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La Russie propose un billard spatial pour protéger la planète

vendredi 14 juin 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 juin 2013).

http://fr.rian.ru/discussion/20130605/198479982.html

La Russie propose un billard spatial pour protéger la planète

17:27 05/06/2013
Par Alexeï Eremenko, RIA Novosti

En février 2013, la météorite qui a explosé dans la région de l’Oural en Russie a touché 1 500 personnes - et rappelé à quel point l’humanité était vulnérable. On a réalisé qu’il n’existait aucun moyen d’empêcher un corps céleste de percuter la Terre.

Selon les chercheurs russes, la solution serait d’éliminer les astéroïdes dangereux à l’aide d’autres astéroïdes.

"Certains astéroïdes proches de la Terre pourraient être attirés et disposés à proximité immédiate de la planète afin de servir de munitions célestes en réserve. Elles pourraient servir à parer les menaces spatiales", déclare Natan Eïsmont, expert à l’Institut d’études spatiales de l’Académie des sciences de Russie et coauteur du projet.

"J’étais sceptique jusqu’à ce qu’on mène les simulations par ordinateur", a-t-il déclaré dans une récente interview accordée à RIA Novosti.

Les astéroïdes en orbite autour de la Terre pourraient ainsi être "rangés" à 100 000-200 000 kilomètres de la Terre et être utilisés à tout moment contre les astéroïdes non recensés et potentiellement dangereux. Cette proposition a été formulée dans la dernière recherche en date de l’Institut d’études spatiales et du Haut collège d’économie.

A l’heure actuelle, plus de 9 000 astéroïdes se trouvent relativement près de la Terre. Leur orbite les fait passer dans la limite d’une unité astronomique (1 UA = 149 597 870 700 mètres) de la planète. Ce chiffre ne représente peut-être qu’1 à 2% de leur nombre total, remarque Eïsmont. Car tous les jours sont découverts de nouveaux astéroïdes.

Les astéroïdes qui conviennent le mieux pour cette tâche suivent une orbite elliptique, grâce à laquelle ils passent parfois à proximité de la Terre mais se situent à plusieurs UA le reste du temps.

Les astéroïdes en approche de la Terre.

"Il est possible aujourd’hui d’envoyer la fusée non habitée russe Proton pour la faire atterrir sur un astéroïde en embarquant jusqu’à 2 tonnes de combustible", déclare Eïsmont. La fusée devra être bien fixée sur l’astéroïde et, en temps voulu, le combustible prendra feu et corrigera l’orbite de l’astéroïde.

Les astéroïdes de 1 500 à 2 000 tonnes et de 10 à 15 mètres de diamètre (dans l’Oural la météorite faisait plus de 9 000 tonnes et 17 mètres de diamètre) conviendraient le mieux pour protéger la planète. L’astéroïde 99942 Apophis – considéré comme une menace potentielle pour la Terre jusqu’à ce que de nouveaux calculs affinent sa trajectoire – atteint 325 mètres de diamètre et pèse 40 mégatonnes.

Les astéroïdes de la taille d’Apophis percutent la Terre une fois tous les 63 000 ans, affirment les experts ; une telle catastrophe pourrait causer jusqu’à 10 millions de morts - cela justifie certaines mesures de précaution.

"Les météorites semblables à celle qui a explosé en Oural tombent sur Terre tous les 50-80 ans", déclare Eïsmont.

L’astéroïde 1998 QE2, dont le diamètre atteint 3,2 km, est passé à 5,8 millions de kilomètres de la Terre, soit 15 fois la distance entre la Terre et la Lune, à 20h59 GMT vendredi 31 mai.

Le coût du programme avoisinerait un milliard de dollars pour chaque lancement de la fusée Proton et l’équipement nécessaire pour faire manœuvrer un astéroïde pourrait être conçu en 10 à 12 ans, estime Eïsmont.

Un coût aussi exorbitant laisse à penser que le plan est condamné à rester dans les placards.

De son côté la Nasa travaille déjà sur un projet de ce genre qui propose de capturer un astéroïde de 500 tonnes et de le sortir sur l’orbite de la Lune, où il pourra être étudié grâce à des vols habités à partir de 2025. La Maison blanche a soutenu le budget de 105 millions de dollars en 2014 pour la première phase du projet, dont le coût total est estimé à 2,6 milliards de dollars.

Le projet russe a obtenu une subvention de l’Etat à hauteur de 4,8 millions de dollars mais il n’existe pour l’instant que sur le papier.

Dans l’un de ses discours qui ont suivi l’incident dans l’Oural l’hiver dernier, le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine a déclaré que la protection de la planète était une priorité de l’industrie spatiale russe. Mais jusqu’à présent, les autorités n’ont montré aucun intérêt pour ce projet de détournement d’astéroïdes.

"L’approche proposée par les chercheurs russes conviendrait à certains types de menaces célestes", remarque Donald Yeomans, directeur du programme de recherche et d’étude d’objets célestes au laboratoire de propulsion à réaction de la Nasa, à Pasadena (ce travail lui a valu une place dans le top-100 des hommes les plus influents du monde en 2013 selon la revue Time).

Astéroïdes dangereux, mythe ou réalité ?

"Si un astéroïde suffisamment grand et lourd était susceptible de percuter la Terre, alors on pourrait envisager de changer sa trajectoire grâce à l’impact dirigé d’un autre astéroïde plus petit", a-t-il déclaré à RIA Novosti.

Cependant les astéroïdes de moindre taille, mais qui représentent tout de même un danger, devraient être interceptés par des vaisseaux spatiaux plus manœuvrables plutôt que d’utiliser d’autres astéroïdes, a-t-il déclaré à RIA Novosti.

Le projet russe suscite de nombreuses questions sur le plan technique, notamment sur la conception d’équipements permettant de faire manœuvrer un astéroïde ou d’installer ces équipements sur l’astéroïde, fait remarquer Vladimir Sourdine de l’Institut astronomique Sternberg à l’Université Lomonossov de Moscou.

"Il existe également d’autres problèmes - mais rien de définitif dans l’ensemble. La méthode a besoin d’être mise au point mais doit faire partie de l’arsenal de moyens mis en oeuvre pour protéger la planète", estime Vladimir Sourdine.

L’humanité a besoin d’un tel arsenal si l’on estime comme Eïsmont qu’une "attaque" depuis l’espace est inévitable.

"Personne ne peut prédire quand arrivera le prochain astéroïde mais tout le monde est convaincu qu’il arrivera un jour", conclut-il.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction de RIA NOVOSTI

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