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COMPRENDRE LA CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

mercredi 12 janvier 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 12 janvier 2011).

Note de do : la première partie de cet article est ici :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1944

2. La crise économique

L’empire américain s’affaiblit. Ce constat que les maîtres de l’empire rejettent, le peuple américain l’appréhende. Un sondage d’opinion d’août 2010 a mis en évidence que 65% des Américains pensaient que leur pays était désormais « en état de déclin » (3). Il est malheureusement exclu que l’empire s’effondre de lui-même, tout doucement, sous le poids de ses dettes et de ses contradictions internes. L’empire ottoman a été démembré après sa défaite au cours de la Grande guerre. Le IIIe Reich allemand a été écrasé après avoir mis l’Europe à feu et à sang. L’Empire britannique a connu son dernier sursaut suite à sa mise en échec en Inde et devant le Canal de Suez. L’empire français a saccagé l’Indochine et l’Algérie avant de déclarer forfait. L’empire américain s’accroche, s’arme et résiste à sa mise au rancart. C’est de la bête blessée dont il faut se méfier le plus (*).

2.1 La stratégie américaine

Les partenaires commerciaux des États-Unis se sont fait flouer par le dollar. La spéculation sur les marchés monétaires internationaux, la gestion frauduleuse de valeurs boursières fumeuses (dont on verra la mécanique dans le chapitre sur les produits dérivés), le surendettement des divers paliers de gouvernement fédéral, états et municipalités – le déficit budgétaire fédéral devrait être de 1 580 milliards en 2010 – a entraîné la dévaluation du dollar et donc la dépréciation des immenses réserves de tous les pays créditeurs des États-Unis, notamment la Chine. En décembre 2010, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé un deuxième cycle d’assouplissement quantitatif (« quantitative easing ») – l’impression de mille milliards de dollars américains – une démarche agressive et unilatérale, largement perçue par les rivaux économiques des États-Unis comme un acte d’hostilité. Cette dévaluation de fait du dollar a pénalisé tous les détenteurs de devises américaines (notamment tous les pays producteurs de pétrole qui effectuent leurs transactions en dollars).

Les pays concurrents des États-Unis cherchent à défendre leurs industries d’exportation en intervenant pour bloquer l’augmentation de leur taux de change et contenir les investissements spéculatifs qui font monter leur monnaie en provoquant une surchauffe de leur économie (4). En effet, quand une monnaie comme le dollar se dévalue, les investisseurs convertissent leurs avoirs en monnaies fortes, plus rentables et plus sécuritaires. Ainsi, le Brésil a dû faire face à un afflux de capitaux qui a poussé le gouvernement à en taxer l’entrée pour éviter une flambée du real, sans grand succès d’ailleurs. Malgré des taux d’intérêt proches de zéro, le Japon voit sa monnaie monter en flèche, bien qu’il ait dépensé 24 milliards de dollars, au cours du mois de septembre 2010, afin de tenter de maintenir la valeur du dollar et d’arrêter la montée du yen.

Selon les statistiques officielles, les banques centrales de Corée du Sud, Malaisie, Indonésie, Thaïlande et Taiwan ont racheté près de 30 milliards de dollars en moins d’un mois (entre le 27 septembre et le 11 octobre 2010), afin de soutenir la devise américaine et éviter ainsi la dépréciation de leurs réserves en dollars et une montée de leurs propres monnaies. En effet, la réévaluation de leur monnaie entraîne par voie de conséquence une hausse des prix des produits exportés, et tous ces pays sont essentiellement tournés vers les marchés étrangers (5). Ce n’est pas tant la concurrence des manufacturiers américains ou européens qui les inquiète que celle de la Chine qui, à son tour, manipule les taux de change de sa monnaie pour la maintenir à un bas niveau et se protéger de ses concurrents.

2.2 Paradis fiscaux et produits dérivés

Les capitalistes modernes, maîtres d’une économie qu’on pourrait penser dématérialisée, sont ainsi emprisonnés dans une spirale de crises économiques à répétition n’offrant aucune solution, d’autant plus que la moitié des flux financiers internationaux sont invisibles, non taxables, non imposables, non contrôlables. Ils transitent via des paradis fiscaux (Bermudes, Caïmans, Barbade, Seychelles, Monaco, Macao, etc.). Ce stratagème permet à ces capitalistes financiers de se soustraire aux taxes, aux impôts et aux autres redevances fiscales de leur pays respectif. On comprend maintenant pourquoi chacun d’entre nous doit payer plus de taxes et d’impôts à la place de tous ceux-là qui n’en payent pas.

Ces derniers bénéficient de surcroît d’un « congé » législatif et juridique. En effet, à partir de ces paradis, tout leur est permis, y compris de blanchir l’argent sale et de le mêler aux capitaux licites dérobés au fisc et aux appareils juridiques. Cette situation provoque des contradictions au sein du camp “capitaliste” : ceux qui se soumettent aux règles fiscales et judiciaires acceptent mal la concurrence déloyale de ceux qui s’y soustraient dans ces États de complaisance.

Il faut savoir qu’une grande part de ces flux financiers concernent des produits dérivés constitués de CDS (Credit Default Swap), des dettes (créances), souvent non solvables, que des assureurs obligataires garantissent et transforment en titres financiers selon le principe d’une pyramide de Ponzi (**). En effet, des dettes, souvent non solvables, deviennent ainsi du crédit, de l’argent fantôme ! Ces produits financiers dérivés totalisaient 690 000 milliards de dollars au début de l’année 2008 et 444 000 milliards de dollars en 2009. Cette diminution a reflété le retrait de nombreuses banques européennes et asiatiques qui entendent se dégager peu à peu de ces produits spéculatifs sulfureux ; alors que les banques américaines, dont quatre des plus grandes (JP Morgan, Bank of America, Citibank et Goldman Sachs), continuent à spéculer sur cette monnaie virtuelle, engrangeant 211 850 milliards de dollars de ces actifs de « Monopoly », soit presque 3,7 fois le PIB (Produit intérieur brut) de tous les pays de la planète (6).

Force est de constater que le rôle du dollar comme monnaie de réserve pour les échanges internationaux tire à sa fin. À telle enseigne que récemment la Chine et la Russie se sont mises d’accord pour utiliser leur monnaie respective au lieu du dollar dans leurs transactions commerciales bilatérales. Auparavant la Chine avait conclu le même accord avec le Brésil. Dès que les pays de l’OPEP cesseront d’utiliser le dollar pour le commerce du pétrole, c’en sera fini de l’hégémonie du dollar (7). Retenons bien cette observation, car elle nous permettra de mieux comprendre la politique américaine vis-à-vis de l’Iran.

Tous ces pays tentent d’échapper au carcan du dollar. En effet ils se font escroquer deux fois par les Américains : en dévaluant son dollar d’une part, le gouvernement étatsunien déprécie les réserves de dollars de ses concurrents, devise qu’il leur a pourtant imposée lors des accords de Bretton Woods (8) ; d’autre part, il déprécie également la valeur des obligations gouvernementales qu’il leur a vendues. La Chine et le Japon détiennent de très importantes réserves de « débentures » américaines libellées en dollars. Il en est de même pour les pays exportateurs de pétrole dont l’Iran. À la mi-2009, les banques centrales des pays créditeurs des É-U détenaient un montant astronomique de 4.000 milliards de dollars en bons du Trésor américain. Le Président russe Dimitri Medvedev a alors insisté sur le fait qu’il était temps de mettre fin au système unipolaire artificiellement maintenu et basé sur « une devise de réserve qui avait été forte dans le passé » (9).

C’est cette gabegie que le président du Fonds monétaire international appelle « La guerre des monnaies ». Suite à la grande dépression des années trente, les pays impérialistes s’étaient lancés dans une telle guerre des monnaies qui a abouti à la Deuxième guerre mondiale. Nous prépare-t-on une Troisième guerre mondiale ?

2.3 La crise financière et monétaire

Comment et pourquoi cette « guerre des monnaies » ? Pour comprendre, examinons la crise de l’euro. Depuis un an l’Union européenne est ébranlée par la crise de sa monnaie. La guerre de l’euro a débuté par l’attaque concertée des agences de notation américaines Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings contre notamment la Grèce, l’Irlande et le Portugal ; l’Espagne devrait suivre incessamment.

L’abaissement des cotes de crédit de ces pays par ces agences étasuniennes les a relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs, ce qui a augmenté considérablement le coût de leurs emprunts sur les marchés obligataires. Comme ces pays sont déjà lourdement endettés, une hausse de trois ou de quatre points du coût de leurs emprunts a fait bondir leur service de la dette déjà surchargé et a réduit considérablement les sommes disponibles pour les services de santé, d’éducation et le reste, d’où les mesures d’austérité qui leur sont imposées par l’Union européenne et par le FMI.

Cette attaque des agences de notation a été appuyée, selon le professeur Paye, par l’appareil d’État américain qui a relayé les déclarations alarmistes du conseiller économique du président Obama, Paul Volcker, lequel a suggéré une future désintégration de la zone euro. Pourtant, les États-Unis sont, toute chose étant égale par ailleurs, aussi endettés que ces pays mis au pilori par les banquiers.

Cette offensive contre l’euro visait à ramener aux États-Unis les capitaux étrangers qui avaient commencé à fuir l’ombrelle du dollar pour se réfugier sous le parapluie de l’euro. Ces capitaux étrangers sont nécessaires à la couverture du déficit de la balance financière (entrée moins sortie des argents et des valeurs des États-Unis – 398 milliards de dollars en 2009), déficit qui s’ajoute au colossal déficit de la balance commerciale (achat moins vente de marchandises et de services – 990 milliards en 2009) lequel s’ajoute à une partie du déficit budgétaire des gouvernements américains (– 1 409 milliards de dollars en 2009 pour l’État fédéral seulement) (10).

L’objectif américain pour l’ensemble de cette opération de déstabilisation de l’euro est de créer les conditions pour une intégration du marché commun européen (UE) au marché commun nord américain (ALENA) en un très vaste bloc transatlantique, d’ailleurs prévu, après un vote du Parlement européen, à l’horizon 2015.

Les États-Unis envisagent-ils le retrait de l’euro et son remplacement par le dollar pour l’ensemble de la zone transatlantique ? La chose est possible. Il s’agirait alors de renflouer le dollar ou la « nouvelle monnaie commune » pour la maintenir en tant que devise de réserve internationale. Pour ma part je crois plutôt que la tactique américaine est d’attacher solidement l’économie nord américaine à l’économie européenne, sans toutefois se défaire de l’euro, de façon qu’une attaque contre le dollar déclenche une réaction américano-européenne sur tous les marchés. Cette option est préférable pour les banquiers américains qui ne souhaitent pas partager la gestion de leur monnaie avec Bruxelles.

L’économiste Jean-Claude Paye décrit ainsi le but de l’opération de sauvetage de l’euro : « L’enjeu fondamental, en mettant la pression sur la monnaie commune, est de faire payer la crise aux salariés et ainsi d’effectuer un gigantesque transfert de revenus des ménages vers les entreprises, principalement les institutions financières. (…) La politique budgétaire de diminution accélérée des déficits des États causée par leurs déboursés en faveur des banques et des entreprises, va se faire au détriment du pouvoir d’achat des populations européennes et ne peut se faire sans une récession économique ». (11).

2.4 Le transfert

L’idée du transfert est de rejeter le coût de la crise sur le dos de la population en réduisant les dépenses des ménages et les dépenses gouvernementales affectées à la reproduction de la force de travail (école, soins de santé, médicaments, services sociaux, services municipaux, loisirs et culture) Les sommes ainsi « économisées » seront versées via le service de la dette et les subventions directes au grand capital spéculatif, aux entreprises, et surtout aux banquiers, comme l’a souligné Marc Fiorentino (12). C’est ce phénomène que l’économiste Paye appelle le transfert d’immenses sommes d’argent des ménages vers les entreprises (13).

Mais cette pseudo solution ne sera pas viable à moyen terme et ses limites sont déjà perceptibles. Les mouvements sociaux qui s’annoncent, et dont la population grecque nous a donné un avant goût en décembre dernier, sont les signes précurseurs de l’irréalisme d’une telle politique. Explicitons maintenant la mécanique de ce transfert. Le prix d’une marchandise correspond à la somme des facteurs de production auxquels s’ajoute la plus-value produite par les travailleurs et source unique de profit. Une façon de contrer la baisse des taux de profit est de réduire les coûts du facteur de production appelé main-d’œuvre, en d’autres termes de réduire le coût de reproduction de la force de travail.

C’est la raison pour laquelle on observe un parfait consensus chez les capitalistes internationaux pour inciter leurs gouvernements à réduire les dépenses en éducation, en santé, en services sociaux, en culture et en loisir et à attaquer les régimes de retraite des travailleurs (qui est en fait une attaque contre les salaires) ces fonds que les travailleurs ont mis de côté pour assurer leurs vieux jours. Les coupures dans les régimes de retraite et l’augmentation du nombre d’années de travail requis pour obtenir une pension complète visent à maintenir ces ouvriers sur le marché du travail afin d’accroître la concurrence entre les travailleurs et ainsi réduire la pression à la hausse sur les salaires que crée la pénurie de main-d’œuvre. Les mesures de gestion des flux d’immigration – émigration complètent cette stratégie afin de s’assurer que le coût de la force de travail (salaires et bénéfices marginaux) et le coût de reproduction de la force de travail (éducation, santé bien-être et loisir) soient réduits à leur minimum.

Phénomène étonnant, les taux de chômages élevés pourraient laisser penser que la main-d’œuvre est en surabondance alors qu’en réalité la main-d’œuvre qualifiée est une denrée rare et donc coûteuse. Le système capitaliste n’a jamais su planifier adéquatement le développement de la main-d’œuvre parce qu’il est impossible dans ce système anarchique de développement économique d’anticiper quels secteurs économiques seront les plus profitables pour le grand capital dans les années à venir. L’armée de réserve des travailleurs est donc sans cesse transférée d’un secteur industriel et commercial à un autre.

Comme un malheur ne survient jamais seul, ces compressions relatives des salaires et des bénéfices marginaux – en définitive des dépenses des ménages et des déboursés gouvernementaux en biens et en services – entraînent une contraction de la demande intérieure à laquelle le capital n’a pas d’autre moyen de répondre que de tenter d’accroître ses parts de marchés extérieurs. Afin d’être concurrentiels sur ces marchés extérieurs, les capitalistes doivent réduire davantage les coûts de main-d’œuvre et stabiliser le taux de change de leur monnaie. C’est ce que l’on appelle la spirale de la misère, la spirale déflationniste, qui succède très souvent à une spirale inflationniste. Comme ce processus a cours dans plusieurs pays capitalistes à la fois, ce sont des centaines d’entreprises qui se retrouvent en concurrence féroce pour s’accaparer des marchés de plus en plus éloignés et exigus (14).

2.5 La stratégie chinoise

Les États-Unis font des remontrances à la Chine et prétendent qu’elle devrait réévaluer sa monnaie afin de renchérir le prix de ses produits et permettre une relance de l’industrie américaine. Dans une lettre envoyée au vice-Premier ministre Wang Qishan (avant la visite du président chinois Hu Jintao aux États-Unis prévue en janvier 2011), 32 sénateurs américains ont déclaré qu’il était « impératif » que les deux pays « travaillent ensemble de manière constructive ». « Nous demandons à la Chine de prouver son engagement à adopter un taux de change déterminé par le marché en laissant sa monnaie s’apprécier de manière significative avant la visite du président Hu », ont écrit les sénateurs américains (15).

Il faut plutôt comprendre que cette prise de position des sénateurs est une fumisterie destinée à tromper les travailleurs américains qui souffrent de la délocalisation de leurs usines, voulue par les capitalistes américains que représentent ces 32 sénateurs ?

Les entreprises occidentales sont justement celles qui ont délocalisé leurs usines des États-Unis, du Canada, d’Europe occidentale en partie vers l’Europe orientale et les pays baltes, et en partie vers la Chine et vers l’Inde (informatique, pharmaceutique, etc.) ; alors elles ne souhaitent certainement pas nuire au développement de leurs filiales étrangères et leur couper l’accès aux marchés occidentaux qu’elles desservent désormais à partir de la Chine notamment. En 2010, la Chine a connu une hausse importante de ses exportations et ce sont les sociétés à capitaux étrangers qui furent la principale source de l’excédent commercial, ont indiqué les douanes chinoises, précisant que sur les 11 premiers mois de l’année, elles ont compté pour 112,5 milliards de dollars sur un excédent total de 170,4 milliards de USD (16).

L’effet pervers qu’aurait la réévaluation du yuan chinois serait d’augmenter le prix des millions de produits, babioles et vêtements importés de Chine. Ce sont donc les consommateurs américains, européens, canadiens et australiens qui en définitive paieraient le prix de cette hausse de la valeur du yuan.

De toute façon, un renchérissement du yuan n’entraînerait pas une hausse significative des ventes des entreprises américaines, car dans la plupart des cas les moyens de production ont été détruits lors de la délocalisation des usines vers la Chine, l’Inde, le VietNam ou les Philippines. À titre d’exemple, l’usine de la General Motors en banlieue de Montréal a été démantelée lors de sa délocalisation ; on ne reconstruit pas rapidement une usine de montage d’automobiles et toutes les entreprises sous-traitantes qui en dépendent.

La délocalisation a entraîné une baisse dramatique des effectifs industriels dans la population active américaine qui est passée de 32,6 % en 1974 à 18 % environ en 2009. Avec un PIB de 14 600 milliards de dollars, l’industrie américaine ne représente plus que 2 993 milliards de dollars (20% du total) dont la majeure partie dépend de l’industrie de l’armement (30% des exportations mondiales). La consommation représente 70 % du PIB des Américains. Les USA ne produisent pas, ils consomment. Les États-Unis sont de moins en moins un pays industriel et de plus en plus un État parasitaire et prédateur spécialisé dans la consommation de masse de produits importés achetés à crédit, en quelque sorte la Rome dégénérée des temps modernes.

De plus, un renchérissement de 10 % ou de 15 % du prix des produits chinois ne serait pas suffisant pour permettre aux entreprises occidentales de concurrencer la Chine. Il faudrait une hausse de probablement 25 ou 50 % des prix pour que les usines canadiennes, américaines ou françaises puissent produire à meilleur marché. Par contre, suite à une telle hausse de prix les dragons asiatiques et l’Inde seraient à même de s’emparer des marchés et d’y malmener leurs concurrents chinois. On le voit, les guerres commerciales inter impérialistes sont féroces et perpétuelles. Si les grands capitalistes internationaux font consensus pour rejeter le fardeau de la crise sur le dos des travailleurs, en revanche, ils se déchirent comme des chiffonniers pour s’approprier les ressources naturelles et les marchés. Ce refus de réévaluer sa monnaie semble étrange de la part de la Chine. Ses coûts de production sont si bas qu’elle pourrait hausser ses prix de dix ou de quinze pour cent sans perdre ses marchés étrangers au profit de l’Inde ou d’autres pays asiatiques. Alors pourquoi ne réévalue-t-elle pas sa monnaie pour empocher ce bénéfice facile ?

C’est que les impérialistes chinois sont de fins renards. Cette hausse de prix entraînerait une baisse de la demande pour les produits chinois de la part des consommateurs pauvres que desservent tous les Walmart de ce monde (70 % de tout ce que vend cette chaîne américaine, première entreprise mondiale, provient de Chine) et provoquerait une spirale inflationniste catastrophique dans les pays importateurs. Étant donné que 80 % des ménages occidentaux sont déjà très lourdement endettés, une soudaine hausse des prix entraînerait le défaut de paiement et la faillite personnelle de nombreux consommateurs comme ce fut le cas en 2008 aux États-Unis lors du crash de l’immobilier, une crise dont l’économie mondiale ne s’est pas encore remise (17).

L’intérêt présent de la Chine est de résister à la cupidité des multinationales occidentales installées sur son sol et de maintenir le pouvoir d’achat des consommateurs occidentaux en attendant qu’elle ait développé son marché intérieur et conquis les marchés africain et sud américain et consolidé ses positions sur les marchés occidentaux. Le gouvernement chinois vient d’annoncer 1 500 milliards de dollars d’investissement afin de développer de nouveaux secteurs de production. C’est donc la Chine qui présentement jugule les poussées inflationnistes sur les marchés occidentaux. Quand le temps sera venu, les capitalistes chinois passeront à la caisse, et alors les temps seront très difficiles pour leurs concurrents occidentaux. C’est alors que la bourgeoisie nous serinera à l’oreille le chant raciste et sinophobe de la guerre impérialiste contre les Chinois, contre les Coréens et contre tous ces « jaunes hypocrites » qui appauvrissent « nos » misérables riches. À suivre…


* Il va de soi que nous sommes sortis du “capitalisme” primitif, concurrentiel, tel que le Marx et Engels en ont effectué l’analyse et la critique : il s’agit d’une forme mutante et tératologique du capitalisme d’antan (qui fut d’abord un capitalisme patrimonial), à savoir un anarchocapitalisme d’actionnariat, oligarchique, intégré (capital industriel et capital bancaire) et internationaliste en phase impérialiste.

** Une telle pratique financière est basée sur le principe de la pyramide, le spéculateur financier devant sans cesse trouver un plus grand nombre de nouveaux investisseurs spéculateurs dont l’argent lui sert à payer les intérêts des spéculateurs précédents jusqu’à ce que la pyramide s’écroule faute de nouveaux investisseurs spéculateurs (18).

À suivre vendredi le 14.01.2011 La guerre contre l’Iran

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