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Crise des subprimes - 2008 - Une vieille rivalité entre banque protestante et banque juive

mardi 15 février 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 15 février 2011).

LE MONDE le 08 Octobre 2008

Banque protestante contre banque juive : l’hostilité entre JPMorgan et Lehman Brothers est ancienne.

Fondée en 1844 par un émigré allemand à Montgomery (Alabama), Henry Lehman, rejoint par ses deux frères, Emmanuel et Meyer, Lehman Brothers se spécialise dans l’escompte des billets à ordre. En 1869, un autre émigré allemand, Marcus Goldman et son gendre Samuel Sachs créent un établissement similaire, baptisé Goldman Sachs.

Salomon Bros (1910) et Kuhn Loeb (1867) complètent le réseau des banques juives.

Sujets au départ à une véritable ségrégation de la part des grandes banques de l’establishment protestant - en particulier JPMorgan, affichant un antisémitisme déclaré -, les établissements juifs sont exclus des grands financements industriels : l’automobile, l’acier, le rail ou le pétrole.

"Laissons le petit négoce de la finance aux juifs", déclare John Pierpont Morgan, dit JP Morgan (1837-1913).

Jusqu’au début des années 1960, les Lehman, Goldman, Salomon et consorts doivent se contenter du commerce et de la distribution, du textile et de l’agroalimentaire. Egalement victimes d’ostracisme, les milieux d’affaires catholiques se cantonnent, eux, à la banque commerciale. Merrill Lynch, fondé par un Irlandais catholique, sera l’exception. En 1948, JPMorgan participe au boycottage arabe, afin de profiter à bon escient de la manne des pétrodollars. La première transaction dans l’Etat hébreu n’a lieu qu’en 1996.

Mais alors que les enseignes protestantes se reposent sur leurs lauriers, embourbées dans leur suffisance, leurs concurrents juifs se créent une clientèle fidèle parmi les nouveaux acteurs économiques, en particulier dans les services. Elles s’introduisent auprès des investisseurs institutionnels comme les caisses de retraite, qui disposent de capitaux considérables et se sentent "snobées" par les maisons WASP (White Anglo-Saxon Protestant, c’est-à-dire blancs, anglo-saxons et protestants). Ces établissements se montrent particulièrement innovateurs en matière de montages financiers, à l’exemple du négoce des obligations ou des matières premières.

De nos jours, de l’avis général, la distinction religieuse n’est plus de saison. Seuls certains clubs privés de businessmen des banlieues cossues new-yorkaises excluent toujours ce qui est noir, jaune ou juif !

Marc Roche

8 Messages de forum

  • Lehman Brothers fit officiellement faillite le 15 septembre 2008 (faute de repreneurs) suite à la crise financière mondiale née de la crise des subprimes.

    En fait elle est la seule banque américaine qui ne fut pas sauvée par l’État US, et c’est d’ailleurs le fait qu’elle fut sacrifiée, soit-disant pour faire un exemple, qui, paraît-il, a provoqué toute la "crise" qui s’en est suivi.

    Référence Wikipedia :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Lehman…

    Autour d’elle, d’autres banques sont aidées par l’État telles Bear Stearns en mars 2008, les sociétés de crédit hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac le 7 septembre 2008 mais aucune aide ne vient à Lehman Brothers.

    L’abstention de l’Etat est largement perçue comme la volonté de faire un exemple[3]. Néanmoins Bernanke insiste sur le fait que la FED n’a jamais été en mesure de faire un choix entre sauver ou non Lehman, cette banque ne pouvant proposer aucune contrepartie à l’octroi de prêt comme cela était requis pour respecter le cadre légal[4].

    Et le 15 septembre 2008, à New York, à la suite de la crise des subprimes, Lehman Brothers Holdings Inc. se déclare en faillite et se place sous la protection du chapitre 11 du droit fédéral [5].

    Jusqu’au dernier moment, les marchés ont espéré la reprise de Lehman Brothers par Bank Of America (comme JP Morgan Chase avait récupéré Bear Stearns 6 mois plus tôt), mais finalement la grande banque préfèrera sauver Merrill Lynch, elle aussi sur le point de faire faillite le 15 septembre.

    La chute de Lehman Brothers entraîne avec elle la bourse américaine, puis quelques semaines plus tard toutes les bourses mondiales.

  • Obama interdit aux banques les activités de marché

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/…

    22/01/2010

    Le président américain a annoncé deux mesures choc contre les banques américaines : interdire les activités spéculatives de marché « pour leur seul profit » et limiter leur taille.

    « Les Américains ne doivent plus jamais être pris en otage par des banques trop grosses pour faire faillite ». Barack Obama a utilisé des formules fortes en présentant deux nouvelles mesures choc pour encadrer davantage le système bancaire.

    Suite à ces annonces, la Bourse de New York chutait de 2%, le Dow Jones perdant 2% et le Nasdaq 1,32%. Les valeurs bancaires ont aussi dévissé : JP Morgan chute de 5,3%, Bank of America de 5,85%, Goldman Sachs de 4,3%.

    Le président américain veut interdire désormais aux grandes banques de mener des activités de marché spéculatives « pour leur seul profit », c’est-à-dire qui ne répondent pas aux intérêts de leurs clients. « Il ne faut plus que les banques s’éloignent trop des services qu’elles doivent à leurs clients », a-t-il déclaré, brocardant les établissements qui « utilisaient de l’argent bon marché dans des activités de marché énormément risquées ».

    Il ne faut plus que les banques hébergent en leur sein des activités de hedge funds qui détiennent des « énormes montants » de dette à risque, a-t-il ajouté en substance en présentant cette mesure baptisée « règle Volcker », du nom de son conseiller économique.

    « Règle Volcker »

    Obama veut aussi limiter la taille des établissements financiers. « Je veux prévenir toute consolidation future du secteur », a-t-il déclaré lors de son allocution. « Il y a déjà trop de risques concentrés dans de trop grandes banques », a-t-il justifié. « Le peuple américain n’est pas mieux servi par de plus grosses banques. »

    « Bien que le système financier soit bien plus sain aujourd’hui qu’il n’était il y a un an, il fonctionne exactement selon les mêmes règles qui l’ont mené au bord de l’effondrement », s’est justifié le président, attaquant de nouveau les versements de bonus à Wall Street.

    « Nous devons maintenant réaliser ce plan », a déclaré le président américain à l’intention du Sénat, où il a dorénavant perdu la majorité suite à la victoire d’un républicain aux sénatoriales du Massachusetts mercredi.

    Peu après l’allocution du président américain, les régulateurs bancaires ont annoncé que les banques ne pourraient plus évacuer des risques hors de leur bilan à partir du 15 novembre. Ce qui les forcera à renforcer leur solidité financière.

    L’obstacle du Congrès

    Selon un analyste parisien, ces annonces interviennent alors que les Républicains et les grands de la finance ont « prouvé qu’ils s’unissaient contre Barack Obama », avec l’élection de Scott Brown aux sénatoriales du Massachussets mardi soir, qui a fait perdre aux démocrates leur majorité.

    « Ces mesures doivent encore passer par le Congrès pour être entérinées. Or, cela semble compliqué, compte tenu de la nouvelle configuration politique. Au final, parmi les réformes proposées par Obama, la plupart n’aboutira pas, y compris celle de la Santé », juge-t-il.

    L’analyste a poursuivi en indiquant que Timothy Geithner, le Secrétaire d’Etat au Trésor et ancien président de la Fed de New York, « aura bien du mal avec ses nouvelles missions, puisque c’est lui-même qui a permis à Goldman Sachs de devenir un géant de la finance au détriment notamment de Lehman Brothers, JP MOrgan/Bear Stearns, Bank of America/Merrill Lynch. Cette banque contrôle en plus la dimension politique, avec de nombreux hauts dirigeants dans différents échelons du gouvernement… »

  • CONTRÔLE DE LA FED

    http://www.comprendrelenouvelordrem…

    9th mars 2010

    Le pouvoir financier de la côte Est

    __

    L’article intitulé « la créature de l’île Jekyll » relate l’histoire de l’élaboration secrète de la Réserve Fédérale par les puissances financières New-Yorkaises.

    « The Case Against the Fed » (1994) est un ouvrage écrit par Murray Rothbard, un économiste de l’Ecole autrichienne. Dans cet ouvrage, Rothbard traite entre autre de la conception et du contrôle de la Réserve Fédérale.

    .

    « Il y a deux étapes critiques dans l’établissement et le fonctionnement de n’importe quel cartel à régulation gouvernementale. Nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer l’une ou l’autre des étapes. L’étape un est de passer la loi et établir la structure. La deuxième étape est de choisir le personnel approprié pour diriger la structure : il n’y a aucune raison pour des grands banquiers de fonder un cartel, par exemple, et voir ensuite le personnel dans les « mauvaises » mains. »

    « Il est très clair, en examinant l’origine et les premières années de la Réserve Fédérale, que, tant par son personnel que les politiques monétaires financières choisies, l’empire Morgan était en contrôle quasi suprême de la Fed. »

    ch.« The Fed At Last : Morgan-Controlled Inflation », p.122

    « Après avoir assumé le poste de gouverneur de la Réserve fédérale de New York en octobre 1914, [Benjamin Strong] n’a pas perdu de temps à prendre le pouvoir au sein du Système de Réserve Fédérale. Lors de la réunion d’organisation du système, un conseil extra-légal des gouverneurs de banques régionales de la Fed a été formé ; lors de sa première tenue, Strong saisit le contrôle du conseil, devenant tant son président que le président de son comité exécutif. Même après que W. P. G. Harding soit devenu le gouverneur de la Réserve Fédérale [ie à la tête du Conseil à Washington] deux ans plus tard et ait dissolu le conseil, Strong resta la force dominante au sein de la Réserve Fédérale, en vertu de sa désignation comme l’agent exclusif des opérations d’ « open-market » de toute les Banques de la Réserve Fédérale. »

    ch.« The Fed At Last : Morgan-Controlled Inflation », p.126

    « Ce n’était pas seulement par Benjamin Strong que les Morgans ont dominé totalement la politique et la finance américaine pendant les années 1920. Le président Calvin Coolidge, qui a succédé au président Harding, allié de Rockefeller, quand il est mort en fonction, était un ami proche de J. P. Morgan Jr., et un protégé politique du camarade de classe de Coolidge à l’Université Amherst, l’associé de Morgan Dwight Morrow, mais aussi de Thomas Cochran, un camarade associé de Morgan. Et dans toutes les administrations Républicaines des années 1920, le secrétaire au Trésor était le magnat et multimillionnaire de Pittsburgh Andrew W. Mellon, dont les intérêts étaient liés de longue date à ceux des Morgans. Et tandis que le président Herbert Hoover n’était pas aussi intimement connecté au Morgans que Coolidge, il avait longtemps été proche des intérêts de Morgan. Ogden Mills, proche de Hoover qui a remplacé Mellon comme secrétaire au Trésor en 1931, était le fils d’un dirigeant de compagnies de chemins de fer de Morgan tel que New York Central ; parallèlement, Hoover choisit Henry L. Stimson comme secrétaire D’État, un disciple important et associé de l’ancien avocat personnel de Morgan, Elihu Root. Plus révélateur, deux conseillers officieux de Hoover, mais puissants pendant son administration, étaient les associés de Morgan, Thomas W. Lamont (le successeur de Davison comme PDG de l’empire Morgan) et Dwight Morrow, qu’Hoover consultait régulièrement trois fois par semaine.

    Un aspect crucial du premier terme du New Deal de Roosevelt a cependant été tristement négligé par des historiens conventionnels : le New Deal a constitué une réduction et un remplacement concertés de la prédominance de Morgan, une coalition de groupes financiers d’opposition pour le renverser du pouvoir. Cette coalition était une alliance des Rockefellers ; du nouvellement éclot pouvoir d’Harriman dans le parti Démocrate ; des plus récentes et plus impétueuses banques d’investissement juives de Wall Street comme Lehman Brothers et Goldman Sachs, poussant Kuhn Loeb dans l’ombre ; ainsi que de groupes extérieurs tel que le flibustier catholique irlandais Joseph P. Kennedy, l’italo-américain Giannini de la Bank of America californienne, ou le Mormon Marriner Eccles, à la tête d’un énorme conglomérat d’une holding bancaire et d’une société de construction de l’Utah, allié à la société de construction Bechtel basée en Californie et à la Standard Oil of California de Rockefeller.

    Le principal signe avant-coureur de cette révolution financière était la prise de contrôle réussie par Rockefeller de la banque de commerce vedette de Morgan, la puissante Chase National Bank of New York. Après le crash de 1929, Winthrop W. Aldrich, le fils du sénateur Nelson Aldrich et le beau-frère de John D. Rockefeller jr., a réalisé la fusion de sa société Equitable Trust Company, contrôlée par Rockefeller, avec la Chase Bank. Aldrich s’est alors engagé dans une lutte titanesque au sein de la Chase, pour évincer en 1932 le PDG de la Chase de Morgan, Albert Wiggin, et le remplacer par Aldrich lui-même. Depuis, la Chase a été le quartier général virtuel de l’empire financier de Rockefeller.

    La nouvelle coalition a astucieusement conduit les réformes bancaires du New Deal de 1933 et 1935, qui ont transformé le visage de la Réserve Fédérale […]

    L’autre changement monétaire majeur accompli par le New Deal, et réaliser dans le système bancaire de réserves fractionnaires sous couvert de »l’urgence’’ de la dépression, fût l’abandon de l’étalon or. Après 1933, les billets de la Réserve Fédérale et les dépôts n’étaient plus échangeables en pièces d’or pour les Américains ; et après 1971, le dollar n’était plus échangeable en lingot d’or pour les gouvernements et les banques centrales étrangers. L’or des Américains a été confisqué et échangé contre des billets de la Réserve Fédérale, qui ont obtenus le cours légal ; et les Américains ont été poussés dans un régime de papier de confiance produit par le gouvernement et la Réserve Fédérale. Au cours des années, toutes les contraintes originales sur les activités de la Fed et son émission de crédit ont été abrogées ; en effet, depuis 1980, la Réserve Fédérale joui du pouvoir absolu faire littéralement ce qu’elle veut : acheter non seulement des titres du gouvernement américain, mais aussi acheter autant d’actifs et gonfler le crédit autant qu’il lui plaît. Il n’y a plus aucune contrainte qui s’applique à la Réserve Fédérale. […]

    Cependant, en examinant les changements apportés par le New Deal, nous devrions nous abstenir de pleurer pour le Morgans. Tandis que détrônés de manière permanente par le premier terme du New Deal et n’étant jamais retourné aux commandes, les Morgans ont pu, quoique châtiés, prendre leur place dans la coalition dirigeante du New Deal vers la fin des années 1930. Là, ils ont joué un rôle important dans la conduite par l’élite au pouvoir vers l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale, particulièrement dans la guerre en Europe, à nouveau du côté de la Grande-Bretagne et de la France. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en outre, les Morgans ont joué en coulisses un rôle décisif en martelant les Accords de Bretton Woods avec Keynes et les Anglais, un accord que le gouvernement américain présenta comme un fait accompli au « monde libre » rassemblé à Bretton Woods vers la fin de la guerre.

    Depuis la Seconde Guerre mondiale, les divers intérêts financiers sont entrés dans un réalignement permanent : les Morgans et les autres groupes financiers ont pris leur place comme des associés accommodant dans un puissant « Establishment de la côte Est », mené de façon incontestée par les Rockefellers. Depuis lors, ces groupes, travaillant en tandem, ont pris part au contrôle du System de Réserve Fédérale. Ainsi, l’actuel président de la Fed, Alan Greenspan, était, avant son accession au trône, un membre du comité exécutif de la banque de commerce vedette de Morgan, la Morgan Guaranty Trust Company. Son prédécesseur largement vénéré comme président de la Fed, le charismatique Paul Volcker, fût un serviteur de longue date de l’empire Rockefeller, ayant été un économiste pour la société Exxon des Rockefellers, et pour leur quartier général, la Chase Manhattan Bank. (Dans une fusion symboliquement importante, la Chase avait absorbé la banque de commerce vedette de Kuhn Loeb, la Bank of Manhattan.) […] tandis qu’il restait toujours beaucoup de défis pour le pouvoir financier et politique de l’Establishment de la côté Est, défié par des nouveaux venus impétueux et des flibustiers du Texas et de la Californie, les intérêts traditionnels du Nord-Est ont été harmonieusement solidifié sous l’autorité de Rockefeller. »

    ch. »The New Deal and the Displacement of the Morgans« , p.129-133
  • Les anciens de Lehman Brothers racontent

    http://www.lefigaro.fr/societes/200…

    Par Adèle Smith (à New York) 16/09/2009

    La faillite de cette banque, sacrifiée le 15 septembre 2008 par les autorités américaines, a marqué le début du séisme financier. Retour sur ce « lâchage ».

    « Pour moi, le choc a été comme un deuxième 11 Septembre, je n’arrive toujours pas à croire que c’est arrivé » , confie David Chang. « Je n’oublierai jamais l’émotion du dimanche soir. Des milliers d’e-mails échangés en quelques minutes, pour se dire adieu, se souhaiter bonne chance. On ne savait pas si on aurait le droit de franchir les portes de Lehman, le lundi matin » , se souvient Hicham Jaidi. Tous deux travaillaient chez Lehman Brothers au moment du « cataclysme » du 15 septembre 2008. Ils ont retrouvé du travail, comme la plupart des anciens employés. Mais, un an après, beaucoup gardent une profonde amertume envers le gouvernement par lequel ils estiment avoir été « lâchés ». Envers Dick Fuld aussi, le PDG, qui a conduit l’une des plus vieilles banques américaines à sa perte après l’avoir hissée si haut. Tous regrettent l’atmosphère « collégiale » de Lehman Brothers, unique parmi les grandes banques d’investissement new-yorkaises. « Chez Lehman, on n’avait pas peur de se passer les dossiers d’un service à un autre, il y avait plus de solidarité qu’ailleurs », dit Tyla Saral, licenciée en mars dernier par Barclays, le repreneur des opérations américaines. Certains dressent un tableau sans complaisance des abus et de la culture à Wall Street, lente à changer. Mais, pour les anciens de Lehman, la responsabilité de la crise financière est collective, des golden boys sans scrupule aux dirigeants, des législateurs aux gouvernements, en passant par les agences de notation et les régulateurs.

    Week-end fatidique

    Ce week-end fatidique de la faillite de Lehman Brothers, qui entraînera le quasi-effondrement du système financier international, Hicham Jaidi, spécialiste en dérivés de crédit, se trouve au siège new-yorkais de la banque, au 745 Seventh Avenue. À quelques encablures de là, le futur secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, tient, depuis le vendredi à la Fed de New York, un minisommet de crise avec les banquiers de la place, le secrétaire au Trésor en poste, Henry Paulson, et le patron de la Réserve fédérale, Ben Bernanke. Le patron de Lehman, Dick Fuld, enfermé dans son bunker du 31e étage de Lehman, négocie à distance avec eux. Il y a urgence, l’action a perdu 77 % de sa valeur pendant la semaine. Hicham Jaidi est chargé de créer avec d’autres cadres une « data room » virtuelle visant à ouvrir les comptes de Lehman aux deux racheteurs potentiels, Bank of America et Barclays. Il comprend parfaitement la gravité de la situation. Bank of America est désignée sous le nom de code « Mister Blue », Barclays sous celui de « Mister Brown ». « Le samedi, les téléphones sonnent toute la matinée, puis l’après-midi, Bank Of America cesse d’appeler et, le dimanche vers midi, c’est au tour de Barclays de se faire silencieux », se souvient-il. Personne ne veut encore croire au pire. La pression est presque intenable. « En début d’après-midi le dimanche, on garde encore une lueur d’espoir », confie le contrôleur de gestion. Tout le monde compte désormais sur un acte providentiel du gouvernement. Après tout, il a volé au secours d’une autre banque new-yorkaise, Bear Stearns, en mars, pour 29 milliards de dollars, et quasi nationalisé les deux géants du prêt hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, douze jours plus tôt pour 200 milliards.

    Mais le sort de Lehman Brothers est déjà scellé à la Fed, le gouvernement a décidé de ne pas la sauver. Tim Geithner et Henry Paulson se démènent en fait pour empêcher la faillite imminente d’acteurs financiers encore plus gros : la banque Merril Lynch et le premier assureur au monde AIG. Dans la nuit du dimanche au lundi 15, peu après minuit, la quatrième banque des États-Unis, employant plus de 25 000 personnes à travers le monde, est déclarée en faillite. « Finalement, ce qui s’est passé est très darwinien », résume Hicham Jaidi. C’est tout de même la plus grosse faillite de l’histoire des États-Unis. Elle va provoquer, dans les jours suivants, la glaciation du système financier. « Laisser tomber Lehman Brothers est la plus grande erreur jamais commise par un banquier central », explique Lawrence Mac Donald, ancien courtier de la banque. Il est l’un des rares insiders à raconter ce qui s’est passé dans un livre, A Colossal Failure of Common Sense.

    L’ancien patron mis en cause

    Un an après, la vraie raison du refus de sauver Lehman taraude toujours les anciens employés de la banque. « Lehman s’est mis dans une mauvaise passe toute seule, mais la banque n’était pas la seule à avoir fait des erreurs, Merrill Lynch avait enregistré des pertes beaucoup plus colossales. Le gouvernement a refusé de sauver Lehman avec quatre milliards de pertes au troisième trimestre, résultat, il a dû dépenser quelques jours plus tard 110 milliards pour se porter au secours de Merrill et AIG ! », souligne Dan Bauer, spécialiste des dérivés chez Lehman, persuadé, comme beaucoup, que l’inimitié de Henry Paulson [ancien président de la banque Goldman Sachs] envers Dick Fuld [Président de Lehman Brothers], connu pour son arrogance, a joué un rôle dans sa décision. Pour Lawrence Mac Donald, Goldman Sachs a aussi joué un rôle crucial dans la chute de Lehman. « Depuis, il est carrément devenu un oligopole », fait-il valoir. L’auteur souligne les liens entre le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, Henry Paulson, ancien de Goldman Sachs, et John Thain, lui aussi ancien de la banque mais aussi patron de Merill Lynch, qui sera finalement rachetée, au lieu de Lehman, par Bank of America.

    Mais les anciens employés de Lehman mettent aussi en cause leur ancien patron, Dick Fuld, qui a nié l’évidence jusqu’au bout. Joseph Tibman, depuis vingt-cinq ans dans la maison, a écrit sous pseudonyme (*) un livre à paraître bientôt, intitulé Le Meurtre de Lehman. Le titre en dit long sur la colère de ce vétéran pour qui Lehman était « une deuxième famille ». Dans l’ouvrage, l’ancien cadre explique comment Fuld a poussé à la sortie ceux qui sonnaient l’alarme dès 2007, tout en continuant à prendre toujours plus de risques. Les anciens comme lui ont parfois tout perdu, une vie entière de cotisations retraites investies en actions Lehman Brothers, envolées en fumée. « On a fait faillite à cause d’une minorité de gens qui ne comprenaient pas toujours la réalité des comptes et la complexité des produits et qui avaient fini par exposer dangereusement Lehman aux risques du marché hypothécaire », déclare- t-il. Dick Fuld a récemment reconnu certaines de ses erreurs en privé. Dan Bauer, lui, avait longtemps travaillé chez Goldman Sachs avant de rejoindre Lehman, qu’il préférait pour son côté plus humain. Pourtant, la différence était frappante : « Chez Lehman, les traders avaient carte blanche, contrairement à Goldman Sachs où le groupe contrôle était aussi puissant que le groupe risques. Nos systèmes étaient moins faciles à utiliser. Ils ne permettaient pas de gérer les risques à la minute. Il fallait parfois trois jours pour avoir un inventaire ! »

    Des risques inconsidérés

    Lorsque les « maîtres de l’univers » prenaient des risques inconsidérés, c’était bien sûr en pensant à la taille des bonus, mais pas seulement, s’insurge Dan Bauer qui décrit une culture extrême : « Il y a des têtes brûlées partout, mais la pression du management était inimaginable sur les traders, si tu ne prenais pas assez de risques et que tu ne générais pas assez de cash, tu étais viré du jour au lendemain. À Wall Street, on n’a pas de contrat, juste une lettre d’embauche. À mes débuts, j’avais été choqué par la vision à court terme des résultats, chaque trimestre il fallait faire mieux que le précédent. » Une vision qui perdure à Wall Street, au mépris des conséquences à long terme, selon un rapport récent de l’institut Aspen. Peu de chose semble avoir évolué un an après. « Les banques sont dirigées et régulées de la même manière qu’avant, ce qui a changé, c’est qu’il y en a moins », a indiqué au Wall Street Journal Peter Solomon, ancien vice-président de Lehman. Des restrictions sur les bonus sont en train d’être mises en place dans les banques new-yorkaises, mais la résistance est forte. « Ce n’est pas en changeant les systèmes de rémunération qu’on va régler le problème. Quand je vois le rôle de la SEC dans l’affaire Madoff, je me dis qu’il y a d’autres endroits par où commencer », glisse Tyla Saral. Lawrence Mac Donald suggère, lui, de payer des bonus aux « bureaucrates de la SEC et la FDIC » pour les « motiver » à mieux faire le travail de régulateurs. Pour Joseph Tibman, « il y aura toujours des gens qui ne pensent qu’à faire du fric, mais Clinton, Bush, la SEC et les agences de notations » , ont tous contribué au désastre. « Il faut une structure de régulation plus efficace et une vraie volonté politique de la faire respecter », conclut le financier, persuadé que les vieilles habitudes vont continuer. D’autant que l’optimisme est de retour à Wall Street, en attendant les décisions du G20 de Pittsburgh, sur une éventuelle réforme de la finance.

  • Il y a un an… Lehman Brothers s’écroule

    http://www.lefigaro.fr/societes/200…

    Bertille Bayart 15/09/2009

    ENQUETE - La banque américaine qui avait traversé la crise de 1929 n’a pas résisté à la crise des « subprime ». Retour sur la façon dont la France et la finance ont fait face à ce séisme.

    Le samedi, Danièle Nouy, la secrétaire générale de la Commission Bancaire, les a appelés un par un. « Les Américains planchent sur le cas de Lehman Brothers. Sachez que cela se passe mal », déclare-t-elle en substance. Aussi, le matin du lundi 15 septembre 2008, les dirigeants des banques françaises prennent chacun le chemin de leur bureau un peu plus tôt que d’habitude et avec une angoisse évidente car ils savent que Lehman Brothers fera faillite ce jour-là.

    Techniquement, ils sont prêts. Pendant tout le week-end, leurs équipes ont travaillé d’arrache-pied pour recenser exhaustivement les relations d’affaires entre leur banque et le numéro quatre de Wall Street. Chaque établissement français publiera dans les 48 heures une « exposition » généralement de quelques centaines de millions d’euros devenue une perte sèche en l’espace d’un week-end. « Nous avons fait travailler nos équipes dès le samedi. Le dimanche, à 17 heures, nous savions exactement où nous en étions vis-à-vis de Lehman », précise Baudouin Prot.

    Mais au-delà des chiffres, en ce lundi 15 septembre, la place financière fait le grand saut dans l’inconnu. Ce matin-là, aucun banquier n’a encore vraiment l’intuition de la catastrophe à venir, ni de la rapidité avec laquelle la crise va franchir l’Atlantique. Baudouin Prot (BNP Paribas), Georges Pauget (Crédit agricole), Frédéric Oudéa (Société générale) et consorts ne pressentent pas davantage qu’ils vont devenir, sinon eux-mêmes du moins leurs institutions, les objets exclusifs du débat politique national et des négociations internationales pour des mois. « La planète finance a été précipitée dans la panique, bien au-delà de tout ce qu’on avait pu imaginer », résume aujourd’hui Baudouin Prot. « Jusqu’en janvier, on a vécu sur un volcan », se souvient l’un des acteurs de ce drame.

    Un an après la chute de Lehman Brothers, le 25 septembre 2009, le monde a rendez-vous à Pittsburgh, aux Etats-Unis, pour un sommet du G20 consacré à la remise en état du système financier mondial et avec un objectif : « plus jamais ça ». Parce qu’il n’est pas un chef d’Etat ni un grand argentier, ni bien sûr un banquier qui ne se souvienne de ces mois fous de septembre et octobre 2008, pendant lesquels le système financier mondial a failli s’écrouler.

    La crise de liquidité menace de se généraliser

    - 5%. Dès les premières minutes de cotation, le 15 septembre, l’atmosphère vire à la panique. Ce sera pire à partir de 15 heures, quand la bourse américaine aura ouvert à son tour. Mais la chute des actions n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le plus grave se passe à l’abri des regards du grand public, sur le marché « interbancaire », là où les banques trouvent leur carburant, l’argent, pour une journée, trois jours ou trois mois. Ce marché-là est atteint d’une dangereuse viscosité depuis l’été 2007 et le début de la crise des « subprime ». Ciblés par l’analyse financière ou par la rumeur, certains établissements sont déjà tombés en panne sèche : Northern Rock, Bear Stearns, et maintenant Lehman. Le 15 septembre, la crise de liquidité menace de se généraliser et cela met deux professions sur le pied de guerre. Les banquiers centraux d’abord, déclarent l’état d’urgence. En quelques coups de fil, la Fed américaine, la Banque centrale européenne (BCE), la Banque du Japon, celle de Suisse, d’Angleterre… mettent sur pied, le 18 septembre, une « facilité conjointe » : elles inondent de concert leurs banques respectives de ces dollars que l’on ne trouve plus ailleurs qu’à leurs guichets. « Bien nous en avait pris. Nous avions commencé quelques semaines plus tôt à explorer cette idée avec Timothy Geithner, alors gouverneur de la Fed de New York. Au cas où… », témoigne Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France.

    Les autres forçats du 15 septembre, ce sont les trésoriers des banques. Leur travail, en principe, c’est de « gratter » quelques points de base sur le prix auquel leur établissement emprunte sa matière première l’euro, le dollar… - sur le marché. Du jour au lendemain, le prix n’a plus d’importance. Ce qui compte, c’est de trouver l’argent. « Dans les jours qui ont suivi la chute de Lehman, tout le monde se refinançait au jour le jour. Cela a été un mois très difficile. Il faut se mettre à la place de l’opérateur qui a peur de ne pas trouver de quoi solder la journée », témoigne le patron du métier chez BNP Paribas, Dominique Hoenn.

    Les trésoriers ont une autre fonction : ils deviennent les vigies de leurs directions générales. L’opiniâtreté de l’une ou l’autre banque à trouver du cash, les prix pratiqués à l’égard de telle ou telle… « nous savions par le marché ce qui se passait, qui avait de vraies difficultés », se souvient Frédéric Oudéa, le patron de la Société générale. Lui garde un souvenir de la période finalement « moins éprouvant » que l’épisode de la fraude Kerviel traversée huit mois plus tôt par la Générale. « Cette fois, c’est tout le système qui était en stress ».

    L’assureur AIG est une bombe en puissance

    Le 15 septembre, tout se joue encore aux Etats-Unis. Outre Lehman Brothers, on sait que les travaux du week-end ont porté sur l’assureur AIG et sur une autre banque d’investissement, Merrill Lynch. Hank Paulson, secrétaire au Trésor américain, pompier face à un incendie hors de contrôle, ne dort plus. Il trouve quinze secondes pour prendre l’appel de la ministre française de l’Economie, longtemps américaine d’adoption. Christine Lagarde se fait la porte-parole d’une Europe encore spectatrice : « ne laissez pas tomber AIG ». L’assureur, parce qu’il a développé une activité monstrueuse de garantie financière, est une bombe en puissance. Il est nationalisé le 16 septembre, tandis que Washington garantit l’adossement de Merrill Lynch à Bank of America.

    Le feu se propage à toute vitesse. Après Bear Stearns (N°5), Lehman Brothers (N°4), Merrill Lynch (N°3), doit-on imaginer la chute de Morgan Stanley et Goldman Sachs ? Les actions plongent et Londres commence à trembler. Dès le 17, le sort de la banque HBoS, manifestement fragile, est confié à Lloyds TSB.

    Pour stopper la panique qui menace tout le système financier, il faut frapper vite et fort. Washington sort l’artillerie lourde. Le jeudi 18 au soir, la presse résonne des premiers échos du plan Paulson, imaginé en 24 heures. Les Etats-Unis vont mettre sur la table 700 milliards de dollars pour débarrasser les banques de leurs actifs « toxiques ». Après la tension accumulée, c’est l’euphorie. Le vendredi matin, la Bourse explose comme jamais (elle clôturera sur un + 9,27% historique). Baudouin Prot, qui partage son petit déjeuner avec quelques journalistes, laisse libre cours à son soulagement et pense que le pire est passé.

    Mais la nervosité reste extrême. Au cours du week-end, le plan Paulson est vivement attaqué. En France, François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Elysée, qui avait cru pouvoir passer le week-end en Savoie, se voit rappeler dare-dare à Paris par Nicolas Sarkozy. Ce dernier s’envole pour Washington, avec à l’agenda un G7 crucial, le lundi, puis un discours à la tribune de l’ONU, où le président français appelle de ses vœux un G8 de crise. De fait, les choses vont de mal en pis. Les marchés actions et interbancaire repartent en vrille. Gourou en sa matière, l’investisseur américain Warren Buffet parle d’un « Pearl Harbor économique ». Le système financier fait entendre des craquements de toutes parts. Et la crise franchit l’Atlantique.

    Aucun Français ne perdra un euro

    Les banques meurent de la crise de liquidités. Soit qu’elles n’en trouvent plus mais pour l’heure les banques centrales parviennent à alimenter le système soit que les clients les leur retirent. En cette fin septembre, les images des queues formées un an plus tôt devant les agences de Northern Rock hantent les esprits : on commence à redouter une panique des déposants, un « bank run ». « Un bank run se construit petit à petit mais se déclenche brutalement. Or, nous commencions à voir remonter du grand public les questions portant sur la solidité des banques », se remémore Christian Noyer. Chaque soir, Christine Lagarde organise une conférence téléphonique avec tous les banquiers de la place, pour faire remonter les informations sur l’état du marché interbancaire et sur les retraits des clients. Au Crédit agricole, le même dispositif est en place, avec un échantillon de caisses régionales qui sonde au quotidien l’angoisse des clients. Dans tous les réseaux, on surveille les dépôts comme le lait sur le feu. Dès le 25 septembre, Nicolas Sarkozy préfère prendre les devants et garantit au nom de l’Etat, lors du discours de Toulon, « qu’aucun Français ne perdra un euro ». Ceux qui jugèrent cette déclaration précipitée, voire alarmiste ont changé d’avis depuis. Pour le président français, et président en exercice de l’Union européenne, c’est le point de départ d’une séquence exceptionnelle. « Rarement l’action politique implique une telle succession de décisions, prises dans une telle urgence, avec un tel degré d’engagement de l’Etat et un tel impact sur les événements », commente François Pérol, avec un soupçon de nostalgie.

    Le vendredi 27 septembre, Fortis, groupe belgo-néerlandais craque. Le gouvernement belge tente pendant 48 heures de trouver une solution avant de nationaliser la banque. Et un nouveau candidat à la catastrophe, franco-belge cette fois, se présente : Dexia. « On savait que Dexia était la suivante. Il n’y avait qu’à regarder ses comptes quotidiens à la BCE », explique une source gouvernementale. « Mais Pierre Richard (président de la banque franco-belge) nous a encore assuré le samedi que tout était sous contrôle ».

    A Paris, les rumeurs vont bon train aussi sur la situation des Caisses d’épargne. On spécule sur l’état des liquidités du groupe et sur les besoins réels de Natixis, filiale partagée avec les banques populaires. L’Ecureuil peut-il tomber ? L’état-major du Crédit agricole planche sur l’hypothèse tout le dimanche, pour conclure que le morceau est trop gros, qu’on le considère sous un angle stratégique ou au nom de l’intérêt général.

    Panique des marchés après le rejet du plan Paulson

    A Bruxelles, une mission française est dépêchée. Le reste de l’équipe de crise - Elysée, Trésor, et Banque de France ainsi que quelques conseillers dont Michel Pébereau, le président de BNP Paribas - planche à Bercy. Mais c’est Nicolas Sarkozy qui rend les derniers arbitrages, à l’Elysée et à 5 heures du matin le 30 septembre. « On ne peut pas faire ça au téléphone », a estimé le président quand François Pérol l’a appelé en pleine nuit depuis le ministère de l’Economie. Pour Dexia, ce sera 6 milliards d’euros de capitaux publics, français, belges et luxembourgeois, et une garantie totale sur les financements, à la condition insiste-t-on à Paris qu’on change de patron. Pierre Mariani quitte son employeur BNP Paribas sur le champ pour Bruxelles, et n’en bougera plus pendant 6 semaines.

    La journée sera longue, ce mardi 30. Christian Noyer a trouvé un rasoir de dépannage, mais pas de cravate, pour assurer son interview sur RTL à 8 heures et malgré la nuit blanche. A l’Elysée, banquiers et assureurs ont été convoqués. Ils se font engueuler par le président, pour la forme. « De vrais petits garçons », témoigne un spectateur. « A ce moment-là, toutes les banques ne se rendaient peut-être pas totalement compte de l’ampleur du séisme », tempère le gouverneur de la Banque de France. La présence de Christian Noyer aide le courant à passer. La participation de la Banque de France était, dit-il, un « gage du sérieux des banques à remplir leurs engagements et facteur facilitant dans la relation de celles-ci parfois méfiante vis-à-vis du politique ». Ce jour-là, les marchés sont en panique : le Congrès américain a rejeté le plan Paulson. Il faut montrer à l’opinion la mobilisation des professionnels et des pouvoirs publics. Qui ira porter la bonne parole sur le perron ? Nicolas Sarkozy observe son tour de table. Ce sera Georges Pauget, le président en titre de la profession. Il n’est pas franchement à l’aise devant les caméras, mais le président lui « trouve un air rassurant ».

    Paris inaugure un format inédit de sommet, le G4

    La France s’inquiète, mais la situation est bien pire en Belgique, aux Pays-Bas, en Irlande, au Royaume-Uni. Chacun tente d’éteindre l’incendie à sa manière et avec les moyens du bord. La crise réclame d’urgence une coordination européenne. A Bruxelles, la Commission semble aux abonnés absents. Un boulevard s’ouvre pour la présidence française, et le goût de l’action de Nicolas Sarkozy. « La présidence française a été une grande réussite », témoigne aujourd’hui Baudouin Prot.

    Les sherpas de l’Elysée s’activent et Paris inaugure un format inédit de sommet, le G4, avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie. Les chefs d’Etat et de gouvernement s’engagent solennellement à soutenir leurs banques. Mais derrière leur unité, le débat fait rage sur les moyens à employer. L’Europe doit-elle créer un fonds pour racheter les actifs toxiques, et emboîter le pas aux Etats-Unis qui viennent d’adopter le plan Paulson ? Ou bien recapitaliser ses banques à coups de fonds publics. Angela Merkel se fait tirer l’oreille, mais tout au long de la journée la tension devient palpable dans le camp allemand, dont les représentants quittent régulièrement la table, le visage fermé. Quand elle repartira à Berlin, la Chancelière devra à son tour mettre le paquet pour sauver la banque HRE, un renflouement qui reste l’un des plus coûteux au monde à ce jour. Pendant ce week-end fou, les équipes de BNP Paribas ont elles repris le chemin de Bruxelles, pour réussir ce qu’elles ont échoué à conclure la semaine précédente : le rachat de Fortis. L’affaire est bouclée vers 23 heures le dimanche. Une folie alors que le monde s’écroule ? « Quand nous nous sommes lancés, nous ne savions pas que le quatrième trimestre serait aussi terrible. Mais nous savions que BNP Paribas était en bien meilleure forme que la grande majorité de ses concurrents et qu’il s’agissait vraiment d’une occasion unique de renforcer notre dispositif européen », explique Baudouin Prot. A l’époque, le directeur général de BNP Paribas ne se doute pas non plus qu’il lui faudra encore sept mois pour convaincre les actionnaires de la banque belge.

    Mariage en vue entre les Caisses d’epargne et les Banques populaires

    Le lundi 6 octobre matin, la Bourse ne parvient plus à digérer la masse de mauvaises nouvelles qui affluent. On perd encore 9% à Paris. Mais Charles Milhaud et Philippe Dupont sont à l’Elysée. Ils ont décidé de marier les Caisses d’épargne et les Banques populaires. Soudés par leur filiale commune Natixis, les deux groupes risquent d’aller dans le mur, car chaque jour qui passe rend plus difficile le financement de l’ensemble. Les pouvoirs publics exigent une opération rapide, craignant, à raison, que les négociations s’enlisent dans les dissensions. « Charles Milhaud et Philippe Dupont ont fait la tournée des popotes des autorités pour vendre leur fusion, avant d’appeler chacun de leur côté pour dégommer l’autre », témoigne un acteur du dossier. Puis, toute la profession a de nouveau rendez-vous à l’Elysée. « Nous avions tous conscience que tout le système pouvait basculer, à tout moment », se souvient Georges Pauget.

    « Vous avez vu ? Les banques centrales ont fait une baisse coordonnée des taux. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je crois que c’est important ». Karen est coiffeuse en banlieue parisienne, et depuis trois semaines, la crise financière est entrée dans son salon. Et si les grands argentiers de la planète ont effectivement sorti, ensemble, le bazooka, le mercredi 8 octobre, la situation devient critique. Le « bank run » menace chaque jour un peu plus, à mesure que l’opinion publique prend conscience de la gravité de la situation. « J’ai lu tous les journaux qui me tombaient sous la main. Il fallait quand même que je comprenne ce que c’était que ces fichus « subprime » ! », explique Estelle, médecin à l’hôpital. En France et ailleurs, on ne contente plus d’assister à la déroute des financiers, chacun s’inquiète maintenant de savoir s’il peut continuer de confier son argent à sa banque. « Dans les agences bancaires, cette période a été épouvantable », explique Georges Pauget.

    Le G4 n’était qu’une étape. Nicolas Sarkozy veut frapper plus fort, au niveau des Quinze de l’Eurogroupe, ou plutôt des Seize puisqu’il invite le Royaume-Uni. Il est conforté par le changement d’attitude d’Angela Merkel et le volontarisme de Gordon Brown. Le Premier ministre britannique a sorti de son chapeau le 7 octobre une recapitalisation massive de son système bancaire, assortie d’une garantie publique de ses financements à venir. Le trio donne le ton, et peut compter sur le soutien de la Banque centrale européenne. Entre Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Trichet, les vieux contentieux sont mis de côté.

    Echanges intenses entre la Fédération bancaire, Bercy et l’Elysée

    C’est à Paris que s’élabore la feuille de route européenne. La préparation de ce sommet-là ne peut pas s’embarrasser des multiples allers-retours de « draft » (projets de texte) entre les différentes capitales. Xavier Musca (directeur du Trésor), François Pérol, Stéphane Richard (directeur de cabinet de Christine Lagarde), Antoine Gosset-Grainville (chez François Fillon), Christian Noyer, travaillent sans relâche. Les patrons des banques françaises aussi, qui toute la journée du samedi 11 octobre travailleront ensemble, stylo à la main, sur la mise au point technique. Un moment rare, ponctué de fous rires. Pour une fois, il n’y a pas d’enjeu de compétition entre eux. « Nous étions tous tendus vers le même objectif, assurer la stabilité du système. Et, du point de vue des relations entre les personnes, entre nous, dirigeants de banques, c’est même paradoxalement une période dont je garde un bon souvenir ! », se remémore Georges Pauget. Entre la Fédération bancaire française, Bercy et l’Elysée, les échanges sont intenses, mais productifs. « La « mayonnaise » a plutôt bien pris, explique Frédéric Oudéa. Nous avons pu prouver que notre situation de liquidité à tous ne justifiait pas davantage d’implication de l’Etat ».

    Le même jour, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel aplanissent leurs différends à Colombey-les-deux-Eglises, et décident déjà que le lendemain, ils mettront tout le monde d’accord sur une « boîte à outils », un arsenal de mesures. Et chaque pays en déclinera sa version nationale dès le lundi. Et ce timing sera tenu ! Autant dire qu’en ce drôle de week-end, les usages de la diplomatie et de la République ont été oubliés.

    360 milliards d’euros de mobilisés

    Ainsi, pour mettre un chiffre sur le soutien de l’Etat aux banques, on fait l’addition de leurs éventuels besoin de financements sur un an. Va pour 360 milliards d’euros ! Ce qui pour l’Allemagne, au vu du poids économique des deux pays, doit faire … 400 milliards. Ce dont conviennent par simple SMS, en pleine réunion, François Pérol et son alter ego allemand. Il faut créer une société pour mettre en œuvre le refinancement des banques garanti par l’Etat ? Le Crédit agricole extirpe de son bilan une SA en sommeil… Cela évitera les procédures administratives pour créer la SFEF. Il lui faut un patron ? Thierry Coste, un retraité de la Banque verte, répond oui au pied levé. Plus « jouissif » encore, aux dires d’un acteur de cette course, il a fallu que le conseil d’Etat travaille le dimanche soir pour valider le projet de loi !

    « On a travaillé comme des brutes », témoigne une source gouvernementale. Le dimanche, mais aussi le lundi pour mettre au point le paquet français. Les journalistes ont été convoqués dans une annexe de Bercy à 17 heures. Mais le résultat se fait attendre. Ce n’est en effet qu’au dernier moment que la Commission européenne a été mise au courant. Pointilleuse sur les aides d’Etat, la commissaire Nelly Kroes sait qu’il y a urgence. Mais elle n’est quand même pas prête à donner en un coup de fil son feu vert à un plan de 360 milliards d’euros ! Un compromis est trouvé grâce à une réserve d’une ligne incluse dans le communiqué final.

    360 milliards mobilisés ils ne seront jamais intégralement dépensés dans un temps si court… le record est incontestable, à la hauteur du formidable enjeu de l’époque. Le tour de force réalisé alors, essentiellement par une poignée d’hommes, est d’autant plus remarquable que, comme le souligne un proche de l’exécutif, « le plan français n’a jamais dû, depuis, être revu ni corrigé ». Contrairement à ce qui a pu se produire à Washington, à Londres, à Berlin, cela a été une fois pour toutes… à l’exception notable, toutefois, du renflouement supplémentaire accordé aux Caisses d’épargne et aux banques populaires au printemps 2009.

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    JP Morgan a été accusé par ses concurrents de Wall Street d’avoir porté le coup final qui a poussé Lehman Brothers à la faillite ". Ces propos étaient tenus par le très respectable hebdomadaire londonien " Sunday Times " du 5 octobre 2008. Il faut replacer les choses dans leur contexte. Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers, quatrième banque d’affaires des États-Unis, présentait son dépôt de bilan. Certes, au cours du troisième trimestre de 2008, elle annonçait 3,9 milliards de dollars de pertes. Mais, selon le petit monde de Wall Street, Lehman Brothers disposait de 17 milliards de dollars d’argent frais chez JP Morgan, qui a refusé de les lui rendre. En d’autres termes, JP Morgan a étranglé Lehman Brothers.

    Dans son édition du 7 octobre, " Le Monde " présentait sa version des faits. Sous la plume de Marc Roche, il expliquait l’attaque de JP Morgan motivée par la tradition protestante et " antisémite " de cette maison contre une concurrente juive. Et le quotidien français de citer des faits : en 1948, selon lui, JP Morgan avait participé à un boycott mené par les pays arabes contre Israël et n’aurait effectué sa première transaction dans l’État hébreu qu’en 1996. Mais qui est derrière JP Morgan ? Nous avons enquêté pour vous.

    JP Morgan s’est constitué par l’achat et l’association à des banques américaines concurrentes. La saga commence en 1824 avec la création de la " Chemical Bank of New York ". A partir de 1851, la jeune entreprise fait plusieurs acquisitions dont celle de la " Corn Exchange Bank ", la " Texas Commerce Bank " et la " Manufacturer’s Hanover Trust Company ". Elle devient l’une des plus grosses banques du pays quand elle n’est pas, à plusieurs reprises, la première.

    Un autre organisme faisait cependant de l’ombre à la jeune entreprise : la " Chase Manhattan Bank ", la banque des Rockefeller, dirigée de 1969 à 1981 par David Rockefeller lui-même. Dans les années 90, cependant, la Manhattan connaît des difficultés et, en 1996, la famille la vend à la Chemical Bank.

    Dans un premier temps, la Chemical Bank, prend le nom de Chase Mahattan Bank. Ce choix signifie que les Rockefeller, par le biais des actions qu’ils conservent, restent très influents dans les structures de la banque. Aussi, quand en 2000, la Chase Mahattan Bank acquiert JP Morgan & Co et se donne ce nouveau nom, cela ne change pas grand-chose à la position et à l’influence des Rockefeller dans une banque qui reste discrètement " leur maison ".

    Néanmoins, nous avons voulu vérifier et avons exploré le conseil d’administration. Qu’on en juge ! Sur onze directeurs, trois appartiennent à la Trilatérale et trois au CFR, deux organismes fondés par les Rockefeller et aujourd’hui encore sous l’influence de David Rockefeller . Ce n’est pas tout. L’un des directeurs, Lee R. Raymond, a fait carrière dans les compagnies pétrolières Exxon et Mobil où les Rockefeller détiennent des intérêts considérables. Il exerce ses fonctions dans la banque depuis 1987 et n’a quitté Exxon-Mobil qu’en 2005, après la fusion des deux entreprises.

    On remarque d’autre part que neuf des directeurs sont aussi dirigeants d’une importante compagnie :

    * Crandall C. Bowles : présidente de Springs Industries Inc., (ammeublement)
    * James S. Crown : président de Henry Crown Company,
    (investissements)
    * William H. Gray : président de Amani Group, (relations gouvernementales)
    * Stephen Burke : Pt de Comcast Cable Communications Inc., (réseau de télévision par câble)
    * Laban P. Jackson : PDG de Clear Creek Properties,
    (construction de résidences)
    * William C. Weldon : PDG de Johnson & Johnson,
    (produits d’hygiène et de pharmacie)
    * David M. Cote : PDG de Honeywell International Inc.,
    (électronique)
    * David C. Novak : PDG de Yum, (restauration et alimentation).

    Noms auxquels il convient d’ajouter celui de Lee R. Raymond, pour Exxon-Mobil, dont nous avons déjà parlé, pour l’énergie fossile.

    Au passage, effectuant une recherche sur les noms des dirigeants de Comcast Cable Communication, compagnie citée plus haut, nous avons découvert, par exemple, que Judith Robin avait servi autrefois comme présidente de la Fondation Rockefeller.

    Ces informations nous permettent de comprendre deux choses. D’une part, l’omnipotence des Rockefeller dans le montage de la JP Morgan. D’autre part, que les directeurs membres du conseil d’administration, sont cooptés parmi les compagnies les mieux placées dans l’économie nord-américaine. Par leurs chiffres d’affaires, six d’entres elles sont en effet identifiées parmi les cent premières, d’après le classement de " Fortune Magazine ".

    La variété des activités de ces entreprises signale aussi une autre intention : regrouper autour de JP Morgan des activités de services et d’industries différenciées. De cette manière, l’ensemble s’organise comme un trust informel, contournant la loi antitrust (1) et organisant une concentration économique de " type congloméral ".

    Dans le même temps, JP Morgan continue d’absorber d’autres organisations financières, selon le modèle de la concentration horizontale et, le 16 mars 2008, acquiert Bear Stearns, cinquième banque d’affaires aux États-Unis. Puis le 25 septembre, alors que Lehman Brothers s’est effondré depuis dix jours, la direction annonce l’achat de la " Mutual Saving Bank " (Banque d’assurances mutuelles), première de son genre sur la place américaine.

    La crise, comprend-on, n’est pas mauvaise pour tout le monde. L’univers de la finance est une jungle peuplée de prédateurs qui se dévorent entre eux. Les bouleversements économiques sont, pour eux, l’occasion de s’enrichir. Mais ces affrontements se font-ils sur des lignes communautaris-tes, entre juifs et protestants, comme l’affirmait " Le Monde ", au début de cette page ?

    Retournons sur la composition du conseil d’administration. L’un des directeurs, James S. Crown, est issu d’une famille juive de Lithuanie immigrée aux États-Unis au début du XXe siècle. Six autres sont membres du " Business Council ", une organisation de chefs d’entreprises dont la création, en 1933, a été inspirée par un banquier juif, Sidney J. Weinberg. Un autre directeur, William H. Gray, milite pour sa part au sein de l’" America-Israël Friendship League ", ou Ligue d’amitié Israël-Amérique. Enfin, ombre qui hante les murs de JP Morgan, David Rockefeller a tant versé d’argent à Israël et aux structures caritatives juives, que les qualifier, lui et sa famille, d’antisémites résiste difficilement à l’analyse.

    Aussi, faire passer Lehman Brothers pour la victime d’une " shoah économique " relève du plus haut comique. En réalité, nous sommes confrontés à une crise financière dont profitent les fauves de Wall Street pour se régaler de la dépouille des vaincus. Dans ce jeu, il y a des juifs mais, perdants ou gagnants, ils ne sont pas les seuls. Reste à se demander jusqu’à quel point ces banquiers et ces courtiers ne sont pas les organisateurs de la crise. En tout cas, ce sont les honnêtes citoyens, vous et moi, qui payons.

    Note

    (1) Il s’agit d’une loi votée aux États-Unis en 1890. Voir " Les Responsables de la crise financière " :

    http://www.recherches-sur-le-terror…

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      En pleine crise, la banque Rothschild se porte bien ! Elle vient de signer un accord avec la Banque de Chine. En échange de 20% de ses actions, pour un montant de 236 milliards d’euros, elle entre sur le marché chinois.

      Cette affaire revêt une très grande importance. Depuis trois ans, nous avions des informations s’accumulant prouvant l’intérêt d’Israël et de la communauté juive mondiale pour ce pays en plein développement. Les États-Unis s’affaiblissant, dans la tradition de l’histoire du peuple hébreu, Israël et son environnement doivent trouver un nouveau protecteur. La Chine offre les qualités requises de richesse et de puissance en perspective. Quant au moyen de se rendre utile pour intéresser Pékin, il relève lui aussi de la tradition : la compétence de la communauté en matière bancaire, un domaine dans lequel les Chinois ont de plus en plus de besoins. Qu’en pleine crise, la Banque Rothschild fasse son opération de rapprochement avec la Chine, signifie qu’elle est dans le camp des prédateurs. Ce qui peut paraître fantaisiste aux yeux de certains aujourd’hui, sera confirmé dans les années qui viennent.

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