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Les violences gagnent Tunis, les hôpitaux débordent

mercredi 12 janvier 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 12 janvier 2011).

Note de do : Après avoir donné des leçons en Côte d’ivoire à Gbagbo, qui ne s’en est pas laissé conter ; la France, par la voix de Michèle Alliot-Marie, ose affirmer : « On ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons ».

Les violences gagnent Tunis

http://www.aloufok.net/spip.php?art…

mardi 11 janvier 2011, par Al Oufok

La capitale tunisienne a été le théâtre, mardi soir, de violences, les premières signalées à Tunis depuis le début du mouvement de contestation parti le 16 décembre de Sidi Bouzid et qui a fait officiellement 23 victimes civiles.

Les forces de l’ordre ont tiré en l’air en guise de sommation pour disperser une foule qui mettait à sac des bâtiments dans le faubourg ouvrier d’Ettadamen.

Selon un journaliste de Reuters présent sur les lieux, des centaines de jeunes gens ont lancé des pierres sur la police avant de saccager des magasins et de mettre le feu à une banque.

Il a raconté que la foule avait barré les axes routiers à l’aide de pneus enflammés, incendié un autobus et deux voitures et également mis le feu à un local de l’administration locale.

Les policiers ont effectué des tirs de sommation en l’air et également fait usage de grenades lacrymogènes pour tenter de faire refluer les gens de l’intérieur du bâtiment, a-t-il dit.

Ce nouvel accès de violence a éclaté peu après la publication d’un nouveau bilan officiel des morts depuis le début du mouvement comportant trois nouvelles victimes. Le gouvernement a, en revanche, rejeté les estimations plus élevées émanant d’organisations de défense des droits de l’homme.

Jusqu’à mardi soir, on ne rapportait aucune nouvelle violence majeure, l’armée ayant été déployée dans les villes les plus turbulentes et les universités et les établissements scolaires fermés jusqu’à nouvel ordre. Dans une agglomération au moins, la police avait ordonné à la population de ne pas se rassembler dans les rues.

Les participants aux émeutes affirment vouloir protester contre la cherté de la vie et la pénurie d’emplois en Tunisie.

Les autorités dénoncent l’instrumentalisation de ces manifestations par une minorité d’extrémistes violents. D’après le pouvoir, les victimes ont été tuées par des policiers exerçant leur droit de légitime défense.

Lors d’une conférence de presse, le ministre des Communications, Samir Labidi, a chiffré à 21 le nombre de personnes tuées lors des heurts de ces derniers jours, soit trois victimes de plus que le précédent bilan officiel.

Le bilan s’alourdit en Tunisie, les hôpitaux débordent

Le bilan des émeutes en Tunisie continue de s’alourdir au lendemain de l’allocution du président Zine el Abidine Ben Ali, qui n’a pas empêché la contestation de perdurer dans certaines villes de province.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé la mort lundi de quatre nouveaux émeutiers à Kasserine, dans le centre-ouest du pays, portant le bilan officiel des troubles à 20 morts, auxquels il faut ajouter deux suicides. Ce bilan est de 23 morts selon Amnesty International et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) fait état de 35 morts depuis le début du mouvement, le 18 décembre à Sidi Bouzid.

Des manifestants à Kasserine ont attaqué des postes de police avec des barres de fer et des cocktails Molotov et les policiers ont répliqué, a dit le ministère de l’Intérieur, sans préciser la nature de la réponse policière. Huit agents ont été blessés ou brûlés selon les autorités.

D’après plusieurs témoins dans les villes défavorisées d’El Kef et de Gafsa, le discours télévisé de Ben Ali, qui a promis de créer 300.000 emplois en deux ans, a été suivi de manifestations dispersées à coups de gaz lacrymogènes par la police anti-émeutes.

De violentes manifestations se sont également produites lundi dans la ville côtière de Bizerte, pour la première fois depuis le début de l’agitation sociale fin décembre.

Le déploiement de l’armée a semblé porter ses fruits à Thala, Kasserine, Seliana, Regueb et Meknassi, où aucune émeute nouvelle n’a été rapportée.

"Le bilan n’évolue pas, Dieu merci, de façon dramatique mais d’après les images que nous voyons, ce qui se passe à Kasserine, Regueb et Thala est absolument terrible", a dit à Reuters Souhayr Belhassen, présidente tunisienne de la FIDH.

"On ne connaît pas le nombre des blessés, en tous cas les hôpitaux de Sfax et de Kairouan débordent, on les envoie maintenant sur Tunis", a-t-elle ajouté.

Plusieurs arrestations ont eu lieu dans le milieu des bloggueurs et des opposants politiques, a-t-elle dit.

Les violences ont été qualifiées par le président Ben Ali d’"acte terroriste (…) dirigé par des éléments étrangers".

Pour endiguer la contestation étudiante, le gouvernement a ordonné la fermeture de toutes les écoles et universités du pays à partir de mardi et jusqu’à nouvel ordre.

Le gouvernement tunisien est confronté à une mobilisation persistante, et sans équivalent en 23 ans de pouvoir du président Ben Ali, qui se double d’une pression diplomatique nouvelle depuis l’annonce du lourd bilan humain du week-end.

La vie a paru reprendre son cours normal à Tunis, où, fait rare, des étudiants ont manifesté lundi.

Une centaine de journalistes leur ont succédé ce mardi, réunis au syndicat des journalistes tunisiens aux cris de "Liberté pour la presse tunisienne".

Le rassemblement d’une presse d’ordinaire complaisante envers le pouvoir avait de quoi surprendre. Les journalistes affirment être contraints par le gouvernement sur la manière de rapporter les évènements.

"Nous ne devons plus être les porte-parole de la propagande gouvernementale. Nous devons reprendre notre liberté", a dit Naji Baghouli, ancien président du syndicat des journalistes.

Après le discours télévisé de Ben Ali lundi soir, le second depuis le début de la crise, les Tunisiens ont commencé à se présenter au compte-gouttes dans les agences d’emploi.

"Le discours du président nous a donnés un nouvel espoir", dit Hamdi, qui attend devant une agence de Sidi Bouzid, la ville où les manifestations ont commencé.

"J’ai un master d’économie et je suis au chômage depuis quatre ans. J’espère avoir de la chance et trouver un travail bientôt", ajoute-t-il. Le président Ben Ali a annoncé une création globale de 300.000 emplois d’ici la fin 2012, dont 50.000 dans le secteur privé en échange de réduction d’impôts et de cotisations sociales pour les employeurs pendant dix ans.

Le gouvernement a également contesté lundi les accusations de restriction des libertés publiques, qui ne viennent plus des seules ONG. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a dit son inquiétude devant l’escalade de la violence et appelé à la retenue.

L’Union européenne a également appelé lundi "au respect des libertés fondamentales", tandis que Paris, partenaire historique de Tunis, déplorait pour la première fois les violences et le bilan humain des affrontements du week-end.

Mardi, la ministre française des Affaires étrangères a répondu à une question de l’opposition à ce sujet lors de la séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale.

Michèle Alliot-Marie a souligné, à propos de ce qu’elle a présenté comme "des mouvements sociaux", qu’"on ne peut que déplorer qu’il puisse y avoir des violences qui concernent des peuples amis".

Michèle Alliot-Marie : "On ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons"

Michèle Alliot-Marie propose à l’Algérie et à la Tunisie de partager le "savoir-faire" français en matière de sécurité.

La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a affirmé mardi qu’"on ne peut que déplorer les violences" survenues en Tunisie dans des manifestations, proposant le savoir-faire français à la police tunisienne pour "régler les situations sécuritaires". Critiquée devant l’Assemblée nationale par l’opposition sur l’extrême retenue de la réaction française face à la répression en Tunisie, Michèle Alliot-Marie a répondu : "Plutôt que de lancer des anathèmes, je crois que notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation."

La France, ancienne puissance coloniale, traditionnellement très prudente dans ses prises de position sur la Tunisie, s’était déjà limitée lundi à "déplorer les violences" qui ont fait en trois jours, selon les ONG, plus de 35 morts, et jusqu’à une cinquantaine de morts, selon un responsable syndical. "On ne peut que déplorer qu’il puisse y avoir des violences qui concernent ces peuples amis", a-t-elle dit, ajoutant que "la priorité doit aller à l’apaisement après des affrontements qui ont fait des morts". "Notre premier message doit être celui de l’amitié" entre les peuples français et tunisien, et "on ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons" face à une situation "complexe", a-t-elle martelé, tout en invitant les dirigeants à "mieux prendre en compte les attentes" des populations.

Michèle Alliot-Marie a expliqué le mécontentement social et politique par "énormément d’attentes de la part des jeunes", "particulièrement de jeunes formés, de pouvoir accéder au marché du travail". Le président Nicolas Sarkozy entend "dans le cadre du G8 et du G20 répondre aux préoccupations et aux besoins qui sont ceux" de la Tunisie et de l’Algérie en la matière, a-t-elle affirmé. Michèle Alliot-Marie a aussi suggéré que "le savoir faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type". "C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité."

Des journalistes appellent à "libérer la presse"

Alors que de violents troubles sociaux agitent la Tunisie, une centaine de journalistes ont appelé mardi à "libérer la presse" lors d’un sit-in observé dans les locaux de leur syndicat à Tunis.

"Nous avons été empêchés par la police de sortir dans une manifestation pacifique pour apporter notre soutien à nos compatriotes en proie à la répression", a déclaré à l’Associated Press Néji Bghouri, président déchu du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Il avait été évincé en 2009 par l’arrivée de proches du pouvoir à la tête de l’organisation, à l’issue d’un congrès extraordinaire qualifié de "putsch" par la direction sortante.

Cantonnés dans le siège du SNJT, les journalistes ont scandé des slogans revendiquant la liberté de la presse et plaidé pour l’ouverture d’une "enquête indépendante pour déterminer les responsabilités des violences qui ont causé un grand nombre de morts dans le pays, et la libération des personnes arrêtées".

Dans un communiqué, ils ont appelé à la levée du "blocus policier" auquel sont soumises plusieurs villes, à l’ouverture d’un dialogue national sur les problèmes qui se posent et ont demandé que la presse puisse jouer le rôle qui lui incombe en "bannissant la langue de bois".

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