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Crise de la dette - 19 mai 2012 - l’Otan joue sa survie !!

samedi 19 mai 2012

Crise de la dette : l’Otan joue sa survie !!, par Jacques Hubert-Rodier

http://french.irib.ir/component/k2/…

samedi, 19 mai 2012 04:33

IRIB-L’Otan qui, depuis 1949, lie les deux rives de l’Atlantique au sein d’une alliance militaire, doit affronter une nouvelle tempête qui pourrait ..

..l’obliger à réduire ses ambitions et à se replier sur sa mission initiale de défense du territoire des alliés. Cette question sera au centre des discussions des chefs d’Etat ou de gouvernement des 28 pays membres qui se retrouvent dimanche 20 et lundi 21 mai à Chicago pour un sommet qui devra se pencher sur l’avenir de l’organisation après le départ en 2014 de toutes les troupes de combat d’Afghanistan.

Certes, depuis la chute du mur de Berlin, l’Otan, créée pour défendre l’Europe de l’Ouest et l’Amérique face à toute velléité d’expansion voire d’invasion du « bloc soviétique », a réussi à se réinventer et à survivre à la fin de la division du monde en deux blocs antagonistes. L’Organisation, qui se targue d’avoir gagné la guerre froide sans avoir tiré un seul coup de canon, a largement confirmé son titre d’alliance militaire la plus réussie de l’histoire. Dans un monde où les conflits sont de plus en plus asymétriques, elle a réussi à s’imposer au Kosovo ou encore en Libye, et si ses combats contre le trafic de drogue en Méditerranée ou la piraterie au large de la Corne de l’Afrique sont loin d’être achevés, ces opérations ont permis de réunir à côté des marines des pays de l’Otan celles de nations comme la Russie, la Géorgie, Israël, voire même de la Chine. La guerre en Afghanistan ne peut certes plus être gagnée par l’Otan, qui a pris le commandement de la force internationale de sécurité dans ce pays (ISAF) en 2003. Mais l’organisation a réussi à maintenir à ses côtés 22 autres pays. L’Otan s’est même préparée à la guerre de demain, la guerre cybernétique. Tout cela tient de la prouesse pour une alliance vieille de soixante trois ans et qui, à Chicago, réunira encore une trentaine de pays partenaires à ses côtés pour en faire le plus grand sommet de son histoire.

Et pourtant, les défis qu’elle doit affronter aujourd’hui font peser des menaces sur sa propre survie. Le premier, c’est d’organiser le retrait d’Afghanistan du gros des troupes de combat pour qu’il ne tourne pas au fiasco comme ce fut le cas de l’Armée rouge en février 1989, quelques années avant l’implosion de l’URSS. Ce retrait est compliqué et si les Américains ont rappelé avant Chicago la notion de sécurité collective : « ensemble dedans, ensemble dehors », la France ne semble pas avoir écouté. Après les Pays-Bas puis le Canada, le président François Hollande s’est engagé à accélérer le désengagement français. Et même si le retrait avant la fin 2012,comme promis par le socialiste lors de sa campagne électorale, ne devrait concerner que les « troupes de combat » laissant sur place des forces de soutien et de formation de l’armée et de la police afghanes, il oblige à une accélération du déploiement de l’armée afghane notamment dans la Kapisa. Côté français, on insiste néanmoins sur le fait que le départ anticipé - de quelques mois seulement par rapport au dernier objectif de Nicolas Sarkozy de l’effectuer en 2013 -ne remet pas en question la stratégie de l’Otan en Afghanistan. Car le vrai sujet à Chicago est ailleurs : les alliés doivent décider des conditions du maintien après 2014 d’une force d’appui et de formateurs de l’armée de ce pays d’Asie centrale ainsi que du financement de l’armée afghane. Ce qui est loin d’être gagné.

Car le deuxième grand défi est le plus menaçant pour la sécurité - et la survie -de l’Otan : la crise de l’endettement public en Europe et en Amérique. Cette crise oblige les Etats à réduire encore plus rapidement que prévu leurs dépenses de défense. Avant même les derniers soubresauts de la crise grecque, les dépenses des pays européens membres de l’Otan avaient chuté de 20 % par rapport à 1991, à la fin de la guerre froide. Selon le secrétaire général de l’Organisation, le Danois Anders Fogh Rasmussen, en 1991, les Européens prenaient encore en charge 34 % des dépenses de défense des alliés laissant alors 66 % à la charge des Etats-Unis et du Canada. Une part européenne qui a chuté aujourd’hui à 21 % et qui devrait encore se réduire au moment où les Etats-Unis vont devoir aussi mettre leur défense à la diète après les folies financières en Irak et en Afghanistan.

Ce défi budgétaire intervient alors que d’autres puissances économiques et militaires comme le Brésil, la Chine et l’Inde, émergent. Ces nations, souligne à raison le dirigeant danois, « n’ont pas beaucoup d’intérêt à mettre en cause l’ordre mondial qui leur a permis de construire leur propre prospérité ». Mais ces pays ainsi que la Russie, s’ils n’ont pas empêché l’opération militaire en Libye menée par la France et l’Angleterre avec le soutien de l’Otan, et des Etats-Unis, n’y ont pas, non plus, pris part. Sans parler de la Syrie où Russie et Chine ne sont pas prêtes à accepter une quelconque intervention de l’Otan. Ce qui est un rappel que leurs intérêts ne coïncident pas - toujours -avec ceux de l’Organisation.

Cette tension est d’autant plus inquiétante que l’Alliance Atlantique, elle-même, est soumise à un risque endogène : l’éloignement - politique -des deux rives de l’Atlantique. Le président Barack Obama a bien affirmé son intention de concentrer les forces américaines - non plus vers l’Europe -mais vers l’Asie, qui est désormais la région « cruciale » à ses yeux. Pour la première puissance militaire mondiale, il s’agit d’un changement de cap non négligeable. Surtout que les tensions en mer de Chine se font de plus en plus vives. Et les appels des Américains à l’Europe de prendre une part plus grande à sa propre défense et à celle des territoires voisins risquent de rester lettre morte. Pour survivre, l’Otan qui a déjà réduit ses propres effectifs, va devoir se résoudre à son tour à une forte cure d’amaigrissement. La question est de savoir si les alliés parviendront à passer à ce que les responsables désignent comme la « smart defense », la défense intelligente, qui consiste à travailler à des programmes conjoints et à mettre de plus en plus de matériels et de munitions en commun. Ce pari est en tout cas loin d’être gagné. Même si Barack Obama fera tout pour que le sommet de Chicago, le premier depuis treize ans sur le territoire américain, se passe bien et que les alliés n’affichent pas trop en public leurs différends.

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