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Les soutiens de Coupat inquiétés

samedi 23 mai 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 mai 2009).

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Les soutiens de Coupat inquiétés

Tarnac . Les huit personnes arrêtées lundi ont été libérées sans être mises en examen.

C’est la saison des gardes à vue dans l’affaire de Tarnac. Et toutes se soldent sans la moindre mise en examen. Le 28 avril, Tessa Polak se faisait arrêter au volant de son véhicule, par des policiers l’arme au poing. Lundi, des habitants de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) et des jeunes Rouennais (Seine-Maritime) ont goûté à leur tour aux interrogatoires.

A Forcalquier, l’objet du délit est une photo. On y voit un tract du Comité de sabotage de l’antiterrorisme, brandi sous un interphone portant le nom de Bernard Squarcini, le patron du renseignement français. Narguer ainsi le numéro 1 des RG et de la DST, en montrant qu’on connaît sa résidence dans le Sud, a valu une garde à vue à l’auteur de la photo et à deux couples qui l’ont diffusée par mail. Motif : « menace de commettre un délit ou un crime ».

Les policiers marseillais sont venus cueillir lundi à Forcalquier François Bouchardeau, éditeur et fils d’Huguette, l’ancienne ministre de Mitterrand, et son épouse Johanna, ainsi que Samuel Autexier, qui édite la revue littéraire Marginales, et sa sœur Héléna. Puis Bruno Chiambretto, auteur de la photo, les a rejoints. Ils sont sortis libres mardi et mercredi. Le parquet de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), qui conduit l’enquête préliminaire, n’a pas décidé s’il y aura des poursuites.

Musclée. Par la voix de leur avocat, Me Olivier Lantelme, les interpellés se sont dits « abasourdis par le traitement qu’on [leur] a réservé, consternés par la méthode musclée employée, alors qu’il suffisait de [les] convoquer pour qu’[ils] viennent gentiment s’expliquer ». Membres de ce comité de soutien à Coupat prônant « le sabotage de l’antiterrorisme », ils ont reconnu, pour l’un, avoir pris la photo et pour les autres, l’avoir diffusée, mais « sans possibilité d’identifier le lieu, ni mention de l’adresse ». « En quoi cette photo, qui se veut ironique et n’a jamais été distribuée sur la voie publique, constituerait une menace ? » demande Me Lantelme, précisant que ses clients sont « non violents ».

Mais Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur (DCRI), a porté plainte. Et pour le parquet, « il faut bien que quelqu’un ait eu connaissance de l’adresse pour faire la photo ; et la diffuser, c’est diffuser le fait que l’adresse est connue ». Donc, éventuellement, créer une menace ? « Il n’y a matière à aucune poursuite », rétorque Me Lantelme.

Les cinq interpellés estiment être victimes de la même « disproportion de traitement » qui frappe à leurs yeux l’homme de Tarnac, et qu’ils dénoncent. « Veut-on étouffer le soutien à Julien Coupat ? Eux le vivent comme ça », dit leur avocat.

Les trois arrestations de Rouen ont aussi eu lieu lundi. Mathieu, mis en examen dans l’affaire, vit avec l’une des personnes arrêtées cette semaine. « Ils sont arrivés à 6 heures avec un bélier mais n’ont pas eu à s’en servir : la porte était ouverte. Ils ont mis sur le ventre la personne qu’ils cherchaient, l’ont menottée. On a été placés dans une pièce, au rez-de-chaussée. » Pendant ce temps-là, les enquêteurs perquisitionnent rapidement la maison.

La suite se passe à Levallois-Perret, dans les locaux de la sous-direction antiterroriste. Selon les enquêteurs, les trois étudiants (deux hommes et une femme) seraient des proches de Coupat. Ils se seraient rendus à Thessalonique, en Grèce, en septembre 2008, pour la Foire internationale. Julien Coupat s’y serait trouvé et aurait pu entrer en contact avec des autonomes allemands.

« Incessants ». Au terme des soixante-douze heures légales, l’avocate Dominique Vallès se rend en banlieue parisienne pour voir les jeunes qui ont été séparés : deux sont à Nanterre, le troisième à Levallois. Selon l’avocate, les interrogatoires « incessants » auraient porté sur leurs opinions politiques, leur manière de vivre. « Une jeune femme était dans une cellule avec une lumière blanche éblouissante. » Pour l’avocate, « il suffisait de les convoquer. Les gens ont des droits, aussi. » Ils ont été relâchés jeudi après-midi sans avoir été mis en examen. A Rouen, Mathieu s’interroge : « Leurs noms apparaissent dans la procédure comme une centaine d’autres. Est-ce que ça veut dire que tout le monde va être placé en garde à vue ? » Une amie des cinq de Forcalquier s’inquiète : « Bientôt, il faudra faire un comité de soutien au comité de soutien. »

GAËL COGNÉ et MICHEL HENRY (à Aix-en-Provence)

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