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L’ORGANISATION – DE L’INSURRECTION À LA RÉVOLUTION

samedi 1er octobre 2016

L’ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE :

La semaine dernière nous avons présenté notre vision de la contradiction fondamentale qui entraine le déclin du mode de production capitaliste (1). Ce brulot a déclenché une avalanche de commentaires à propos de la façon pour la gauche de mobiliser, encadrer, diriger, commander le processus de remplacement de l’ancien mode de production et permettre l’émergence du suivant. Telle la mouche du coche, la gauche bourgeoise croit qu’elle tient dans ses mains la cravache qui lui permettra de se porter à l’avant-garde du contingent. Malheureusement, quand nous examinons les arguments que la gauche présente force est de constater que l’état-major de « l’avant-garde » est à l’arrière garde du convoi.

1. Le mouvement précède la conscience

Le mouvement précède la conscience – la conscience procède du mouvement, voilà la raison pour laquelle l’organisation – Le Parti – de la classe prolétarienne ne peut préexister à l’insurrection populaire qui marquera le commencement du long processus révolutionnaire. Oubliez la métaphore du Grand Soir qui ne vise qu’à galvaniser les esprits et à offrir un repère historique à la populace… La prise de la Bastille par exemple, se comprend dans le contexte d’une longue suite d’évènements – le précédent et lui succédant - comprenant Napoléon - la restauration, la Commune tout comme la Révolution d’Octobre fut précédée par la révolution de 1905, par celle de Février 1917 – Kornilov – Kronstadt – par Staline – Khrouchtchev – Gorbatchev – Poutine et les autres. L’histoire est en marche et sous le mode de production capitaliste c’est le pouvoir économique – politique – idéologique bourgeois qui est hégémonique. C’est la raison pour laquelle jamais aucune révolution politique prolétarienne ne survivra esseulée, dans un ou dans quelques pays isolés, surtout si cette révolution se veut idéologique et politique avant d’être une révolution économique.

Surtout si cette révolution prolétarienne moderne se déroule sans prolétaires – menée par des masses paysannes analphabètes, poussant l’araire tiré par des bœufs. La superstructure sociale repose sur l’infrastructure économique et non l’inverse. C’est ce qui nous fait dire et répéter « Dialectiquement, le mouvement précède la conscience – et la conscience procède du mouvement révolutionnaire conscient ». Ainsi, sous le mode de production capitaliste, le petit bourgeois est découragé de constater comme le prolétariat est difficile à mobiliser pour défendre son trécarré, comme l’ouvrier est réticent à mourir sur les barricades pour sauver le bobo paupérisé – rejeté parmi les assistés sociaux déqualifiés.

C’est que le prolétaire a déjà donné. En 1871 à Paris il a donné et il a été fusillé par milliers. En 1905 à St-Petersbourg et en 1917 à Moscou, il a donné (les quelques prolétaires russes disponibles), et il s’est retrouvé dans les usines stakhanovistes surexploité… Puis, il a été mobilisé sur le front de l’Est et exterminé par millions. La suite de ces échecs s’allonge ainsi à l’infini. Alors, il hésite, il réfléchit, il se méfie le prolétaire corvéable et « massacrable » à merci. Même aujourd’hui, sur les fronts du Proche-Orient et de l’Afrique on le conscrit pour tuer et pour être tué pour un salaire de misère, sans espoir, sans lendemain, six pieds sous terre où le mène son destin.

Voyons comment le processus dialectique de maturation de la conscience se met en branle dans le cours même du mouvement insurrectionnel. Personne ne fait sa formation nous dit-on. Personne n’explique au prolétariat qu’il est la solution à cette succession de crises systémiques du mode de production capitaliste. Pourtant, chacun devrait savoir, les réformistes – les altermondialistes – les verts écologistes – les syndicalistes – les soi-disant communistes et les gauchistes – que personne ne peut sortir l’humanité de la crise systémique du capitalisme… Nous ne préconisons pas que l’on sorte de la crise économique du capitalisme. Nous préconisons que l’on renverse – que l’on détruise le mode de production capitaliste irrémédiablement. Il n’y a rien à conserver de ce mode de production moribond source de tous nos maux. Nous ne proclamons pas que l’on se lance à la conquête du pouvoir d’État bourgeois, électoralement ou militairement, nous préconisons que l’on détruise l’État bourgeois, que l’on ne conserve rien de cet État – instrument d’aliénation de notre classe – et dont la destruction est la condition de son émancipation. Alors camarades, la vraie question est plutôt, qui formera les formateurs du prolétariat ?

2. Le parti prolétarien révolutionnaire

Mais, nous dit-on, il n’y a aucun parti révolutionnaire prolétarien pour diriger le mouvement révolutionnaire ! C’est normal, et il est sain qu’il en soit ainsi. Cette non-existence d’un parti révolutionnaire prolétarien est le reflet de l’état de conscience au sein de la classe et de l’état d’avancement du mouvement révolutionnaire. La conscience de classe ne précède pas le mouvement de la classe, il en procède. Les forces objectives du capitalisme vont se charger de bafouer, d’écraser, de paupériser, de malmener notre classe, et de ces malversations répétées surgira la résistance massive comme une réaction instinctive de la population (y compris de la petite bourgeoisie si prompte à s’indigner). À travers ce mouvement spontané – irrépressible – insurrectionnelle – la conscience de classe va maturer et fera passer la classe du processus insurrectionnel spontané – inconscient – au processus révolutionnaire conscient. Une insurrection n’est pas une révolution comme l’a démontré la révolte Place Tharir au Caire. Mais l’insurrection populaire en est un moment spontané, violent, et surtout nécessaire, précédant la révolution, qui elle sera nécessairement prolétarienne ou ne sera pas. Ce qui doit nous préoccuper à ce moment-ci ce n’est pas l’inexistence d’un parti prolétarien révolutionnaire, alors que ni l’insurrection ni la révolution ne sont en marche, mais quelles sont les conditions requises pour que ce parti révolutionnaire de la classe prolétaire surgisse pendant le soulèvement pour servir le mouvement dans le sens de la destruction de l’ancien et de l’édification du nouveau mode de production  ?

De cette maturation, de ce haussement de la conscience de la classe dans le processus même de la lutte – classe contre classe – qui s’échelonnera sur des années – naitra l’organisation de classe comme l’émanation de la conscience de classe qui dialectiquement sera structurée et structurera la conscience de la classe et en fera un mouvement révolutionnaire de la classe pour la prise de pouvoir dans l’ensemble de la société sous les trois instances économique d’abord, politique et idéologique ensuite. Économique d’abord signifie précisément que la prise de contrôle par le prolétariat des moyens de production, d’échanges et de communication sera essentielle et décisive pour assurer l’avancée de la révolution. Ce n’est surtout pas le Parti de la classe qui doit s’emparer du contrôle des moyens de l’économie, mais la classe elle-même via le mode d’organisation que la classe trouvera adéquat, les soviets ouvriers étant un bon exemple. Des besoins des soviets de base naitra le besoin d’une organisation de coordination de l’ensemble des soviets ouvriers. Contrairement à ce que prétendit l’opposition de gauche, l’échec de la Révolution russe ne fut pas la conséquence de la prise de contrôle des soviets de paysans, soldats et ouvriers par les bolchéviques, ou de la trahison de Staline, mais de l’impossibilité de construire le mode de production communiste sur les ruines du mode de production féodal, que la composition des soviets reflétait (paysans, paysans-soldats et ouvriers). Les masses paysannes doivent être prolétarisées avant de pouvoir mener une révolution prolétarienne. De cette impossibilité matérielle – objective – émergea le pouvoir politique bolchévique centralisé qui a eu pour tâche de construire le nouveau mode de production capitaliste industriel et ouvrier, successeur obligé du mode de production féodal, agraire et paysan.

L’hégémonie politique et idéologique de la classe prolétarienne révolutionnaire (non pas du Parti qui ne doit être que le servant de la classe et non son adjudant) viendra en dernier ressort et non pas en premier lieu comme le croyaient les bolchéviques. Ce fut l’une de leurs erreurs. La conscience suit le mouvement elle ne le précède pas. L’idéologie prolétarienne communiste naitra lentement de la construction du mode de production communiste prolétarien. Ce n’est que dans ce mouvement – anarchique – spontané – confus que naitront les innovations pour la création d’un nouveau mode de production qui pour partie existe déjà dans le présent mode de production moribond.

3. La dictature du prolétariat sur le parti

Les syndicats tels que nous les connaissons, devenus des appendices de l’appareil d’État bourgeois, seront hors combat et seront détruits au même titre que le reste de l’appareil d’État bourgeois alors que les organisations de la gauche bourgeoise qui se présentent comme marxistes, communistes, maoïstes, trotskistes, anarchistes, etc. disparaitront ou s’enliseront dans la réaction en tant que sectes antiprolétariennes, ou alors, fusionneront dans la nouvelle organisation de classe – Le Parti qui ne peut absolument pas préexister – avant que la conscience de la classe nait maturée assez pour le faire émerger. C’est la maturation de la conscience de la classe (non pas du peuple, mais de la classe prolétarienne) qui assurera la juste orientation, l’évolution et la protection du Parti. La classe ne nait pas du parti, c’est le parti qui émane de la classe et en dépend pour survivre. Voilà la véritable signification du concept de « dictature du prolétariat », qui n’est pas la dictature d’un gourou sur le parti, puis sur la classe, mais la dictature de la classe sur tous les gourous et leurs sectes dogmatiques qu’ils brandissent ou non les saintes Écritures marxistes. Les bolchéviques ont pu faire à leur guise par ce que la classe prolétarienne n’avait pas la maturité économique, politique et idéologique requise. Si le mouvement prolétarien révolutionnaire ne parvient pas à émerger hégémonique du mouvement insurrectionnel populaire alors il subira une terrible répression de la part de la réaction et le parti révolutionnaire prolétarien devra être dissouts pour renaitre lors du prochain mouvement insurrectionnel mondial. Les organisations qui ne seront pas dissoutes seront éradiquées ou intégrées à l’appareil d’État bourgeois comme l’ont démontré toutes les phases de reflux insurrectionnelles précédentes.

4. L’état-major de « l’avant-garde », que les camarades nous en garde

Ici nous réclamons un effort supplémentaire aux vieux camarades gauchistes en leur demandant d’oublier les enseignements du grand Lénine qui s’est fourvoyé à propos du Parti qui devrait préexister, tel un état-major – une « avant-garde » – de la classe en-dehors ou au-dessus de la classe. Lénine fut l’émanation de la conscience de la classe prolétarienne russe – marginale – vagissante – faible – inexpérimentée et qui ne pouvait, dans la société féodale archaïque de la Russie tsariste de 1917, concevoir le Parti de la classe que sous la forme d’une secte secrète – policée – hermétique – paranoïaque, coupée des influences révolutionnaires extérieures.

Personne ne peut aujourd’hui identifier une organisation qui soit une “avant-garde” révolutionnaire de la classe et qui ait une influence significative dans la classe prolétarienne. Ça n’existe pas, il y a la gauche bourgeoise, sectaire, dogmatique, soumise au « centralisme démocratique » dictatorial du polit-bureau petit bourgeois, un concept imaginé par Lénine et les bolchéviques pour chasser l’opposition, l’expulser ou la neutraliser.

Même si toutes les sectes de la gauche bourgeoise sont des éteignoirs, des entraves au cheminement de la classe, le soulèvement insurrectionnel aura lieu malgré eux. Même que leur agitation contribue à la maturation du mouvement ouvrier dans sa globalité. Mais ensuite, à l’étape suivante, la question du parti prolétarien révolutionnaire deviendra décisive dans le cours même du processus révolutionnaire où la conscience évoluera et exigera un accoucheur du nouveau mode de production communiste – ce ne peut être que le parti né dans la classe, ni au-dessus, ni à côté, ni en avant-garde. Pour l’instant, le débat ouvert est la clé de la démocratie prolétarienne.

Camarades, protégez-nous de « l’avant-garde », nos ennemis ont s’en charge. Prolétaires du monde entier, unissez-vous

(1) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

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