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Renaissances égyptiennes

vendredi 12 juillet 2013

22 millions de signatures (le chiffre de douze dans l’article est une erreur) entre 13 et 33 millions de manifestants selon les estimations, les transformations politiques en Egypte atteignent les dimensions telluriques qui annoncent une vraie révolution. S’accomplira-t-elle ?

Renaissances égyptiennes

http://www.reporters.dz/index.php?o…

Alger 11 juillet 2013 . Mohamed Bouhamidi

Par l’immensité des chiffres, la mobilisation du peuple égyptien échappe à toute classification partisane, sans être tout à fait spontanée. Elle suivait le long travail qui avait réuni le chiffre fabuleux de douze millions de signatures demandant le départ de Morsi. Elle accomplissait la colère des simples gens face à une profonde dégradation de la situation sociale, avec aggravation et élargissement de la misère. Elle réalisait la conscience que l’alignement de Morsi sur les buts particuliers de sa confrérie sacrifiait l’intérêt général et projetait un état religieux obéissant aux impératifs internationaux de la confrérie plus qu’aux besoins du peuple égyptien. Une série d’incidents alertaient les couches populaires sur ce virage dangereux pour l’identité égyptienne et pour sa pérennité. Les principaux indices restent la lettre secrète de Morsi à Peres, démentie côté égyptien et confirmée côté israélien (http://fr.rian.ru/world/20120801/19…), suivie du succès de Morsi à imposer sa « déclaration constitutionnelle » en tout point dictatoriale, les tractations pour céder au Qatar de nombreuses activités lucratives, dont des secteurs touristiques et le canal de Suez, démenties sans conviction, mais suivie du bras de fer qui a mené au limogeage à « l’amiable » de Tantaoui, les efforts réussis pour retirer le Hamas du champ de confrontation avec Israël suivis du deuxième prêt qatari, le soin mis à noyer les tunnels de contrebande, l’alignement constant sur l’hostilité des USA à Bachar Al Assad suivi de la confrontation pour modifier l’appareil judiciaire en changeant la composante du Conseil supérieur de la magistrature et en envoyant en retraite les magistrats de plus de soixante ans pour « ouvrir » les portes de l’emploi aux jeunes diplômés. Deux incidents dominent ce tableau. Premièrement, les négociations imposées par la Présidence, via les liens de la confrérie, avec les groupes armés pour libérer les soldats pris en otages au Sinaï. Cette attitude d’arbitrage renvoyait dos à dos les groupes islamistes armés et l’institution militaire, ruinait le monopole des armes dévolu à l’armée et la mettait dans les « conditions libanaises » de quémander une couverture politique à chacune de ses actions. Deuxièmement, la décision « à chaud » de rompre les relations avec la Syrie et d’endosser l’appel au djihad en plein meeting partisan. C’est un coup d’Etat authentique de prendre des mesures de ce genre en dehors des cadres institutionnels et sans consultation préalable de l’armée pour une question aussi sensible pour la sécurité nationale. Morsi signait la fin de l’Etat en tant qu’ensemble cohérent et solidaire d’institutions. En ouvrant les portes égyptiennes du djihad, Morsi, au nom de la confrérie, venait d’offrir à la coalition anti-syrienne, menée par les USA, la solution inespérée : des combattants en nombre suffisant pour battre Al Assad et El Nosra. Quel renfort tardif pour le Qatar, mais quel secours pour Erdogan. Quel mauvais coup pour l’Arabie saoudite, chargée de liquider les mêmes frères. Quel cauchemar pour les Emirats arabes unis que cette alliance du nombre égyptien et de l’argent qatari. Un enfant comprendrait que cette « solution égyptienne » au casse-tête syrien, combinée à l’alignement de Morsi sur la politique US et sur les exigences d’Israël, devaient assurer à la confrérie un soutien international à la destruction de l’Etat égyptien né des réformes entreprises par cette armée égyptienne qui s’est affranchie de la tutelle ottomane avec Mohamed Ali Pacha vers la moitié du XIXe siècle. Nasser et les officiers libres ne feront pas autre chose, sous les formes et dans les conditions de leur époque, que reprendre le projet de développement et de modernisation initié par les pachas semi-autonomes et contrarié sous leurs successeurs khédives par les interventions étrangères puis par la tutelle britannique. Contrarié, mais toujours vivant, replié dans la quête des matrices scientifiques, philosophiques ou culturelles du progrès, entamée par les élites égyptiennes et dont nous pouvons imaginer le spectre entre May Ziyada et Salama Moussa. En manifestant, en nombre prodigieux, le peuple égyptien a pesé sur le rapport des forces général. Il a aidé l’armée à trancher entre ses dispositions à résister et ses penchants aux compromis. Il a restitué la politique à son langage et à son champ. Il a contraint les USA et l’Europe à sacrifier Morsi pour prévenir un processus de radicalisation et Israël à adjurer les USA de verser ses aides à l’armée égyptienne pour fermer la porte à un retour de la Russie. Il a mis fin à la situation d’hégémonie, voire de monopole, des USA sur la région. Il a sauvé son Etat national qui reste, malgré la corruption et toutes ses tares, son acquis le plus tangible de ses luttes du XXe siècle, sa base de départ et son viatique d’expériences et de leçons pour la prochaine phase de lutte.

Alger 11 juillet 2013 . Mohamed Bouhamidi

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8 Messages de forum

  • Renaissances égyptiennes 12 juillet 2013 09:14, par do

    Salut Mohamed,

    À la télé, en France, ils ne parlaient pas de "douze millions de signatures demandant le départ de Morsi", mais de vingt deux !

    Merci pour cet article qui confirme ce que je pensais tout en rajoutant quantité de précisions indispensables.

    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org

    • Renaissances égyptiennes 13 juillet 2013 03:55, par hassinus

      Bouhamidi, voilà encore un « démocrate » laudateur de coups d’état. Et pour toute argumentation, le peuple, ses intérêts et ses signatures. M.Mohamed Bouhamidi reprend à son compte le nombre de douze millions de signatures donné par les médias occidentaux habitués à servir de tambour aux opérations douteuses de l’Occident civilisé et démocrate mais défenseur des coups de force un peu partout dans le monde. Qui les a comptées ces signatures, dans un pays où la masse populaire ne sait pas lire ! Mais pourquoi se soucier de la vérification ? – Hug ! CNN ou LCI a dit ! Cela suffit.
      « Morsi s’alignait sur la politique US et sur les exigences d’Israël » Si je comprends bien le pouvoir américano sioniste a scié la branche qui le servait ! M. Bouhamidi trouve simple de faire l’impasse sur le fait que OBAMA a été, bien avant l’armée égyptienne, le premier à juger insuffisant le discours de Morsli répondant à l’ultimatum.
      Depuis Sadate et le camp David - événement oublié étrangement par les spécialistes de l’Egypte appelés à justifier « le coup d’état technique mais non politique » (Ah !les pince sans rire ) le plus idiot des observateur sait que l’armée égyptienne n’est qu’un appendice des USA, armes et dollars, obéissant au doigt et à l’oeil aux ordre de son maître américano sioniste, soutenant plus de 20 ans le successeur de Sadate, dire qu’aujourd’hui que cette armée cotée à la bourse agit pour le bien du peuple égyptien s’apparente tout simplement au cynisme !
      de Président en remplacement à celui qui l’avait nommé, n’est pas un frère musulman. qu’un appendice des USA, armes et dollars elle fait ce que lui demande le maître américano sioniste, soutenant plus de 20 ans le successeur de Sadate, dire qu’aujourd’hui que cette armée cotée à la bourse agit pour le bien du peuple égyptien s’apparente tout simplement au cynisme !
      « Les frères musulmans » (je suis athée) est une institution culturelle et politique liée à El-Azhar depuis des siècles, et l’affabuler d’une manière si méprisable du vocable « de confrérie religieuse » c’est ne rien comprendre aux méandres des luttes des peuples contre leurs oppresseurs. Contre l’aveuglement et pour montrer l’inanité des accusations, le président du Conseil constitutionnel promu au poste, n’est pas un frère musulman ce qui contredit l’accusation e monopolisation du pouvoir.
      Morsi a été élu à 51% un peu mieux Hollande, et comme Hollande il ne pouvait relever le pays en un an. Et dans une première étape, il se devait composer avec la politique américaine dans la région.
      Mais le plus beau, le plus extraordinaire élément clé de la compréhension de l’affaire, à savoir introduire coûte que coûte le sieur Baradai dans le jeu politique, ne parle pas à Monsieur Bouhamidi. Quand on sait tous les agissements de ce Monsieur, grand serviteur des manigances de l’Occident, parler d’un coup d’état au service du peuple, est plus risible qu’un chien se mordant la queue…

      • Renaissances égyptiennes 15 juillet 2013 08:12, par do

        Il ne s’agit évidemment pas d’un coup d’État, mais de la même révolution, celle qui a commencé en 2011 et peut-être même quelques années auparavant, qui se prolonge. Après avoir fait tomber un dictateur, elle en a fait tomber un deuxième deux ans plus tard.

        Il se trouve que dans les deux cas, l’armée s’est placée, du moins en apparence, dans le bon camp.

        Pendant la révolution française aussi, de larges fractions de l’armée se sont placées dans le camp de la révolution. Une première fois le 14 juillet 1789, et une deuxième fois le 10 aout 1792. Cela ne fait pas de la révolution française un coup d’État.

        Certes, après la mort de Nasser, l’armée égyptienne fut en grande partie financée par l’impérialisme américain. Mais tu sembles totalement ignorer que les Frères musulmans ont été fondés par les services secrets anglais en 1928.

        Dans un premier temps, les Frères musulmans furent donc au service de l’impérialisme anglais, et le restèrent tant que celui-ci resta l’impérialisme dominant. Quand ce fut l’Amérique, c’est-à-dire la fille de l’Angleterre, qui se mit à dominer après la deuxième guerre mondiale, les Frères musulmans furent naturellement au service de l’impérialisme US, qui les utilisa notamment contre Nasser.

        Égypte - Révolution du Nil - Les Frères musulmans sont une carte entre les mains de la CIA :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article2240

        À ses débuts, le Hamas, dont la direction appartient aux Frères musulmans, était financée par le Mossad, service secret israélien :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article4502

        Comment peux-tu ignorer que les islamistes sont totalement manipulés par les services secrets occidentaux depuis le début :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article1419

        BHL a même avoué son alliance avec al-Qaïda :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article4257

        L’islamisme est un produit de l’impérialisme anglo-saxon, de la CIA et du MOSSAD :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article1940

        Ce sont les Frères musulmans qui font la contre-révolution en Syrie, au service de l’impérialisme américano-sionistes.

        Il te faut savoir que l’impérialisme US a soutenu Morsi jusqu’au bout. Même s’il lui a donné des conseils pour maintenir sa dictature. Le conseil consistant essentiellement à n’y aller pas trop fort dans la répression ; mais Morsi n’a pas compris, ou n’a pas pu.

        Les Frères musulmans ont toujours été dans le camp de l’impérialisme anglo-saxon, puis américano-sioniste. Tandis qu’une fraction de l’armée égyptienne est encore et toujours nassérienne. On peut espérer que c’est pour cela que l’armée a soutenu la révolution contre le Frère musulman Morsi.

        Certes, il faut se méfier, et l’armée égyptienne n’a peut-être soutenu la révolution que pour mieux la contrôler ; et, après Moubarak et Morsi, les Égyptiens devront certainement combattre d’autres dictateurs.

        • Renaissances égyptiennes 16 juillet 2013 03:48, par hassinus

          Voilà une grande avancée épistémologique : le raisonnement par décrets. Comme c’est facile lorsque la conviction mue en décret. La dialectique qui veut qu’on interroge un phénomène sur sa naissance, son évolution et sa mutation, pourquoi faire ?

          M.Bouahamidi décrète, c’est une révolution, il fait comme ma grand-mère qui s’entêtait à dire que c’est une chèvre même si ça vole. Il décrète sans arrêt et sans preuves - les frères musulmans sont ceci ou sont cela - au fait El qaida, ce bidule inventé dans le sillage du 11 septembre, c’est quoi ? - vite un décret !!! et dans son élan "décrétatoire" il oublie l’essentiel, Sadate, le camp David, Baradai, les infiltrations et les manipulations des masses ou les intérêts , le pedigree du général félon ou d’Israël qui surveille la région comme on surveille le lait sur le feu. Merci tout de même. Hug, j’ai dit !

          • Renaissances égyptiennes 16 juillet 2013 08:25, par do

            C’est le peuple égyptien, qui a "décrété" qu’il s’agissait d’une révolution, la même que celle de 2011, qui avait à l’époque été volée par les Frères musulmans ; alors, les Égyptiens ont fini par les virer, voilà tout. Et ils ont eu raison !

            Je te réponds sur un deuxième point histoire de te faire réfléchir un peu. Le Hamas est dirigé par des frères musulmans, pas vrai ? alors comment se fait-il qu’au moins à ses débuts, il fut financé par le Mossad, sinon parce que les frères sont dirigés par des agents au service de l’empire ?

            Et sur al-Qaïda, ce vocable n’a pas été inventé dans le sillage du 11 septembre, même s’il n’était pas très popularisé auparavant dans la population occidentale. Il signifie "la base", et c’était la base de donnée dans laquelle les Américains puisaient leurs mercenaires pour aller faire la guerre en Afghanistan contre les soviétiques avec Ben Laden déjà en 1978.

            • Renaissances égyptiennes 16 juillet 2013 13:44, par hassinus

              D’une part ce qui est vrai hier ne l’est pas forcément aujourd’hui. Peut-être que les Frères musulmans sont infiltrés mais l’armée qui a formenté le coup d’Etat est complètement à la solde ce qui est quand -même pire ! Dans tous les cas, un coup d’Etat est une sale chose pour le bon avancement d’une cause. Quant au Peuple il a bon dos, et beaucoup de gens se souviennent de lui que lorsque leur propre intérêt les sonne. Bon décret.

              • Renaissances égyptiennes 17 juillet 2013 08:16, par do

                Non, Hassinus, les Frères musulmans ne sont pas seulement "infiltrés" par les services secrets anglo-saxons, ils ont carrément été FONDÉS par eux en 1928, et aujourd’hui, ils appartiennent à la CIA. C’est pourquoi ils combattent aujourd’hui en Syrie contre le régime antisioniste de Bachar el-Assad. Et c’est essentiellement parce que les Frères musulmans combattent aujourd’hui en Syrie contre Bachar, le soutien du Hezbollah libanais de Hassan Nasrallah, qu’il y a eu cette montée des révoltes en Turquie contre Erdogan et en Égypte contre Morsi.

                Et non, la haute hiérarchie militaire égyptienne n’est pas toute d’un seul bloc : Nasser était un colonel, et aujourd’hui, beaucoup d’officiers militaires égyptiens se souviennent de lui et l’admirent.

                L’actuelle armée égyptienne n’a fait qu’aider le peuple à réaliser ses souhaits.

                Mais rien n’est encore gagné en Égypte, il y aura sûrement d’autres manches à jouer…

  • Renaissances égyptiennes 12 juillet 2013 09:15, par do

    Ils ont dit aussi que la mobilisation de la rue contre Morsi avait été encore bien plus énorme que l’avait été celle contre Moubarak !

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