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Ne dites plus États-unien, mais dites à nouveau Américain !

mercredi 19 janvier 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 19 janvier 2011).

Ne dites plus "états-unien" !
mais dites à nouveau "américain" !
Bonjour à toutes et à tous,

C’est une mode depuis quelques années de dire « états-unien » au lieu d’« américain » comme on disait auparavant. Je combats cette mode parce qu’elle sert l’impérialisme américain, c’est-à-dire l’impérialisme d’un pays qui ne mérite même pas d’avoir un nom.

En effet, au concept d’« américain », est attaché un ressentiment très négatif dû à l’histoire des USA depuis leur naissance jusqu’à aujourd’hui.

Ce ressentiment n’est pas un préjugé, il est parfaitement justifié :

  • Par la naissance des USA qui se fondèrent sur le génocide des Indiens pour leur voler leur territoire et sur l’esclavage des Noirs pour construire ce nouveau pays.
  • Par toute l’histoire de l’impérialisme américain, depuis son origine jusqu’à nos jours, citons l’exemple du Vietnam.

Pour plus de précisions sur ce qui justifie ce ressentiment instinctif vis-à-vis des USA, lire ce court texte intitulé « Des bombes sur New-York, Washington, Dallas, Boston, Los Angeles…! » :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1767

Le pouvoir, pour nous asservir, cherche non seulement à choisir à notre place si, pour le combattre, nous devons ou non avoir des chefs, et cherche bien entendu à désigner ces chefs lui-même ; mais aussi, il cherche à nous imposer quel langage nous utiliserons pour réfléchir et parler entre nous de lutte des classes.

Et, forcément, le vocabulaire de l’ennemi est notre ennemi :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1735

Constatons-le en comparant le mot traditionnel "américain" — auquel est attaché dans nos inconscients, et dans l’inconscient collectif, toute l’histoire de l’Amérique —, avec le mot tout neuf que le pouvoir nous impose : "états-unien". Le simple fait d’utiliser ce mot tout neuf auquel rien n’est encore solidement attaché dans nos inconscients personnels, et encore moins dans l’inconscient collectif, raie d’un trait de plume toute l’histoire des USA.

C’est exactement comme la ville anglaise de Windscale, qui, après un grave accident nucléaire, a changé son nom en Sellafield pour effacer de sa réputation ce mauvais souvenir.

Bien sûr, le simple fait que l’impérialisme américain veuille imposer le mot "états-unien" en remplacement du mot "américain" est de sa part un aveu de culpabilité.

Quant à la prétendue confusion entre "Amérique" et "Amérique" ou "Américain" et "Américain",

elle n’a tout simplement jamais existé dans la réalité de tous les jours. Quand on veut parler d’un habitant du Mexique, par exemple, on ne dit jamais un Américain, mais un Mexicain. Idem pour un Canadien, un Colombien, etc.

Et il est clair pour tout le monde que quand on parle d’un "Américain", on parle d’un habitant des USA, et pas du Mexique.

La confusion entre le mot "Amérique" qui désigne le pays et le même mot "Amérique" qui désigne aussi le continent n’existe qu’en théorie puisque, dans la pratique, le contexte indique à peu près toujours de quoi l’on parle. Il est donc parfaitement inutile de vouloir supprimer cette confusion. Bien au contraire, Il est extrêmement intéressant de la conserver parce qu’en soi elle dénonce la visée hégémonique de l’impérialisme américain sur tout le continent du même nom. Pourquoi se priver d’une telle dénonciation prononcée innocemment à chaque fois qu’on utilise les mots "Amérique", "Américain" et "américain" ?

Un pays qui n’a même pas de nom !

Dans l’un des films de Godard, un Américain explique pourquoi il ne faut pas utiliser le mot "Amérique" mais le mot "États-Unis" pour désigner ce pays. Godard lui fait répondre par un autre personnage :

« Les États-Unis de quoi ? du Mexique ? du Canada ? du Brésil ? Chacun de ces pays est constitué de divers États qui se sont unis ! Tu vois, ton pays n’a même pas de nom ! »

Merci pour votre attention,
Meilleures salutations,
do
http://mai68.org

Pour bien comprendre l’importance du choix des mots et du langage, vous pouvez lire ma thc (théorie du concept) :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1701

7 Messages de forum

  • et ils écrivent "in God we trust" sur leurs billets de banque.

    je me demande si Dieu se bidonne d’avoir engendré des créatures aussi bêtes, ou bien si il se désole de leur monstruosité.

    mais c’est aussi la mode, jugez plutôt :
    les aveugles sont devenus "non-voyants", les handicapés, des "personnes à mobilité réduite" et les ouvriers sont promus "collaborateurs" et à l’IUFM, le tableau noir est désigné sous le vocable de "interface vidéo-scripturale négato-spectrale" (il paraît que c’est vraiment vrai, mais je n’ai pas été vérifier à l’IUFM)

    les mots font-ils peur ?
    tous ces technocrates qui veulent nous dicter notre façon de parler -et donc de penser- nous "donnent envie d’aller soulager notre appareil digestif".

    et encore, je demeure dans les limites tolérables de la bienséance…

  • Ne dites plus États-unien, mais dites à nouveau Américain ! 20 janvier 2011 02:30, par Antonio Artuso

    Je suis Canadien donc Américain comme les Belges ou les Italiens sont Européens

    Je suis traducteur du Brésil, qui travaille au Canada avec des Latino-Américains.
    Mes textes doivent être très clairs.
    Par erreur, les Latino-Américains qualifient de Norte-Americanos les États-Uniens.
    Et moi, devenu Canadien, je les corrige : je suis Canadien, donc Nord-Américain ou tout simplement Américain (des 3 Amériques).

    Les Canadiens sont des Américains, plus précisément des Nord-Américainis
    Les Brésiliens sont des Américains, plus précisément des Sud-Américains
    Les Salvadoriens sont des Américains, plus précisément des "Méso-Américains", des "Centr’Américains"
    Les États-Uniens sont des Américains, plus précisément des Nord-Américains
    Les Belges et les Italiens sont des Européens

    Autre problème linguistique et politique :

    On parle de l’Amérique latine, alors que l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale sont l’Amérique amérindienne, latine et africaine.

    Salutations,

    Antonio Artuso - Reconstruction communiste Canada - pueblo@sympatico

    • Désolé, étant anti-européiste, je refuse d’être un "Européen" !

    • Débat très important et ô combien difficile et sensible car il aborde la construction de nos consciences, voire de nos inconsciences, et donc de nos perceptions dites objectives.
      En novembre dernier, j’ai discuté avec une Afro-Colombienne ; elle me disait combien elle était outrée du fait que l’appellation "Américains" désigne par défaut les seuls citoyens des États-Unis d’Amérique. Elle préfère l’utilisation du terme "étatsuniens", comme en espagnol (estadounidense).

      Pour ma part, il est une expression qui m’insupporte quand on parle d’Amérique ; il s’agit de "Amérique Latine" (même si comme tous, il m’arrive de l’employer "inconsciemment").
      Car qu’on le veuille ou non, ce vocabulaire prolonge le génocide des peuples du continent perpétré par ceux des COLONisateurs latins qui n’étaient pas des COLOMBes ; Il prive les premiers habitants du lien naturel et privilégié qu’ils ont avec cette terre ; il résonne comme un mantra puissant et dangereux utilisé pour perpétrer l’esprit de la domination des premiers habitants par les colonisateurs.

      Gilbert

      • En réalité, cette Afro-colombienne est outrée par le fait que les seuls Américains qui comptent sont ceux qui résident aux USA.

        Et, justement, ce vocable d’« Américains » pour les désigner eux, et seulement eux, pousse à la prise de conscience et à son maintien. C’est bien pourquoi il ne faut surtout pas abandonner ce vocabulaire pour celui que les médias dominants cherchent à nous faire adopter sous prétexte de modernité.

        Quand un simple mot est suffisamment puissant pour pousser à la révolte, la révolution doit le conserver !

        On changera le mot après la révolution.

      • L’Amérique-latine telle qu’elle est aujourd’hui est le résultat d’une histoire où les Latinos ont joué depuis quelques centaines d’années un rôle essentiel avec, en particulier, le génocide des Indiens puis leur oppression et le contrôle à peu près total de leur territoire.

        Le génocide des Indiens d’Amérique latine a toutefois été énormément moins important en pourcentage qu’aux États-Unis où l’on a cherché véritablement à les faire disparaître en totalité ; ce qui fut loin d’être le cas partout en Amérique latine.

        c’est parce que l’Amérique latine telle qu’elle est aujourd’hui a été construite essentiellement par les Latinos qu’elle s’appelle "Amérique latine". Et c’est parce que les maîtres de l’Amérique latine pensent qu’en Amérique latine les seules personnes qui comptent sont les Latinos que les habitants de ce sous-continent s’appellent des "Latino-américains".

        Je trouve personnellement très bien que le mot « Latino-américain » rappelle le génocide des Indiens puis leur oppression à chaque fois qu’on l’utilise.

    • Antonio, je suis d’origine nicaraguayenne et je refuse qu’on dise de moi que je suis un "Américain". Parce que je refuse d’être assimilé à cet impérialisme qui a fait tant de mal à mon pays. Daniel

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