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Anti-impérialisme - 11 février 2017 - Djamila Amrane, Danielle Mine, Moudjahida algérienne s’est éteinte ce matin

mardi 14 février 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 février 2017).

Abdelmadjid Azzi : « Djamila Amrane - Danielle Mine, s’est éteinte ce matin [11février 2017] à Alger, des suites d’une longue maladie. Fille de Jacqueline Gueroudj, Djamila a fait partie du réseau de poseuses de Bombes dans la zone autonome d’Alger, avant de rejoindre le maquis de la wilaya III en 1957. La nouvelle de son décès à suscité une grande tristesse parmi ses compagnons d’armes. L’enterrement aura lieu demain [12 février 2017] à Bejaïa. Mes condoléances à son époux, le professeur Rabah Amrane et à ses enfants Abdeltif et Mina. »

Abdelmadjid Azzi : https://www.facebook.com/chellata.akbou


La moudjahida Djamila Amrane n’est plus

http://www.elwatan.com/actualite/la…

Le 12.02.17 | 10h00

Salima Tlemçani

Elle avait pris part à l’attentat contre la cafétéria l’Otomatic à Alger

La moudjahida Djamila Amrane (Danielle Minne) est décédée hier, chez elle, à Alger, à l’âge de 77 ans. Fille aînée de la défunte moudjahida Jacqueline Guerrouj, elle était connue pour avoir déposé, en compagnie de la moudjahida Zahia Kharfallah la bombe à la cafétéria L’Otomatic à Alger. Elle avait rejoint le FLN alors qu’elle avait à peine 17 ans.

Elle avait auparavant pris part à la grève des étudiants en 1956. Recherchée par les services de police, elle quitte Alger et rejoint la Wilaya III, sous le commandement du Colonel Amirouche, où elle épouse Khellil Amrane. Elle fera partie du groupe de jeunes combattants et combattantes envoyés par Amirouche en Tunisie pour poursuivre leurs études. En cours de route, plus précisément à Bordj Bou Arréridj, le groupe tombe dans une embuscade tendue par une unité de l’armée française qui l’attendait. Durant cette bataille, Danielle Minne fut arrêtée en compagnie du Dr Nafissa Hamoud, et du Dr Laliam, alors que Raymonde Peschard et le Dr Belhocine furent exécutés sur le champ. Danièle Minne a été incarcérée avec sa mère et son beau-père, le seul couple emprisonné et condamné à mort en même temps. A l’indépendance, Djamila Amrane a épousé, en secondes noces, le professeur en pneumologie Rabah Amrane, frère de son défunt mari, chahid, dont le nom a été donné au CHU de Béjaïa. Elle a été professeur d’histoire à l’université d’Alger.

Outre des poèmes, elle a écrit plusieurs ouvrages, dont un consacré à 88 entretiens-témoignages de combattantes de la Guerre de Libération. Comme sa défunte mère, elle était très attachée à son pays, l’Algérie, et émis le souhait d’être enterrée à Béjaïa. Elle est décédée dans son lit, en toute quiétude, en laissant trois enfants et un mari, difficiles à consoler. Son enterrement aura lieu aujourd’hui, après la prière d’Al Asr, au cimetière de Sidi Ahmed, à Béjaïa.


Je m’appelle Djamila Amrane Daniele Minne. Je suis arrivée en Algérie en 1947 à l’âge de huit ans. Djamila est mon nom de guerre que j’ai gardé à l’Indépendance.

Comment j’ai fait mon chemin ? Je crois que c’était ma vie. J’habitais à la campagne dans un village près de Tlemcen. L’Algérie coloniale était un pays où il y avait des différences flagrantes. Énormes. Comme ma mère et son deuxième mari faisaient de la propagande dans les campagnes pour le PCA, je voyais les gens dans les villages. Je rentrais dans les maisons où ils habitaient. C’est cette différence entre Algériens misérables et Européens largement à leur aise qui m’a profondément choquée. Je ne comprenais pas comment ça pouvait être possible.

Quand la guerre éclate, tout le monde l’entend. Progressivement elle envahit tout le territoire algérien. Je suis entrée dans la clandestinité en 1956. J’avais 17 ans. J’étais une gamine pour dire la vérité, mais je me sentais prête à militer.

À l’époque, la France était la troisième ou quatrième puissance militaire mondiale. En face d’elle, des petits groupes, mal armés, dont les membres n’étaient pas formés et qui arrivaient difficilement à prouver leur existence.

Très vite j’ai rejoint le maquis comme infirmière. Bien sûr il y a eu les batailles, mais ça ne se raconte pas. Ce qui m’a aussi marqué, c’est quand on s’est fait arrêter, en novembre 1957 en arrivant à Médjana, dans la région Bordj Bou Arreridj. Raymonde Peychard, une autre infirmière, était devant nous, un peu à l’écart. Quand les soldats l’on encerclée, elle était seule.

D’après les témoignages, y compris ceux des militaires, c’est elle qui a tiré la première. Je me souviens que nous étions une quinzaine de maquisards, camouflés dans les arbustes. Avec nous, il y avait Ould Kaci, un bandit d’honneur.

Les bandits d’honneur sont les Algériens qui ont prit le maquis avant la guerre. Condamnés par les autorités française, ils sont recherchés pour des infractions qu’ils n’ont pas commises ou qu’ils ne jugent pas comme telles. Ils prennent le maquis, pour leur honneur.

Les soldats français nous encerclaient depuis une heure ou deux ; ils ne savaient pas combien on était et avaient peur d’engager le combat. Ils préféraient qu’on se rende pour essayer de nous faire parler. De notre coté on savait que s’ils attaquaient, on y passait. C’est Ould Kaci qui a décidé de notre rédition. Ça a du être un déchirement terrible pour lui. Un bandit d’honneur qui se rend, ça ne se fait pas, ça ne se voit pas.

Je me souviens que nous étions dans une sorte de cuvette qui se terminait par un éboulement, dans le vide. Deux jeunes maquisards s’y sont précipités. L’un après l’autre. On n’a rien entendu, ni coup de feu, ni cri. Rien. Je n’ai jamais pu savoir ce qu’ils étaient devenus. Et s’ils ont pu se sauver. Je ne connaissais même pas leurs noms.

Avant de se rendre, comme le veut la tradition, on a enterré nos armes. Même si on n’avait pas grand chose. Et le bandit d’honneur s’est levé. Nous nous sommes rendus.

De la prison j’ai correspondu avec Ould Kaci jusqu’à l’Indépendance. J’avais gardé ses lettres mais quand on sort de prison, ils confisquent tous vos papiers.

Dans une guerre de libération, les femmes sont face à une situation où elles peuvent agir ; et, effectivement, elles agissent. Nombreuses sont celles, qui n’ont pas été reconnues comme moudjahidates mais qui ont eu des actes de militantisme absolument exceptionnel.

En 1956, c’est toute la promotion de l’école des infirmières qui rejoint le maquis ; et la France qui ferme l’école. Durant toute cette période, je n’ai jamais vu de mépris à l’égard des femmes. Les discussions se faisaient sur un terrain égalitaire. Le sentiment profond de fraternité qui nous unissait estompait ce qu’impose la société.

À l’indépendance, on avait prouvé qu’on était égales. Il nous semblait que les relations qu’on avait eu avec nos frères de combat seraient toujours les mêmes. C’était peut être un manque de maturité politique. Ce n’est pas par anti-féminisme avoué que les relations ont changé. C’est par une sorte d’emprise des habitudes sociales. On ne donne même pas de raisons. C’est comme ça, c’est tout.

Du pain et des roses ? Je ne sais pas. Il y a trop longtemps que je ne réfléchis plus à ça. À l’époque, on imaginait qu’on prendrait le pouvoir ensemble ; qu’on construirait le socialisme dans une Algérie libre. Pourtant, dès le début de l’indépendance, il y a eu lutte pour le pouvoir. Je suis sans illusion. Alors, bien sûr, j’aimerais que la société évolue vers la voie socialiste. Mais ce n’est pas facile.

Djamila Amrane Minne, décembre 2012.Danièle Djamila
Amrane Minne
Historienne et poéte
Membre du FLN/ALN 1956-1962 - 73 ans

Les amies de la révolution algerienne (PDF) :

http://mai68.org/spip/IMG/pdf/les_amies_de_la_revolution_algerienne.pdf

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