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Corruption - Fatalité ou phénomène de société ?

lundi 2 avril 2012

CORRUPTION - Fatalité ou phénomène de société ?

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Notre monde est de plus en plus en proie aux intérêts particuliers, à la bonne fortune de certains groupes ou personnes influentes. Le poids du capital aidant, notre monde ne s’est-il pas transformé en une duperie générale où chacun joue son rôle ?

Communiqué en vidéo :

Zeigest nous parle de la corruption institutionalisée

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

La corruption est l’utilisation abusive d’un pouvoir reçu par délégation à des fins privées comme l’enrichissement personnel. Il s’agit pour un agent public, un élu, un médecin, un arbitre sportif, ou encore un salarié d’entreprise privée de s’abstenir de faire ou de faciliter quelque chose grâce à sa fonction, en échange d’une récompense ou d’un service, le plus souvent une somme d’argent. La corruption conduit en général à l’enrichissement personnel du corrompu et/ou du corrupteur. Cette pratique peut être considérée comme illégale selon le domaine concerné et elle est malheureusement omniprésente.

Mais pourquoi, dans notre société, faisons-nous face à un tel degré de corruption ?

La corruption peut être décrite comme une activité illégitime, souvent illégale, dédiée à la promotion d’intérêts particuliers. L’absence de toute forme de considération envers l’intérêt général, la moralité, le respect des règles du jeu et des droits d’autrui y est prédominante. Il convient de remarquer qu’il s’agit là d’une pratique qui traverse l’Histoire : de Jules César au scandale de Panama en passant par l’usage de l’excommunication lors du Bas Moyen-Âge…Les méthodes changent mais le procédé demeure le même : faire usage de son influence sur un détenteur de pouvoir afin d’en tirer un bénéfice individuel ou collectif au détriment d’autrui.

C’est une arme qui permet d’accroître la fortune et le pouvoir de ceux qui savent l’employer avec succès.

La corruption est le plus souvent perçue sous la forme d’un pot de vin. Il s’agit alors d’"acheter" le détenteur du pouvoir afin de lui ôter son indépendance. Mais d’autres formes sont à considérer : entente sur les prix, échange de services, alternance d’exercice du pouvoir, promesse de vente ou d’achat…C’est une définition étendue du concept de corruption, mais elle a le mérite d’évoquer des activités aujourd’hui institutionnalisées, officialisées, qui ne sont guère considérées comme relevant de la corruption et qui pourtant s’apparentent largement à ce procédé, comme le lobbying et le financement de campagnes politiques.

Nous pouvons donc distinguer au moins deux sortes de corruption.

1. La corruption sauvage

La corruption sauvage, la plus franche, est celle qui baigne dans l’illégalité de façon évidente. Elle gangrène tous les pays, notamment les pays en voie de développement et est souvent employée par des groupes au comportement "mafieux". Elle permet de se mettre dans la poche les fonctionnaires, la justice, la police, des marchés publics ou des responsabilités politiques. Elle participe au démantèlement des États défaillants, déstructurés ou en échec, c’est à dire des États qui ne sont plus ou pas à même d’assurer leurs missions essentielles et notamment le respect de l’état de Droit (Afghanistan, Somalie, Soudan, Haïti).

Le plus souvent, il s’agit de s’assurer des passe-droit en invitant l’intéressé à fermer les yeux. Parfois, la corruption se traduit par le contrôle direct et personnel d’une fonction ou d’un pouvoir. Ainsi, il est fréquent que des populations ne puissent pas faire confiance à leur police car elle est aux ordres des "mafias" ou dans le cas où elle est sous-payée, ses services sont monnayables par n’importe qui.

Et plus la corruption est présente dans une société, plus les détenteurs de pouvoir sont tentés d’y participer. Au Mexique, par exemple, certains policiers arrêtent sciemment des conducteurs irréprochables afin de leur réclamer de l’argent pour éviter une amende qu’ils ne méritent pas : il s’agit certes de racket mais c’est une conséquence directe de la corruption généralisée présente dans ce pays. Certains conducteurs fautifs vont pour leur part proposer de corrompre les policiers afin d’éviter l’amende.

Il va sans dire que la pauvreté, les faibles salaires, les insuffisances des services publics et la compétition pour le pouvoir au sein d’un système monétaire jouent un rôle considérable, favorisent grandement la corruption.

2. La corruption institutionnalisée

La corruption est dite institutionnalisée lorsqu’elle est légale ou considérée comme relevant d’une activité légitime aux yeux de la société. L’exemple le plus connu et le plus aisément accepté est le financement des partis politiques. Après les scandales qui ont éclaboussé les responsables politiques en France dans les années 90 concernant ces financements de partis et campagnes, les pratiques ont été encadrées plus strictement et plus largement financées par l’État.

Depuis 2006, les dons de personnes physiques ou morales peuvent s’élever jusqu’à 7 500 euros. Les budgets des partis européens quant à eux ne sont financés qu’à hauteur de 85 % par l’Union Européenne.

Malheureusement, pour se prémunir complètement de la corruption, il faudrait également que les entités en charge de contrôler ces financements ne soient pas elles-même corruptibles. Mais sommes-nous sûrs qu’elles ne sont pas corrompues ?

Outre atlantique, la participation privée au financement des campagnes politiques est totalement ouverte et connue de tous. Les sommes faramineuses nécessaires à l’élection présidentielle sapent profondément les idéaux démocratiques, et placent les candidats à la merci des organismes qui les financent, comme en témoigne la plus que timide réforme du secteur financier américain par l’administration Obama. Les juges, les procureurs généraux, les shérifs, les gouverneurs, les membres du congrès fédéral et ceux des États fédérés sont élus. Ceci laisse, vous en conviendrez, un large espace d’expression aux bourses les plus fournies…

En effet, si une société vous donne de l’argent pour réaliser votre campagne et vous faire élire, il est évident qu’elle demandera une contrepartie. Par exemple, si une société qui exploite le pétrole ou le gaz de schiste vous aide à devenir président, elle vous demandera des permis d’exploitation en échange.

La question des lobbies,ou groupes d’influence est peut-être encore plus dramatique étant donné qu’il s’agit d’activités à la fois légales et officieuses. Un groupe d’influence peut réclamer une législation très favorable au commerce et au libéralisme, ou des promesses d’implantation économique, d’emplois, de prix attractifs sur les matières premières, etc. Il peut également être à l’origine d’intimidations à propos des mêmes sujets, en brandissant par exemple la menace de délocalisations. Dès lors le législateur n’agit plus tellement, ou en tout cas, plus seulement au nom et dans l’intérêt du peuple. Dès lors, le législateur a les mains liées et n’agit plus seulement, voire plus du tout dans l’intérêt du peuple.

Aujourd’hui l’essentiel de la législation française est une application directe du droit européen car celui-ci prime sur le droit national depuis l’arrêt de la cour de justice de l’Union Européenne de 1964 Il est déjà très difficile pour les citoyens français d’exercer un contrôle effectif de leurs élus nationaux. Alors à l’échelle européenne, cela relève d’un idéal bien lointain…

Plus de 500 millions d’êtres humains vivent dans un cadre juridique décidé à Bruxelles entre le Parlement Européen, le Conseil de L’union Européenne, et la Commission Européenne. En théorie, la Commission détient l’initiative des lois, et les propose au Parlement et au Conseil. Mais le Conseil et le Parlement sont composés des ministres et députés des États membres, et c’est le Conseil qui nomme la Commission, avec l’aval du Parlement.

Dans les faits, au début des années 2000, seulement 6% des propositions de lois émanaient de la Commission Européenne, les 94 % restants provenant soit du Parlement, soit du Conseil. L’accord de ces deux institutions est en effet nécessaire à l’adoption de l’essentiel de la législation.

Le simple fait qu’une grande partie d’entre nous ne connaisse guère ces institutions et leurs rôles démontre combien le cœur du pouvoir législatif du continent est à la fois éloigné et occulte aux yeux de la société civile et des citoyens. Le lobbyisme est devenu une activité économique à part entière avec ses Cabinets spécialisés qui ont pignon sur rue sur l’avenue Cortenbergh, à Bruxelles.

La Commission européenne a mis en ligne le 23 juin 2008 un registre où « sont invités à s’inscrire […] tous les représentants d’intérêt qui cherchent à influer sur l’élaboration des politiques et les processus décisionnels des institutions européennes », mais l’inscription est volontaire et non obligatoire. Même les responsables de l’Union Européenne reconnaissent que les groupes de pression vont et viennent en toute liberté dans les couloirs de la Commission, du parlement et d’autres institutions européennes.

Dans le cadre de cette corruption institutionnalisée, il ne s’agit plus d’éviter le contrôle de l’État, mais de s’assurer de sa bienveillance et de son soutien. Il est vrai que les acteurs de cette corruption agissent le plus souvent dans le cadre d’États puissants et solides, et proviennent de secteurs économiques et sociaux d’élite. Cependant, ils partagent avec les acteurs de la corruption sauvage le même objectif : maximiser leurs profits, obtenir des avantages économiques, bref, faire toujours plus d’argent.

Il faut cesser de considérer les États comme des institutions objectives, neutres, veillant aux intérêts des nations. Les intérêts des organes qui participent au fonctionnement d’un État peuvent diverger, tout comme les intérêts du personnel qui y travaille. Les fonctionnaires d’État et les élus peuvent aussi bien avoir à cœur l’intérêt supérieur de la nation, que l’intérêt supérieur de leur portefeuille, de leur carrière, de leurs amis, ou de leur ascension dans l’échelle sociale.

Nous ne pouvons pas vraiment lutter contre la corruption ni même espérer réglementer le système monétaire car sa Matrice est fondée sur la compétition et sur une ressource ultime : l’argent. L’Histoire nous enseigne qu’il est parfois possible que la loi reprenne le dessus après un certain nombre d’abus. Mais la logique inhérente à ce système finit par prendre le pas sur ses encadrements juridiques.

Cela s’est avéré vrai plusieurs fois et dans différents pays, pourquoi ?

Parce que le libre marché implique la compétition et la concurrence et par conséquent le besoin permanent de croissance.

Parce que l’argent nous offre tous les moyens nécessaires à l’acquisition de monopoles qui sont la meilleure garantie qui soit pour éviter toute faillite.

Parce que si vous bridez la sainte croissance par un cadre juridique trop contraignant là où d’autres se montrent plus libéraux, vous serez moins compétitif et cela pourrait s’avérer fatal pour votre intérêt.

Parce que vouloir réguler le capitalisme est aussi absurde que vouloir réguler la guerre : au combat, qu’elles que soient les règles, il y aura toujours des morts.

3. La corruption à toutes les échelles

Nous remarquons que la corruption se trouve à tous les niveaux de notre société.

Même le domaine de la science est touché :

N’ont-ils pas été corrompus les ingénieurs qui ont mis au point des ampoules volontairement moins durables ?

N’ont-ils pas été corrompus les informaticiens qui ont pensé et mis en place des puces pour que votre imprimante tombe en panne une fois son quota d’impression atteint ?

N’ont-ils pas été corrompus les inventeurs qui ont élaboré des bas qui se filent alors qu’on sait parfaitement fabriquer des bas très résistants ?

Cette passivité scientifique face à l’avancée des technologies laisse perplexe. Comment des scientifiques, normalement à la pointe de la recherche et du progrès, peuvent-ils accepter et même se rendre complice de telles aberrations technologiques à l’heure actuelle ?

Finalement, il y a des questions que nous pouvons tous nous poser :

Dans quelle mesure est ce que je participe à cette corruption généralisée ?

Ne sommes-nous pas tous corrompus, à différentes échelles ?

Les plus démunis sont souvent les plus révoltés. D’une certaine manière, nos salaires et nos frigos bien remplis ne nous éloignent-ils pas de la révolte, du questionnement individuel, de la remise en question du système ?

N’est ce pas un accord tacite que nous passons avec notre corrupteur ?

"Paye-moi pour que mon confort soit sauf, en contrepartie, je m’engage à suivre mon train-train et à ne pas sortir du rang."

Ces questions sont d’une importance capitale, car, par l’exemplarité, nous pourrons faire changer les choses. Dans "l’existentialisme est un humanisme". Sartre nous expliquait que "l’existence précède l’essence", c’est à dire que ce sont nos actes qui définissent notre nature profonde.

Dénoncer est une chose, agir en est une autre !

Regardons donc dans nos assiettes, sur nos tickets de caisses, regardons-nous dans la glace, droit dans nos propres yeux et ne donnons pas la moindre chance à ce système de nous corrompre !

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