps passe, et plus on fait en France des classes avec des élèves qui ont tous le même niveau. On fait des classes de bons, et des classes de mauvais. En pratique les classes de bons sont ceux qui ont le langage des profs et donc de la bourgeoisie. Ce sont des fils de bourges. Et les élèves mauvais sont les fils de prolos ou de paysans.
Et dans une classe où il n’y a que des prolos, aucun élève ne comprend quoique ce soit à ce que dit le prof dans son langage de bourge et donc aucun élève n’est capable d’expliquer quoique ce soit aux autres. Je caricature énormément, mais c’est quand même ça.
Comme, en plus, on met les meilleurs profs, c’est-à-dire ceux qui ont le plus d’ancienneté, dans les classes de leur choix, et qu’évidemment ils choisissent les classes les plus faciles, donc les classes de bourges, les élèves de bas niveau se retrouvent avec les profs les moins bons.
Par conséquent, l’éducation nationale inventée à l’origine pour réduire les inégalités sociales fait en fait l’inverse.
Bien à vous,
do
http://mai68.org
Post-scriptum :
J’aime bien ce rapport parce que sa conclusion dit la vérité. Cependant, je ne peux m’empêcher de remarquer l’expression : « dégradation des inégalités », ce qui signifie que les inégalités disparaissent, alors que ce rapport veut dire exactement l’inverse.
Conclusion : les salariés qui ont rédigé ce rapport n’ont pas eu le temps de le relire correctement. "On" les a pressés d’en finir au plus vite. Ils ont pensé à la "dégradation" de la situation du point de vue des "inégalités" ; et, comme il fallait aller vite, ça a donné "dégradation des inégalités".
L’école accentue les inégalités sociales, selon une étude
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN11X1JR?sp=true
Mardi 27 septembre 2016 15h49
L’école accroît les inégalités sociales en France, selon un rapport publié mardi par le Conseil national d"évaluation du système scolaire (Cnesco). Cet organisme indépendant placé auprès du ministère de l’Éducation nationale dresse en particulier le constat d’échec de la politique de l’éducation prioritaire, qui "pourrait progressivement avoir créé de inégalités de traitement en défaveur des élèves défavorisés". /Photo d’archives/ REUTERS/Charles Platiau
PARIS (Reuters) - L’école accroît les inégalités sociales en France, selon un rapport publié mardi par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco).
Cet organisme indépendant placé auprès du ministère de l’Education nationale est parvenu à cette conclusion en analysant des travaux commandés à 22 équipes de recherche françaises et étrangères, relevant de différentes disciplines : sociologie, économie ou encore psychologie.
Dans son rapport, le Cnesco note que l’aggravation des inégalités à l’école n’est que peu liée à la dégradation du contexte économique et social et semble également peu corrélée à l’enseignement privé ou au cours particuliers.
"Les politiques scolaires menées depuis trois décennies expliquent la dégradation des inégalités sociales dans l’école française", estime le Cnesco en qualifiant l’école française de "lieu de reproduction sociale", sous l’effet d’"une longue chaîne de processus inégalitaires" qui s’accumulent tout au long de la scolarité.
Le Cnesco dresse en particulier le constat d’échec de la politique de l’éducation prioritaire, qui "pourrait progressivement avoir créé de inégalités de traitement en défaveur des élèves défavorisés".
"Nous n’avons pas de discrimination positive dans le cadre de l’éducation prioritaire, nous avons réellement une discrimination qui est négative", a déclaré mardi Nathalie Mons, la présidente du Cnesco, sur France inter.
"Les élèves défavorisés sont dans des contextes qui sont beaucoup moins porteurs pour les apprentissages : ils ont des temps d’enseignement qui sont plus courts, ils ont des enseignants qui sont moins expérimentés (…) et ils vivent aussi dans des contextes en termes d’insécurité et d’incivilité qui sont beaucoup moins porteurs", a-t-elle ajouté.
Pour le Cnesco, les effets pervers de l’éducation prioritaire, auquel environ 1,3 milliard d’euros sont consacrés tous les ans, dépassent désormais ses effets positifs, notamment parce qu’il avait été conçu pour être temporaire et ciblé et que ces deux critères n’ont pas été respectés.
Autre élément mis en avant dans ce rapport, le défaut d’évaluation des différents dispositifs mis en place pour lutter contre les difficultés scolaires.
"On essaie surtout de dire que l’on fait quelque chose", plutôt que de se soucier de l’efficacité de l’action publique, a indiqué Nathalie Mons en invitant à "arrêter l’activisme politique".
Entre autres recommandations pour réduire les inégalités à l’école, le Cnesco invite donc notamment le système éducatif français à renoncer aux réformes à répétition et à privilégier une logique de prévention plutôt que de traitement de la difficulté scolaire.
(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)