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LA PRODUCTIVITÉ DES SALARIÉS DEVRA ÊTRE DOPÉE !

mercredi 19 février 2014 (Date de rédaction antérieure : 19 février 2014).

http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

L’ex-Premier-ministre Jacques Parizeau, ex-réputé petit financier, s’indignait la semaine dernière de la stagnation de la productivité des PME québécoises : « Les entreprises québécoises accusent un important retard en matière de productivité. Il en résulte un niveau de vie plus bas au Québec qu’ailleurs au Canada… » (1).

M. Parizeau donne conseil à l’appareil d’État et aux capitalistes québécois de mener campagne pour hausser la « productivité de leurs entreprises », un triste euphémisme pour signifier que c’est de la productivité des travailleurs dont s’entretenait l’ex-Premier ministre, car la productivité d’une entreprise est une fumisterie. L’ex-diplômé des HEC a lancé ce cri de ralliement en faveur d’une exploitation accrue des salariés québécois peinant sur leur machine outils, leur chaîne de montage, sur les chantiers, dans les ateliers pollués et dans les « sweat shops » déclinqués.

En effet, pour comprendre le sens profond de ce cri d’alarme de l’ex-ministre des riches il faut savoir ce que signifie hausser la productivité des employés. Le « has been » péquiste a balbutié quelques mots à propos de la robotique, de l’informatique, de la mécanisation afin de brouiller les cartes et dissimuler cet assaut planifier contre les petits salariés. Sur les milliers d’entreprises québécoises la médiane se situe à 500 000 $ CAD de chiffre d’affaire annuelle. De quelle machine et de quel robot coûteux parle-t-on dans ces conditions ?

La productivité industrielle se mesure en nombre d’items (marchandises) produits dans une heure de travail salarié. Il y a hausse de productivité quand une couturière qui produisait en accéléré 20 chemises par heure parvient en s’échinant davantage à coudre 25 chemises dans une heure, équipée d’une machine à coudre sophistiquée. Si elle utilise une nouvelle machine à coudre, son patron soustraira la valeur (amortissement) de ce nouvel appareil pour chaque chemise supplémentaire vendue afin de connaître la hausse de productivité financière et savoir si 5 chemises supplémentaires par heure suffisent à augmenter son profit. Si ce n’est pas le cas le patron exigera une plus grande vitesse d’exécution afin de passer de 25 à 30 chemises cousues chaque heure travaillée afin d’amortir plus rapidement le prix de sa nouvelle machinerie et ainsi accroître son profit au prix de la maladie, d’un accident ou de l’usure précoce de la couturière. Il importe peu au capitaliste que cette couturière s’use plus vite ou soit malade plus souvent puisque des couturières voilées à exploiter il en court plein les rues de ce quartier et avec la charte des valeurs chauvines des marguillers du PQ des centaines de nouvelles couturières voilées – sous-payées – aux mains de fées dressées seront bientôt occupées à se chercher un emploi. Notez que les féministes enragées (choquées de voir une femme voilée) ne sont pas outrées de voir ces femmes broyées-brisées-usées enchaînées à leur métier dans ces ateliers de la rue Laurier, pourvu qu’elles soient exploitées et vampirisées la tête dénudée et laïcisée.

Hausser la productivité ça signifie pour l’ouvrier engagé par une PME « sous-traitante, juste à temps, fordiste et tayloriste » d’accepter de travailler intensément quand le patron a besoin de lui, et d’être saqué lorsque le patron n’a plus besoin de lui. Le salarié doit être totalement disponible aux exigences du capital. Il doit subir une alternance perpétuelle de périodes de travail intense et de chômage, un déplacement de lieu de travail au gré des mouvements du capital (les ouvriers chinois sont transplantés avec leurs ateliers d’un pays à un autre). Il doit subir les effets de la nouvelle division mondiale du travail. Le travail ainsi divisé et intensifié ne procure aucun surcroît de revenu net au salarié aliéné. Bien au contraire, sa pitance est diminuée et aléatoire. C’est là une partie de ce que désigne la notion de conditions de travail précarisé et flexibilisé pour une plus grande productivité (2).

Ce travail précarisé est celui que tend à généraliser le capitalisme monopolisé comme moyen d’augmenter la productivité. Il présente plusieurs avantages pour les entreprises à forte intensité de capital variable (main d’œuvre nombreuse). Le travail précaire c’est non seulement le travail intermittent, juste à temps, mais aussi pour l’ouvrier la multiplication des emplois à temps partiel, tout cela générant des salaires partiels ce qui affectera sa rente de retraite. Les « working poors » (travailleurs pauvres) voient leur nombre croître aux États-Unis (où ils sont 97 millions), au Royaume-Uni, au Canada (ou 2 travailleurs sur 3 sont régit par des horaires de travail atypiques – à toute heure, intermittentes, la fin de semaine) et en Australie, là où ce système a d’abord été implanté (3).

Le travail par courte durée est adapté à la recherche du maximum d’intensité et de productivité ; le rendement de l’ouvrier est toujours plus élevé dans les premières heures de la journée d’ouvrage : « Comment le travail est-il rendu plus intense ? Le premier effet du raccourcissement de la journée du travail procède de cette loi évidente que la capacité d’action de toute force animale est en raison inverse du temps pendant lequel elle agit. Dans certaines limites on gagne en efficacité ce qu’on perd en durée. » (4).

La crise économique sous laquelle fléchie l’économie canadienne a débutée en 2008. Elle marque la fin des effets « bénéfiques » du néo-libéralisme (qui n’a rien de libéral). Cette crise systémique démontre les limites rencontrées par l’accroissement de la plus-value relative (augmentation des profits par les hausses de productivité suite à la mécanisation de la production). La productivité par mécanisation ayant atteint un sommet la bourgeoisie monopoliste mène une offensive en vue d’accroître la plus-value absolue soit en abaissant les salaires relatifs (inflation et spéculation retranchée) et même, dans plusieurs pays, en réduisant les salaires absolus (États-Unis, Grande-Bretagne, Irlande, Grèce, Espagne, Chypre, Égypte, pays de l’Est). C’est ce retard d’exploitation intensive de la force de travail québécoise et canadienne que l’oligarque octogénaire souligne à ses congénères.

L’extraction de la plus-value relative constitue un mode d’exploitation relativement indolore car l’augmentation du profit y apparaît comme provenant du perfectionnement de la machinerie donc de ce qui semble être la « contribution » de l’argent dans la valorisation du capital (5).

Par contre, l’extraction de la plus-value absolue dans laquelle maître Parizeau invite les capitalistes québécois francophones et anglophones à s’engager est une forme beaucoup plus évidente d’exploitation. L’augmentation de l’extraction de la plus-value (appelé hausse de productivité par les patrons et leurs affidés) y apparaît nettement comme provenant entièrement de la contribution du labeur salarié. Le temps de travail ouvrier est allongé, intensifié, flexibilisé, et, pire encore, de moins en moins rétribué. Il faudra donc une violence accrue de l’État policier pour imposer la destruction des « acquis sociaux », si importants pour les petits-bourgeois paupérisés, en faisant croire qu’il faut prioriser la relance de l’emploi, ce qui justifie l’application des mesures d’austérité radicales contre le salariat. Ces transformations des rapports sociaux depuis longtemps amorcées sont et seront accentuées dans le cadre de la crise déclenchée en 2008 et qui s’approfondit.

Enfin, il serait temps que le vieux financier fatigué et ses amis les économistes progressistes empesés se rendent compte qu’il ne sert à rien de hausser la productivité pour augmenter la quantité de marchandise à liquider quand les marchés sont déjà saturés, les clients salariés endettés – paupérisés et incapable d’absorber plus de marchandises soldées (6).

Mais nous dire-ton, hausser la productivité ne vise pas à augmenter la production ou la richesse collective mais à doper la profitabilité de l’entreprise et à sacquer des employés. Si cette hausse de productivité a tardé au Québec cela est due à la syndicalisation des employés et à la combativité de certains secteurs salariés, à la résistance des étudiants également, mais cette levée de bouclier de l’ex-PDG est annonciateur d’affrontements espérer.

___Plus d’information sur » » » http://www.robertbibeau.ca/Palestin…

1. http://www.journaldemontreal.com/20…

2. J. Aubron. N. Ménigon. J.-M. Rouillan. R. Schleicher (2001) Le Prolétaire Précaire, notes et réflexions sur le nouveau sujet de classe. Paris. Acratie.

3. http://www.agoravox.fr/actualites/e… liser-la-grece-et-l-111497

4. K. Marx Le Capital Vol. 1, tome 1, page 75.

5. Pendant les années d’après-guerre divers facteurs ont joué en faveur de la classe ouvrière. Ainsi en est-il de l’affaiblis¬sement de la bourgeoisie suite à la période fasciste qui divisa les forces de la bourgeoise – écartelée entre l’option pseudo-démocratique et l’option ouvertement fasciste – opposition qui bénéficia aux organisations ouvrières et populaires, avantage que les différentes formes de réformisme se chargèrent de monnayer et de liquider. Il y eut également la volonté de la bourgeoisie d’éliminer l’influence du communisme. Retenons toutefois que « l’État Providence » ne concerna que quelques pays impérialistes avancés (une trentaine d’États occidentaux tout au plus, le Japon faisant partie de l’aire d’organisation économique occidentale.

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