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Casse de banques à Chypre par l’Eurogroupe !

jeudi 21 mai 2015 (Date de rédaction antérieure : 19 mars 2013).

Chypre : taxer autoritairement les comptes bancaires, grosse erreur ?

http://www.rue89.com/2013/03/18/chy…

Pascal Riché le 18 mars 2013 à 17h09

Quel bazar ! En annonçant samedi 16 mars 2013 que le sauvetage des banques chypriotes serait en partie financé par une contribution prélevée directement sur les comptes des déposants, l’Eurogroupe a créé un beau chaos. Le plan, qui accompagne une aide de 10 milliards d’euros, vise à prélever :

  • 6,75% des dépôts en deçà de 100 000 euros ;
  • 9,9% au-delà de 100 000 euros.

En échange de ces prélèvements, des actions des banques seront distribuées. Les autorités chypriotes ont procédé dès vendredi soir au gel des sommes à prélever.

Problème : cette mesure, qui doit rapporter 5,8 milliards d’euros, a été interprétée comme un possible précédent à d’autres initiatives du même ordre. Malgré les démentis, le risque est de voir les déposants grecs, italiens ou espagnols vider leur compte. Pour de nombreux économistes, l’Eurogroupe a joué avec le feu : le risque de « bank run » n’est pas à exclure.

1 Pourquoi le secteur bancaire chypriote va mal

Chypre a commencé à appeler à l’aide en juin 2012, lorsque ses banques ont affiché une perte de 4,5 milliards d’euros liée à la restructuration de la dette grecque.

Ce choc a frappé des banques qui, pour certaines du moins, étaient fragiles. Les banques chypriotes ont attiré énormément de placements étrangers, russes notamment (beaucoup soupçonnent le système d’avoir servi à blanchir des fonds tirés d’activités illégales).

Visiblement, elles n’hésitaient pas à investir dans des produits risqués, comme des titres de dette grecque, pour pouvoir offrir aux déposants étrangers des rémunérations élevées. Il n’y a jamais de miracle en la matière : quand une banque propose des rémunérations bien plus alléchantes que les autres, il y a toujours un loup.

Résultat, le bilan des banques représente plus de sept fois le PIB de l’île, un déséquilibre manifeste. En cas de pépin, le pays ne peut pas sauver le système.

La situation est en cela comparable à celle de l’Islande en 2008, dont les banques pesaient dix fois le PIB du pays, après avoir elles aussi attiré des épargnants étrangers. Mais Chypre a deux handicaps supplémentaires, par rapport à la situation islandaise :

  • une dette publique de 100% en 2012 (contre 29% en Islande, en 2007) ;
  • une impossibilité de dévaluer : Chypre fait partie de la zone euro.

​Commentaire de l’économiste islandais Thorolfur Matthiasson, qui a observé de près la faillite des banques de son pays, en 2008 :

« Si vous observez le bilan de Laiki bank, vous constatez qu’il représente 30 milliards d’euros pour un capital de 1 milliard, avec, au passif, uniquement des dépôts bancaires. Par conséquent, un échange “dépôts contre actions” semble la chose la plus logique à faire, sur le papier.

« Le problème, c’est que les déposants ne sont pas des créanciers comme les autres. Et vous vous retrouvez avec des problèmes très complexes, pour inciter les gens à ne pas retirer en masse leurs fonds. Vous vous aventurez sur un territoire dangereux. »

2 Pourquoi le fait de taxer des comptes bancaires a choqué

Ceux qui défendent la mesure décidée par l’Eurogroupe, comme le financier Marc Fiorentino ou comme mon ami Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, avancent plusieurs arguments :

  • il n’est pas anormal de prendre l’argent où il se trouve. C’est même efficace dans des pays ou la collecte d’impôts est défaillante ;
  • cette taxe touchera marginalement les petits comptes : 67 euros, une fois pour toute, pour un compte où il y a 1 000 euros. Les pauvres n’ont pas d’argent en banque ;
  • viser les comptes bancaires, c’est viser le capital ;
  • chaque année, les banques prélèvent des commissions sur les comptes bancaires sans que cela ne choque personne ;
  • il ne s’agit pas de « taxer », mais de remplacer du cash par des actions.

Le problème, c’est que, dans un système qui repose sur la confiance (comme la banque), les dépôts sont sacrés. C’est la raison pour laquelle, par exemple, dans tous les grands pays industrialisés, il a été prévu des garanties de dépôt : en cas de faillite bancaire, les États s’engagent à rembourser aux déposants une somme importante (100 000 euros en Europe). Cette protection particulière a pour but d’éviter des paniques.

Le fait de remplacer le cash par des actions, enfin, n’est pas tellement rassurant : on échange des actifs liquides pour des actifs sans liquidité et dont la valeur peut chuter.

3 Pourquoi ne pas avoir taxé que les gros comptes ?

On aurait pu imaginer un prélèvement plus subtil : seuls les comptes des non-résidents, par exemple (qui sont généralement des gens ou des groupes qui ont été séduits par les charmes du secret bancaire chypriote) auraient été taxés. Ou alors, si c’était juridiquement compliqué, seuls les gros comptes l’auraient été, ce qui revenait au même. Mais cette voie n’a pas été retenue.

Le président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem a expliqué qu’il paraissait plus juste de demander un effort à tous les déposants « dans la mesure où il s’agit de contribuer à la stabilité financière de Chypre ».

Une explication peu convaincante. La vérité, c’est que les autorités chypriotes ont craint, par des discriminations, de faire fuir les épargnants étrangers. Et particulièrement de fâcher les Russes.

C’est Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, qui avait imaginé le plan initial. Mais il désirait, lui, que les déposants les plus riches portent l’essentiel de l’effort afin que les petits soient protégés. C’est ce qu’il a déclaré :

« Le prélèvement sur les comptes inférieurs à 100 000 euros, ce n’était pas une idée du gouvernement allemand. »

Le Fonds monétaire international (FMI) soutenait le plan allemand. Mais les Chypriotes ont refusé que ne soient taxés que les grands comptes de peur de nuire à l’image « accueillante » de leur système financier. Ils ont préféré sacrifier leurs petits déposants plutôt que leur business « paradisiaque ».

1 Message

  • Casse de banques à Chypre par l’Eurogroupe ! 19 mars 2013 08:29, par Visiteur

    LEAD 2-L’Eurogroupe sauve Chypre mais brise le tabou des dépôts

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL6N0C804Z20130316?sp=true

    samedi 16 mars 2013 06h26

    * Chypre obtient une aide de 10 milliards d’euros

    * Les dépôts bancaires seront taxés

    * Le FMI pourrait contribuer, ainsi que la Russie (Actualisé avec la conférence de presse)

    par Annika Breidthardt et Julien Ponthus

    BRUXELLES, 16 mars (Reuters) - Les ministres des Finances de la zone euro ont annoncé samedi dix milliards d’euros d’aide pour Chypre mais ont brisé un tabou pour leur cinquième plan de sauvetage national en mettant à contribution les déposants des banques de l’île.

    Chypre est le cinquième pays après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne à se tourner vers la zone euro pour obtenir une aide financière dans le contexte de la crise de la dette souveraine qui a commencé en 2010.

    Au terme d’une réunion de plus de dix heures à Bruxelles, les dirigeants européens qui étaient entourés de ceux de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, ont validé une ponction de 9,9% sur les dépôts bancaires supérieurs à 100.000 euros et de 6,75% en deçà.

    "Dans la mesure où c’est une contribution à la stabilité financière de Chypre, il paraît équitable de demander une contribution à tous les déposants", a commenté lors d’une conférence de presse le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem.

    Le Néerlandais a précisé que cette ponction représentait environ 5,8 milliards euros. Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, a indiqué que les autorités chypriotes avaient déjà pris les devants en procédant au gel des sommes visées.

    "Les autorités ont commencé la mise en oeuvre dès ce soir (vendredi)", a-t-il indiqué, une mesure qui prévient une panique bancaire et une fuite des capitaux du pays.

    Ce précédent pourrait avoir de lourdes conséquences si d’autres plans de sauvetage devaient encore intervenir dans la zone euro car il inciterait les épargnants à retirer leur argent de leur banque pour le mettre à l’abri hors des frontières nationales.

    "L’Eurogroupe a fait ce qu’il avait à faire", a sobrement commenté à sa sortie de l’Eurogroupe le ministre français des Finances, Pierre Moscovici.

    Grâce à cette mesure exceptionnelle mais controversée, le montant du plan d’aide est bien en deçà des 17 milliards d’euros préalablement envisagés et se situe dans l’hypothèse basse de la fourchette de 10 à 13 milliards d’euros évoquée par Jeroen Dijsselbloem cette semaine.

    Pour de nombreux responsables de l’Union, il aurait été invraisemblable d’espérer que Chypre parvienne à rembourser un jour une masse de dettes supplémentaires de 17 milliards d’euros, soit l’équivalent de sa richesse nationale annuelle.

    D’autres mesures moins spectaculaires comme la hausse du taux d’imposition des sociétés, qui passe de 10% à 12,5%, ont aussi été adoptées. Chypre pourrait aussi lancer un programme de privatisations.

    Fortement exposée à la crise grecque, Chypre a sollicité en juin 2012 une aide pour recapitaliser ses banques et financer ses dépenses publiques.

    Un accord n’avait cependant pas pu être scellé avec le précédent gouvernement et les négociations se sont intensifiées avec l’accession au pouvoir des conservateurs.

    POSSIBLE CONTRIBUTION RUSSE

    Pour certains dirigeants européens comme le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, les difficultés de Chypre résultent de la trop grande place prise par son système bancaire, par ailleurs soupçonné de pratiques de blanchiment, dont les actifs représentent huit fois le PIB.

    Chypre avait déjà fait un geste envers les dirigeants de l’Union européenne en acceptant un audit indépendant sur la manière dont ses banques appliquent les lois anti-blanchiment.

    La mise à contribution des déposants des banques chypriotes s’expliquerait aussi par la volonté de faire payer certains hommes d’affaires britanniques ou russes suspectés d’y blanchir de l’argent.

    Au vu de ses intérêts financiers dans la stabilité de l’île, la Russie pourrait contribuer à alléger le fardeau de la dette chypriote en aménageant les termes d’un prêt de 2,5 milliards d’euros.

    "Mon sentiment est que le gouvernement russe est prêt à faire une contribution en rallongeant la maturité du prêt et en réduisant les intérêts", a précisé le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn.

    La patronne du FMI Christine Lagarde a également dit que son institution pourrait participer au plan européen.

    "Le montant exact n’est pas encore spécifié, cela prendra du temps", a-t-elle dit.

    (Avec Jan Strupczewski, Robin Emmot et John O’Donnel, édité par Danielle Rouquié)

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