n°6 - Dossiers de Syrie - 08-07- 1ap - - N’oublions pas à quoi ressemble une « intervention humanitaire ».
Face aux ambitions hégémoniques de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.
Sa diffusion est un acte de
résistance.
Dénoncer
ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre
Les médias occidentaux dans leurs larges majorités ont de tout
temps accepté les versions de l'armée israélienne et ferment les oreilles aux
autres sources.
Dossiers de
Syrie
n°6
08-07
C.De broeder &
M.Lemaire
Le " Dossier de Syrie" est visible :
a)
sur nos blogs :
http://journaldeguerre.blogs.dhnet.be/
http://journauxdeguerre.blogs.lalibre.be/
b)
sur le site de Eva
Resis :
no-war.over-blog.com
c)
Et sur le site de Robert Bibeau :
http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
& http://boycottisraelinternational.com
d) sur le site : www.palestine-solidarite.org à cette adresse : http://www.palestine-solidarite.org/Journaux_Palestiniens.htm
NB
: Si vous vouleznous contacter ou obtenir le Journal par mail une
seule adresse
: fa032881@skynet.be
Sommaire
de la lutte pour la libération du territoire.
Tiré
à part : L'armée
américaine effectue, à présent, simultanément, des opérations aériennes,
dans 6 pays du monde... 1
Dossier 1-1 Jacques
Vergès : « En Syrie, il faut défendre l’Etat
actuel ! ». 2 Courrier des lecteurs &
trouvé
sur le net
& témoignage 2-1
Hala Jaber (Sunday Times) : oui, il y a des terroristes islamistes en
Syrie 2-2
Oussama Charabeh :
3
Analyse - Géopolitique
et stratégie –
Réflexion
3-1
Réseau Voltaire : La cohésion de la Syrie face à l’offensive
turco-occidentale. 3-2
Thierry Meyssan : Le plan de déstabilisation de la Syrie.
3-3
M.
K. Bhadrakumar :
Syrie en ébullition. -
Navire de guerre américain en Mer Noire. Annexe Maurizio
Matteuzzi : Guerres
étasuniennes : le coût. |
Tiré à part :
L'armée américaine effectue, à présent,
simultanément, des opérations aériennes, dans 6 pays du
monde...
1 Dossier
1-1 Jacques Vergès : « En Syrie, il faut défendre
l’Etat actuel ! ».
Infatigable
défenseur, judiciaire et politique, des résistants au Nouvel Ordre mondial,
Jacques Vergès, qu’on a vu récemment aux côtés de Roland Dumas dans Tripoli
bombardée, a bien voulu nous recevoir pour nous donner son sentiment sur ce qui
se passe ou pourrait se passer en Syrie. Une analyse sans complaisance de la
dérive morale et géopolitique de l’Occident américano-centré et un optimisme
raisonné sur l’évolution de la situation, en Syrie et
ailleurs.
-Tout d’abord, quelle est votre analyse de la situation en
Syrie ?
-Jacques
Vergès : Il y
a très clairement une tentative de déstabilisation extérieure de la Syrie. Dans
ce pays l’Arabie saoudite est à la manœuvre, via les groupes salafistes qu’elle
inspire et finance. Et, bien sûr, les Etats-Unis supervisent cette ébauche de
guerre civile. Israël, Etat frontalier et ennemi de la Syrie, et qui dispose de
services de renseignements et d’action assez performants, est selon moi
directement impliqué aussi. Et je n’aurai garde d’oublier le rôle moteur que,
joue, sur le plan diplomatique, la France pour discréditer et isoler le régime
syrien.
Je ne nie pas pour autant qu’il existe des problèmes sociaux en
Syrie. La France aussi connait de graves problèmes sociaux et l’on peut même
dire que la société française est confrontée à un certain nombre de blocages.
Mais les ennemis intérieurs et extérieurs de la Syrie baasiste font tout pour
jeter de l’huile sur le feu. Quant à moi, je suis très clairement un ami de la
Syrie telle qu’elle est.
-Quel
est selon vous le – ou les – ressort de l’attitude de Nicolas Sarkozy dans cette
affaire ?
-J.V. : Sur
un plan strictement idéologique, il y a l’incontestable philo-sionisme et
philo-américanisme de ce président, qui rêve d’être le meilleur élève européen,
ou le premier ex-aequo avec le Britannique David Cameron, de la « classe
OTAN ». Et l’on touche là à un aspect plus personnel et psychologique du
personnage : son désir pathétique de se hisser à ce statut d’homme d’Etat
qui joue dans la « cour des grands » de ce monde, statut qu’une large
majorité de l’opinion française semble lui dénier aujourd’hui. Et puis il y a
tous ces échecs intérieurs – économiques ou sécuritaires – qu’on essaye de faire
oublier aux électeurs par des roulements de mécanique guerrière ; c’est un
procédé vieux comme le monde politique.
Enfin il y a le lourd passif de la diplomatie française vis-à-vis
du printemps arabe, tunisien et égyptien : de Fillon passant ses vacances
aux frais de Moubarak à « M.A.M. » proposant à Ben Ali l’expertise
française en matière de répression policière, il y a là pas mal de choses à
faire oublier, le plus vite possible.
Et cela donne notamment cette guerre non avouée contre Kadhafi,
décidée dans la précipitation et sans objectif politique clair sur simple
injonction de Bernard-Henri Lévy, par-dessus l’épaule d’Alain Juppé et de Gérard
Longuet. Une politique aventureuse, qui ne pourra déboucher que sur le chaos, et
le gâchis de vies humaines et de richesses.
Et qui est déjà un échec, comme la guerre d’Afghanistan :
Kadhafi résiste, moins à cause de son armement supérieur que du soutien dont il
continue de bénéficier dans une large part de la population libyenne, et aussi
parce que les opposants soutenus à prix d’or par les Occidentaux font chaque
jour la preuve de leur vacuité, non seulement militaire mais
politique.
Face à cette résistance, les médias ressortent les bons vieux
bobards de la guerre psychologique : est-ce que vous avez entendu cett
pittoresque « information » diffusée sur nos télévisions ?
Kadhafi aurait distribué du viagra à ses soldats pour les inciter à violer les
femmes des rebelles ! Quand on en est réduit à ce type de propagande, c’est
vraiment que ça va mal !
-Pour
vous, l’action occidentale, en Libye comme en Syrie, est, en quelque sorte,
improvisée, mal pensée, vouée à l’échec. On s’attendrait cependant à moins
d’amateurisme de la part de l’administration américaine et de
l’OTAN…
-J.V. : Mais
voyez le gâchis inepte perpétré par les Américains en Irak depuis près de dix
ans : ils ont lancé une guerre sous des prétextes bidons pour abattre
Saddam Hussein, un « dur » du camp arabe face à Israël. Et après
d’innombrables victimes et de gigantesques dégâts, ils ont donné le pouvoir à la
majorité chiite, autrement dit à l’Iran, leur ennemi public n°1. C’est de la
grande géopolitique, ça ?
N’importe quel analyste ou connaisseur de la région aurait pu
prédire ce résultat à Bush et à sa clique néo-conservatrice ! Cette
situation ubuesque a inspiré au grand intellectuel américain Noami Chomsky cette
boutade un rien désabusée : « Je croyais qu’on était allé en Irak pour
lutter contre le fanatisme islamiste et on les a mis au
pouvoir ! »
Eh bien, c’est la même chose en Libye : on fait donner la
grosse artillerie contre Kadhafi, qui s’était cependant rapproché de l’Occident
– et que Sarkozy, naguère, avait reçu avec les égards qu’on sait – et on n’a
comme solution de rechange que des « bras cassés » impuissants et
infiltrés d’ailleurs par des islamistes radicaux, qui ne représentent au mieux
que la province de Cyrénaïque – et même là leur représentativité m’apparaît pour
le moins fragile. Et est-ce que la « détermination » française – ou
anglaise – résistera au premier hélicoptère, ou aux premiers commandos
terrestres, abattus ?
Et quant à la Syrie, si les Américains et leurs amis saoudiens
parvenaient à renverser le régime de Bachar al-Assad, ils livreraient le pays
ipso facto à des sectaires sunnites qui mettraient ce pays moderne à l’heure de
Ryad, ce qui à terme sera lourd de conséquences pour Israël et ses protecteurs
américains.
Cela dit, je reste optimiste, pour la Syrie et même la Libye. La
majorité du peuple syrien sait que c’est la guerre civile et la destruction de
leur pays que leur apporteraient les opposants officiels plus ou moins fantoches
des Américains et les groupes armés infiltrés sur le terrain. Les Syriens ne
veulent pas que leur pays devienne un nouvel Irak.
-Et
si le but de guerre des Américains et de leurs auxiliaires européens et arabes
c’était justement, à défaut de contrôler la Syrie, de la détruire, de la faire
revenir un demi-siècle ou plus en arrière, comme certains stratèges
d’Outre-Atlantique s’en sont vantés pour l’Irak ?
-J.V. : Mais
précisément l’exemple irakien montre que c’est une politique à courte vue, et
dangereuse pour les intérêts géostratégiques de Washington : l’Irak
aujourd’hui n’a jamais été aussi proche de l’Iran. Et la création de fait d’un
Etat autonome kurde dans le nord du pays a contribué à éloigner la Turquie des
Etats-Unis. On ne gagne rien à créer des situations incontrôlables, le chaos que
vous avez créé vous reviendra dans la figure tel un boomerang
géopolitique !
Et qu’aura gagné Miss Clinton quand des djihadistes paraderont
dans les rues de Tripoli, après celles de Benghazi ? Pour ce qui est de la
Syrie, je crois que l’appui dont continue de bénéficier le pouvoir de Bachar
al-Assad demeure l’obstacle le plus efficace contre les manœuvres
américano-israélo-saoudiennes.
-Donc,
en Syrie comme ailleurs, l’Occident pratique la fuite en avant, la politique de
la canonnière au jour le jour ?
-J.V. :
Exactement. Parce que l’Occident est malade. Economiquement. Politiquement. Et
surtout moralement. Pour moi, ces coûteuses gesticulations militaires, de Kaboul
à Tripoli en passant par Bagdad sinon Damas, sont comparables aux spasmes d’un
agonisant.
L’Amérique notamment est très malade, de son économie ruinée, de
sa dette colossale, de son dollar devenu une monnaie de Monopoly, de ses
escroqueries géantes à la Madoff. Et aussi de l’arrivée sur le « marché
géopolitique » de puissances émergentes, ou ré-émergentes comme la Russie,
la Chine, l’Inde, le Brésil.
Pour garder un semblant de légitimité morale et politique, et donc
un leadership mondial, on se fabrique un ennemi, un « Grand Satan »
comme dirait les Iraniens, qui fasse oublier aux opinions internes la faillite
imminente. Mais quel crédit moral accorder à des puissances qui pratiquent en
permanence le « deux poids, deux
mesures » ?
Pour nous en tenir au Proche-Orient, on bombarde Tripoli et on
menace Damas, quand on laisse Israël poursuivre, en dépit de résolutions
répétées de l’ONU, la colonisation et la répression sanglante, quand on laisse
les troupes saoudiennes réprimer au Bahreïn, autre pion américain dans le Golfe,
un mouvement populaire de contestation. On stigmatise le fanatisme iranien,
quand on s’appuie sur l’Arabie Saoudite théocratique pratiquant la forme la plus
sectaire et obscurantisme de l’Islam.
Je pourrais aussi vous parler longuement de la Côte d’Ivoire, où
la France, exauçant ainsi le choix américain, a décrété qu’Alassane Ouattara
était le gentil démocrate du film, et Laurent Gbagbo le méchant, alors que l’ONU
a fait la preuve des nombreuses exactions des troupes de Ouattara contre la
population civile, et du climat de terreur qu’elles ont instauré dans leur fief
du nord, pendant ces fameuses élections présidentielles. Et si on nous explique
que M. Ouattara ne contrôle pas ses troupes, c’est tout simplement un
incapable !
Je le répète, ces expéditions coloniales en Afrique et au
Proche-Orient – après les deux anciennes puissances coloniales, française et
britannique, sont en première ligne militaire et diplomatique en Afrique du Nord
comme dans l’ancien Levant – sont la preuve de la mauvaise santé de leurs
instigateurs.
L’Amérique est malade ? Et la France donc ! L’affaire
DSK illustre pour moi, la faillite morale et politique des élites
social-libérales, usées et corrompues ; et cette faillite morale s’ajoute à
la faillite des institutions et à celle de l’économie, sans oublier
l’insécurité : chacun voit que l’Etat français, qui bombarde Tripoli, est
incapable de faire entendre raison aux caïds de banlieue ! Qu’on s’étonne
ensuite qu’un président comme Sarkozy, dernier avatar de cette caste
gouvernante, cherche à se refaire une virginité et une stature sur le dos des
Libyens et des Syriens ! Imposture ! Imposture et spasmes de
mourant ! L’Occident risque bien de crever de son cynisme et de sa faillite
morale !
-Pour
finir, vous vous montrez plutôt optimistes quant à l’évolution de la situation
dans ces pays de la « ligne de front » ?
-J.V. : Oui.
Les Américains et leurs séides peuvent faire pas mal de dégâts – on le voit en
Libye, et en Afghanistan, ou encore au Soudan, on l’a vu en Irak et en
ex-Yougoslavie. Je ne crois pas qu’ils pourront avoir raison contre des peuples
et des nations : on le voit ou on le verra en Syrie, en Libye, en Egypte,
au Liban et en Palestine. En Syrie, il faut être vigilant face aux manœuvres de
déstabilisation et aux opérations de de
désinformation.
-Maître
Vergès, merci beaucoup !
Samedi
11 Juin 2011
dimanche 12 juin 2011,
par Comité
Valmy
2 Courrier des lecteurs &
trouvé
sur le net
& témoignage
Voici
la traduction d’un fort intéressant article de la journaliste anglo-libanaise
Hala Jaber, correspondante du journal britannique The Sunday Times et nommée
journaliste de l’année 2003 par Amnesty International. A peine arrivée en Syrie,
fin juin, elle a enquêté à Damas et dans le nord-ouest du pays, particulièrement
touché par les troubles. Tout en soulignant la brutalité inutile et meurtrière
des forces de l’ordre, elle pointe, et c’est un fait nouveau dans la presse
occidentale, la présence d’extrémistes armés (et barbus), agents provocateurs
s’employant avec d’assez gros moyens à faire dégénérer les manifestations au
départ pacifiques. Hala Jaber, s’appuyant sur des témoignages locaux, donne
notamment un récit détaillé des graves incidents survenus le 18 juin à Ma’rrat
al-Nu’man, ville du nord-ouest : on voit que les djihadistes y ont fait régner
la terreur, et ont versé le sang – alors que l’armée a fait profil bas, pour
éviter des incidents. Le récit de l’enlèvement d’un opposant modéré, Mohamed
Salid Hamadah, et des tortures et menaces qu’il a subi de la part d’extrémistes
sunnites fait froid dans le dos, et laisse supposer ce que serait le climat de
la Syrie si elle tombait dans leurs mains !
Encore
une fois, c’est, à notre connaissance, la première fois qu’une journaliste
occidentale rend compte d’une réalité dénoncée depuis des semaines par les
autorités syriennes – qu’Hala Jaber ne ménage d’ailleurs pas – mais niée ou tue
par la quasi-totalité des médias.
La
Syrie prise sous le feu croisé des
extrémistes
(les
intertitres, les phrases surlignées et la traduction sont de la rédaction
d’Infosyrie.fr)
Les manifestations pro-démocratie sont
infiltrées par des djihadistes armés, qui provoquent l’armée et suscitent des
fusillades meurtrières.
Ils sont venus par milliers marcher pour la liberté à Ma’rrat
al-Nu’ man, une petite ville misérable entourée de champs de camomille et de
pistaches dans la région troublée du nord-ouest de la Syrie. La manifestation a
suivi une routine devenue familière à tous ceux qui y participent chaque
vendredi depuis 11 semaines, et pourtant y participer cette fois requérait un
courage extraordinaire.
La semaine précédente quatre manifestants ont été
tués en tentant de bloquer la route principale reliant Damas et Alep, la plus
grande ville du pays. Et la semaine d’avant, quatre autres avaient été
tués.
Les habitants de Ma’rrat étaient à ce point furieux du sang versé par
les mukhabarat – membres de la police secrète -, que des intermédiaires avaient
proposé un accord aux deux camps. Quatre-cents membres des forces de sécurité
avaient été retirés de Ma’rrat, en échange de la promesse d’une manifestation
calme. Les forces restantes, 49 policiers et 48 réservistes, étaient confinés
dans une caserne près du centre-ville. Mais au moment où quelque 5 000
manifestants non armés parvenaient à la place principale, ils avaient été
rejoints par des hommes munis de pistolets.
« Des
types barbus et armés à bord de pick-ups »
Au début, les
chefs tribaux conduisant la marche ont pensé que ces hommes étaient venus armés
pour se défendre si jamais une fusillade éclatait. Mais quand ils ont vu
d’autres armes – des fusils et des lances-roquettes manipulés par des types
barbus à bord de voitures ou de pick-ups sans plaques d’immatriculation – ils
ont compris que des incidents étaient à venir.
La violence a éclaté alors que
les manifestants approchaient de la caserne, où les policiers s’étaient
barricadés. Quand les premiers coups de feu ont éclaté, les manifestants se sont
dispersés. Quelques policiers ont pu s’enfuir par une porte à l’arrière de la
caserne ; les autres se sont retrouvés assiégés.
Un hélicoptère militaire est
envoyé en renfort. « Il
s’en est pris aux hommes armés pendant plus d’une heure » a dit
un témoin, un chef tribal. « Il les a contraints à utiliser contre
lui le plus gros de leurs munitions pour soulager les policiers encerclés dans
le bâtiment. »
Certains des hommes armés ont été atteints
par les balles tirées de l’hélicoptère. Quand celui-ci s’est retiré, la foule
s’est mise à attaquer la caserne. Une fusillade enragée s’en est suivie.
Bientôt, quatre policiers et 12 assaillants étaient morts ou mourants. 28 autres
policiers étaient blessés. Leur caserne était mise à sac et incendiée, en même
temps que le tribunal et le poste de police.
Les policiers qui avaient
échappé à l’attaque du 18 juin ont été cachés dans les maisons des familles qui
avaient manifesté un peu plus tôt, selon le témoignage de ce chef tribal. Lui,
ses fils et ses neveux ont récupéré 25 hommes et les ont conduits jusqu’au QG de
la police d’Alep.
Vendredi dernier j’observais la dernière manifestation
pour la démocratie à Ma’rrat. Seulement 350 personnes étaient présentes, pour la
plupart des jeunes gens à moto qui fonçaient sur la grand-route vers une ligne
de blindés garés au milieu de bosquets d’oliviers. Parmi
ces irréductibles se trouvaient des militants barbus. Ils ont alors provoqué les
militaires à grand renfort d’injures, qui les ont accueillis avec un grand
stoïcisme. Les gens du coin m’ont dit que les blindés n’avaient
pas bougé depuis qu’ils avaient pris position 18 jours plus tôt.
La raison de
cette faible participation à la manifestation a bien été comprise par les chefs
tribaux qui avaient organisé les précédentes marches, et qui espéraient qu’une
réforme politique finirait par apporter l’argent du gouvernement à leur ville
oubliée de 100 000 habitants. Des milliers de gens ordinaires qui les avaient
soutenus préféraient désormais rester chez eux de peur que des éléments armés
provoquent de nouveaux affrontements.
Des infos faisant état d’hommes armés
tirant au milieu de manifestations dans au moins quatre villes semblent marquer
l’émergence d’une nouvelle source de trouble dans un pays déjà déchiré par trois
mois de troubles qui ont causé la mort de presque 1 400 personnes, et pas mal
d’inquiétude chez ses voisins, d’Israël à la Turquie.
Des activistes
interrogés la semaine dernière par le Sunday Times craignaient
que ces hommes en armes – dont un certain nombre de djihadistes – divisent
l’opposition et donnent aux forces de sécurité syriennes un prétexte pour
continuer à tire sur leur propre peuple.
« J’ai
entendu des officiels reconnaître leurs erreurs »
Je
suis arrivé à Damas mardi dernier, le premier journaliste occidental à entrer en
Syrie avec l’assentiment des autorités depuis que les troubles ont débuté. De
hauts responsables m’avaient promis que je pourrais me déplacer et travailler
librement.
Histoire de les mettre à l’épreuve, je me suis entretenu avec des
figures de l’opposition et des militants aussi bien qu’avec des membres du
gouvernement de Bachar al-Assad. J’ai trouvé un pays dont l’ardente population
est de plus en plus déterminée à assurer un changement, et dont les dirigeants
semblent ne pas savoir comment lui répondre.
Ce
n’est pas, je le précise, grâce à des sources gouvernementales que j’ai pu
établir la présence d’extrémistes, mais grâce à des personnalités de
l’opposition et à mes propres yeux.
Dans les souks et les
cafés de la vieille capitale, la vie et le travail continuent comme en temps
normal. Le fait nouveau qui m’a frappé c’est que, pour la première fois en 28
ans de visite en Syrie, j’ai entendu des officiels reconnaître leurs erreurs.
Les critiques allaient de la corruption gouvernementale jusqu’aux meurtres de
civils par les forces de sécurité.
« Ils ont vu des manifestants, par
centaines et par milliers, scander des slogans anti-gouvernementaux ou déchirer
des photos d’Assad – quelque chose qui il y a quelques mois seulement auraient
conduit les gens en prison – et ils réagissent de façon disproportionnée, en
tirant au hasard » reconnaît un un responsable de la
sécurité.
La tuerie pourtant a continué durant les manifestations de
vendredi, où 28 personnes ont été tuées, la plupart dans la ville de Kiswa, au
sud de la capitale. Deux autres y sont mortes lors de funérailles, et trois à
Damas. Les manifestants de Kiswa brandissaient un grand drapeau syrien pour
monter qu’ils associaient leur protestation et le patriotisme. Cinq jeunes gens
donnaient les slogans et selon, des témoins, l’atmosphère était presque, pendant
quelques brèves minutes, celle d’un carnaval. Mais en moins d’une demi-heure des
membres des forces de sécurité vêtus de blouson de cuir et armés d’AK 47 sont
arrivés. Les protestataires ont répondu en maudissant le nom de Maher al-Assad,
frère du président, décrié pour les pires atrocités commises pendant la
répression.
Les cris de « On n’a pas peur de vous
! » ont été bientôt recouverts par les tirs des Kalashnikovs et
des pistolets, selon un témoin. « En quelques minutes à peine j’ai vu 18
manifestants par terre, saignant abondamment » dit-il.
« J‘ai vu un enfant
couvert de sang. » Hassan Sheeb, un enfant de 13 ans, serait mort de ses
blessures peu après. Des hommes criaient « Oh mon dieu ! » tandis que
des femmes hurlaient aux fenêtres. « A un moment j’ai cru que je mourrais
et que je ne reverrai jamais ma famille » dit le témoin. « J’ai
entendu les balles et senti le gaz lacrymogène. C’était dur de vivre ça en
voyant trois jeunes gens baigner dans leur
sang. »
Les
images de ces manifestants ensanglantés emportés par leurs amis ont suscité
d’avantage d’émotion que des scènes identiques observées dans d’autres
pays du Proche-Orient pendant le printemps arabe. La Syrie a un
rôle central dans nombre des questions génératrices d’instabilité au
Proche-Orient. Alliée loyale de l’Iran, elle soutient le Hezbollah au Liban et
le Hamas dans la bande de Gaza. Le chaos en Syrie, qui a des frontières avec
l’Irak, le Liban, la Turquie, la Jordanie, et Israël, signifie le désordre dans
toute la région. La semaine dernière les Etats-Unis exprimaient leur
préoccupation à propos d’informations selon lesquelles la Syrie acheminait des
troupes sur la frontière turque, que plus de 12 000 personnes ont franchie pour
fuir les violences. Hillary Clinton a dit qu’à moins que les forces syriennes
cessent immédiatement leurs attaques, « nous verrions bientôt une escalade
militaire dans la région. »
Alors que les funérailles des 14
victimes de Kiswa se déroulaient hier, l’atmosphère restait tendue dans la
ville. Les manifestants rejetaient toute idée que des djihadistes armés aient pu
provoquer les les forces de sécurité dans des manifestations, ici ou n’importe
où en Syrie. « Le
régime continue d’affirmer que nous sommes des groupes armés, salafistes ou
criminels » dit un étudiant de 25 ans. « Je demande à tout le monde de venir et
de voir si nous brandissons un seul couteau, un seul bâton dans nos
manifestations. »
La
tragique mésaventure de Mohamed Hamadah
Certaines
personnalités de l’opposition ont de bonnes raisons d’être en désaccord avec le
régime. Mohamed Salid Hamadah, 44 ans, est un journaliste qui a été emprisonné
pour avoir critiqué le gouvernement. Hamadah et sa femme, Um Joud, comptaient
parmi les premiers protestataires à Damas. Le père d’Um Joud a passé 31 ans en
prison pour s’être opposé au père de Bachar, Hafez el-Assad, qui a dirigé le
pays de 1971 à 2000. Le mois dernier, Hamadah s’est rendu à Ma’rrat al-Nu’man,
sa ville, pour y observer le mouvement de protestation et il s’est aperçu qu’il
n’avait pas de chefs. Il a alors créé un groupe d’intellectuels à Damas pour
encadrer les manifestations et s’assurer qu’elles ne tombent pas sous la coupe
de militants armés.
Le 18 juin, jour de l’attaque de la caserne de Ma’rrat,
Hamadah a vu plusieurs grands véhicules sur la grand-route. Selon lui, chacun
contenait au moins six hommes en armes, certains parlant dans des
talkie-walkies. Après que les violences se fussent achevées, Hamadah se trouvait
en voiture près de la ville, vers minuit, quand un éclair aveuglant l’a forcé à
s’arrêter. Des hommes armés ont alors entouré le véhicule et lui ont demandé ses
papiers, puis lui ont passé un bandeau sur les yeux, lui ont lié les mains dans
le dos et les pieds ensemble et l’ont jeté dans le coffre d’une voiture. Après
un voyage de 28 minutes, il a été traîné dans dans un immeuble avec un escalier
très raide, pour être finalement informé qu’il se trouvait aux mains de la
« section des
interrogatoires révolutionnaires de Syrie. »
Hamadah dit
qu’il a été frappé dans le dos avec des câbles électriques et traité de
« chien » pour avoir
donné des consignes en faveur d’une protestation pacifique. » Tu dis au peuple de ne pas combattre
l’armée quand elle attaque » lui reprochait son interrogateur.
« Ce n’est pas l’armée
de la Syrie, c’est l’armée de Bachar, et nous voulons la brûler et la tuer par
le fer et par le feu. »
Hamadah a subi d’autres tortures. Du
plastique brûlé a été égoutté sur son dos, ses cuisses et ses hanches. On l’a
aussi électrocuté par ses doigts de pied. Parmi la liste des contacts de son
mobile, ses agresseurs ont trouvé le nom « George ». Ce qui lui a valu
une raclée supplémentaire pour avoir fréquenté « un infidèle chrétien, un croisé et un
porc ! » Hamadah
a été averti que s’il s’avérait être membre de la minorité alaouite qui
constitue l’élite dirigeante syrienne, sa petite fille serait découpée en
morceaux sous ses yeux. Finalement, il s’est retrouvé pendu la tête en bas
pendant que des électrodes étaient appliquées sur son dos et ses
fesses. »La douleur était effroyable et j’ai
hurlé puis perdu conscience, puis j’ai été ranimé avec de l’eau froide. Ils
m’ont forcé à rouvrir les yeux et ont jeté du sel
dessus. »
Au bout de sept heures Hamadah a été ramené à sa
voiture. Ce week-end il a résolu de continuer à travailler pour les opposants
pacifiques en dépit des menaces de ses ravisseurs qui, il insiste, étaient bien
des djihadistes. « Je
refuse pareille alternative pour mon avenir et celui de mes enfants
! » dit-il.
Le risque d’un regain d’activisme islamiste
préoccupe ceux qui ont vu des insurgés armés ou regardé des vidéos les montrant
en train de décapiter des membres des forces de l’ordre ou de mutiler leurs
cadavres. Certains analystes syriens pensent que la haine des extrémistes
sunnites pour les Alaouites et les chrétiens peut conduire à la fracture du pays
sur des bases religieuses, déclenchant ainsi une guerre civile sur le modèle de
celle qui a dévasté le voisin du sud, le Liban. Ce
qui est certain que la plupart des protestataires sont des gens ordinaires qui
n’ont rien à voir avec des extrémistes religieux, et que beaucoup de sang
innocent a été versé sans nécessité.
Au cours de la journée
la plus sanglante du soulèvement, voici trois semaines, au moins 58 personnes
ont été tuées par les forces gouvernementales dans la ville de Hama – théâtre en
1982 du massacre de 10 000 à 20 000 insurgés de la confrérie des Frères
musulmans, quand le père de Bachar était président. Selon des sources
officielles, les derniers tirs sont intervenus quand les forces de l’ordre ont
été prises en sandwich entre deux groupes de manifestants. Un responsable a
prétendu qu’après qu’un manifestant a tiré en l’air, les forces de l’ordre ont
reçu l’ordre de retenir leur feu. Mais quand d’autres tirs ont suivi,
objectivement dirigés contre elles, elles ont tiré sur la
foule.
Deux
jours plus tard, l’officier responsable de cette bavure a été arrêté avec 19
autres policiers. Ils sont toujours en prison, et Bachar al-Assad s’est dit
déterminé à ce qu’ils comparaissent devant un tribunal.
Lundi
dernier, dans sa troisième intervention depuis le début des troubles le 15 mars,
le chef de l’Etat a promis des réformes, un dialogue national, des modifications
dans la constitution et la punition des responsables corrompus. Presqu’un
million de partisans du régime auraient manifesté pour approuver ce discours,
tandis que le mouvement contestataire le rejetait catégoriquement. Et que
d’autres parlaient de changer le système mais pas nécessairement le
chef.
Au
contraire de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye et du Yémen, la Syrie n’a pas
vu la défection de membres importants de ses élites militaire, politique ou
diplomatique. Les analystes syriens ne voient pas de menace
immédiate sur le régime, mais l’incapacité a insuffler des réformes pourrait
encourager des éléments armés, dont les djihadistes, à exploiter la frustration
populaire. Les opposants plus modérés insistent sur le fait qu’ils ne
permettront pas que la sécurité intérieure du pays soit mise en péril de cette
façon.
Hala
Jaber, le 29 juin
(Publié dans le Sunday Times le 26 juin)
Le
colonialisme des temps modernes :
Sa
connaissance a la fois de la France et de la Syrie et les trois derniers mois
qu’il vient de passer dans ce dernier pays lui permettent de jeter un regard
critique sur les informations présentées à ce sujet par les médias, informations
dont le but manifeste est de manipuler l’opinion des Français et fabriquer un
consensus artificiel contre le régime syrien, étape décisive sur la voie d’une
intervention militaire. A
côté des Américains et des Européens, Oussama Charabeh pointe le jeu dangereux
d’une Turquie qu’on a cru peut-être un peu vite détachée de l’alliance
avec Washington et Tel Aviv… Le colonialisme des siècles passés a toujours eu pour but la
domination économique par le controle des matières stratégiques, les XXeme et
XXIeme siècles ne connaissent qu’une seule matière stratégique : le pétrole, qui
est abondant au Moyen-Orient. Mais il n’est plus acceptable aujourd’hui de
coloniser, non pas parce que les dirigeants des ex-colonies sont devenus plus
humanistes mais parce qu’ils tomberaient instantanément devant la pression de
leurs peuples. Le colonialisme doit donc se moderniser et revêtir un costume
plus coloré et plus doux pour obtenir le même résultat : ce costume à la mode ce
seront la démocratisation des pays du tiers monde, les droits de l’homme ou tout
prétexte suffisamment noble en apparence. Le garant des intérêts stratégiques
des USA au Moyen-Orient c’est Israël et il est tout simplement interdit à qui
que ce soit d’avoir les moyens de s’opposer à ce pays même s’il occupe nos
territoires et tue nos peuples. Tout Etat qui résiste à Israël ou qui a les
moyens de lui résister est donc un danger qui doit être écarté soit par
intervention directe sous prétexte humanitaire comme en Libye, soit par un
renversement de l’intérieur. La
Syrie s’inscrit dans ce schéma et, à cause de ses positions hostiles aux
ambitions impérialistes et coloniales d’Israël, n’a jamais été appréciée par les
administrations américaines et leurs alliés. La Syrie
a toujours été la cible de tentatives de déstabilisation par l’extérieur et
pendant les dix dernières années ces tenatatives ont été régulières et répétées,
surtout depuis le refus d’Assad de l’invasion de l »Irak et son soutien affiché
à toutes les résistances de la région. En 2004, l’assassinat du Premier ministre
libanais dont la Syrie fut aussitôt accusée sera le premier coup dur de la
décennie pour le régime de Damas. La résolution 1559 est adoptée par l’ONU et la
Syrie est la cible de sanctions américaines et européennes. En 2006, la guerre
du Liban a pour objectif de détruire la résistance libanaise et d’affaiblir le
régime syrien mais à la surprise du monde entier Israël est
vaincu. Les événements actuels s’inscrivent dans ce même schéma et les
Américano-sionistes profitent du courant de révolte qui traverse les pays arabes
pour forcer le changement en Syrie, ce malgré le peuple syrien. Tout indique une
manipulation extérieure dans les événements en
cours. La
main étrangère Les Américains n’ont pas attendu longtemps avant de revendiquer
leur implication dans la violence en Syrie. Le 2 Avril 2011, l’adjoint au
Secrétaire d’Etat américain au affaires étrangères déclare dans une conférence
de presse que « la Syrie
pourrait retrouver à nouveau son calme et sa stabilité si elle répond aux
exigences qui lui ont été transmises » . Les exigences en
question sont passées par les arrières-cours de la diplomatie mais elles ne sont
pas nouvelles. Déjà en 2003, lors de l’invasion de l »Irak, Colin Powell envoyé
de Bush, croyant que maintenant que l’armée américaine était aux frontières
syriennes Bachar al-Assad serait effrayé, avait débarqué a Damas avec une
feuille récapitulant les exigences américaines : ne pas soutenir la résistance
irakienne ; stopper tout soutien à la résistance libanaise ; fermer les bureaux
de la résistance palestinienne à Damas et enfin rompre les liens avec l’Iran. La
Syrie aurait pu devenir l’enfant gâté des Américains au Moyen-Orient si elle
avait repondu positivement mais c’aurait été au prix de son asservissement à la
volonté expansionniste et dominatrice d’Israël dans la
région. La déstabilisation de la Syrie et du Liban figurait sur l’agenda
israélo-américain et sur celui de l’Otan depuis ces dix dernières années : selon
le commandant général de l’OTAN l’Américain Wesley Clark, 2001 a vu la mise en
place d’un plan quinquennal pour envahir sept pays (en commençant par l »Irak
puis la Syrie , le Liban, la Libye, la Somalie et le Soudan) de la région et
redéfinir la carte du Moyen-Orient (Le Nouveau Moyen-Orient selon les termes de
l’alors Secrétaire d’Etat américaine Condolesa
Rice). Dans son livre « Gagner les guerres
modernes » le général Wesley Clark écrit ainsi
: « En novembre 2001 alors que je repassais
au Pentagone et en posant la question de l’Irak à un haut officier de
l’armée américaine, celui-ci me dit : » Oui nous sommes toujours en route
vers l’Irak ». Et d’ajouter avec un ton plein de désagrément : « Mais il y
a plus : ceci (l’Irak) a été discuté dans le cadre d’un plan plus général de
campagne contre sept pays: Irak, puis Syrie, Liban, Libye, Iran, Somalie et
Soudan. » Cette discussion a également été relatée par le général Clark dans
une émission télévisée : http://www.youtube.com/watch?v=SXS3vW47mOE&feature=player_embedded Il
est tout aussi légitime de se demander pourquoi les affrontements armés sont
intervenus dans des régions frontalières où il est plus facile de faire passer
des combattants, des armes, de la drogue et de l’argent : il y a eu
Daraa à la frontière jordanienne et israélienne, puis il ya eu Banyas et Tal
Kalakh à la frontière libanaise et enfin récemment Jisr El Shoughour à 10 km
seulement de la frontière turque. Ceci montre clairement à qui est de bonne foi
que ces rébellions armées avaient bien pour bases arrières des pays étrangers
frontaliers. Et pourquoi, au fait, ces événements ne se sont-ils pas produits
en même temps mais se sont au contraire succédés ? L’insurrection éclatait dans
une ville lorsqu’elle état jugulée par l’Etat dans la précédente, comme pour
signifier que quand les extrémistes sont neutralisés dans un point géographique
donné et quand leur ravitaillement est coupé sur une frontière, ils se dirigent
alors vers une autre frontière. L’objectif est donc de déstabiliser la Syrie et de provoquer un «
changement de régime » (traduire : pour implanter un régime soumis à Israël), ce
par une insurrection armée infiltrée par des extrémistes islamistes. Les
rapports sur des civils tués seraient utilisés pour légitimer une intervention
sous le volet « droits de l’Homme » et en invoquant le devoir de « protéger les
civils » : copie conforme de ce qui s’est déroulé – se déroule encore – en
Libye. D’ailleurs, sait-on qui sont ceux qui se battent contre l’armée
libyenne; ceux que les médias appellent indécemment des « révolutionnaires » ?
Sait-on d’où viennent leurs armes sophistiquées et leurs méthodes de combat en
Toyota à la Taliban ? Car oui, ces groupes sont encadrés et entraînés par des
combatants d’Al Qaida. Et puis sait-on enfin combien de civils les bombardements
de l’OTAN ont-ils tué ? Mais tout cela importe peu aux éditorialistes
pro-américains. Et puis, si ce principe de protection des civils, des droits de
l’homme et des droits internationaux est si important pour Sarkozy ou Obama
pourquoi ne les entend-on pas lorsqu’il s’agit des Palestiniens tués – ou
opprimés – par Israël ? Pourquoi ne les entend-on pas quand les résolutions de
l’ONU sont bafouées par Israël ? La
propagande, la désinformation et le pilonnage médiatique Toutes les preuves d’existence d’une rébellion extrémiste armée en
Syrie est systématiquement niée par les médias et agences de presse occidentales
et même certains médias arabes comme Al Jazeera ou Al Arabia qui ont deja perdu
leur crédibilité au Moyen-Orient. Les civils tués sont systématiquement imputés au compte du régime
négligeant toute preuve d’existence de tireurs embusqués tirant sur la
foule. Les massacres des hommes de l’armée et de ceux des forces de
sécurité sont régulièrement omis et lorsque les images montrent les militaires
massacrés et leur corps mutilés les médias mentionnent timidement l’événement
qu’ils expliquent par une fable qui insulte à l’intelligence de l’esprit humain
: la fable de l’armée tuant et mutilant les corps de ses propres sodats qui ont
refuseé de tirer sur la foule. Le 17 avril dernier, huit membres des forces de securite sont
égorgés dans un petite commune de la banlieue de Daraa. Le 8 Mai, 10 policiers
sont froidement égorgés à leur tour a Homs. Le 7 Juin, 120 militaires et
policiers sont attaqués dans leur caserne a Jisr Al Shoughour à la frontière
turco-syrienne et décapités après avoir été tués. Al Jazeera et la BBC ont
préféré parler alors de 120 manifestant pacifistes tués par les forces de
sécurité ! Toutes
les vidéos (sans exception) diffusées pour soutenir la thèse d’une révolution
populaire ne durent jamais plus de 15 secondes, c’est-à-dire pas suffisamment
pour discerner ce que dit réellement l’image ;
d’ailleurs souvent on ne voit que des pieds ou le ciel avec comme fond sonore
des cris. Puis les ingénieurs de son y ajoutent un slogan et finalement le
commentaire du journaliste, qui du reste, est bien habillé et a l’air honnête,
anéantit tout esprit critique ou doute quant aux images
montrées. Et finalement, quand la bêtise dépasse toute imagination, les
agences de presse s’excusent pour avoir commis des erreurs. Reuters, fin avril,
publie un communiqué officiel d’excuse pour avoir fourni des vidéos des
événements d’Irak ou du Yémen avec le sous-titre « a eu lieu en Syrie »
. France 24 diffuse un appel en direct d’une personne qui se fait
passer pour l’ambassadeur de Syrie à Paris, et annonçant sa démission en direct
en raison des atrocités commises. L’ambassadeur dément immédiatement et porte
plainte contre la chaîne. Enfin l’AFP reconnaît pour la première fois – bien
tardivement – la présence d’une rébellion armée en diffusant des photos le 18
juin. Que valent les excuses quand chaque image et chaque titre incitent
à plus de violence et à plus de sang versé, et encouragent les terroristes qui
se voient dotés des moyens médiatiques les plus puissants… et ce
gratuitement. La
Turquie : de l’ONU à l’OTAN ? Si les positions américaine et britannique n’ont surpris personne
car ces deux pays ont toujours été les premiers à soutenir les attaques contre
le régime syrien, et si la position clairement hostile du gouvernement francais
s’inscrit dans l’inféodation de Sarkozy à Washington, le choc est venu de la
Turquie qui, tel Judas, est passé du jour au lendemain du rôle d’ami fidèle à
celui de prédateur affamé. La dernière rébellion armée à Jisr al Shoughour, à la frontière
turque, a indéniablement reçu le support logistique des Turcs ainsi que le
montrent les équipements saisis sur les terroristes et leurs aveux : réseau de
télécommunication à disposition des rebelles, armes et fonds ont transité par la
Turquie. Des sources offcielles affirment que les tentes avaient été
plantées à la frontière il y a déjà deux mois pour accueillir les futurs
réfugiés. Ceux-ci étaient donc attendus et les Turcs participaient à la
préparation des ces événements. Pourquoi ? Dans le cadre de quel deal ont-ils
monnayé leur relation avec la Syrie ? Et comment la carte des réfugiés va-t-elle
être utilisée par Ankara et Washington ? Les réponses seront certainement connues dans les quelques
semaines a venir. Mais il est d’ores et déjà clair que la Turquie a toujours eu
la nostalgie de l »empire ottoman et de sa domination et nous avons sous-estimé
– ou enterré trop vite – l’alliance militaire de la Turquie avec Israël, son
appartenance à l’OTAN (sous hégémonie américaine) et son désir de devenir membre
de UE. Nos amis Turcs viennent d’ailleurs de se retirer du convoi humanitaire
d’aide à Gaza. Le revirement de la position turque et l’échec diplomatique
américano-européen après les vétos russe et chinois à l »ONU sur une
condamnation de la Syrie, l’acharnement de ces ex-puissances coloniales (France
et Grande-Bretagne) me poussent à penser que la Turquie pourrait être utilisée
comme base d’intervention de l’OTAN aux frontières
syriennes. La dénonciation incessante du sort des réfugiés syriens à la
frontière turque et l’exagération médiatique autour de ces derniers suggèrent
que le prétexte de l’OTAN utilisera pourrait bien être (comme en Libye) de
nature humanitaire. Les quelques semaines à venir seront donc
cruciales. Oussama
Charabeh, le
22 juin
http://www.infosyrie.fr/re-information/le-colonialisme-des-temps-modernes/ http://www.silviacattori.net/article1697.html
3-1 Réseau
Voltaire : La
cohésion de la Syrie face à l’offensive turco-occidentale. Malgré les immenses moyens de subversion financiers et médiatiques
et de renseignement, mis en place par les États-Unis, leurs alliés européens,
arabes et turcs, la situation en Syrie est repassée sous le contrôle du
gouvernement, avec la reprise en main par l’armée de la région de Jisr
al-Choughour, contrôlée quelques jours par des extrémistes armés (Voir
ci-dessous) et la poursuite des réformes politiques et administratives profondes
dont les résultats concrets commencent à se faire sentir. 25/06/2011 http://www.voltairenet.org/La-cohesion-de-la-Syrie-face-a-l
Réseau
Voltaire | Beyrouth (Liban) | 14 juin 2011
La tentative de renversement du gouvernement syrien ressemble par
bien des points à ce qui a été entrepris en Libye, cependant les résultats sont
forts différents en raison de particularités sociales et politiques. Le projet
de casser simultanément ces deux États avait été énoncé le 6 mai 2002 par John
Bolton alors qu’il était sous-secrétaire d’État de l’administration Bush, sa
mise en œuvre par l’administration Obama 9 ans plus tard, dans le contexte du
réveil arabe, ne va pas sans problèmes. Comme en Libye, le plan de départ visait à susciter un coup d’État
militaire, mais il s’est vite avéré impossible faute de trouver les officiers
nécessaires. Selon nos informations, un plan identique avait également été
envisagé pour le Liban. En Libye, le complot avait été éventé et le colonel
Kadhafi avait fait arrêter le colonel Abdallah Gehani [1]. Dans tous les cas, le plan originel a été revu dans le contexte
inattendu du « printemps arabe ». L’idée principale était alors de provoquer des troubles dans une
zone très délimitée et d’y proclamer un émirat islamique qui puisse servir de
base au démantèlement du pays. Le choix du district de Daraa s’explique parce
qu’il est frontalier de la Jordanie et du Golan occupé par Israël. Il aurait été
ainsi possible d’approvisionner les
sécessionnistes. Un incident a été créé artificiellement en demandant à des lycéens
de se livrer à des provocations. Il a fonctionné au delà de toutes espérances
compte tenu de la brutalité et de la bêtise du gouverneur et du chef de la
police locale. Lorsque des manifestations ont débuté, des francs-tireurs ont été
placés sur les toits pour tuer au hasard à la fois dans la foule et parmi les
forces de l’ordre ; un scénario identique à celui utilisé à Benghazi pour
susciter la révolte. D’autres affrontements ont été planifiés, chaque fois dans des
districts frontaliers pour garantir une base arrière, d’abord à la frontière du
Nord du Liban, puis à celle de la Turquie. Les combats ont été menés par des unités de petite taille,
composés souvent d’une quarantaine d’hommes, mêlant des individus recrutés sur
place et un encadrement de mercenaires étrangers issus des réseaux du prince
saoudien Bandar bin Sultan. Bandar lui-même est venu en Jordanie, où il a
supervisé le début des opérations en relation avec des officiers de la CIA et du
Mossad. Mais la Syrie n’est pas la Libye et le résultat y a été inverse.
En effet, alors que la Libye est un État créé par les puissances coloniales en
mariant de force la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzam, la Syrie est une
nation historique qui a été réduite à sa plus simple expression par ces mêmes
puissances coloniales. La Libye est donc spontanément en proie à des forces
centrifuges, tandis qu’au contraire la Syrie attire des forces centripètes qui
espèrent reconstituer la Grande Syrie (laquelle comprend la Jordanie, la
Palestine occupée, le Liban, Chypre, et une partie de l’Irak). La population de
l’actuelle Syrie ne peut que s’opposer aux projets de
partition. Par ailleurs, on peut comparer l’autorité du colonel Kadhafi et
celle d’Hafez el- Assad (le père de Bachar). Ils sont arrivés au pouvoir dans la
même période et ont usé de leur intelligence et de la brutalité pour s’imposer.
Au contraire, Bachar el-Assad n’a pas pris le pouvoir, et n’envisageait pas non
plus d’en hériter. Il a accepté cette charge à la mort de son père parce que son
frère était décédé et que seule sa légitimité familiale pouvait prévenir une
guerre de succession entre les généraux de son père. Si l’armée est venue le
chercher à Londres où il exerçait paisiblement la profession d’ophtalmologue,
c’est son peuple qui l’a adoubé. Il est incontestablement le leader politique le
plus populaire du Proche-Orient. Jusqu’il y a deux mois, il était aussi le seul
qui se déplaçait sans escorte, et ne rechignait pas aux bains de
foule. L’opération militaire de déstabilisation de la Syrie et la
campagne de propagande qui l’a accompagnée ont été organisées par une coalition
d’États sous coordination US, exactement comme l’OTAN coordonne des États
membres ou non-membres de l’Alliance pour bombarder et stigmatiser la Libye.
Comme indiqué plus haut, les mercenaires ont été fournis par le prince Bandar
bin Sultan, qui a du coup été contraint d’entreprendre une tournée
internationale jusqu’au Pakistan et en Malaisie pour grossir son armée
personnelle déployée de Manama à Tripoli. On peut citer aussi à titre d’exemple
l’installation d’un centre de télécommunication ad hoc dans les locaux du
ministère libanais des Télécoms. Loin de dresser la population contre le
« régime », ce bain de sang a provoqué un sursaut national
autour du président Bachar el-Assad. Les Syriens, conscients qu’on chercher à
les faire basculer dans la guerre civile, ont fait bloc. La totalité des
manifestation anti-gouvernementales a réuni entre 150 000 et 200 000
personnes sur une population de 22 millions d’habitants. Au contraire, les
manifestations pro-gouvernementales ont rassemblé des foules comme le pays n’en
avait jamais connues. Les autorités ont réagi aux événements avec sang-froid. Le
président a enfin engagé les réformes qu’il souhaitait entreprendre depuis
longtemps et que la majorité de la population freinait de peur qu’elles
n’occidentalisent la société. Le parti Baas a accepté le multipartisme pour ne
pas sombrer dans l’archaïsme. L’armée n’a pas réprimé les manifestants
—contrairement à ce que prétendent les médias occidentaux et saoudiens— mais a
combattu les groupes armés. Malheureusement, ses officiers supérieurs ayant été
formés en URSS n’ont pas fait preuve de ménagement pour les civils pris entre
deux feux. La stratégie occidentalo-saoudienne a alors évolué. Washington se
rendant compte que l’action militaire ne parviendrait pas à plonger à court
terme le pays dans le chaos, il a été décidé d’agir sur la société à moyen
terme. L’idée est que la politique du gouvernement al-Assad était en train de
créer une classe moyenne (seule garantie effective de démocratie) et qu’il est
possible de retourner cette classe moyenne contre lui. Pour cela, il faut
provoquer un effondrement économique du pays. Or, la principale ressource de la Syrie est son pétrole, même si
sa production n’est pas comparable en volume à celle de ses riches voisins. Pour
le commercialiser, il a besoin de disposer d’assets dans les banques
occidentales qui servent de garanties durant les transactions. Il suffit de
geler ces avoirs pour tuer le pays. Il convient donc de noircir l’image de la
Syrie pour faire admettre aux populations occidentales des « sanctions
contre le régime ». En principe, le gel d’avoirs nécessite une résolution du Conseil
de sécurité des Nations Unies, mais celle-ci est improbable. La Chine qui a déjà
été contrainte de renoncer à son droit de veto lors de l’attaque de la Libye
sous peine de perdre son accès au pétrole saoudien ne pourrait probablement pas
s’y opposer. Mais la Russie pourrait le faire, faute de quoi en perdant sa base
navale en Méditerranée elle verrait sa flotte de Mer Noire étouffer derrière les
Dardanelles. Pour l’intimider, le Pentagone a déployé le croiseur USS Monterrey
en Mer Noire, histoire de montrer que de toute manière les ambitions navales
russes sont irréalistes. Quoi qu’il en soit, l’administration Obama peut ressusciter le
Syrian Accountablity Act de 2003 pour geler les avoirs syriens sans
attendre une résolution de l’ONU et sans requérir un vote du Congrès. L’histoire
récente a montré, notamment à propos de Cuba et de l’Iran, que Washington peut
aisément convaincre ses alliés européens de s’aligner sur les sanctions qu’il
prend unilatéralement. C’est pourquoi aujourd’hui le vrai enjeu se déplace du champ de
bataille vers les médias. L’opinion publique occidentale prend d’autant plus
facilement des vessies pour des lanternes qu’elle ne connaît pas grand-chose de
la Syrie et qu’elle croit à la magie des nouvelles
technologies. En premier lieu, la campagne de propagande focalise l’attention du
public sur les crimes imputés au « régime » pour éviter toute
question à propos de cette nouvelle opposition. Ces groupes armés n’ont en effet
rien de commun avec les intellectuels contestataires qui rédigèrent la
Déclaration de Damas. Ils viennent des milieux extrémistes religieux
sunnites. Ces fanatiques récuse le pluralisme religieux du Levant et rêvent d’un
État qui leur ressemble. Ils ne combattent pas le président Bachar el-Assad
parce qu’ils le trouvent trop autoritaire, mais parce qu’il est alaouite,
c’est-à-dire à leurs yeux hérétique. Dès lors, la propagande anti-Bachar est basée sur une inversion de
la réalité. À titre d’exemple divertissant, on retiendra la cas du blog
« Gay Girl in Damascus » créé en février 2011. Ce site internet
édité en anglais par la jeune Amina est devenu une source pour beaucoup de
médias atlantistes. L’auteure y décrivait la difficulté pour une jeune lesbienne
de vivre sous la dictature de Bachar et la terrible répression de la révolution
en cours. Femme et gay, elle jouissait de la sympathie protectrice des
internautes occidentaux qui se mobilisèrent lorsqu’on annonça son arrestation
par les services secrets du
« régime ». Toutefois, il s’avéra qu’Amina n’existait pas. Piégé par son
adresse IP, un « étudiant » états-unien de 40 ans Tom McMaster
était le véritable auteur de cette mascarade. Ce propagandiste, censé préparer
un doctorat en Écosse, était présent lors du congrès de l’opposition
pro-occidentale en Turquie qui appela à une intervention de l’OTAN. Et il n’y
était évidemment pas en qualité d’étudiant [2]. Le plus surprenant dans l’histoire n’est pas la naïveté des
internautes qui ont cru aux mensonges de la pseudo-Amina, mais la mobilisation
des défenseurs des libertés pour défendre ceux qui les combattent. Dans la Syrie
laïque, la vie privée est sanctuarisée. L’homosexualité, interdite dans les
textes, n’est pas réprimée. Elle peut être difficile à vivre au sein de la
famille, mais pas dans la société. Par contre, ceux que les médias occidentaux
présentent comme des révolutionnaires et que nous considérons au contraire comme
des contre-révolutionnaires sont, eux, violemment homophobes. Ils se proposent
même d’instaurer des châtiments corporels, voire pour certains la peine de mort,
pour punir ce « vice ». Ce principe d’inversion est appliqué à grande échelle. On se
souvient des rapports des Nations Unies sur la crise humanitaire en Libye :
des dizaines de milliers de travailleurs immigrés fuyant le pays pour échapper
aux violences. Les médias atlantistes en avaient conclu que le
« régime » de Kadhafi doit être renversé et qu’il faut soutenir
les insurgés de Benghazi. Or, ce n’est pas le gouvernement de Tripoli qui était
responsable de ce drame, mais les soi-disant révolutionnaires de Cyrénaïque qui
faisaient la chasse aux Noirs. Animés par une idéologie raciste, ils les
accusaient d’être tous au service du colonel Kadhafi et en lynchaient quand ils
en attrapaient un. En Syrie, les images des groupes armés postés sur les toits qui
tirent au hasard à la fois dans la foule et sur les forces de l’ordre sont
diffusées par les télévisions nationales. Mais ces mêmes images sont reprises
par les chaînes occidentales et saoudiennes pour attribuer ces crimes au
gouvernement de Damas. En définitive le plan de déstabilisation de la Syrie fonctionne
imparfaitement. Il a convaincu l’opinion publique occidentale que ce pays est
une terrible dictature, mais il a soudé l’immense majorité de la population
derrière son gouvernement. Finalement cela pourrait devenir dangereux pour les
concepteurs du plan, notamment pour Tel-Aviv. Nous venons d’assister en
janvier-février 2011 à une vague révolutionnaire dans le monde arabe, suivie en
avril-mai d’une vague contre-révolutionnaire. Le balancier n’a pas terminé son
mouvement. Réseau
Voltaire | Beyrouth (Liban) | 14 juin 2011
[1]
« La
France préparait depuis novembre le renversement de Kadhafi »,
par Franco Bechis, Réseau Voltaire, 24 mars 2011. [2]
« Propagande
de guerre : la bloggeuse gay de Damas »,
Réseau Voltaire, 13 juin 2011 mercredi 15 juin 2011, par Comité
Valmy http://www.voltairenet.org:80/Le-plan-de-destabilisation-de-la
Un exercice naval américano-ukrainien n’a rien d'extraordinaire.
L'an dernier, un autre exercice avait déjà eu lieu. Mais, ainsi que Moscou l’a
soulevé, « En laissant de côté la question non réglée de la possible
architecture du bouclier antimissile européen, la Russie voudrait savoir, en
conformité avec les décisions du sommet de Lisbonne entre la Russie et l’OTAN
[Organisation du Traité de l'Atlantique Nord], quelle ‘contrariété’ a pu pousser
le commandement étasunien à déplacer de la Méditerranée vers l'Est la principale
unité de frappe du groupement régional de défense antimissile, formé par l'OTAN
dans cette région? » La déclaration du ministère des Affaires étrangères s’est
poursuivie en offrant sa propre explication selon laquelle le Monterrey a été
envoyé dans les eaux européennes dans le cadre de l'approche adaptative
progressive de l’administration américaine pour construire le segment européen
du bouclier antimissile global. La première étape de ce programme envisage le
déploiement d'un groupe de navires de guerre américains dans la mer Adriatique,
la mer Égée et la mer Méditerranée, afin de protéger l'Europe du Sud
d’éventuelles frappes de missiles. Cette déclaration a précisé que le rôle des
missiles des navires de guerre américains, dans les exercices anti-piraterie Sea
Breeze 2011, n’est pas clair. « Nous devons dire
que nos préoccupations continuent d'être ignorées et, sous couvert de
pourparlers sur la coopération européenne au regard du bouclier antimissile, des
efforts sont en cours en vue de construire la configuration du bouclier
antimissile, dont les conséquences sont dangereuses et à propos desquelles nous
avons informé nos partenaires américains et de l'OTAN », a ajouté la
déclaration russe. Les États-Unis affirment qu'il s'agit d'un exercice naval de
routine. D'un autre côté, Moscou interroge : « S'il s'agit d'une démarche
ordinaire, alors il est difficile de comprendre pourquoi un navire de guerre
avec ce type d'armement a été choisi pour manœuvrer dans cette région assez
sensible. » Il ne fait aucun doute que les États-Unis accentuent la pression
sur la flotte russe en Mer Noire. La provocation des Etats-Unis se déroule dans
le contexte de la crise en Syrie. La Russie bloque obstinément les tentatives
étasuniennes de racolage pour une intervention en Syrie du style de celle en
Libye. Pour Moscou, si les Etats-Unis veulent un changement de régime en Syrie,
c’est principalement pour obtenir la liquidation de la base navale russe dans ce
pays. La base syrienne est le seul point d’ancrage de la Russie en
Méditerranée. La flotte russe en Mer Noire dépend de sa base en Syrie pour
maintenir une présence effective en Méditerranée. Avec la création de bases
militaires américaines en Roumanie et l'apparition du navire de guerre américain
dans la région de la mer Noire, l'encerclement [de la marine russe] se
resserre. C'est un jeu du chat et de souris, où les États-Unis prennent le
dessus. Le régime dirigé par Bechar el-Assad est ostensiblement répressif,
puisque des massacres sont rapportés presque quotidiennement. Mais les
reportages occidentaux passent totalement sous silence l’aide extérieure
apportée à l'opposition syrienne. Personne ne s’intéresse à prouver ou à mettre
doute, par exemple, les circonstances dans lesquelles 120 personnes de la
sécurité syrienne auraient pu être tuées lors d’un seul « incident
». L'implication de l'Ouest, de l'Arabie Saoudite, des Israéliens et
des Turcs dans les troubles en Syrie est parfaitement limpide, mais il ne faut
surtout pas l’évoquer quand on parle de « la Syrie en ébullition ». Bref,
la Russie a perdu la guerre de l'information sur la Syrie. Désormais, son
dilemme est que, lorsqu’un processus de démocratisation louable se déroulera en
Syrie et que le « printemps arabe » y poussera de toutes ses forces pour
faire une apparition, l’on considèrera qu’elle fait une obstruction
illogique. Moscou a clairement fait savoir que la Russie ne tolèrera pas de
résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Syrie, quel que soit
son libellé ou son contenu. Elle a également voté contre la manœuvre occidentale
à l'Agence Internationale à l'Energie Atomique (AIEA), la semaine dernière,
d'ouvrir au Conseil de sécurité un dossier nucléaire sur la Syrie – semblable au
dossier iranien. Le dilemme de Moscou est de ne pouvoir expliquer ouvertement sa
version de l’agenda géopolitique des Etats-Unis vis-à-vis de la Syrie. Toute
explication de ce genre exposerait la vacuité de la réinitialisation
américano-russe, pour laquelle le Kremlin du président Dimitri Medvedev a
assidûment travaillé. Mais Washington ne va pas non plus laisser la Russie s'en
tirer. Il est certain que les Etats-Unis resserrent le nœud coulant autour du
cou d'Assad. En d'autres termes, les États-Unis veulent que la Russie laisse la
Syrie tranquille pour que l'Occident passe à l’attaque. Mais la Russie connaît
déjà la suite : un régime pro-occidental à Damas qui succèderait à Assad
fermerait sa base navale en Syrie. Les enjeux sont très élevés. L'an dernier, le directeur-adjoint du
renseignement militaire russe a été tué dans des circonstances mystérieuses
alors qu’il effectuait une tournée d'inspection de la base navale en Syrie. Son
corps a été retrouvé flottant dans la Méditerranée, au large de la côte turque.
Il est sûr que de nombreuses agences de renseignements sont profondément
impliquées dans le bouillon syrien. Tout d'abord, un changement de régime en Syrie est devenu
absolument essentiel pour briser l'isolement régional d'Israël. L'espoir
américano-israélien est que les reins du Hezbollah puissent être brisés et que
l'alliance syro-iranienne prenne fin, si le régime d'Assad est renversé à Damas.
Une fois encore, un changement de régime en Syrie forcerait la direction du
Hamas à quitter Damas. Khalid Meshaal, le chef du Hamas, vit à Damas depuis
plusieurs années sous la protection d’Assad. Par conséquent, tout mouvement sur le processus de paix
israélo-palestinien selon les conditions d'Israël ne sera possible que si les
États-Unis et Israël parviennent à convaincre la Syrie. Washington et Tel-Aviv
ont essayé de persuader la Russie de s'aligner et d'accepter leur «
défaite » en Syrie. Mais Moscou s’est accroché à ses idées. Et
maintenant, en envoyant ce navire de guerre dans la Mer Noire, les Etats-Unis
ont signalé qu'ils feront payer à la Russie son obstination et sa prétention à
être une puissance en Méditerranée et au Proche-Orient.Le résultat des élections
législatives en Turquie, assurant un nouveau mandat au parti « islamiste » au
pouvoir, l’AKP (le Parti de Justice et du Développement), renforce
considérablement la position américaine sur la Syrie. Ankara a durci sa position
envers Assad et a commencé à le critiquer ouvertement. On peut s’attendre à ce
que la Turquie, dans les semaines à venir, joue un rôle plus importun dans la
déstabilisation d’Assad et pour forcer un changement de régime à Damas.
L’ironie, c’est que la Turquie contrôle également le détroit du
Bosphore. En améliorant ses liens avec la Turquie, au cours des dix
dernières années, Moscou avait espéré qu’Ankara s'orienterait progressivement
vers une politique étrangère indépendante. Les attentes du Kremlin étaient que
les deux pays pourraient s’unir pour former un condominium sur la mer Noire.
Mais au fil des événements, il devient clair qu’Ankara revient à ses priorités
antérieures, en tant que pays de l'OTAN et partenaire de premier plan des
Etats-Unis dans la région. On ne peut blâmer Ankara : la Turquie a fait une
évaluation fine et a tiré un bilan concluant, selon lequel ses intérêts sont
mieux servis en s’identifiant avec la manœuvre de l'Ouest pour effectuer un
changement de régime en Syrie. En outre, Ankara estime rentable de s’identifier à l'approche
saoudienne vis-à-vis du bouleversement au Proche-Orient. Les riches Arabes des
pays du Golfe Persique, riches en pétrole, sont prêts à envoyer leurs «
billets verts » en Turquie. Ankara partage également les craintes
saoudiennes sur l’ascension de l'Iran comme puissance
régionale. En somme, les États-Unis sont lentement mais sûrement en train de
prendre le dessus avec leur agenda de changement de régime en Syrie. Moscou
cèdera-t-il à cette pression immense et acceptera-t-il de réduire son influence
en Syrie ? C’est la grande question. Moscou a menacé de coopérer avec Pékin et
d’adopter une position commune sur la Syrie. Mais la capacité de Moscou à
contrer le rouleau compresseur américain sur la Syrie s’affaiblit de jour en
jour. Le cours des événements sur la Syrie aura certainement un impact
profond sur la réinitialisation américano-russe. L'administration Obama semble
s’être bien documentée et a conclu que cela vaut la peine de prendre ce risque
pour assurer la sécurité d'Israël. Le navire de guerre qui a vogué sur la Mer
Noire porte le message sans équivoque adressé à la Russie, d'accepter de n’être
que l’ombre pâle de l'ancienne Union soviétique. M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les
services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Ses affectations incluent
l'Union Sovétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l'Allemagne, l'Afghanistan, le
Pakistan, l'Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie. 15/6/2011 Asia Times Online, le
14 juin 2011
Annexe
-
Le plan fomenté
contre la Syrie était pourtant élaboré avec beaucoup de minutie. Un document
britannique confidentiel, dévoilé par un Centre de recherches, révèle que le
président de la commission des Affaires étrangères au Sénat US, John McCain,
aurait demandé à ses conseillers de rencontrer des opposants syriens dans
plusieurs capitales, notamment à Londres, Paris et Istanbul, ainsi qu’aux
États-Unis, pour les encourager à s’organiser et à élaborer un plan qui va
crescendo pour déstabiliser et décrédibiliser le régime et le pousser à la
faute.
Le point fort de ce plan consistait à s’emparer d’une région puis à
constituer un petit fief sur le territoire syrien pour en faire le bastion des
insurgés et une tête de pont pour l’intervention de l’Occident. Il prévoit aussi
de trouver une figure, jeune de préférence, pour dénoncer les horreurs du
régime, Les opposants feraient de cette région « libérée » leur capitale, un peu
comme l’est Benghazi pour les rebelles libyens.
Ce plan a d’abord été mis en
œuvre à Deraa, une ville choisie en raison de sa proximité avec la Jordanie. Il
y a eu ensuite l’affaire montée en épingle du jeune Hamza Khatib, un adolescent
qui avait participé à une manifestation et qui a été retrouvé mort. Les médias
dirigés se sont saisis de l’affaire, assurant que le garçon avait été torturé,
alors que le médecin légiste et le père de la victime le démentaient fermement.
Devant l’échec du plan à Deraa, le choix s’est porté sur une autre zone,
frontalière du Liban celle-fois. À Tall Kalakh, des groupes armés ont pris le
contrôle de la ville et poussé les habitants à l’exode vers le Liban, pour créer
un « drame humanitaire » justifiant une intervention occidentale. C’est sous ce
prétexte humanitaire que l’Otan et l’Occident étaient intervenus dans le Nord de
l’Irak, au début des années 90, et en ex-Yougoslavie, à la fin de la même
décennie. Nouvel échec, en raison de la riposte vigoureuse mais ciblée de
l’armée syrienne, qui fait preuve d’une cohésion remarquable face aux menaces de
démembrement de la Syrie et de guerre civile programmée.
Après l’échec de
cette nouvelle tentative, les États-Unis et leurs alliés ont utilisé les grands
moyens, faisant entrer en scène la Turquie. Celle-ci a d’abord accueilli sur son
sol, à Antalya, non loin de la frontière avec la Syrie, une réunion d’opposants
syriens hétéroclites. Juste après la fin de cette réunion, une escalade sans
précédent a eu lieu sur le terrain, couronnée par la prise de Jisr al-Choughour,
non loin de la frontière turque. Mais dans cet épisode, les groupes extrémistes
ont montré leur vrai visage, massacrant 120 membres des forces de sécurité
syriennes, dont certains ont été décapités.
Les autorités turques ont
immédiatement monté un camp pour accueillir les réfugiés, facilitant l’arrivée
de journalistes du monde entier pour diffuser les images du « drame humanitaire
». Dans le même temps, la France et la Grande-Bretagne se débattaient au Conseil
de sécurité pour faire voter une résolution condamnant le régime syrien. Faut-il
des preuves supplémentaires pour montrer à quel point les parties de ce plan
sont synchronisées entre des acteurs régionaux et internationaux pour atteindre
l’objectif fixé qui est d’affaiblir la Syrie, voire de la démembrer, si possible
?
Les responsables turcs affirment, pour justifier leurs ingérences, que les
problèmes de la Syrie concernent la Turquie, les tissus sociaux des deux pays
étant extrêmement étroits, notamment par le biais des communautés kurdes et
alaouites. Mais leurs arguments humanitaires ne masquent pas leurs visées sur le
territoire syrien.
Face à ce troisième épisode, le régime syrien a réagi
avec un mélange de fermeté et d’ouverture, accélérant le processus de réformes
et décidant de reprendre le contrôle de Jisr al-Choughour. Il a aussi envoyé des
messages indirects à Ankara, affirmant qu’il ne tolèrerait aucune atteinte à la
souveraineté nationale.
Le bras de fer se poursuit donc, mais le régime
reste soudé, gardant l’appui des institutions, notamment l’armée, le parti Baas
et la classe commerçante et la grande masse des citadins.
Les stratèges de
Langley ont manqué d’imagination. Ils pensaient qu’ils pourraient reproduire
facilement le modèle libyen en Syrie. Mais c’était mal connaitre l’attachement
des Syriens à l’unité et la souveraineté de leur pays et ignorer à quel point le
sentiment national est ancré dans leur mémoire collective. Sinon, comment
expliquer le fait que trois mois après le début des troubles, et en dépit des
moyens énormes déployés, pas un seul officier, diplomates, hommes politiques ou
responsable du Baas, n’ait fait défection. Face à cette cohésion, les médias
dirigés ont été contraints d’inventer des histoires de dissidences, comme celle
de l’ambassadrice de Syrie à Paris, Lamia Chakkour, ou du pseudo-lieutenant
Abdel Razzak Tlass. De tristes histoires à dormir debout qui ne font l’honneur
ni à France 24 ni à Al-Jazeera.
La Syrie est un pays qui joue un rôle-clé
dans des dossiers cruciaux de la région, en Irak, en Palestine, au Liban, en
Jordanie et même en Turquie. Il ne sera pas facile de la faire tomber, même pour
les plus brillants stratèges israélo-US.
L’action militaire
La
guerre économique
La guerre médiatique
Le
ministère russe des Affaires étrangères choisit rarement un dimanche pour faire
une déclaration officielle. De toute évidence, une chose d'une extrême gravité
est survenue à Moscou pour que la Russie éprouve un besoin urgent de s’exprimer.
La provocation a été l'apparition d'un croiseur lance-missiles des États-Unis en
Mer Noire, venu y effectuer des exercices navals avec l'Ukraine. Le croiseur USS
Monterrey, équipé du système de défense aérienne AEGIS, participe aux exercices
conjoints entre les Etats-Unis et l’Ukraine, Sea Breeze 2011 [Brise de mer
2011].
http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Mer_Noire_Etats-Unis_Russie_Syrie_base_navale_changement_de_regime_130611.htm
article
original : "Syria on the boil, US warship in Black Sea"
http://atimes.com/atimes/Middle_East/MF14Ak02.html
"Première
question : les
Etats-Unis d’Amérique pourraient-ils vivre sans que quelque guerre n’alimentât,
surtout en temps de crise économique, leur puissant système
militaro-industriel ?
Seconde
question (ingénument rhétorique) : que pourraient faire les Etats-Unis
d’Amérique s’ils destinaient les colossales ressources économiques utilisées
pour les guerres à leurs problèmes sociaux ?
Questions qui surgissent à la lecture de l’étude
produite par l’Université Brown de Providence, dans le Rhode Island, de la
prestigieuse chaîne universitaire Ivy-league. On peut se reporter pour ce
faire au site de l’université : « Cost of war, 250.000 lives and up
to £4 trillion »[i] et sur le site du
quotidien londonien The Independant, qui y a consacré hier un article,
synthétisé ainsi : « La guerre au terrorisme s’apprête à dépasser le
coût de la seconde guerre mondiale ».
Le coût total pour l’Amérique ( !? pour les
Etats-Unis d’Amérique, NdT), des guerres post-11 septembre contre l’Irak et
l’Afghanistan, et des opérations militaires corrélées au Pakistan (genre
l’Opération Jeronimo contre -le présumé, NdT- Ben Laden), est en voie,
étant donné qu’elles ne sont pas encore finies, de dépasser les 4 trillions de
dollars (4 mille milliards)".
Suite en pièce jointe ; j'ai traduit cet article surtout pour
les chiffres rapportés, dont on peut penser qu'ils sont loin
d'exagérer le coût réel (surtout dans l'estimation du nombre de victimes
civiles) de ces guerres.
Voir
aussi un très bel article sur Le Grand Soir :
Guerres
de merde (Rebelion)
par Collectif « Luciano
Romero Molina ».
"Dans
ce qui est appelé « missions internationales », ceux qui meurent ce
sont ceux d’en bas, les pauvres types, les moins que rien.
Deux
soldats colombiens sont morts en Afghanistan cette semaine, l’un sous l’uniforme
de l’armée espagnole et l’autre sous l’uniforme de l’armée impériale des
Etats-Unis ».
[i]
NdT : voir exactement : http://news.brown.edu/pressreleases/2011/06/warcosts et, ne serait-ce que pour quelques photos, qu’on ne voit jamais,
de dévastations de la guerre à Bagdad : http://costsofwar.org/
Maurizio
Matteuzzi
http://www.legrandsoir.info/guerres-de-merde-rebelion.html
"
Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme - Article 19