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Centenaire de « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » de Lénine

jeudi 13 octobre 2016

Dans cet article nous disposons de quelques erreurs commises par Lénine et propagées par les apologistes du léninisme. Nous ferons cette critique à partir du résumé du volume publié par un laudateur que le lecteur trouvera sur Internet (1).

Bibeau.robert@videotron.ca Éditeur http://www.les7duquebec.com

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De la concurrence libérale à la concurrence monopolistique

Ainsi, pour résumer une des thèses léninistes l’auteur écrit ceci : « Ils gèrent et contrôlent l’ensemble de la vie économique, ce qui conduit à la transformation de la concurrence en monopole. Hier comme aujourd’hui, ce sont eux les vrais détenteurs du pouvoir. D’ailleurs aujourd’hui, les 1% les plus fortunés concentrent 46% du patrimoine mondial. »

Sous l’impérialisme moderne : A) Il n’y a pas transformation de la compétition en monopolisation qui impliquerait la fin de la concurrence et l’émergence d’une ère de bonne entente entre trusts et cartels capitalistes internationaux. Nous voyons partout autour de nous que la concurrence s’exacerbe sous les pressions de la monopolisation croissante. Nous voyons partout autour de nous que les belligérants – entreprises privées et entreprises étatiques – se déchirent via leur état respectif, isolé ou regroupé en alliances impérialistes meurtrières (avec ou sans recrutement de mercenaires crypto communistes ou pseudodjihadistes). Souvent, les prolétariats nationaux servent de chair à canon dans leurs manigances concurrentes avec la complicité de la gauche nationaliste. B) Sous l’impérialisme les 1% de fortunés forment la classe sociale bourgeoise hégémonique et c’est cette appartenance de classe qui les solidarise et les criminalise. Le fait qu’ils détiennent 46% d’une partie du patrimoine mondial (cela dépend de ce que l’on inclut dans ce calcul de ce patrimoine) n’est qu’une conséquence du développement impérialiste monopolistique et cette concentration est sans grande importance du point de vue historique, sauf pour la petite bourgeoisie qui envie le style de vie des richissimes décadents.

Capital industriel et capital bancaire ne font pas le capital financier

Une deuxième erreur du léninisme concerne le concept de capital financier. Monsieur Vila écrit : « Les entreprises sont ainsi sous le contrôle des grands groupes bancaires avec lesquels elles travaillent. » C’est ne rien comprendre au fonctionnement du capital que de scinder ainsi le capital des entreprises industrielles et commerciales de celui des entreprises bancaires (fiducies, assurances, fonds de pension, etc.) La phase impérialiste du mode de production capitaliste est caractérisée par la profusion du capital argent (monnaie, crédit) et l’imbrication des différentes formes du capital, dont la forme primordiale restera toujours la forme de capital productif industriel et commercial (moyens de production-distribution). En effet, dans son cycle de reproduction élargie le capital prend différentes apparences, sans pour autant changer de substance. Tantôt le capital épouse la forme argent ; puis, il devient moyens de production – salaires – machines-outils – robots cybernétiques – énergie ; puis, le capital devient marchandises ou services pour enfin se retransformer en capital argent marchand ou capital mercantile et le cycle reprend. Afin de rendre plus fluides ces différentes métamorphoses, la classe capitaliste a été contrainte de spécialiser les tâches et les opérations de transformation et de circulation. Ainsi, l’un est devenu banquier, l’autre est devenu commerçant – Wall Mart, Costco – alors que le troisième est devenu industriel – PDG de Rio Tinto. Le fait que le capital devienne à un moment donné une marchandise (produit ou service) est fortuit et ne vise qu’à donner au capital une valeur d’usage afin de le transformer en valeur d’échange via le travail salarié. Pour le capitaliste l’unique but de l’opération est de réaliser la valeur d’échange. Sous l’impérialisme stade suprême du capitalisme, les forces productives et les moyens de production mécanisés – surdéveloppés à haute productivité – entrainent des crises de surproduction de plus en plus importantes ce qui entrave la circulation-reproduction élargie du capital et rend ce mode de production obsolète. Seule la classe prolétarienne peut mettre fin à cette alternance de phases de sous-production absolue et de surproduction relative. La Russie semi-féodale paysanne et agraire du début du XXe siècle était bien loin de présenter les caractéristiques impérialistes industrielles et financières requises pour enclencher une révolution prolétarienne antiimpérialiste moderne internationale.

Ce qu’il faut aussi comprendre c’est que tous ces PDG (banquiers, financiers, commerçants, capitalistes des communications et des transports, ainsi que les chevaliers d’industrie) se cooptent et siègent aux mêmes conseils d’administration. Autrement dit la fusion du capital est aussi la fusion des intérêts et la collusion des individus appartenant à la classe dominante hégémonique. La concurrence concerne les grands groupes et s’exacerbent au fur et à mesure des fusions-concentrations. À titre d’exemple, l’entreprise Bayer qui absorbe Monsanto renforce sa concurrence contre le groupe ChemChina-Syngenta qui se sent aujourd’hui menacé par ses anciens alliés. Demain, ne soyez pas étonné d’apprendre qu’une guerre tribale, ethnique ou djihadiste (sic) a éclaté en Afrique où ces deux groupes multinationaux vendent semences OGM, herbicides et insecticides à la paysannerie et aux propriétaires fonciers locaux (2).

Les ressources à développer plus qu’à partager

Vila, paraphrasant Lénine, écrit ceci : « Mais comme le monde était entièrement partagé depuis le début du XXe siècle, la lutte pour les marchés et le contrôle des différentes zones du monde, a abouti au conflit de 14-18. » Comment les marxistes-léninistes et les communistes ont-ils laissé passer une telle billevesée ? En 1914-1918, le monde n’était absolument pas entièrement partagé entre les différents trusts et conglomérats industriels – commerciaux – de communication – du transport – et les cartels bancaires et financiers. Par contre, des secteurs de ressources et de main-d’œuvre salariée à exploiter, et des espaces de marchés étaient effectivement convoités en Europe centrale, dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Russie arriérée par différents conglomérats internationaux ayant leurs sièges sociaux aux États-Unis, en Allemagne, en Suisse, en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Belgique et en Hollande (proue ou pas en Russie cependant). Encore plus importants, pour le capital productif impérialiste, des centaines de millions de paysans restaient à prolétariser, dans les plaines du Gange et du Yang Tsé. Des millions d’exploités à intégrer au processus de reproduction élargie du capital en tant qu’esclaves salariés (capital variable) et en tant que consommateurs (capital marchand). Assurément, en 1917, le mode de production capitaliste n’avait pas complété la destruction du mode de production féodal et l’intégration de toutes les forces productives dans le giron du capital.

Sous l’impérialisme capitaliste, ce n’est pas le rattachement formel avec nomination d’un résident général, d’un gouverneur ou d’un vice-roi qui fait foi de l’appartenance à une zone d’influence, mais l’emprise économique réelle que détient le capital international sur le territoire et ses ressources, sur sa main-d’œuvre et sur le capital national en somme. Ainsi, le roi Léopold de Belgique était propriétaire du Congo (2,3 millions de KM2), mais ce sont des trusts internationaux apatrides qui achetaient le caoutchouc pour l’usiner et en faire des pneus pour le marché. Le Congo faisait ainsi partie de leur zone d’influence et de leur patrimoine ce qui a déterminé la Belgique à s’engager du côté des alliés lors de la Première Grande Guerre. Même chose pour la Hollande et sa dépendance indonésienne (3).

Capital marchandise, capital argent et capital financier

Comme le rapporte Vila, Lénine commet une autre erreur quand il déclare : « Le capitalisme classique se caractérise par l’exportation de marchandises, mais arrivé à son stade impérialiste, c’est l’exportation de capitaux qui prédomine » (4). Lénine en introduisant le concept de capitalisme « classique », crée une scission dans l’évolution du mode de production capitaliste et laisse entendre que le stade impérialiste du capitalisme présenterait un capitalisme différent du précédent, ce qui est une erreur. Sous le capitalisme, en phase impérialiste, ce n’est pas l’exportation de capitaux-argent qui prédomine. Chez Marx, le terme capital recouvre toutes les formes du capital, les forment marchandise, services, moyens de production, monnaie, investissements, etc. Ainsi, un investissement de 100 millions de dollars de capitaux d’une banque canadienne en Côte d’Ivoire signifie simplement qu’une ligne de crédit équivalente a été ouverte à une entreprise ivoirienne pour qu’elle achète des machines, des marchandises, des services, des produits d’entreprises installées au Canada (vous aurez noté que nous n’avons pas écrit d’entreprises canadiennes, mais bien d’entreprises installées au Canada, pouvant être des multinationales américaines ou autres). Un capital argent n’est jamais que la forme temporaire d’un capital marchand, seul capital capable de métamorphoser la valeur d’usage en valeur d’échange (ce qui inclut la marchandise force de travail et sa valeur marchande salariale).

Ainsi, la Chine est le premier exportateur capitaliste au monde. Le capital chinois exporte surtout des marchandises pour lesquelles il reçoit des transferts de fonds (capital-argent) que les capitalistes chinois s’empressent de transformer en capital-pétrole iranien et en capital-gazier russe, du capital marchandise qui lui aussi prendra temporairement la forme de capitaux-argent avant d’être transformé à son tour en capital-marchandise. Il en est de même de l’Allemagne le deuxième exportateur impérialiste mondial. Bref, la forme argent du capital a vocation de se transformer en capital-marchandise. Le « capital financier » n’est qu’une métaphore pour représenter la masse globale des capitaux en circulation à travers le cycle de reproduction élargie du capital formant l’économie impérialiste mondialisée.

Les accords, les traités et les guerres sous l’impérialisme stade ultime…

Vila poursuit et paraphrasant Lénine il écrit : « les groupes (monopolistiques) peuvent parvenir à se mettre d’accord pour occuper le monde de façon à ce que chacun puisse en tirer le maximum. » Voilà l’une des grandes supercheries du léninisme. Les lois économiques du capitalisme ont toujours préséance sur les tractations et les accords politiques. Quand différentes alliances de cartels et de trusts internationaux en viennent à un accord pour le partage des zones d’influence, cet accord est toujours le résultat d’un rapport de force d’abord économique, ensuite politique, diplomatique, et militaire. Tout accord est une façon de poursuivre la compétition entre concurrents, compétition qui sera éventuellement entérinée par un prochain accord tout aussi éphémère que le précédent (5). Ainsi, le candidat républicain Donald Trump applique ce principe quand il promet de renégocier les ententes de libre-échange signées par ses prédécesseurs. Ce que Donald Trump, ou sa concurrente découvriront c’est que la capacité de reproduction élargie du capital américain étant en chute libre ils ne pourront tirer avantage de la réouverture de ces traités (6). Sous le capitalisme un traité n’est jamais que la mesure de la puissance économique sur laquelle repose la puissance politique et militaire d’un État bourgeois.

La guerre sous l’impérialisme moderne

Contrairement à ce que prétendait Lénine, et à ce que répète Vila, son thuriféraire : « pour le grand capital, la guerre n’a que de grandes vertus. La principale est de supprimer une partie non négligeable des classes laborieuses qui pourraient être tenté par renverser le capitalisme ». La guerre mondiale n’a pas que de grandes vertus pour le capital international. Si le capital impérialiste pouvait éviter la guerre mondiale, il l’éviterait. À chaque Grande guerre, les séquelles économiques sont profondes et chaque fois les risques d’une révolution sociale sont importants. Mais il vient un moment ou la compétition pour la reproduction élargie du capital devient si intense que la guerre entre puissances capitalistes mondialisées s’impose. C’est alors que tous les politiciens représentants les différentes tendances de la droite et de la gauche bourgeoise renouvèlent leur serment d’allégeance à leur capital national concurrentiel. Ce furent les sociaux-démocrates en 1914 et les communistes-bolchéviques en 1941. Heureusement, les formations politiques gauchistes n’ont plus d’influence parmi la classe prolétarienne qu’elles ont si souvent trahie que le prolétariat ne les écoute pas. Ce qui nous fait dire, de grâce camarade, éloigne de nous cette « avant-garde », quand à nos ennemis on s’en charge.

C’est dans ces circonstances que la classe sociale véritablement révolutionnaire pour cette étape historique particulière s’avance pour mettre fin à l’ancien mode de production pleinement épanouie et moribond, et pour construire un nouveau mode de production.

RÉFÉRENCES

(1) http://www.les7duquebec.com/7-daill…

(2) http://affaires.lapresse.ca/economi…

(3) http://www.les7duquebec.com/7-de-ga…

(4) http://www.les7duquebec.com/7-daill…

(5) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

(6) http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

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