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La défaite impériale en Syrie et la naissance d’un monde bipolaire. suivi de Entre modèle vietnamien et modèle palestinien, La naissance d’un nouveau monde dans la dialectique de la lutte et des négociations.

lundi 27 mai 2013

La défaite impériale en Syrie et la naissance d’un monde bipolaire.

Par petites touches et sur le terrain, se dévoile la réalité des discussions entre Poutine, Lavrov et Kerry. Malgré son apparence de gag ou d’euphorie inopinée, l’idée de Hollande d’expliquer à Poutine où se trouvent les intérêts de la Russie, participe à ce dévoilement : l’accord russo-américain a surpris le pouvoir français. De nombreuses analyses, sur les sites alternatifs, démontraient pourtant une nette répugnance de l’exécutif américain à intervenir directement dans la guerre faite à la Syrie. L’option américaine, depuis l’arrivée d’Obama, d’une « stratégie par l’arrière » comme l’a exposée Hillary Clinton dans l’agression de la Libye n’était pas une option intermittente mais une nécessité des buts assignés à Obama par le système après les dégâts considérables financiers et de communication ou d’image de la guerre de démolition de l’Irak et d’occupation de l’Afghanistan. Cette « stratégie par l’arrière » ne signifiait pas l’absence US ni du théâtre d’opération ni de la direction des opérations. Sans la destruction des défenses aériennes libyennes et sans la fourniture des bombes et munitions US les avions anglais et français n’auraient pu mener leurs attaques avec autant de facilité. L’annonce d’une conférence Genève II sur la Syrie a d’abord porté ce premier message que les USA avaient décidé quelque chose avec les Russes sans prévenir personne. Beaucoup d’observateurs et d’analystes attiraient l’attention que la ligne de résistance qui s’organisait autour de la Syrie à la politique d’agression US signifiait la fin du monde unipolaire issu de la fin de l’URSS et de la chute du mur de Berlin. Bien sûr la presse aux ordres continuait à expliquer le véto russo-chinois par la ressentiment et le désir de vengeance. La presse des oligarques n’a pas pour mission d’ouvrir les yeux des opinions publiques mais de droguer leurs cerveaux. Il n’était pas dit, cependant, que la fin pressenti de ce monde unipolaire allait déboucher aussi brutalement sur un monde bipolaire. L’accord Russo-américain sur la Syrie n’est pas un nouveau Yalta et n’a pas l’ambition de l’être dans cette forme et en l’état actuel mais il change substantiellement la donne. Il la change tellement que Cameron puis Netanyahou se sont précipités à Sotchi, que Cameron a prolongé le voyage vers Washington suivi d’Erdogan et que Hollande a mis ses conditions l’application de l’entente : Genève II doit enregistrer la reddition honteuse d’El Assad ou ne sera pas et hors de question d’enregistrer la présence de l’Iran. On pourrait en rire si cette dénégation de la réalité n’était aussi triste pour le pays France. Pourtant quelques heures après les discussions, Kerry confirmait la demande américaine de départ d’El Assad… de façon un peu vague, sans mettre de calendrier et surtout sans en faire une condition de Genève II. Obama récidive en recevant Erdogan. Quel élément a échappé à Hollande qui a réagi comme le partenaire trahi, le partenaire qu’on a poussé devant pour le lâcher au milieu des flots ? Qu’est-ce qu’Obama a expliqué à Erdogan pour que ce dernier continue à exiger le départ du président syrien en oubliant les armes chimiques pièce essentielle pour une éventuelle intervention US ? Qu’est-ce que Netanyahu a compris pour oublier ces mêmes armes chimiques mais continuer à menacer ?

Il semble bien que Poutine, Kerry et Lavrov se sont entendus pour cerner la crise syrienne dans ses dimensions régionales et exclure par cet accord toute extension vers une crise mondiale. Il n’y aura donc pas d’implication américaine directe et par conséquent, pas d’intervention de l’OTAN. L’accord prend acte, par contre, de la dimension régionale. Israël, Turquie, Arabie Saoudite, pourront continuer à agir contre l’état syrien et soutenir la subversion rebelle. L’Iran et le Hezbollah, voire une partie de l’état irakien pourront soutenir la résistance de l’armée et du peuple syriens. Les USA et la Russie pourront évidemment soutenir et coordonner les forces de leurs camps respectifs et pour suivre leurs propres buts mais en s’excluant tout acte pouvant les entraîner comme acteurs directs et donc risquer un conflit mondial. Là dedans la France et l’Angleterre sont évidement hors jeu en de hors de l’action des forces spéciales ou des aides militaires et financières. Nous sommes entrés dans une phase de bipolarisation par la mise en place d’un dispositif de guerre contrôlée. La conférence « Genève II » sera le cadre ouvert d’une négociation régionale qui accompagnera la guerre sur le terrain jusqu’à ce que cette dernière finisse par convaincre l’un des acteurs de sa défaite. C’est déjà un pas immense des USA vers la reconnaissance de leur statut de puissance cogérante du monde. Et un pas vers la reconnaissance de leur échec en Syrie.

in Reporters-Alger le mardi 21 mai . Mohamed Bouhamidi

Entre modèle vietnamien et modèle palestinien, La naissance d’un nouveau monde dans la dialectique de la lutte et des négociations.

Reste-t-il, en dehors des historiens et des mordus de géostratégie, quelque mémoire de la Conférence de Paris ouverte en 1968 et close en janvier 1973 par l’accord de paix des quatre protagonistes de la Guerre du Viêt-Nam et qui sera suivi par l’écrasante victoire de la résistance Vietnamienne deux ans plus tard, en 1975 ? Cinq ans de négociations auxquelles le FNL et Ho-chi-Minh accordèrent la plus grande importance pour établir et confirmer aux yeux du monde leur volonté de paix et leur réalité de victime d’une agression militaire américaine sauvage et injustifiée et issue d’un nouveau » incendie du Reichstag » : l’incident du Golfe du Tonkin. Pour tous les jeunes anti-impérialistes et anticolonistes de l’époque nous apprenions sur le vif, alors, que les négociations sont un moment de la guerre. La vraie guerre d’ailleurs commencera avec cette Conférence et ces négociations et atteindre des sommets inégalés à nos jours avec les bombardements des B52 et la défoliation par l’agent Orange. Toutes les armes de la guerre furent intensivement utilisées mais plus que toute autre a émergé l’arme de l’information et de l’image. Les USA défendaient au Vietnam le « Monde libre » contre le communisme, les images montraient les enfants vietnamiens nus fuyant le napalm. Le massacre de My Lai ouvrait la liste des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dont nulle ONG ne songe à rouvrir le dossier. Au bout les vietnamiens paieront de trois millions de morts leur indépendance et leur liberté. Négocier et se battre, se battre et négocier, l’Oncle Ho et les vietnamiens nous apprenaient une application inédite de la dialectique : la négociation est une des formes de lutte. Et la lutte armée n’est qu’une forme avancée qua par le soutien que lui apportaient toutes les autres formes de luttes et d’abord cette forme de lutte de conquête du cœur de toutes la population mondiale y compris américaine que constituaient les propositions Vietnamiennes pour la paix. Les accords de Madrid en 1991 suivis des accords d’Oslo en 1993 postulèrent au principe exactement contraire : les négociations sont antinomiques de la lutte. En acceptant le principe de la négociation les dirigeants palestiniens renonçaient au principe de la lutte et le président de l’autorité palestinienne vient de le rappeler : il s’opposera à une troisième intifada. Car il ne s’agit pas d’opposition entre négociations et guerre sur le terrain mais opposition entre négociation en toute forme de lutte. Beaucoup de sympathisants de la cause palestinienne se sont interrogés sur cette obstination des dirigeants palestiniens de renoncer même aux formes élémentaires de pression sur Israël alors même qu’Israël continuait à leur appliquer toutes les formes de luttes et de chantage : de la « diète » du blocus au bombardement de l’aviation en passant par les arrestations et la répression permanente. La réalité est que les accords d’Oslo reflètent la solution américaine qui sera développée plus tard sous le vocable de « guerre juste » qu’utilise l’impérialisme humanitaire pour justifier les guerres faites à la Serbie, à l’Irak, à L’Afghanistan, à la Libye et à la Syrie en attendant l’Iran et l’Algérie. Toutes les violences d’Israël relèvent de l’autodéfense, toutes les résistances palestiniennes ressortent du terrorisme et de l’antisémitisme. Le retour du monde bipolaire ranimera-il l’idée de dialectique des luttes ? Les derniers combats , notamment à Qossaïr montrent l’entrée en masse des comités populaires dans la lutte de résistance sans que nous sachions si cette entrée a des effets sur le plan de la direction générale du combat ? Les déclarations de Cameron, de Hague, d’Erdogan, de Netanyahou et hier encore de Kerry montrent qu’il imposer cette conception « américaine » à travers « Genève II » : l’état national syrien serait sommé de choisir entre la guerre et la négociation et s’il refuse la négociation alors il légitimerait la guerre que lui feraient les voisins. Par deux fois, au moment de l’équipe arabe puis l’équipe onusienne d’observateurs, l’armée syrienne a abandonné le terrain aux insurgés qui en profité pour se renforcer par l’apport d’armes et de djihadistes via la Turquie et le Liban essentiellement. Cette époque est finie. Kadri Jamil, vice premier ministre et dirigeant du Front Populaire pour ekl Changement Démocratique l’a exprimé le plus clairement du monde : « les négociations ne sont pas la fin de la lutte mais la lutte dans de nouvelles conditions ». Kadri Jamil n’a rien perdu de sa dialectique.

In Reporters-Alger le jeudi 23 mai Mohamed Bouhamidi

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