Députés et sénateurs prolongent l’intervention française en Libye
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Après l’Assemblée nationale dans l’après-midi, le Sénat a voté mardi en début de soirée la prolongation de l’intervention française en Libye. La consultation du Parlement était obligatoire quatre mois après le début des opérations, le 19 mars, en application de la réforme constitutionnelle de 2008.
Au Palais-Bourbon, la majorité UMP et les députés socialistes se sont prononcés, comme prévu, en faveur de la poursuite des opérations mais ils pressent le gouvernement de dégager une solution politique au conflit. Plusieurs députés, à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan, ont protesté contre l’impossibilité de s’exprimer individuellement. Au Palais du Luxembourg, 311 sénateurs (UMP et PS) se sont prononcés pour, 24 contre, notamment les élus communistes.
Fillon : « Partout les Libyens libres gagnent du terrain ». Dès l’ouverture du débat à l’Assemblée, François Fillon a défendu le bilan de quatre mois de bombardements aériens, soulignant que « partout les Libyens libres gagnent du terrain ». Certes, le point de rupture n’a pas encore été atteint. Mais c’est maintenant qu’il faut être plus ferme que jamais, a fait valoir le Premier ministre. Une solution politique (…) commence à prendre forme ». Le chef du gouvernement a rappelé les moyens mobilisés depuis le mois de mars par Paris contre les forces du colonel Kadhafi : 4400 soldats engagés, dont 800 en métropole, 40 avions de combat, 8 navires et 18 hélicoptères d’attaque qui font de la France « le premier pays contributeur » de l’opération, au côté de la Grande-Bretagne.
Juppé : le départ de Kadhafi largement agréé. « Non seulement il n’y a pas enlisement en Libye, mais il y a progrès », a déclaré Alain Juppé aux députés. Les paramètres d’une solution politique sont, selon le ministre des Affaires étrangères, désormais « agréés par tout le monde », c’est-à-dire le départ de Kadhafi du pouvoir, un cessez-le-feu effectif et la constitution d’un gouvernement de transition. Est-ce que Kadhafi « doit rester en Libye, est-ce qu’il doit partir de Libye ? Ce sont des choses à discuter entre les protagonistes », a souligné le chef de la diplomatie. La France, a-t-il ajouté, travaille à l’après-Kadhafi et prépare notamment aux Nations unies la mise en place d’« une force de stabilisation internationale ».
Le PS souhaite que les « choses s’accélèrent ». Dénonçant le « retard à l’allumage » du gouvernement pour soutenir les mouvements de contestation dans le monde arabe, le socialiste Bernard Cazeneuve a souhaité « que les choses s’accélèrent sur le plan diplomatique et politique pour dégager la bonne issue ». Le député PS a émis en revanche « la plus grande réserve » sur le parachutage d’armements par la France début juin aux insurgés, qui contribue « à la dissémination des armes ». Il s’est également interrogé sur le financement des Opérations extérieures des armées françaises (Opex), pour lequel 630 millions d’euros ont été prévus lors du vote du budget 2011, mais dont le coût devrait selon lui atteindre un milliard d’euros
482 voix pour. En tout, 482 députés ont voté pour que ce soit dans les rangs de l’UMP, du Nouveau centre ou du Parti socialiste, François Bayrou et Jean Lassalle (MoDem), ainsi que les deux élus villiéristes Véronique Besse et Dominique Souchet et l’ex-villepiniste Daniel Garrigue. Les écologiste Noël Mamère et François de Rugy ont, eux aussi, approuvé la poursuite de l’engagement militaire. Tous considèrent qu’un arrêt des opérations aujourd’hui permettrait aux forces du colonel Kadhafi de reprendre le terrain perdu face aux insurgés. Majorité et opposition ont en revanche souligné l’importance de parvenir rapidement à une solution politique.
27 députés contre. Communistes, écologistes (sauf Mamère et Rugy) et autres membres du groupe GDR (écologistes, Parti de gauche…), ils étaient 27 à voter contre la poursuite de l’engagement militaire français. Par la voix de Jean-Jacques Candelier, les communistes estiment que « le président de la République a réduit les relations diplomatiques de la France à des relations commerciales ». Parmi les opposants figurent aussi le socialiste Henri Emmanuelli, ancien président de l’Assemblée nationale, le député UMP Jean Bardet, l’ex-UMP René Couanau et le président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan. « C’est un fiasco qui va coûter une fortune au contribuable français », a commenté ce dernier.
Abstentions. Sept socialistes, dont le maire de Toulouse Pierre Cohen et le chevènementiste Christian Hutin, se sont abstenus et 42 n’ont pas pris part au scrutin. A l’UMP, cinq n’ont pas pris part au vote, tout comme au Nouveau Centre
La Libye regrette ce vote. Sitôt le résultat du vote connu, le porte-parole officiel de la Libye, Moussa Ibrahim, a « regretté » le vote des élus français. « Nous aurions souhaité que les représentants du peuple français examinent le situation en Libye d’une manière réaliste, en ne tenant pas compte des mensonges du gouvernement et des médias », a-t-il expliqué.