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Génétiquement et linguistiquement, les Maghrébins ne sont pas des Arabes

vendredi 8 novembre 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 novembre 2013).

Le Fantasme Alors que la majorité des Maghrébins s’identifie culturellement aux Arabes, des études scientifiques tendent à indiquer qu’ils seraient, en très grande majorité, ethniquement Berbères. « Comparés avec d’autres communautés, notre résultat indique que les Tunisiens sont très liés aux Nord-Africains et aux Européens de l’Ouest, en particulier aux Ibériques, et que les Tunisiens, les Algériens et les Marocains sont proches des Berbères, suggérant une petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région au VIIe ou VIIIe siècle. » ( A. Hajjej, H. Kâabi, M. H. Sellami, A. Dridi, A. Jeridi, W. El Borgi, G. Cherif, A. Elgaâïed, W. Y. Almawi, K. Boukef et S. Hmida, « The contribution of HLA class I and II alleles and haplotypes to the investigation of the evolutionary history of Tunisians », Tissue Antigens, vol. 68, n°2, août 2006, pp. 153–162).

Le verdict des chercheurs ci-dessus est sans appel : l’identité arabe (ou arabo-musulmane) du Maghreb relève plus du fantasme que de la réalité. En psychologie, « un fantasme est une construction consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s’y met en scène, d’exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse ». Ce fantasme, inventé par les monarchies pétrolières et leurs harkis islamistes, a été injecté dans les têtes et les esprits à une époque récente.

Bien que ces études soient basées sur des échantillons retreints, elles sont parlantes. Elles confirment ce que les historiens ont toujours affirmé : l’apport arabe est très minoritaire dans les populations maghrébines (Ibn Khaldoun, Gabriel Camps, etc.), car quelques dizaines de milliers d’envahisseurs arabes n’ont pas pu, génétiquement et matériellement, changer des millions de Berbères en Arabes.

En effet, le plus grand historien maghrébin, Ibn Khaldoun (1332-1406), l’avait depuis longtemps démontré : les Maghrébins ne sont pas des Arabes, mais ce sont des Berbères « arabisés » (mousta’arabouneمستعربون ).

Historiquement et de tout temps, la culture arabe a toujours nettement distingué les Arabes (considérés comme "le peuple élu" auquel Allah a confié la mission de propager l’Islam) des non Arabes (les sujets de sonde zone, les peuples dominés). Ceux-ci sont appelés ‘Ajam, عجم , c’est-à-dire des non arabes, « des étrangers », l’équivalent des « Barbares » des Grecs ou des Romains. Les Barbares des Arabes regroupaient tous les peuples soumis par les armes : Perses, Byzantins, Berbères, Kurdes, etc.

Pour ces peuples, se déclarer musulman permettait alors d’échapper à l’impôt que devait payer tout sujet non musulman. Cependant, même pour ceux qui ont opté pour la culture arabe et la religion islamique, ils restent, aux yeux des Arabes de souche, des « non Arabes ». C’est toujours le cas aujourd’hui, malgré les déclarations et les salamalecs officiels.

Les Arabes de la péninsule arabique, détenteurs du label de l’arabité authentique, considèrent les Maghrébins avec une certaine condescendance. Nous avons comment, sous prétexte que les « chiffres arabes » avaient été conçus au Maghreb, les seuls pays au Monde qui n’utilisent pas les chiffres arabes se trouvent au Moyen Orient ! Ils préfèrent utiliser les chiffres indiens. Pour eux, le Maghreb est aussi étranger que la Papouasie ou la Bolivie.

A. Génétique : Adn et généalogie ou l’histoire de nos ancêtres

A partir d’un simple prélèvement salivaire, les généticiens sont désormais en mesure de retracer l’histoire des migrations des ancêtres de tout individu. Leurs techniques sont si performantes qu’elles permettent de remonter jusqu’à la préhistoire, soit 900 ans avant Jésus-Christ, juste avant l’arrivée, en 814 av. J.C., de Didon/Elyssa, fondatrice et reine de Carthage.

C’est au travers de l’haplogroupe que les généticiens sont capables de remonter la lignée généalogique sur autant de décennies. Les haplogroupes peuvent se définir comme les branches de l’arbre généalogique des Homo Sapiens, ils représentent l’ensemble des personnes ayant un profil génétique similaire grâce au partage d’un ancêtre commun.

On distingue deux sortes d’haplogroupe, le premier étant d’ADN mitochondrial et le second le chromosome Y. L’ ADN mitochondrial (ADNmt) est transmis de la mère à ses enfants (fille et garçon), l’haplogroupe ADNmt réunit les personnes d’une même lignée maternelle. Le chromosome Y est transmis uniquement du père vers son fils, l’haplogroupe chromosome Y se compose des hommes partageant un ancêtre de la lignée paternelle.

Grâce à l’identification des haplogroupes et à leur comparaison entre populations, il est possible de connaître, avec une certitude relative, les déplacements migratoires réalisés par des peuples. Ces techniques permettent donc de déterminer la zone géographique dans laquelle nos ancêtres vécurent.

Lignée paternelle maghrébine : l’ADN du chromosome Y

Les principaux haplogroupes du chromosome Y des Maghrébins (berbérophones et arabophones) les plus courants sont : le marqueur berbère E1b1b1b (M81) (65 % en moyenne) et le marqueur arabe J1 (M267) (15 % en moyenne). Plus de 80 % des Maghrébins y appartiennent.

E1b1b1b est le marqueur berbère. Il est caractéristique des populations du Maghreb. Dans certaines parties isolées du Maghreb, sa fréquence peut culminer jusqu’à 100 % de la population. Ce haplogroupe se retrouve aussi dans la péninsule Ibérique (5 % en moyenne) et à des fréquences moins élevées, en Italie, en Grèce et en France.

J1 est un haplogroupe « sémitique » très fréquent dans la péninsule arabique, avec des fréquences avoisinant 70 % au Yémen. J1 est le marqueur « arabe ». 20 % des Juifs appartiennent aussi à J1. On en conclut que l’origine des Arabes est le Yémen. Le marqueur arabe se retrouve aussi en Turquie, en Europe du Sud et en France.

D’après les données du tableau intitulé "Lignée paternelle : l’ADN du chromosome Y" figurant dans l’article de Wikipédia relatif aux Maghrébins, nous avons calculé que, en moyenne, chez les Maghrébins, le marqueur berbère est majoritaire à 59,6%, et que le marqueur arabe est minoritaire à 20,6%.

Lignée maternelle : l’ADN mitochondrial

Selon le même tableau cité ci-dessus, les études montrent que la structure génétique mitochondriale générale des populations du Maghreb est composée majoritairement d’haplogroupes (H, J, T, V…) fréquents dans les populations européennes (de 45 à 85 %), d’haplogroupes L (de 3 à 50 %) très fréquents dans les populations sub-sahariennes, et d’autres haplogroupes très minoritaires.

Conclusions de la génétique

En moyenne, le Maghrébin est donc, globalement :

  • à 60% d’ascendance berbère et à 20% d’ascendance arabe du côté paternel,
  • à plus de 50% d’ascendances diverses, qu’il partage avec les Européens, du côté maternel.

Les défenseurs de l’hégémonie, voire même de l’exclusivité du caractère arabo-musulman du Maghreb, tentent de gommer de la mémoire collective toutes les autres composantes de l’identité nationale ou maghrébine et d’imposer une conception extraterritoriale de l’État nation, en l’occurrence la Oumma islamique, cet ensemble flou et informe, prélude à la dissolution de la Libye, de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc dans un califat archaïque et cauchemardesque. Mais là où le bât blesse encore plus, c’est que, alors que la plupart des sociétés modernes s’orientent vers le multiculturalisme et vers l’ouverture, le "monde arabe" semble à la recherche d’une pureté identitaire chimérique et complètement fantasmée.

B. L’héritage linguistique maghrébin

La langue berbère de nos premiers ancêtres maghrébins est devenue minoritaire aujourd’hui : quasiment éradiquée en Tunisie et en Libye, elle est encore vivante au Maroc et en Algérie.

Les Maghrébins actuels parlent, en majorité, une langue commune, la darija ou derji. Cet ensemble de parlers populaires est appelé maghribi par les linguistes, ou langue maghribia ou maghrébia.

La Maghrébia est une langue issue du « mariage » des langues berbère et punique. Ces deux langues sont relativement proches car elles font partie de la famille linguistique chamito-sémitique. Elles sont aussi, historiquement, très antérieures à la langue arabe, la langue du Coran, dont la première preuve écrite indiscutable date du septième siècle (les plus vieux feuillets du Coran, visibles à la Bibliothèque Nationale de France, dateraient de 34 ans après l’hégire). La langue maghrébia précède donc la langue arabe de plus mille ans : affirmer que la Maghrébia découle de l’arabe est donc un « non sens » historique.

Comme, par ailleurs, la langue phénicienne et la langue arabe sont des langues sémitiques, elles ont beaucoup de termes communs ou phonétiquement voisins. D’ailleurs les noms de beaucoup de lettres de l’alphabet arabe sont les mêmes en punique et signifient la même chose.

Autrement dit, les langues maghrébia et arabe, issues du même ancêtre sémitique, sont des langues cousines, comme le sont par exemple l’espagnol et l’italien. Cet aspect linguistique explique pourquoi « l’arabisation » de la Berbérie s’est faite rapidement et facilement. En fait d’arabisation, les populations punico-berbère des villes et des côtes parlaient déjà la Maghrébia, une langue très proche de l’arabe. Avec les conquêtes arabes, la Maghrébia s’est enrichie de l’apport arabe, mais elle reste une langue distincte de l’arabe : lorsque deux Maghrébins parlent entre eux, un Saoudien ou un Syrien aura du mal à les comprendre.

Depuis ces temps historiques, cette langue maghrébia - tant méprisée par les autorités politiques maghrébines, toutes tendances confondues - perdure et continue à vivre. Malgré toutes les lois et toutes les déclarations pompeuses, la langue arabe n’a jamais été et ne sera jamais la langue maternelle de quiconque, y compris à la Mecque, son lieu de naissance officiel. Elle ne perdure que grâce à deux phénomènes : (1) c’est la langue du Coran et de la liturgie islamique(2) par la volonté politique des gouvernements des pays dits "arabes".

Hannibal Genséric

Pour plus de détails (cartes génétiques) voir : http://numidia-liberum.blogspot.com…

4 Messages de forum

  • Merci pour cet articl, j’ai justement écouté cette émission de l’historien français Bernard lugan ici : http://www.amazighs.fr/origine-et-g… c’est très intéressant et ça change pas mal de chose sur nos connaissances de l’Afrique du nord

  • HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE

    lien vers http://www.dailymotion.com/vid […] e-vie_news
    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.
    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.

    Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez : Hocine Louanchi joint au téléphone…émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

    Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

  • Chiffres arabes, chiffres indiens 9 novembre 2013 01:55, par Yvan

    Il me semble qu’il y a une erreur dans cet article. Les chiffres arabes, que nous appelons nous arabes, viennent aussi d’Inde comme les chiffres, l’autre graphie utilisée au Mazhrek, au proche-orient (en fait de la Libye au Pakistan). Ma source (de mémoire) le gros pavé sur l’histoire des nombres aux éditions Robert Laffont.
    Sinon, cet article est intéressant et il montre bien l’influence déterminante de la culture sur la représentation de soi. Les êtres humains transmettent plus de la culture et de l’idéologie que des gènes. Il montre aussi que l’idéologie transmise par la religion est une forme de domination d’un groupe sur l’autre et qu’une minorité pour dominer doit utiliser l’idéologie pour soumettre des fractions successives en partageant légèrement son pouvoir à d’autres groupes. Ceci pour éviter sa perte inévitable car une minorité infime ne peut pas mathématiquement dominer une très large majorité. C’est ce qu’a fait le colonialisme en divisant les populations, en utilisant ou inversant la division existante souvent (arabes, berbères, juifs).
    L’utilisation de la génétique pose problème car elle pourrait être utilisée à des fins racistes comme en Afrique du Sud sous l’Apartheid. Elle est intéressante pour tracer les migrations historiques et aussi la sédentarité des populations. Pour mieux comprendre, il faut s’imaginer aussi que le nombre d’habitants était plus faible qu’aujourd’hui et que les migrations concernent peu de personnes. Pour comprendre aussi l’arrivée des "arabes" en Afrique du Nord, il faut aussi intégrer l’arrivée des Vandales à la chute de l’Empire Romain d’Occident et la révolte des Donatistes qui a été impitoyable et qui a diminué le nombre d’habitants dans cette région de manière drastique, obligé une fraction de la population des villes à se réfugier dans les montagnes.

  • Ma grand mère me disait que de son temps, si l’on désignait un maghrébin par "arabe", il le prenait mal car il ne se sentait pas du tout arabe.

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