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En attendant la guerre, ou Le jour où les medias ont scénarisé la guerre

dimanche 1er septembre 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 31 août 2013).

En attendant la guerre
ou
Le jour où les medias ont scénarisé la guerre

L’envie d’écrire cet article m’est venue suite à un Week end que j’ai passé avec des amis, à entendre leurs propos politique et leurs analyses de la situation…dans l’attente que nos analyses se concrétisent ou pas, de retour chez moi, une chose était sure : il semble que le scénario Américain a encore une fois triomphé !

Tous les éléments du scénario sont là : le personnage principal, le mentor (le meilleur ami, la main droite), les opposants (le méchant), le désir, le besoin, l’élément déclencheur etc.. : Tous éléments jugés nécessaires à la réussite d’un film selon les livres Américains basics, d’écriture de scénario. Mais dans ce scenario, manque malheureusement ou heureusement la créativité. Le scénario se répète méthodiquement, sans aucune invention nouvelle, le scénariste étant encore ravi de son Prix Nobel pour la paix reçu en 1973.

Une de ces premières victoires dont je me souviens bien fut l’écriture du scenario de la guerre d’Irak. En 1990, alors que la guerre faisait rage entre le Koweït et l’Irak, les États-Unis voient dans l’Iraq des intérêts économiques et politiques. Ceci dit, le peuple Américain n’a jamais entendu parler de L’Irak et ne saura même pas localiser le pays sur une carte. Donc comment faire connaitre l’Irak aux Américains et encore plus, comment les convaincre de la nécessitée « humaine » d’envoyer leurs enfants faire la guerre dans ce pays méconnu ?

C’est bien là, que le scénariste a eu recourt aux medias : Des images de cadavres, d’enfants tués et de femmes Koweitiennes massacrées par le régime de Saddam commencent à hanter les télévisions et les journaux. Et puisque dans tout scénario on a besoin d’un élément déclencheur qui stimule et déclenche un changement dans la situation, ici, le scénariste a eu recourt à la présumée histoire des incubateurs de bébés prématurés que les Irakiens ont arrachés dans les hôpitaux au Koweït.

C’est précisément un témoignage d’une jeune fille de 15 ans qui raconte avoir vu des bébés a qui on arrachait les incubateurs et ont laissaient mourir, qui secoue l’opinion publique. Devant ce témoignage, les Occidentaux de la comite du congrès sur les droits de la personne, ne peuvent que ramasser leurs larmes. Et donc, très touchés par cette histoire, M. Bush avec l’accord du Prix Nobel de la Paix, Henry Kissinger, décidèrent, et d’un geste héroïque, d’envahir l’Irak et de tuer le méchant. Le méchant dans cette histoire est un méchant pour de vrai, mais l’histoire des bébés tués, s’avère n’être qu’un mensonge, raconté d’ailleurs par la fille même de l’ambassadeur Koweitien.

Des médecins prouvèrent par la suite que les hôpitaux au Koweït ne manquaient pas d’incubateurs et qu’il n y avait pas eu de bébés morts. L’histoire, bien scénarisée, et bien jouée par la fille de l’ambassadeur et par l’ambassadeur lui-même, soutenus tout deux par le scénariste Américain servit de déclencheur à l’invasion de l’Irak, et à la guerre qui dura 8 ans. Aujourd’hui le scénario n’est pas très différent, puisque c’est encore les mêmes scénaristes qui sont derrière la table d’écriture. Ce sont, néanmoins, les outils d’écriture qui ont pour autant quelque peu évolués. En plus de la télévision, des journaux et de la radio, c’est l’internet qui entre en jeu.

Début Août 2013, une photo de rangés de corps recouverts, commence à circuler sur facebook. Même BBC n’hésite pas à la diffuser. La photo est censée raconter les morts causés par l’utilisation d’armes chimiques en Syrie par le régime de Bachar Al Assad. Quelques jours plus tard, L’auteur de cette photo, Marco di Lauro, se prononce. Il s’avère que la photo a été prise par lui même, en Irak, en 2003 !

Cependant, la photo a déjà eu son impact chez les téléspectateurs qui, effondrés par la cruauté, se référaient dans leur description des atrocités de la Syrie à cette photo précisément. Obama quelques jours plus tard déclara vouloir attaquer la Syrie qu’il accuse d’avoir utilisé des armes chimiques. Et bien sur, le pauvre téléspectateur, l’américain, le français, l’européen et les quelques Libanais victimes de ces images d’une extrême violence, ne peuvent voir en Obama que le héro, le sauveur : rendre le méchant encore plus méchant pour que le protagoniste, le héro puisse triompher, est aussi une méthode scénaristique utilisée dans les apprentissages d’écriture de scénario anglophones.

De plus, vu qu’aujourd’hui le peuple français et britannique se soulève contre l’éventuelle intervention de leur pays en Syrie, des photos supplémentaires ont été nécessaires afin de les convaincre. Alors voila la BBC et les quelques chaines Libanaises comme MTV à titre d’exemple, qui cherchent dans leurs archives et qui nous sortent des images d’enfants qui suffoquent sous l’effet des gaz chimiques : cher spectateur, si vous n’avez pas été assez bouleversé par les images que vous avez vu jusqu’à présent de la Syrie, alors voici encore une dose qui vous fera crier « SOS United States. ». Le scénariste est assez fort, y a rien à dire, sauf qu’il ne connait aucune subtilité ! ca c’est sure.

L’utilisation d’images crues montrant la violence en gros plan est apparemment l’élément le plus important dans l’écriture des scenarios de guerre. Je ne sais plus quel livre a du insister sur cet élément en le qualifiant d’élément crucial à la réussite d’un scénario. Probablement, c’est un livre américain, utilisé dans les écoles Américaines de nos jours.

Les images de cadavres, de sang, des membres d’un cadavre déchirés, ne choquent plus l’homme à la caméra et pas moins le journaliste qui l’accompagne en commentant l’image. Au contraire, ils se plaisent à nous les montrer longuement, oubliant qu’une image en gros plan, et selon la neuroscience, peut être lue par le cerveau en seulement un huitième de seconde. Nous prennent-ils donc pour des idiots ?

De plus, l’homme devant la télévision, pas plus révolté ni choqué que le journaliste, continue à regarder passivement la violence sans remuer des cils. Aucune distance établit entre la camera et les cadavres et encore moins entre le spectateur et la violence.

En 1966, Liv Ullmann, dans le film Persona de Bergman, retient un cri de panique et de désarroi devant une image d’un homme qui s’immole lors de la guerre du Vietnam. Est-ce que l’homme a perdu depuis quelque peu de sa sensibilité et de son humanité ? Est ce qu’il est devenu, blindé, immunisé à la violence ?

Et quand est ce qu’il va enfin refuser d’être exposer à ces images, au nom de l’humanité, et au nom du respect du corps de l’être humain. Passe le temps où ces images informaient sur une guerre, aujourd’hui elles sont utilisées pour vendre une guerre.

Jean Renoir, le réalisateur français, parlant de son film, La Règle du jeu, dit que « c’est la mort du lapin qui fait qu’on continue à chasser ». D’ailleurs, à la fin de ce film, le personnage d’André Jussieu meurt par erreur mais sa mort remet le compteur à zéro, sa mort permet la continuation de l’histoire. Le lapin dans cette citation n’est en fin de compte qu’une métaphore de l’être humain fragile, du peuple innocent, de ce « plus faible des roseaux pensants » comme dit Pascal, le philosophe, et c’est précisément ce plus faible qui doit se sacrifier pour que la guerre puisse s’écrire dans les livres d’histoire, pour que le scenario aboutisse et que le film triomphe !

Pour que le monde occidental puisse jouir des ressources de ces pays du tiers monde comme ils l’ont bien fait en Iraq, en Lybie et ailleurs..

Myriam

3 Messages de forum

  • Excellent article du point de vu de l’inspiration.

    Salut,

    Ton article est très bien ; malheureusement, tu n’as pas très bonne mémoire. En effet, le mensonge des couveuses eut lieu pour la première guerre du golfe, en 1990, et pas en 2003. Je me suis permis de corriger la date dans l’article. Voici une vidéo qui en parle :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article5817

    Quant à la photo de Marco di Lauro prise en Iraq en 2003, elle servit bien à ’prouver" un "massacre" en Syrie à Houla. Mais ce massacre est censé avoir eu lieu en 2012, pas en 2013, et n’est pas du tout censé avoir été perpétré avec une arme chimique. Voici un article à ce sujet :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article5818

    Sinon, il y a eu aussi le coup de Timisoara, qui n’était pas mal non plus :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article5816

    Une remarque toutefois, es-tu bien sûr que Saddam était si méchant ? Regarde l’article suivant.

    Les revolutions colorées expliquées par un agent de l’imperialisme, John Perkins (vidéo 20’) :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article910

    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org

    • merci pour les corrections.
      si la video de John Perkins est vrai, alors la revolution de Mai 68 est aussi perpetree par la CIA…non ?

      • Salut Myriam,

        La vidéo de Perkins est vraie, évidemment. Seulement il ne dit pas que toutes les révolutions sont des révolutions "colorées" ; sinon, on ne le croirait pas. Par exemple, la Révolution Française n’était pas manipulée, et la révolution des oeillets non plus, même si elle porte un nom de fleur.

        La tentative de coup d’État de Salan, le 21 avril 1961 à Alger, fut soutenue par les services secrets américains. Ils ont effectivement voulu profiter de cette oportunité pour se débarrasser de de Gaulle. Mais comment imaginer que la CIA soit capable de mettre en grève 56% de la population pendant 15 jours de suite en mai 68 ? impossible ! Et puis, une vraie révolution, quelque soit le chef de l’État du pays où elle a lieu, sera toujours combattue par la CIA, car trop dangereuse ! Il ne faudrait pas qu’elle serve d’exemple et se répande sur toute la planète comme une trainée de poudre. La CIA a par exemple combattu la révolution du Nil à l’aide des Frères Musulmans :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article2240

        http://mai68.org/spip/spip.php?article3518

        http://mai68.org/spip/spip.php?article5551

        Pour connaître le fin mot de l’histoire au sujet de mai 68, il y a l’article que j’indique en post-scriptum.

        Bien à toi,
        do
        http://mai68.org

        Les situationnistes - Comment créer une situation, l’exemple de mai 68 :

        http://mai68.org/spip/spip.php?article1389

        (Lire aussi les commentaires)

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