Les monégasques savaient-ils à qui ils avaient affaire lorsqu’ils autorisèrent Dmitry Rybolovlev à acheter le club de football de la principauté, ce club dont ils sont si fiers ? Savaient-ils que celui qui se présentait à lui les mains pleines d’argent les avait en réalité couvertes de sang ? Comme Macbeth, Rybolovlev a sur les mains des taches impossibles à laver. Il aura beau frotter, et frotter. Mais en a-t-il seulement l’envie ? A en juger par les sommes dérisoires qu’il a distribuées pour la protection de l’environnement à Berezniki, rien n’est moins sûr. Berezniki est la ville que l’entreprise Uralkali a saccagée en aspirant toute la potasse de ses sous-sols, si bien qu’elle s’effondre sur elle-même, ayant connu de multiples secousses sismiques provoquées par une surexploitation industrielle. Uralkali est l’entreprise qui a fait la fortune de Rybolovlev. Aux cyniques, les poches pleines, mais les mains sales.
L’organisation écologique « Patrouille verte » a découvert qu’ Uralkali ne déclarait que 10 éléments chimiques, alors qu’il s’en trouvait 16 dans les eaux que la société rejetait. Le zinc et l’ion d’ammonium, notamment, étaient indûment attribués à une entreprise voisine, Azot. Cela n’étonnera pas ceux qui connaissent un peu les méthodes pour le moins cavalières de Rybolovlev, depuis longtemps habitué à faire porter le chapeau aux autres. C’est d’une manière similaire qu’il a réussi à faire payer l’Etat et la région de Perm pour la catastrophe écologique dont il est le premier responsable. Ne pas payer une partie des polluants rejetés dans les eaux n’est qu’une peccadille pour l’homme qui a fait fortune sur la misère de ses semblables et qui leur a laissé une terre dévastée, et des eaux totalement souillées. « Les eaux usées d’Uralkali présentent un dépassement de 1850 concentrations par rapport aux concentrations maximales admises pour les substances organiques dans les réservoirs de pêche », a constaté l’organisation écologique qui remarque également que dans la région de Berezniki, l’eau est devenue de la saumure.
Loin de tout ça, Rybolovlev se pavane sur une des îles qu’il possède, à New York, Paris, Cannes ou surtout Monaco, où il est, encore pour l’instant, dans les petits papiers des officiels locaux. Il faut dire que l’effondrement de la mine de Berezniki, en réduisant la production de potasse, en a brusquement fait exploser le cours, hissant Rybolovlev parmi les plus grandes fortunes mondiales. Aurait-il aussi anticipé ce coup ?