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Égypte - 17 décembre 2012 - 57 % des Cairotes ont voté "non" au référendum.

lundi 17 décembre 2012 (Date de rédaction antérieure : 17 décembre 2012).

Égypte : 57 % des Cairotes ont voté "non" au référendum.

http://www.assawra.info/spip.php?article1851

lundi 17 décembre 2012, par Assawra

Malgré les manifestations, les affrontements et la violence de ces trois dernières semaines, l’affluence samedi devant les bureaux de vote était difficile à croire. Quatre heures de queue à Shubra, deux heures à Sayyeda Zeinab, un quartier populaire du Caire. Devant une petite école du quartier convertie en bureau de vote, toute la rue est occupée par une immense file. "C’est pas des conditions pour voter", grommelle Shaban. Un vieil homme tout simple et entièrement glabre, partisan, non des Frères musulmans, mais de la stabilité : "Je n’ai pas lu le projet de Constitution, je le reconnais. Mais il faut en finir avec cette transition. Relancer l’économie. On n’a pas fait la révolution pour être au chômage."

Il s’apprête à entrer dans l’école, sous le regard des militaires. Le référendum était placé sous haute surveillance : 120 000 soldats et 130 000 policiers ont été chargés d’éviter tout débordement. Et à part les râleurs dans les files d’attente, tout s’est plutôt bien passé. Ahmad Ali, magistrat au conseil de la municipalité du Caire, est arrivé à 8 heures pour repartir à 20 heures… Puis à 23 heures : l’horaire de fermeture des bureaux de vote a été décalé pour faire face à l’affluence.

Dans ce bureau de vote, pas de trace des nombreuses fraudes dénoncées par l’opposition dans cette salle de classe. Le ballet est bien organisé. Ahmad Ali a passé sa journée à tamponner les bulletins à toute allure : "Je fais mon devoir en étant ici. Je ne suis pas au service d’un camp ou de l’autre. Je suis au service de l’Égypte." Il fait partie des 9 000 juges - sur les 35 000 que compte la magistrature égyptienne - qui ont accepté de superviser le référendum, malgré l’appel au boycott lancé par le Club des juges.

Devant l’affluence impressionnante, le référendum a dû être organisé en deux fois. Pour ce premier tour, Le Caire votait. Et confirmait dans la foulée son statut de fief "anti-Frères" : 57 % des Cairotes ont voté non. "Je vote non à ce projet de Constitution mal fait, imposé en coup de force par Mohamed Morsi. Il y a eu des centaines de blessés et une dizaine de morts à cause de ça. Je ne comprends même pas pourquoi il n’a pas démissionné", fulminait Ahmed, un concierge du quartier de Sayyeda Zeinab. Sur le pas de sa porte toute la journée, il a le nez collé dans le Coran quand il ne dévore pas les journaux d’opposition. Il est un de ces Égyptiens qui considèrent que les Frères musulmans détournent l’islam à des fins politiques.

La journée a été un peu folle. Les rumeurs de fraude ont circulé à toute vitesse - une constante des élections égyptiennes. Certaines ONG pour la protection des droits de l’homme ont déjà appelé à réorganiser le scrutin. Elles dénoncent pêle-mêle le manque de juges et des pro-Morsi qui ont fait campagne jusque dans les bureaux de vote. Les premiers chiffres tombent. Ils sont donnés par le Parti de la liberté et de la justice, le mouvement politique de la confrérie. Ils estiment que le "oui" l’a emporté à 56 % - les Frères espéraient 70 %. Un petit "oui", franc, sans être massif. Mais déjà un coup dur pour l’opposition, qui ne se prononcera qu’après le second tour, le 22 décembre.

Il ne faut pas en attendre grand-chose. Les zones les plus libérales se sont exprimées. Au tour des provinces les plus conservatrices de se prononcer. Et le "oui" a toutes les chances d’être confirmé.

Le camp pro-Morsi sortira certainement vainqueur de cette confrontation. Mais vainqueur d’une Égypte de plus en plus polarisée entre les islamistes au pouvoir et les adversaires.

(17 Décembre 2012 - Samuel Forey)

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