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MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (1)

mercredi 11 juin 2014 (Date de rédaction antérieure : 11 juin 2014).

Nous amorçons aujourd’hui la publication d’une série de neuf (9) articles portant spécifiquement sur quatre questions fondamentales pour le mouvement ouvrier et populaire :

1) D’abord le problème du sectarisme cette maladie qui sévit depuis des décennies parmi la gauche et au sein du mouvement. Une maladie de la phase sénile du gauchisme et qui mine l’unité du mouvement ouvrier.

2) Ensuite, nous aborderons la question de l’unité des forces ouvrières.

3) Nous présenterons les trois instances de la lutte de classe : l’instance économique, politique et idéologique. L’action militante prendra différentes tangentes.

4) Enfin, à l’approche du 97e anniversaire de la Révolution d’Octobre, nous présenterons cinq leçons apprises de la Révolution bolchévique.

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CHAPITRE 1 : LE SECTARISME MALADIE SÉNILE DU GAUCHISME

Le sectarisme c’est…

Le sectarisme caractérise une attitude intolérante, étroite d’esprit en matière idéologique et politique. Le dictionnaire ajoute qu’un sectaire est dogmatique, qu’il n’admet aucun compromis, et qu’il refuse d’entériner l’opinion d’autrui. Enfin, le sectaire proclame détenir la vérité et connaître la seule théorie capable d’expliquer l’historicité de l’humanité. Tous auront compris que cette définition doctorale est parfaitement adaptée à l’idéalisme bourgeois qui aime bien présenter ses milliers d’idées approximatives, fautives et votives comme autant de dénis du sectarisme et comme autant de preuves de sa libéralité d’esprit, sachant pertinemment que de toute manière nul ne pourra s’y soustraire.

Le complément étant que : « Chacun a raison et toutes les opinions se valent à l’aune du jugement de frivolité ». Ergotez, manants, il en restera toujours quelque chose. Le bourgeois connait son pouvoir et il sait que de toutes les idées qui peuvent germer « spontanément » dans la tête des gens, la plupart seront redevables à sa propagande. Le Bourgeois gentilhomme croit que la science des idées n’existe pas et que l’univers n’est qu’irrationalité relative, mouvante, impénétrable et inaltérable. L’opinion de chacun serait le fruit de son imagination et vaut autant que celle de tout un chacun : « Tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil » pourvu qu’il se plie à la dictature de la bourgeoisie qui détient le portefeuille, l’antenne de télévision, le goupillon, la police et la « justice » pour faire triompher LA vérité de la classe bourgeoise.

En d’autres termes, que chacun déblatère pour analyser et expliquer le monde pourvu qu’il ne tente pas de le transformer ni de le gouverner, déclame le bourgeois lucide. Plus loin nous vous proposerons une autre définition du sectarisme que ce salmigondis pour érudits.

Le sectarisme est une maladie dégénérative

La maladie du sectarisme a été inoculée dans le mouvement de la gauche internationale par les intellectuels bourgeois et les progressistes contaminés par la pensée et l’idéologie moniste et les pratiques communalistes et communautaristes propres à la petite bourgeoisie et aux lumpens prolétaires. Le sectarisme a pris de l’extension dans les rangs des salariés après les grandes défaites ouvrières subséquentes à la Révolution bolchévique d’Octobre et suite au reflux conséquent du mouvement ouvrier mondial (nous traiterons de ces questions dans la quatrième partie de cette série).

D’instigatrice et de moteur du mouvement révolutionnaire, dans les pays de la vieille Europe notamment, la classe ouvrière fut par la suite relégué au rang de spectateur, de faire valoir, de meneur de claques, d’afficheur et de marcheur, de distributeur de journaux, de porteur de bannières dans les manifs, et de foule anonyme d’électeurs et d’électrices pour les partis sociaux-démocrates, socialistes, « communistes révisionnistes », frontistes et populistes, etc.

La petite bourgeoisie courtisane, intellectuelle, syndicale, affairiste, électoraliste, dirigeante d’ONG et d’organisations communautaires populistes, s’est engouffrée dans les organisations de masse de la gauche plurielle et multicolore, imposant son idéologie, sa pensée et sa méthodologie qui ne pouvaient être prolétariennes puisque ces gens ne connaissaient rien à la classe ouvrière. Aujourd’hui, ces altermondialistes, ces anarchistes, ces nationalistes, ces socialistes, ces écologistes, ces frontistes populistes, ces anarcho-syndicalistes font carrière à la gauche de l’échiquier politique bourgeois, chacun dans leur cellule communautaire sectaire, attendant que la bourgeoisie daigne les appelés à partager une parcelle de son pouvoir.

Il n’y a rien d’étonnant là-dedans, rien de surprenant dans cet engouement des sous-fifres de l’aile gauche politique pour l’endoctrinement et l’embrigadement des travailleurs. Ce qui étonne c’est que les forces marxistes révolutionnaires plutôt que de demeurer sur place, parmi les ouvriers, à se colletailler pour présenter l’idéologie marxiste, se sont retirés dans leurs tranchées sans regimber, abandonnant la classe à la mouvance opportuniste et réformiste gauchiste.

Il faut noter que toutes ces organisations communautaires et populaires de la gauche sectaire présentent quelques caractéristiques similaires :

A) Une ligne politique opportuniste, économiste et réformiste qui fait consensus puisque la révolution ouvrière est niée ou remise aux calendes grecques.

B) Des méthodes organisationnelles laxistes, communalistes, communautaristes et claniques.

C) La lutte de classe anémiée, étouffée, muselée, réprimée au nom de l’unicité de la pensée : « Pas de polémique dans l’organisation unifiée par sa ligne politique opportuniste, économiste et réformiste unique ».

D) La lutte de classe est remplacée par l’agiotage, les rumeurs, les ragots, le trafic d’influence, l’échange de votes et de postes cooptés « Tu me grattes le dos, je te frotte la bedaine ». Ton ennemi est mon ennemi et ton ami est aussi mon ami.

Dans une organisation opportuniste canadienne, les militants avaient droit à des sessions de réflexion sur la façon de s’emparer de la direction d’un conseil syndical régional, seule, ou en concertation avec une autre organisation de la gauche populiste réformiste. Voilà le type de « lutte de classe » que mène une organisation sectaire.

Les organisations de la gauche sectaire sont obnubilées par le nombre de militants enrégimentés et disposés à voter pour leurs candidats. Cette lubie du nombre est reliée à l’impérative nécessité du marchandage électoral. Les organisations sectaires ont leurs vedettes éphémères, un outil indispensable en campagne électorale bourgeoise pour qui désire s’emparer de la direction d’organisations de masse, d’organisations populistes et négocier la répartition des postes de permanents rémunérés.

Les organisations de la gauche sectaire font consensus à propos des pseudos luttes féministes totalement déconnectées des combats pour l’émancipation de toute la classe ouvrière (femmes et hommes) et contre l’exploitation et l’aliénation capitaliste source profonde de l’oppression des femmes. Ces écervelées oublient que le patriarcat n’est qu’une forme particulière de l’exploitation capitaliste. Il n’est pas sectaire de présenter l’impérative nécessité de mener la lutte de classe sur tous les fronts. Les batailles stylistiques et orthographiques féministes, futiles et mesquines, dont sont friands les syndicalistes d’affaires et certaines organisations populaires, n’ont rien à faire avec la lutte de classe pour s’emparer du pouvoir d’État qui abolira le patriarcat et expropriera l’immense fortune des patriarches rentiers et rentières, en même temps que le pouvoir capitaliste privé sur les moyens de production et d’échanges.

Le consensus est complet parmi les organisations opportunistes, réformistes et populistes sectaires sur la nature providentielle et paternelle de l’État des riches (l’État providence). Les sectaires pensent que cet État dévoyé peut parfois dévier de sa route de neutralité, mais que de bonnes élections devraient le remettre dans la bonne direction au service des citoyens et des citoyennes. Les militants de gauche n’ont pas à respecter ce consensus chimérique et ils ont pour devoir de démasquer l’État bourgeois partout où des travailleurs s’assemblent sous la gouverne de ces organisations de la gauche prostrée en train de pleurer sur la déchéance de l’État des riches.

Le sectarisme est anti-ouvrier

Ainsi, une organisation politique sectaire n’est pas une organisation de classe, mais un regroupement d’individualistes unis par leurs centres d’intérêt disparates, leurs passe-temps, leurs lieux de travail, leurs relations sociales, leurs quartiers, leur statut d’emploi précaire, leurs loisirs menacés, tous amalgamés selon le plus petit commun dénominateur idéologique et politique – qui en société bourgeoise ne peut être que politiquement bourgeois.

Ainsi, tous les amis de la fratrie organisationnelle conviendront que les politiques et les mesures d’austérités sont à dénoncer et tous seront invités à pleurer sur la lâcheté de l’État des riches qui ose tolérer depuis des années les échappatoires et les paradis fiscaux. Le petit bourgeois remédiera à cette injustice inéluctable par la puissance des bulletins de scrutins. Et les libertaires sectaires seront heureux de leur fait de collusion et de leur méfait de propagande. Ils ont accrédité la petite bourgeoisie universitaire qui a pleurniché sur les iniquités et laissé supposer que l’on pouvait régler cette spoliation de classe par des machinations et des tractations électorales.

Le consensus politique sectaire suppose que nul ne remette en cause le mode de production capitaliste comme vecteur fondamental de toute cette misère et que nul n’a le droit de prétendre que sans le renversement violent de toute la superstructure étatique de l’État des riches il ne peut y avoir de solutions aux maux de l’austérité. Les révolutionnaires doivent-ils fuir ces assemblées endoctrinées de peur d’y apporter la vérité controversée ? Nullement, c’est à nous d’apporter l’autre point de vue qui fera contraste et remettra en cause la dictature du consensus petit-bourgeois et féministe collaboratrice. Ce n’est pas l’harmonie au prix des compromis qui nous tient à cœur, mais d’armer notre classe d’une conscience de meneur et de vainqueur.

La petite bourgeoisie dispose de l’appui de l’appareil d’État comprenant les ONG, les associations populaires subventionnées, les syndicats de la formule Rand assurée, et les médias à la solde pour imposer leurs idées et les présenter comme allant de soi, normales et convenues entre tous ceux désireux « de corriger les inégalités sociales et les iniquités qui se sont malencontreusement glissées dans ce système économique et politique si précieux à leurs yeux » (sic). Le sectarisme consiste pour les Partisans à se retirer de ces organisations de masse pour se terrer dans leurs quartiers, et leurs organisations loin des ouvriers et de leurs alliés.

La classe ouvrière est révolutionnaire

La révolution sera la réalisation de la classe ouvrière. Elle sera spontanée, violente, imprévisible, non planifiée, et elle sera l’œuvre de millions d’ouvriers violents, décidés, déchaînés, désorganisés, désorientés. Ils sauront tous ce qu’ils ne veulent plus – l’oppression, l’exploitation, la spoliation, l’aliénation, l’austérité, la misère, le chômage, l’insécurité et la guerre –. Ils sauront comment détruire leur présent, mais ils ne sauront pas comment construire leur avenir. De ces rangs militants surgiront spontanément des idées qui présenteront des alternatives. Le tout, pour un temps, ressemblera à une anarchie spontanéiste et créatrice. Une certitude cependant, l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même. Les révolutionnaires ne pourront contribuer à cette construction exemplaire qu’en étant au centre de la classe – pas en retrait, pas à ses côtés – pas à l’abri des méfaits des opportunistes, des économistes, des anarcho-syndicalistes et des réformistes – mais au cœur du combat, parmi tous ceux qui auront la prétention d’avoir raison.

Les associations communautaristes, les clans et les sectes communalistes, qui se seront habituées à tout contrôler, à diriger leur groupuscule d’affidés pusillanimes, disciplinés, outragés et aliénés seront alors désemparées. Depuis bien des années, au nom de l’unité pour « fraterniser » et se « solidariser » entre militants inter-clans, les gourous à la tête de ces tribus interdisent les discussions, bannissent la polémique, détournent les débats, transforment chaque argument politique en mantras solipsistes et chaque confrontation de principe en une suite d’arguties personnalisées et en sophismes anecdotiques, travestissant chaque questionnement en inepties vindicatives.

Les appels à la « solidarité » ouvrière (sic)

Les organisations opportunistes, réformistes, populistes raffolent de ces appels à la « solidarité » ouvrière et populaire, manifestant ainsi leurs conceptions politiques et idéologiques sectaires. La classe ouvrière et son avant-garde ne sont pas « solidaire » l’une envers l’autre. Elles ne forment qu’une seule entité, l’une et l’autre, soudée en un seul bloc de classe. Peut-on dire que le cœur est « solidaire » du cerveau ? Il n’y a que des gens venant d’en dehors de la classe ouvrière pour avoir des idées aussi saugrenues, aussi étrangères à la classe ouvrière.

Récemment, nous demandions à des militants d’une organisation sectaire : « Pourquoi, près de 150 luttes de libération nationale dans le monde, depuis 60 ans n’avaient produit aucun État socialiste ? » La stupeur se lisait sur le visage de nos interlocuteurs. Comment des marxistes osaient-ils les questionner dans une assemblée sectaire publique ?

Ces potentats gauchistes, ces boss syndicaux, ces chefs de cliques, ces vedettes fumistes ne cherchent pas tant l’unité des combattants de la liberté de classe, que de rassembler sous leur autorité leur couvée de militants bien drillés. Le dicton de ces mentors de la gauche retors est bien connu : « Vaut mieux être Roi de Saint-Ouen que Prince à Berlin ».

À SUIVRE…

MANIFESTE DU PARTI OUVRIER :

http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782753900073

1 Message

  • MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (1) 13 juin 2014 06:00, par Dominique

    Un passage m’a bien fait rigoler : "Ces écervelées oublient que le patriarcat n’est qu’une forme particulière de l’exploitation capitaliste." En première lecture, on peut penser que le patriarcat est une invention capitaliste. Or il n’en est rien, le patriarcat comme le capitalisme sont le résultat de l’idéologie bourgeoise. Par contre le féminisme est un résultat du capitalisme, et encore aura-t-il fallu attendre la révolution industrielle pour que des bourgeoises éprouvent le besoin d’occuper leur ennui et ainsi de s’émanciper.

    À ce stade il est intéressant de se demander ce qui rend tout ça possible, ce qui rend possible le capitalisme, le patriarcat et le féminisme, et en tâche de fond ce ui rend possible l’exploitation de l’homme par l’homme. Marx nous donne la réponse, c’est notre rapport borné avec la nature qui conditionne les rapports bornés des hommes entre eux, lesquels à leur tour conditionnent le rapport borné de l’homme avec la nature.

    En d’autres termes, c’est l’exploitation de la nature par l’homme qui rend possible l’exploitation de l’homme par l’homme, laquelle à son tour renforce l’exploitation de la nature par l’homme. Cela implique que pour changer la société, nous devons casser ce cercle vicieux, et que pour l’empêcher de renaître de ses cendres, nous devons changer sa cause : notre rapport avec la nature. Nous devons passer d’une civilisation du pire basée sur l’exploitation qui a vu se développer un empire après l’autre, empires tous totalitaires et tous disparus, par une civilisation du mieux basée sur le respect. Le respect est le seul antidote connu contre la prétention, prétention de se croire supérieur à la nature ou supérieur à l’autre.

    Au siècle passé, des anthropologues comme Philippe Descola ont donné raison à Marx. Ils ont démontré qu’il y a autant de formes de société que de formes de rapport de l’homme avec la nature, et que ce rapport de l’homme avec la nature conditionne la façon de voir le monde, le mode de vie, les rapports humains et l’évolution historique d’une société.

    Ce tout qui prend sa source dans le rapport de l’homme avec la nature, et qui n’est pas une théorie mais une pratique vu qu’il englobe le mode de vie, les rapports humains et l’évolution historique de la société est ce que les anthropologues appellent une ontologie. Ils nous font aussi remarquer qu’il est impossible de se placer du point de vue d’une ontologie pour en juger une autre, et ils vont encore plus loin sur ce point que Marx et Engels. Cela implique que la seule chose que nous pouvons dire de l’après capitalisme est qu’il sera ce que nous en ferons.

    Nous voyons ainsi que les écolos avec leurs taxes et leur scientisme ne sont que des collabos du système comme les autres. Ils croient que les nouvelles technologies vont résoudre les problèmes posés par les anciennes, alors qu’elles ne font de créer de nouvelles sources d’épuisement des ressources et de pollutions qui viennent se rajouter aux anciennes. De plus, ce scientisme leur permet de perpétuer le mythe capitaliste de la croissance infinie, ignorant ainsi la finitude des ressources de la planète, ce qui en soi est un comble pour quiconque se prétend écolo, et ils ignorent aussi et complètement le débat sur les conséquences de notre rapport avec la nature sur notre mode de vie, les rapports humains et l’évolution de la société, débat qui devrait être au coeur de l’action des écologistes.

    En fait ce débat sur les conséquences de notre rapport avec la nature sur notre mode de vie, les rapports humains et l’évolution de la société ne pourra être évité par les forces progressistes si elles entendent s’unir et vaincre. Comme je l’ai rappelé brièvement, ce rapport est la cause de toutes les causes, et sans changer cette cause, il est illusoire de croire qu’il soit possible de changer autre chose que la forme des choses et de faire autre chose que du sectarisme ou du collaborationnisme.

    En pratique, cela implique que les écolos doivent appliquer le marxisme à l’écologie et que les marxistes doivent accepter le fait que même les rapports économiques ne sont que la conséquence de notre rapport avec la nature. Dés lors des buts clairs peuvent être définis, et plutôt que de nous faire croire que les technologies vont résoudre tous nos problèmes ou que mettre l’économie au service de l’homme va permettre de satisfaire tous les besoins humains, il est indispensable de se rendre compte que les technologies ne font que ce que nous leur demandons de faire, que des taxes ne transformeront jamais un pollueur en un écolo, et qu’une économie productiviste même marxiste ne deviendra respectueuse de l’environnement que si elle est contrainte et forcée de le faire.

    L’exemple du Cuba le montre bien. C’est un pays socialiste pour les uns, capitaliste pour les autres. Je me contenterais de dire que c’est un pays qui se prétend socialiste et que ce n’est pas à moi mais aux cubains eux-mêmes d’en juger et d’en décider, et qu’apparemment ils l’ont fait vu qu’après un discours virulent de Bush contre l’Île, ils ont proposé et accepté à 98% du corps électoral un référendum populaire (ce truc qui n’existe qu’en Suisse, en Californie et à Cuba où les citoyens eux-mêmes peuvent soumettre une loi à votation) qui modifie la constitution cubaine en y affirmant le côté marxiste de la révolution et que Cuba ne retournera jamais au capitalisme.

    Malgré ce côté marxiste affirmé, Cuba a eu pendant longtemps une des agricultures les plus polluantes de la planète, une agriculture tournée sur l’exportation et qui utilisait encore plus de produits chimiques à l’hectare que celle des USA. Cela n’a prit fin qu’avec la chute de l’URSS quand Cuba s’est retrouvé sans fuel pour ses traceurs et sans engrais ni pesticide pour ses champs. Cuba n’a donc pas eu d’autre choix que de voir sa population crever de faim ou convertir en urgence son agriculture.

    Il est remarquable de constater qu’alors que dans de nombreux pays pauvres et capitalistes, les gens crèvent de faim en masse, et alors que les USA ont profité des difficultés de Cuba pour durcir par deux fois leur blocus criminel et génocidaire, Cuba a pu faire le bon choix et que personne n’y est mort de faim. Et aujourd’hui non seulement l’agriculture cubaine est à 90 % biodynamique, mais au vu des résultats obtenus (meilleurs rendements, meilleure qualité, pour moins de travail, de produits chimiques et d’énergie) ils n’envisagent pas de revenir à une agriculture industrielle.

    L’exemple cubain montre bien les limites du marxisme. Le marxisme est un excellent outil pour analyser des problèmes, mais il n’est rien de plus que cela. Les décisions à prendre sont laissées au libre choix des personnes concernées, et leurs décisions ne seront jamais meilleures que les buts qu’ils se sont fixés. Fixer comme but de vouloir satisfaire tous les besoins humains peut sembler salutaire, mais sans fixer les limites de ces besoins humains, nous retombons dans l’arbitraire, dans un arbitraire qui au nom de la productivité nécessaire pour satisfaire ces besoins humains, ne pourra que générer un système basé sur l’exploitation de la nature, ceci avec toutes les conséquences néfastes que cela induira sur la société.

    L’exemple de l’agriculture cubaine montre que ce n’est que contraints et forcés que les cubains sont passés d’une agriculture prédatrice de l’environnement à une agriculture respectueuse de l’environnement. Leur expérience montre plusieurs résultats :

    • Dans un système communiste, même imparfait, il est possible de réorienter l’économie pour satisfaire les besoins humains.
    • Dans un système communiste, même imparfait, il est possible de réorienter l’économie pour satisfaire à la fois les besoins humains et les besoins de la nature.
    • Travailler avec la nature au lieu de travailler contre elle permet d’obtenir de meilleurs rendements et une meilleure qualité avec moins de ressources.
    • Travailler avec la nature au lieu de travailler contre elle permet de contribuer à la biodiversité au lieu de l’assassiner.
    • Travailler avec la nature au lieu de travailler contre elle n’est pas un retour à l’âge des cavernes mais au contraire c’est faire un bon en avant vers un usage moderne de nos connaissances, de toutes nos connaissances.
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