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Escroqueries en cascade sur les Picasso

dimanche 13 novembre 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 novembre 2016).

L’été dernier, la police autrichienne a démantelé un réseau de contrefaçons de peintures de grands maîtres. Ce coup de filet, annoncé seulement cette semaine, a permis de mettre la main sur cinq fausses toiles de Pablo Picasso représentant une valeur de 50 millions d’euros. Ces œuvres signées et portant le cachet de grandes galeries étaient, fait extrêmement troublant, accompagnées de certificats d’authenticités au nom de Claude Ruiz Picasso. Ce fils du célèbre peintre, également homme d’affaires, est l’administrateur de la Société Picasso administration. Cette société est la seule autorisée à délivrer des certificats d’authenticité des œuvres de l’artiste espagnol. Pourtant, comme le révèle sa biographie, Claude n’est pas un spécialiste, être « fils de » ne suffit pas, la Picasso Administration n’a jamais convaincu les experts qu’elle était en mesure de distinguer les vrais des faux ! Dans ces conditions, comment savoir si les tableaux trouvés en Autriche sont des copies ? Plus largement, comment être certains que les dizaines œuvres de Picasso, parfois non répertoriées, qui arrivent sur le marché de l’art chaque année sont effectivement des créations du peintre ? Compte tenu du montant des ventes de cet artiste, 650 millions d’euros pour la seule année 2016, le pouvoir du fils est gigantesque. D’autant plus important que ces transactions sont un passeport pour les fraudes, la spéculation et le blanchiment. En effet, le commerce des œuvres d’art est l’un des moins contrôlables qui soit. L’identification des objets est particulièrement délicate et la valeur donnée subjective, en outre, la police et la justice sont totalement démunies face à des échanges rendus totalement opaques.

De Claude à Catherine et de mal en pis…

Claude se retrouve donc seul à contrôler un patrimoine exceptionnel. Il fait la pluie et le beau temps. Ainsi, il a porté plainte contre, Pierre Le Guennec, l’homme à tout faire de Jacqueline, dernière femme du peintre. Le brave homme était en possession de 271 dessins de Picasso que lui avait offert l’épouse, il a eu la mauvaise idée de s’adresser à la Société Picasso Administration pour les faire authentifier. Résultat, l’électricien-jardinier se retrouve devant le tribunal pour vol et recel. Si Claude gagne, Le Guennec sera obligé de rendre les dessins, l’homme d’affaires entrera en possession des œuvres, les authentifiera et augmentera d’autant son capital !

Mais cette histoire n’est en rien au regard des frasques de Catherine Hutin-Blay, fille de Jacqueline. Cette héritière, assez singulière, se retrouve à gérer un patrimoine de centaines, voire de milliers, d’œuvres que sa mère lui a légué. Et elle administre sa fortune d’une manière tout à fait excentrique. A plusieurs reprises, elle a affirmé avoir été la cible de voleurs. Un jardinier, encore un, lui aurait subtilisé les clefs de sa maison et l’aurait dépossédé de 400 œuvres, rien que ça ! Catherine a porté plainte en 2013, mais, ou la justice est vraiment lente ou l’affaire a été classée en catimini, puisque depuis trois ans, il n’y a pas eu de suite… En 2015, Hutin-Blay s’émeut d’une nouvelle histoire de vol. Cette fois, c’est un marchand d’art, Yves Bouvier, qui aurait commis le crime en revendant à l’oligarque Rybolovlev deux peintures de Picasso lui appartenant. De nombreux soupçons ont par ailleurs émergé avec cette affaire. Dmitry Rybolovlev est également impliqué dans une procédure judiciaire titanesque contre le marchand suisse qu’il accuse de l’avoir escroqué dans la vente de 37 œuvres. L’oligarque russe est par ailleurs soupçonné d’avoir acheté certains témoins permettant l’inculpation d’Yves Bouvier dans le cadre de l’affaire Hutin-Blay. Yves Bouvier se défend et assure avoir acheté « tête de femme » et « l’Espagnole à l’éventail » et avoir réglé la facture par virement à un trust domicilié au Lichtenstein. Le marchand d’art montre les preuves à la justice qui après enquête rend son verdict : l’héritière a bien vendu les œuvres et touché le pactole ! Cette nouvelle affaire sera-t-elle aussi enterrée en catimini ? Ou les juges enquêteront-ils sur les véritables raisons qui ont poussé Catherine Hutin-Blay à mentir, essaieront-ils de savoir ce que cache ce trust au Lichtenstein ? Blanchiment ? Fraude fiscale ? A suivre…

13 novembre 2016

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