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Égypte - Hassan Nasrallah souhaiterait être au Caire, avec les manifestants

mardi 8 février 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 février 2011).

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lundi 7 février 2011, par La Rédaction

Photo : Jeunes communistes et nassériens manifestent à Beyrouth devant l’ambassade d’Egypte.

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Le secrétaire général du mouvement libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré, lundi, qu’il souhaiterait être au Caire pour se joindre aux manifestants réclamant le départ du président égyptien Hosni Moubarak et a dénoncé le soutien de Washington aux "dictateurs" de la région.

"Les États-Unis essaient de contenir la révolution et d’améliorer la sale image qu’ils ont au Moyen-Orient et dans le monde islamique (…) après avoir passé des années à soutenir les pires dictatures que notre région ait jamais vues", a-t-il déclaré lors d’un discours télévisé, au quatorzième jour de la contestation en Égypte. "Mais soyez sûrs que les régimes alliés des États-Unis et Israël ne peuvent se maintenir longtemps contre la volonté du peuple", a-t-il ajouté.

"Que Dieu m’en soit témoin, je désire être parmi vous, pour donner mon sang et mon âme, comme tout jeune Égyptien le ferait, à cette noble cause", a lancé le chef du Hezbollah à l’adresse des Égyptiens. "De loin, depuis Beyrouth, tout ce que nous pouvons vous dire est que nous aimerions être avec vous place Tahrir, au Caire, à Alexandrie, dans la ville de Suez et ailleurs."

Le leader du parti de Dieu, plus puissant groupe armé au Liban, a qualifié de "formidable" le mouvement des Égyptiens, estimant qu’il s’agissait d’"un des tournants les plus importants dans l’histoire de la nation et de la région".

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Le secrétaire général du Hezbollah prédit que les troubles en Egypte vont accroître l’isolement d’Israël

Le leader du Hezbollah libanais, Cheikh Hassan Nasrallah, a jugé inévitable lundi que l’Egypte post-Moubarak s’éloigne d’Israël, isolant encore davantage ce pays dans la région. L’Egypte et la Jordanie sont les deux seuls pays du Moyen-Orient à avoir conclu un accord de paix avec l’Etat hébreu.

"Vous vous battez pour la dignité arabe, la dignité de l’être humain arabe qui a été humiliée par certains de ses dirigeants ces dernières décennies", a-t-il lancé lors d’une cérémonie de soutien aux manifestants égyptiens et de protestation contre les accords de paix israélo-égyptiens de 1979.

"Nous attendons avec impatience le jour où vous rendrez à l’Egypte sa position historique de leader dans la vie de notre pays et dans la région", a ajouté Cheikh Nasrallah, faisant référence aux années 1950 et 1960, quand l’Egypte était à la tête du mouvement anti-israélien. Il a exhorté les Arabes à choisir entre "le camp israélien, qui veut protéger ce régime (égyptien), et la révolution qui veut le terrasser".

L’Egypte a été le premier pays arabe à conclure un accord de paix avec Israël en 1979, et elle l’a toujours respecté. Au pouvoir depuis 1981, le président Hosni Moubarak entretient des relations étroites avec les dirigeants israéliens et joue un rôle de médiateur entre Israël et les Palestiniens. Les manifestants égyptiens exigent son départ, ne se suffisant pas de son engagement à ne pas se présenter à l’issue de son mandat en septembre.

De leur côté, les dirigeants israéliens redoutent que le traité de paix ne soit menacé si les Frères musulmans, le principal mouvement d’opposition égyptien, obtenaient un rôle de premier plan au sein d’un nouveau gouvernement au Caire.

Le Hezbollah, qui lutte contre Israël depuis 1982, date d’une terrible invasion israélienne du Liban, entretient de mauvaises relations avec le régime Moubarak, surtout depuis 2009, quand la sécurité égyptienne a accusé une cellule du mouvement de fomenter un complot pour déstabiliser le gouvernement du Caire. Un an plus tard, la justice égyptienne a condamné 26 hommes, dont un Libanais, un Soudanais et des Egyptiens, pour espionnage au profit du Hezbollah et complot terroriste. Ils ont écopé de peines allant de six mois de prison à la perpétuité.

La semaine dernière, un haut responsable du Hezbollah, Mahmoud Komati, a affirmé que le condamné libanais, Mohammed Youssef Mansour, plus connu sous le pseudonyme de Sami Chehab, s’était échappé de sa geôle égyptienne à la faveur du soulèvement et se trouvait en lieu sûr. Il a refusé de dire où exactement, au Liban ou ailleurs.

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Moubarak hausse les salaires des fonctionnaires pour calmer le jeu

Le président égyptien Hosni Moubarak a promis lundi une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires et des retraites, au 14e jour de manifestations réclamant son départ, alors que Barack Obama se félicitait des "progrès" enregistrés dans le dialogue avec ses opposants. "Le gouvernement se préoccupe du citoyen égyptien et veut améliorer son niveau de vie", a déclaré le Premier ministre Ahmad Chafic, à l’issue d’une première réunion de l’ensemble du Conseil des ministres depuis le remaniement pour faire face à la crise qui secoue le pays depuis deux semaines.

La hausse entrera en vigueur à partir du 1er avril. "Les augmentations des retraites coûtent au Trésor 6,5 milliards de livres égyptiennes (un peu plus d’un milliard de dollars)", a précisé le ministre des Finances Samir Radwane.

Cette annonce n’a néanmoins pas apaisé la colère des protestataires. De nouvelles manifestations sont prévues mardi dans les grandes villes, et la place Tahrir, devenue un symbole de la contestation au Caire, restait occupée par des milliers de manifestants dans la soirée, a constaté un journaliste de l’AFP.

La veille, une nouvelle "séance de dialogue national" avait été organisée entre pouvoir et opposition, à laquelle les Frères musulmans, première force d’opposition mais bête noire du régime, s’étaient joints. C’était la première fois en un demi-siècle que le pouvoir et la confrérie discutaient publiquement.

La Maison Blanche a indiqué lundi que les autorités américaines n’étaient pas en contact avec les Frères musulmans, soulignant "les nombreux désaccords (des Etats-Unis) avec les déclarations de certains dirigeants de cette organisation".

Le président des Etats-Unis Barack Obama a estimé de son côté que le processus politique en Egypte enregistrait des "progrès".

Pour autant, selon le porte-parole du département d’Etat américain, Philip Crowley, l’organisation d’élections libres à brève échéance en Egypte constituerait "une entreprise ambitieuse".

Il a rappelé que la Constitution égyptienne prévoyait des élections dans un délai de 60 jours si le président Moubarak quittait le pouvoir. "La question se poserait de savoir si l’Egypte est prête aujourd’hui à avoir des élections concurrentielles et ouvertes, sachant que le passé récent a montré, très honnêtement, que les élections n’avaient pas vraiment été libres et justes", a dit M. Crowley.

La Maison Blanche a appelé par ailleurs tout futur gouvernement égyptien à respecter les "traités et engagements" actuels, allusion évidente au traité de paix liant l’Egypte et Israël.

De son côté, tout en affirmant que la France ne souhaitait pas "s’ingérer dans le choix du peuple égyptien", le ministre français de la Défense Alain Juppé a souligné que Paris soutenait l’avènement d’une "réelle démocratie" et estimé que "la transition (devait) se développer dès que possible".

Le site internet allemand d’information Spiegel Online affirmait dans la soirée que M. Moubarak pourrait venir effectuer "un bilan médical prolongé" en Allemagne, évoquant des réflexions "concrètes" en faveur d’une telle solution.

"Des discussions préparatoires avec les hôpitaux adéquats sont en cours, en particulier avec la clinique Max-Grundig à Bühl dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest)", écrit Spiegel Online, en citant des sources proches de cette clinique.

L’AFP n’a pu avoir la confirmation de telles discussions auprès de la clinique, et le porte-parole du gouvernement allemand a indiqué qu’il n’y avait eu "ni demande officielle, ni demande officieuse concernant un tel séjour".

Dans le même temps, la vie reprenait doucement son cours au Caire, avec la réouverture des magasins et des routes depuis dimanche. Le couvre-feu a été de nouveau réduit dans la capitale, à Alexandrie (nord) et Suez (est) : il sera désormais en vigueur de 20H00 (18H00 GMT) à 06H00 (04H00 GMT), contre 19H00 auparavant.

La Bourse du Caire, fermée depuis le 30 janvier, doit de son côté rouvrir le 13 février. Le constructeur automobile japonais Suzuki a par ailleurs annoncé avoir redémarré sa production en Egypte, une semaine après l’avoir suspendue.

Devenu une figure de la mobilisation, un cadre égyptien du géant américain de l’internet Google, a été relâché lundi.

Wael Ghoneim, chef du marketing chez le géant de l’internet au Moyen-Orient et en Afrique selon sa page sur le réseau social pour professionnels LinkedIn, n’avait plus donné de nouvelles depuis le 28 janvier, après une manifestation géante au Caire.

Plutôt dans la journée lundi, plusieurs dizaines de personnes avaient bloqué l’accès à un important édifice gouvernemental à l’architecture soviétique, le Mougamma, donnant sur la place Tahrir.

Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme. Des heurts entre policiers et manifestants durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro et anti-Moubarak le 2 février, ont fait au moins 300 morts, selon un bilan non confirmé de l’ONU, et des milliers de blessés, selon des sources officielles et médicales.

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La livre égyptienne, victime collatérale de la révolte

La livre égyptienne a atteint lundi son plus bas niveau face au dollar depuis six ans alors que les analystes s’interrogent sur l’impact de près de deux semaines de contestation contre le président Hosni Moubarak. La livre s’échangeait à 5,953 pour un dollar à la mi-journée, son plus bas niveau depuis janvier 2005. De son côté, le gouvernement égyptien a vendu lundi pour 13 milliards de livres (1,6 milliard d’euros) de bons du trésor à trois mois, offrant un taux d’intérêt moyen de près de 11%, selon le site Web de la banque centrale égyptienne.

Les acquéreurs étaient pour l’essentiel des banques égyptiennes, les établissements internationaux étant rebutés par le climat d’incertitude politique dans le pays, selon les courtiers.

Pour le gouvernement, cette vente est une mesure nécessaire pour susciter la confiance alors que le pays enregistre une chute des investissements étrangers et que les analystes s’interrogent sur l’impact économique de la révolte. Plus de 160.000 touristes étrangers ont quitté l’Egypte la semaine dernière, un exode qui devrait affecter le secteur crucial du tourisme.

Les banques ont toutefois rouvert dimanche après une semaine de fermeture et le gouvernement a injecté cinq milliards de livres (619 millions d’euros environ) dans le système bancaire pour éviter toute pénurie de liquidité. Les autorités ont également limité les retraits à 50.000 livres par jour et plafonné le montant des conversions en devises étrangères à 10.000 dollars (7.300 euros).

Contrairement à ce qui était redouté, il n’y a pas eu de ruée sur les banques. Pendant plusieurs jours, des millions d’Egyptiens ont été dans l’impossibilité de retirer de l’argent et de nombreuses entreprises n’ont pas pu payer leurs employés.

La livre égyptienne n’est peut-être pas au bout de ses peines. Elle pourrait perdre jusqu’à 25% à court terme et s’échanger ainsi à plus de 7 pour un dollar. Elle tournait autour de 5,84 face au billet vert la semaine dernière. "La zone test se situe à 6 ou 6,1 livres", explique John Sfakianakis, chef économiste de la banque saoudienne Saudi Fransi. "A partir de là, elle pourrait baisser davantage, en fonction du niveau d’intervention de la Banque centrale."

Moody’s s’attend à des pressions sur la livre avec la conversion en devises étrangères de comptes bancaires libellés dans la monnaie égyptienne. "Une demande soutenue pour retirer ou convertir des dépôts en devises étrangères" représente un risque accru pour "les positions de liquidité des banques égyptiennes", précise l’agence internationale de notation dans un rapport publié lundi.

La banque centrale égyptienne avait pour 36 milliards de dollars (26 milliards d’euros) de réserves de change fin décembre.

Fermée depuis le 27 janvier, la bourse du Caire doit rouvrir dimanche prochain. Les autorités envisagent toutefois de réduire les horaires d’ouverture ou de plafonner les pertes en séance. L’indice de référence de la place financière avait dégringolé de 17% en deux jours avant la suspension des échanges.

(Lundi, 07 février 2011 - Avec les agences de presse)

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