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Mauritanie - Haratine ou esclave ? - ALLÉGEANCE OU COMPROMIS ?

lundi 12 avril 2010 (Date de rédaction antérieure : 12 avril 2010).


Brahim Ould Bilal Ould ABEID
Vice Président SOS DISCRIMINES
brahimabeid [at] yahoo.com

J’ai lu récemment, sur certains sites, un document attribué à un groupe de haratine se réclamant de l’UPR et qui déclarent avoir lancé une initiative visant à déterminer une ligne politique nouvelle ! Dans ce document ces cadres déclarent :

  • Leur attachement à l’unité nationale et à la cohésion sociale du peuple mauritanien ;
  • leur attachement à l’identité arabe des Haratines ;
  • le traitement des problèmes dans un cadre national global, sauf si la gravité de certaines situations appelle une discrimination positive ;
  • l’appui au programme du Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz et à la politique de son Gouvernement ;
  • l’adhésion à l’Union Pour la République (UPR) ;
  • le refus du recours à toute partie extérieure, quelle qu’elle soit, pour résoudre les problèmes de marginalisation et de pauvreté dont souffrent certaines franges sociales.

C’est du déjà vu et du déjà entendu. A chaque fois que les Haratines libres et indépendants dénoncent le système esclavagiste qui a le monopole économique et politique du pays et remuent le couteau dans la plaie, ceux du pouvoir jouent les modérateurs intellos et appellent à un sursaut pour sauver l’unité nationale et défendre l’arabité des Haratines. Le but de la manœuvre est d’empêcher ces derniers (les esclaves) de découvrir de nouveau maîtres et /ou ne reviennent à leurs origines négro africaines.

Le résultat de ce « sursaut » est toujours le même : quelques nominations dans des postes juteux, et la problématique Haratine devient un tabou, un « faux débat ». la suite on la connaît : L’initiative s’estompe et les conditions des Haratines deviennent plus dramatiques. Les « nommés » ne deviennent pas seulement passifs et muets mais ils se chargent de saper toutes actions revendicatives visant à démasquer le vrai visage du système. Cela a toujours été le prix de leur poste et la finalité des initiatives de ce genre. Seulement, il y a du nouveau !

Ce qui est vraiment nouveau dans cette initiative serait l’implication de certains milieux officiels et cela peut avoir deux conséquences :

Une conséquence positive : une ambition courageuse et une volonté de résoudre ce problème dans le cadre d’une « Mauritanie nouvelle » plus juste, et plus égalitaire. Alors Monsieur le Président veux faire du bien pour les harratines et pour la Mauritanie. Il demande alors à ce qu’on lui fasse un diagnostic dépassionné de la problématique et des solutions adéquates dans le court, moyen et long terme. Et cela pour pouvoir aller vers l’essentiel, loin de toute surenchère. Ce serait vraiment du nouveau, car, pour la première fois, on pense aux Haratine mais surtout on veut faire avec eux, pour eux et par eux !

Nous devrions donc voir dans cette perspective, d’ici peu, des projets visant le développement des adwabas : des digues, des forages, du maraîchage, des coopératives dans les domaines de l’agriculture, de la pêche et des PMEs, bref une vraie discrimination positive consciente du retard accusé par cette couche sociale éternellement marginalisée ! Nous jugerons les premiers résultats de cet élan et nous accompagnerons cette démarche ô combien salvatrice sans aucune gêne ni parti pris.

Une conséquence négative, comme par le passé, quand le but de cette initiative est d’apporter une anesthésie locale qui vise a soulager le malade bien que les souffrances proviennent d’un cancer profond. Il s’agira alors de faire profiter les initiateurs et les envoyés, de défendre le statu quo et on assistera d’ici peu à un affrontement mesquin entre les Haratines des deux bords. Et les vrais maîtres de la Mauritanie suivront le match à partir de leurs buildings et quand leurs Haratines gagnent, ce qui est peu probable, ils leurs donneront des postes encore plus juteux et ils les pousseront plus loin dans la négation de l’évidence. Et dans le cas où ils perdent, ce qui est plus que probable, ils changeront l’équipe et non l’entraîneur !

Beaucoup des membres de l’initiative en question en connaissent quelque chose, car leurs noms ont figuré par le passé dans plusieurs listes du même genre, et ceux qui ont tiré leur épingle du jeu n’y figurent pas !

Je tiens à mettre en garde contre toute tentative de prescrire des calmants, comme d’habitude, et penser que la nomination de quelques cadres Haratines dans des postes juteux peut régler le problème. De tels actes seront plutôt assimiler à l’achat des consciences et ne mèneront qu’à un éternel recommencement.

Si les nominations dans des postes pouvaient résoudre ce problème, il allait être résolu depuis très longtemps car les Haratines ont occupé beaucoup de postes au niveau national et international et ils les occupent toujours. En fait, les solutions proposées n’ont jamais touchées le fond du problème, et la volonté d’aller plus loin a été toujours sabotée par des cadres de haut niveau qui sentent que leurs intérêts sont menacés !

Ces cadres ont le droit, s’ils ont les compétences nécessaires, d’être nommés. Cela ne dérangerait personne, au contraire. Nous pensons même que la patience et la sagesse dont ils font preuve doivent rassurer ceux qui cherchent une solution durable à la problématique haratine. Mais nous pensons aussi que l’entêtement des pouvoirs publics et leur indifférence face aux mains tendues constituent une fuite en avant qui peut produire des extrémistes et même des kamikazes.

C’est une erreur de penser que les nominations suffisent pour solutionner un problème historique aussi délicat. Ce ne sont pas aussi les projets genre « PASK » ou institutions genre « SONADER » ou « UNCACEM » ou les commissariats de Ould Dadde et Ould Mouhamedou et beaucoup d’autres projets, tous dirigés unilatéralement par des Maures blancs épaulés par un système esclavagiste en l’absence totale des concernés, qui apporteront le remède qu’il faut !

En sommes, voila les exemples des solutions proposées par le passé et qu’il faut impérativement éviter pour ne pas revenir à la case départ, et les solutions adéquates, à mon humble avis, passeront par les points suivant :

  1. Le président de la République doit présenter des excuses au nom de tous les Mauritaniens pour les crimes liés à l’esclavage, au cours d’une cérémonie officielle à laquelle assistent les faqihs et les imams qui ont, par le passé, légiféré sur ces pratiques ;
  2. Mettre en œuvre une politique claire basée sur la discrimination positive dans les domaines de l’éducation, de l’agriculture, de la pêche et de la fonction publique, pour ouvrir une grande porte à cette couche sociale et l’intégrer définitivement dans ce pays ;
  3. Il faut impérativement dédommager les esclaves et les anciens esclaves, en leur attribuant des enveloppes financières, des terres cultivables et d’autres ressources.

L’échec de cette initiative ne sera pas l’échec des Haratines, avertis ou naïfs, ni l’échec des milieux officiels qui seraient à l’origine de ce mouvement, mais l’échec de tous les hauts cadres Haratines qui auront pris l’engagement de défendre un système esclavagiste au lieu de le combattre ! Voila ce qui mériterait d’être appeler l’opportunisme des intellectuels qui a mis fin aux actions des kadihines et qui a amené certains à faire allégeance a Kadafi !!!

Brahim Ould Bilal Ould ABEID
Vice Président SOS DISCRIMINES
brahimabeid [at] yahoo.com

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