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EDITO REBELLION 51 Le culte du cargo capitaliste. Et réponse de do.

mardi 20 décembre 2011

La mystification capitaliste aura-t-elle le pouvoir de se pérenniser ? A l’image de ces aborigènes mélanésiens qui dans une espérance millénariste copiaient l’apparence des installations militaires japonaises et américaines afin de recevoir du ciel l’équivalent de ce que les avions de ces troupes amenaient au sol, nos contemporains continuent d’adorer la carcasse vide d’un système politique et social à bout de souffle n’entraînant que misère matérielle et morale pour la majorité des peuples aux antipodes de la prospérité tant espérée. Les organisateurs de cet étrange culte initient depuis les places financières où se déplacent à la vitesse de la lumière des sommes d’argent colossales au sein d’un monde virtuel. Quelques ordres donnés par les nouveaux prêtres de Mammon décident du sort de millions de personnes, essentiellement les travailleurs, se voyant privés de leurs moyens de ressources les plus simples. Nous n’entendons plus parler que de FMI, d’agences de notation, de dette publique, d’austérité et de concurrence économique acharnée sur fond d’agressions impérialistes armées rebaptisées de l’expression mensongère de droit d’ingérence humanitaire. Voilà la sinistre condition sur laquelle débouche le mode de vie aliéné au capital. L’idéologie millénariste officielle a pour finalité la sortie de la crise qui, en réalité, n’aura jamais lieu par les méthodes capitalistes.

Marginalement, réapparaît l’angoisse repeinte à la couleur de la fantasmatique new age, d’une sortie catastrophique de ce monde à l’horizon de 2012. Autant d’impasses ressortissant à l’irrationalisme profond du système capitaliste à l’époque de l’impérialisme en fin de course. Ce dernier est d’autant plus agressif que la marge de manoeuvre offerte sur le terrain de l’exploitation des prolétaires et des ressources naturelles se restreint. L’exemple de la France est significatif à cet égard, d’une ancienne puissance coloniale, économique, se débattant maintenant au sein de la jungle du marché capitaliste globalisé en tentant de recueillir les miettes de la stratégie de domination mondiale des Etats-Unis. Nous eûmes droit durant l’année 2011 à l’application concrète sarkoziste du discours de Dakar : l’Afrique doit "entrer dans l’histoire", de gré ou de force, c’est-à-dire obéir aux injonctions des visées impérialistes, retournement manifeste du processus de décolonisation par l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire et en Libye. Alors qu’il s’agirait de restreindre les dépenses publiques, la classe dominante n’est pas avare de financement pour les dépenses militaires ; il est vrai que ce sont les travailleurs qui s’acquittent de celles-ci par leurs impôts. Maintenant la folle équipée devrait se poursuivre, selon les autorités de notre pays, jusqu’en Syrie ! Jusqu’où iront-elles ? La réponse est relativement simple. Les puissances concurrentes peuvent, certes, contrecarrer ces visées. Mais enfin, il existe des compromis, des marchés que peuvent passer jusqu’à un certain point entre elles les classes dominantes, avant de basculer dans l’affrontement direct. Les politiques impérialistes ne sont rendues possibles que par la relative passivité et indifférence des peuples des nations impérialistes ou encore par leurs défaites préalables comme ce fut le cas lors des guerres mondiales du 20° siècle. Nous ne mettrons jamais suffisamment en exergue la dynamique actuelle du capitalisme qui tend partout à l’affrontement militaire. Celui-ci n’est pas constitué d’événements qui se produiraient aux marges plus ou moins lointaines des sociétés dominant économiquement le monde. Il est le résultat de ce qui se passe au coeur du processus d’effondrement de l’équilibre toujours instable du capitalisme. Les prolétaires n’ont pas encore fait consciemment le lien entre ce qu’ils subissent directement, un processus de paupérisation et la politique cynique impérialiste de leurs classes dominantes.

A une vitesse croissante se prennent les décisions politiques frappant de plein fouet les conditions d’existence des prolétaires partout en Europe. Il faudrait éponger la dette publique - envers qui ? - afin de ne pas choir dans la grille de notation des instances financières. Le patronat "français" (MEDEF) et ses commis politiques réclament une fédéralisation de l’Europe qui ne serait autre qu’un arasement du prolétariat européen au plus bas niveau compatible avec les impératifs de profit des capitalistes et non une sortie de la crise. Pourquoi devrait-on maintenant croire aux recettes de l’oligarchie au pouvoir qui depuis des décennies a miné les fondements et les équilibres sociaux des nations européennes ? Celle-ci veut avoir les mains totalement libres afin de coordonner les mauvais coups qu’elle désire faire porter sur les dernières résistances nationales à son entreprise de pillage sans vergogne des travailleurs. Précisons que ces résistances nationales ne sont guère l’oeuvre des gouvernements respectifs européens mais de la dynamique de lutte que peuvent à certains moments engendrer les prolétaires en colère. En dissolvant les instances nationales dans une "gouvernance européenne", en éloignant encore plus les centres de décision politique vers une instance supra-européenne des plus opaques, l’oligarchie capitaliste entend bien se prémunir des réactions de son ennemi de classe.

A ce stade, il ne faut guère avoir peur de parler de guerre de classes et reconnaître que celle-ci est fort mal engagée du côté du prolétariat encore prisonnier des pièges électoraux et du réformisme social-démocrate. La lutte réelle et efficace n’est possible que là où une instance politique organisée détient la vision d’objectifs clairement révolutionnaires (le spontanéisme a ses limites). Le Parti communiste grec est un des rares - mais non le seul - partis significatifs en Europe occidentale indiquant une orientation pertinente aux prolétaires, et même dans ces conditions, apparaissent clairement les limites de son pouvoir afin de peser sur la situation. La leçon qui doit être tirée de cet exemple est la nécessaire coordination et extension des luttes des travailleurs au niveau géographique européen, ce qui donnerait réellement corps à un authentique internationalisme dont se gargarisent certains sans vouloir vraiment le concrétiser. Ne parlons même pas de leur silence complice à l’égard des exactions impérialistes sur les autres continents (la gauche et l’extrême gauche du capital sont nettement taiseuses à cet égard). Il est évident que partout en Europe et dans le monde sourd un profond mécontentement envers les conditions d’existence que nous subissons et que se manifestent des tentatives de réaction tant dans la rue que dans les urnes (nous nous félicitons de la progression à plus de 19% du Parti communiste russe aux dernières élections à la Douma). Mais cela reste pour l’instant nettement en-deçà de ce que réclame la situation si on ne désire pas voir le monde basculer vers une trajectoire de guerres et d’intensification de la paupérisation du prolétariat. Ceux qui ne croient pas à cette perspective n’ont qu’à ouvrir les yeux. A titre d’exemple, les derniers chiffres officiels de l’espérance de vie en Allemagne (avec son fameux modèle) indiquent une baisse significative de celle-ci, en particulier à l’Est.

La situation de travailleurs ne gagnant que la moitié de notre SMIC n’y est plus exceptionnelle, elle concerne des millions de personnes se débattant dans des conditions de vie difficilement supportables et dont l’existence est absolument occultée. Le capitalisme absolu est en train de créer sa classe de parias. Nous sommes donc bien dans un cas analogue à celui des adorateurs du culte du cargo pour lesquels la totale incompréhension des mécanismes de ce qui leur apparaissait était patente et qui devaient se contenter rituellement d’un mimétisme extérieur à ce qu’ils tentaient d’appréhender. La différence est que plus personne ne peut légitimement attendre quoique ce soit de positif et pouvant nourrir son espérance de "la main invisible du marché". Le capital a produit l’inversion mystificatrice du culte du cargo.

Rÿffffffffffe9bellion Tolosa

2 Messages de forum

  • EDITO REBELLION 51 Le culte du cargo capitaliste 20 décembre 2011 05:22, par do

    Salut,

    J’aime bien l’image du Cargo, mais il me faut contredire partiellement la stratégie proposée par ce texte.

    Je cite : « La lutte réelle et efficace n’est possible que là où une instance politique organisée détient la vision d’objectifs clairement révolutionnaires (le spontanéisme a ses limites). »

    Je réponds NON ! parce qu’un parti ou un syndicat nous trahira toujours : quand ses militants auront à choisir entre les intérêts du parti ou syndicat d’un côté, et ceux du mouvement de contestation de l’autre, que choisiront-ils ? Comme dans la Russie de 1917, ils choisiront le parti ou syndicat et fusilleront les révolutionnaires de Cronstadt :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article511

    La seule façon pour la révolution d’être un jour victorieuse, c’est la grève générale sauvage, totale, illimitée et auto-organisée en coordination :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article1081

    Je cite : « La leçon qui doit être tirée de cet exemple est la nécessaire coordination et extension des luttes des travailleurs au niveau géographique européen, ce qui donnerait réellement corps à un authentique internationalisme »

    Pourquoi ne pas rechercher l’alliance, par exemple, avec le prolétariat libyen en train de lutter contre l’impérialisme occidental en général et français en particulier ? Pourquoi limiter à l’Europe l’internationalisme dont parle ce texte ? s’exprimer ainsi, c’est involontairement soutenir l’Europe, voire l’impérialisme français en Libye, en Côte d’ivoire, etc.!

    À bas l’Europe ! :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article565

    Je cite : « A titre d’exemple, les derniers chiffres officiels de l’espérance de vie en Allemagne (avec son fameux modèle) indiquent une baisse significative de celle-ci, en particulier à l’Est. »

    Je n’ai absolument aucun doute là-dessus, mais j’aimerais pouvoir donner un lien vers ces "sources officielles". Peux-tu me le fournir ?

    BIen à toi,
    do
    http://mai68.org

    Post-scriptum :

    Il y a dans l’article dont je donne le lien ci-dessous quelques références en guise de preuve sur le fait que l’espérance de vie, contrairement à ce qu’on nous dit pour justifier l’augmentation de l’âge de la retraite, est en train de baisser.

    VIEILLIT-ON PLUS LONGTEMPS ?

    http://mai68.org/spip/spip.php?article1591

    Extrait : « On vieillit plus longtemps ! on vieillit plus longtemps ! », ils n’ont que ça à la bouche, tous ceux qui sont en train de nous détruire notre sécu, et nos services publics, et nos retraites, etc. Mais, quand ils auront tout détruit, l’espérance de vie va très vite cesser d’augmenter pour se mettre à diminuer très rapidement. Quand l’URSS a été détruite et que tous les avantages acquis (vraie sécu, vraies retraites, etc.) ont disparu les uns après les autres, l’espérance de vie s’est mise à baisser énormément. À tel point, qu’après 1992, en 10 ans, l’espérance de vie des Russes avait baissé de 10 ans !

    • Merci pour ton commentaire de notre édito. A titre de réponse la phrase que tu cites sur l’organisation politique est assez claire, elle ne dit pas que le parti ou toute autre instance assimilable à celui-là doit conduire mécaniquement le prolérariat dans la lutte ou se substituer à celui-ci mais préconise des orientations pertinentes. A une époque ou les luttes piétinent (on peut s’en désoler) cela nous paraît important. Il faudrait longuement discuter du problème de la grève générale mais elle a un aspect un peu mythique néanmoins. Les évènements historiques se produisent dans des conditions extrêmement complexes et peuvent demander d’autres moyens de lutte connexes dont la portée est concrètement variable selon les conditions historiques.

      Quant à l’internationalisme nous n’avons jamais écrit autre chose que ce que tu dis, dans nos divers articles. Mais le contexte de l’édito. évoquait plus particulièrement l’Europe, c’est tout. Il serait bien urgent que les révolutionnaires s’unissent réellement de par le monde.

      La référence sur la baisse de l’espérance de vie, je l’ai happée en écoutant un entretien sur France Culture pris en cours, je n’ai pas de source écrite mais celui qui expliquait cela à la radio disait que les chiffres venaient d’être publiés très officiellement par le gouvernement allemand. Il est à parier qu’il n’en sera guère fait publicité.

      Cordialement.
      Rébellion.

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