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L’Afghanistan - un problème commun russo-américain

mercredi 8 juillet 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 juillet 2009).

http://fr.rian.ru/analysis/20090629…

29/ 06/ 2009

Par Vladimir Evseïev, du Centre de sécurité internationale de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales, spécialement pour RIA Novosti

A notre époque, il est tout à fait déraisonnable et, parfois, tout simplement impossible d’assurer sa propre sécurité en se guidant uniquement sur ses intérêts nationaux. Cela vaut tout particulièrement pour l’Afghanistan qui est, au fond, le seul endroit où les intérêts de la Russie et des Etats-Unis non seulement ne se heurtent pas, mais coïncident même dans une grande mesure. Le thème afghan sera l’un des problèmes majeurs qui seront débattus par les présidents russe et américain lors de leur rencontre, qui aura lieu dans une semaine.

Malheureusement, les experts russes ne se rendent pas toujours compte qu’il ne peut y avoir ici de jeu à sommes nulles, et que le retrait anticipé des troupes américaines d’Afghanistan créerait une menace réelle pour les intérêts nationaux russes dans une région d’importance stratégique de l’Asie centrale.

Les Américains se trouvent en Afghanistan depuis déjà sept ans, mais ils n’ont toujours pas réussi à changer radicalement la situation dans le domaine de la sécurité. La nouvelle administration américaine a déjà annoncé que le règlement du problème afghan était pour elle une priorité. Elle prévoit, dans cette optique, d’instaurer des relations avec la frange modérée de l’opposition afghane et d’accroître son aide économique, tout en augmentant les effectifs des troupes américaines. Cela entraînera une augmentation du transport de fret, tant militaire que non militaire. Mais l’intensification de l’activité de la branche pakistanaise des talibans pose un problème : les Etats-Unis et leurs alliés perdent chaque mois jusqu’à 200 camions sur le territoire du Pakistan.

Les Etats-Unis ont déjà conclu des accords sur le transit du fret non militaire avec la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Depuis mars dernier, pour acheminer ces cargaisons par le rail jusqu’en Afghanistan, ils utilisent l’itinéraire du Nord, passant par la Lettonie, la Russie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Autant dire que Moscou aide réellement Washington à régler le problème afghan.

Mais la Russie pourrait faire bien plus en autorisant le transit du fret militaire américain par son territoire.

Comme deuxième étape du partenariat russo-américain concernant l’Afghanistan, on pourrait donc poser la question d’un accroissement substantiel du transit des cargaisons via l’itinéraire du Nord. Mais ce sera impossible sans créer auparavant une infrastructure appropriée au Kazakhstan et en Ouzbékistan, l’infrastructure actuelle étant très vétuste. Et il faudrait investir dès à présent.

Certes, il serait également possible d’acheminer les cargaisons américaines jusqu’en Afghanistan via le territoire de la Géorgie. Mais, dans ce cas, il faudrait créer (ou moderniser) les terminaux de transport sur le littoral de la Caspienne et effectuer un double transbordement. Ensuite, tout dépendrait de l’itinéraire de transport, mais, de toutes manières, il faudrait utiliser des voies ferrées vétustes. Une fois que sera créé le corridor de transport Bakou-Tbilissi-Akhalkalaki-Kars, la vitesse d’acheminement du fret américain dans le secteur caucasien sera plus élevée. Mais, même dans ce cas, il faudra traverser la Caspienne et transporter ensuite le fret jusqu’en Afghanistan, ce qui posera toujours un problème. Par conséquent, l’itinéraire caucasien ne constituera demain qu’un appoint.

La situation concernant la fermeture de la base aérienne de Manas au Kirghizstan mérite d’être examinée à part. Par cette base transite une partie importante du fret américain, et elle assure le ravitaillement des avions qui approvisionnent les forces coalisées en Afghanistan. Jusqu’à ces derniers temps, les dirigeants kirghiz avaient insisté pour que cette base soit fermée avant le 18 août prochain. Mais, dans le même temps, probablement avec la participation informelle des Russes, des négociations étaient menées afin que Manas puisse continuer à être utilisée comme base américaine d’approvisionnement logistique. Finalement, la création, dans ces lieux, d’un Centre de transit du fret, conservant l’infrastructure de transport, a été annoncée le 22 juin. Le maintien d’un centre de transport permettant de ravitailler les troupes stationnées en Afghanistan a créé un climat favorable pour la discussion du problème afghan, dans le cadre de la prochaine rencontre de Moscou entre les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev.

Bref, avec l’Afghanistan s’ouvre une nouvelle « fenêtre de possibilités » dans les rapports entre la Russie et les Etats-Unis, et il serait tout simplement inadmissible de ne pas en profiter. Chaque partie est bien consciente qu’elle ne pourra régler ce problème en agissant séparément. Et la menace que représentent l’islam radical et le trafic de drogue émanant de l’Afghanistan est suffisamment réelle pour que nous ayons une chance réelle de créer ici un espace commun de sécurité, fût-il régional.

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