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En France, Frantz Fanon dérange encore

dimanche 4 décembre 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 4 décembre 2011).

http://www.elwatan.com/weekend/idee…

Il est devenu Algérien par amour pour ce peuple.

Mardi 6 décembre 2011 marquera le 50e anniversaire de la mort de Frantz Fanon. En Algérie, comme en France, la mémoire de l’homme est devenue parfois controversée.

Considéré par les uns comme un « monument », par d’autres comme un « simple écrivain », Frantz Fanon gêne encore en France. Durant la guerre de Libération, ses ouvrages étaient saisis par la police et aujourd’hui, peu osent évoquer ouvertement l’homme et son œuvre. Même dans sa terre natale, la Martinique, Frantz Fanon dérange, lui, le chantre de l’anticolonialisme et des indépendances totales, alors que sa terre natale est pleinement département français, donc correctement « assimilée ». Les lycéens français ne le connaissent que très peu puisqu’aucun de ses textes n’est étudié en classe, à l’image de son compatriote et ami Aimé Césaire. Pour la France « bien-pensante », Césaire est resté du bon côté, mais Fanon…

« Je n’ai que très peu entendu parler de Frantz Fanon, confie Amélie, lycéenne en terminale littéraire, d’autant que même mon professeur de lettres a dû bien se renseigner avant de me fournir quelques informations sur lui. C’est vraiment dommage qu’en 2011, on doit être encore soumis au “politiquement correct”, lors de l’évocation de certains écrivains. Tout ça, parce qu’il a milité pour l’indépendance de l’Algérie, mais même cette guerre ne nous concerne plus, maintenant. Parfois, j’ai l’impression qu’elle n’est pas encore terminée… » Frantz Fanon serait même considéré comme dépassé, tant le mouvement dit « tiers-mondiste » paraît lui-même démodé.

Mal aimé

Frantz Fanon est ce mal aimé de la littérature francophone qui serait totalement oublié si les éditions Maspéro, puis La Découverte, n’avaient pas mis ses textes au goût du jour. La Fondation Frantz-Fanon tente à sa manière de ne pas laisser le « père » de Peau noire, masques blancs sombrer dans l’oubli. Créée en 2007, la Fondation a pour présidente la propre fille de Fanon, Mireille Fanon-Mendès-France. Depuis, elle s’efforce de maintenir la mémoire, de rendre au Martiniquais de naissance et l’Algérien d’adoption la place qui lui revient au panthéon des grands hommes du XXe siècle. « Il était un homme indivisible et ne saurait être réduit à une dimension particulière des luttes », a-t-elle dit lors d’une journée d’études intitulée « Lire Fanon, aujourd’hui », tenue à l’université Paris III. « Il a été antiraciste au nom de l’universalité et anticolonialiste au nom de la justice et des libertés. »

Même si le chemin pour une reconnaissance pleine et entière est encore long, Frantz Fanon suscite de plus en plus d’intérêt sur les terres même de l’ancienne puissance colonisatrice. Selon Mireille Fanon-Mendès-France, « en Afrique, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique, Fanon apparaît aujourd’hui comme plus actuel que jamais. Il fait sens pour tous les militants de la liberté et des droits humains, car l’émancipation est toujours l’objectif premier des générations qui arrivent à l’âge de la maturité politique. » Noël Boussaha

1 Message

  • En France, Frantz Fanon dérange encore 4 décembre 2011 15:52, par yo

    Il est un monument pour ceux qui n’ont pas peur de pousser les critiques et les analyses révolutionnaires et anticolnialistes jusqu’au bout. Malheureusement la molle gauche bourgeoise parfumée d’humanisme à l’eau de rose socialiste a trop peur de perdre ses privilèges de dominant. S’il est bon goût de parler d’égalité, d’autodétermination et de libération des peuples, il ne faut pas que ça aille trop loin, on aurait trop à y perdre.

    A l’heure de l’impérialisme galopant de l’OTAN, à l’heure de la tentative désespérée du système de grappiller ci et là ce qu’elle peut encore gratter au fond des poches poussiéreuses des damnés de la terre, et à l’heure des dites révolutions arabes qui sont l’actuel terrain d’action de ces Attila des temps modernes, Fanon ne peut que déranger.

    Ses ouvrages, critiques politiques radicales puisqu’issus d’analyses psychiatriques de terrain dans le camp des colonisés Algériens en pleine lutte d’indépendance, sont d’une justesse implacable, d’une profondeur certaine, et finalement d’une violence troublante. Mais cette violence, il l’explique scientifiquement car c’est ainsi qu’il la observée par un suivi médical conventionnel que nul ne peut lui dénier. C’est ainsi que son analyse finit par refuser toute forme de réformisme bidon, pour admettre le la valeur unique d’une révolution radicale des peuples colonisés à la recherche de sens.

    Aujourd’hui, Fanon donne raison à l’anarchisme de la place Tahrir face au simulacre de démocratisation qu’on lui oppose. Il donne raison à tous ceux qui sont prêt à tout donner pour la révolution du peuple, à Occupy Wall Street, au peuple de Bahreïn, mais aussi à ceux qui s’opposent à la recolonisation de leur souveraineté en Libye et en Syrie.

    Frantz Fanon est d’actualité, autant qu’il y a 50 ans, et autant qu’elle l’aurait été il y a deux mille ans. Son analyse dépasse les contextes ponctuels, elle est bien plus profonde et concerne les rapports de dominations dans leurs fondements et leurs implications. Si elle venait à ne plus être d’actualité, on devrait en fait s’en réjouir, et chacun pourrait paisiblement retourner cultiver son jardin.

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