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Hommage au Maire d’Amos Ulrick Chérubin

samedi 27 septembre 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 septembre 2014).

1 Hommage à mon oncle, Ulrick Chérubin, trop tôt ravi à mon affection

Mon cher oncle,

Ton départ brutal, et précipité a éclipsé le feu du soleil, qui éclairait mes pas dans la vie. Une étoile s’est éteinte dans la galaxie des grands hommes. Le lion d’Amos est mort. Tu as voué ta vie à servir et à aimer ton semblable. A l’âge où d’autres profitent d’une retraite bien méritée quelque part au soleil, tu étais attelé à la réalisation d’une oeuvre, qui transcende ta simple personne : offrir à tes concitoyens une célébration digne de l’histoire d’Amos. Un siècle d’histoires que des générations d’hommes et de femmes avant toi, ont construit dans la droiture, le travail, la fraternité, la tolérance, l’amitié et l’abnégation. Ce sont des valeurs qui ont toujours guidé tes actions. Homme de coeur et de conviction, tu t’es levé jadis contre la barbarie et l’obscurantisme, en disant NON aux exactions commises par le régime sanguinaire de Duvalier père. Tu as du quitter, le coeur brisé ta terre mère, Jacmel ta ville natale, pour voguer vers le froid et l’incertitude. Ultime mouvement pour sauver ta peau, mise à prix par la folie des hommes. Tu as atterri sur une terre d’accueil, de tolérance, un jour de l’année 1970. Tu me parlais souvent de cette ville d’Amos, ta patrie, de la gentillesse proverbiale de ses habitants. Je t’ai rencontré deux fois dans ma vie. En 1986, à Jacmel, lorsque la muraille de la dictature duvaliériste est tombée. Tu m’as rendu visite en France. Je fus impressionné par le charisme d’un homme, qui cultivait naturellement la simplicité et l’humilité. Tu m’as pris dans tes bras chaleureux et protecteurs, comme un père serrant son fils, que le destin a tenu éloigné de lui trop longtemps. Une profonde sérénité émanait de toi. Tu me donnais l’impression d’être un Mapou inébranlable. Tu portais en toi un condensé de force et de douceur. Tu n’étais jamais avare de sourire, d’un conseil avisé. Tu ne m’as jamais jugé. Tu rayonnais d’un optimisme solaire, et profondément communicatif. Tu as toujours été là pour la famille. Je te dois beaucoup, nous te devons beaucoup de choses. Je pouvais te déranger à n’importe quelle heure. Même lorsque la fatigue endormait ton corps, tu me consacrais toujours quelques minutes de ton temps, de ton énergie. Merci mille fois. Je ne t’ai jamais entendu te plaindre, malgré les aléas. Tu as connu la pire des douleurs, celle de perdre un enfant. Les vicissitudes de la vie t’ont souvent frappé. Mais, notre Tonton appartient à cette race d’hommes qui sait continuer à déguster le miel de la vie, dans les plus sombres moments de l’existence. Quelle leçon de courage, de dignité. Tu te définissais toi même comme un serviteur, qui a plus de devoirs que de droits. Devoirs vis à vis de ta famille, ta communauté, tes amis, tes collaborateurs, tes concitoyens, ta ville Amos. 2

Tu étais un homme en mission, un porte parole, un passeur. Tu as transmis ton amour de la vie, ton profond respect de l’humain, ta passion pour le travail au service des autres, à des générations d’étudiants. Quand on a connu Ulrick Chérubin, le sage, le visionnaire, l’homme de culture, le tribun, le serviteur zélé, la générosité faite chair ; on garde toujours le souvenir d’une rencontre passionnante et inoubliable. Mon cher Tonton, ce que tu as réalisé est énorme. Tu as toujours été pour moi un modèle, tu as défendu avec noblesse et honneur les valeurs qui étaient ta raison de vivre, c’est-à-dire le partage, l’amour inconditionnel de ton prochain, le respect de la dignité humaine. J’ai un regret insondable, et ma peine est inconsolable. Je t’avais promis de répondre à ton invitation insistante de venir gouter à l’eau de la ville d’Amos. Tu me disais souvent que je prendrai le risque d’y planter mes racines, avec cette pointe d’humour léger qui colorait tes discours. Car poursuivais tu : " Amos est une ville séduisante et ensorceleuse". Mes activités en France m’ont tenu éloigné des miens, mais je n’ai jamais oublié ton invitation. J’aurais aimé déambuler à tes côtés dans cette ville d’Amos, dont tu parlais toujours avec émotion, fierté et amour. J’irai marcher à tes côtés dans Amos la séduisante. Tu ne seras pas à mes côtés physiquement, mais je pense que je ressentirai ta présence à chaque carrefour de cette ville, à chaque rue. Le moindre souffle du vent apportera jusqu’à mes oreilles, le murmure de ton chant d’amour pour ta ville, que tu as tant aimée. Tonton, ta mission sur cette terre arrive à son terme. Le Créateur t’a rappelé auprès de lui, dans son Royaume. Tu me manques déjà terriblement. Je suis orphelin, car tu étais mon père spirituel, un ami, un confident, un conseiller, un grand frère. Mais aujourd’hui, je veux transcender ma peine, pour sourire à l’espoir que tu as semé dans nos coeurs. Tu aurais voulu qu’on te dise au revoir dans la joie, dans la fraternité et l’amour. Alors, j’essuie mes larmes, je lève la tête vers le firmament, pour saluer ton ascension vers le Royaume. Je sais que tu continueras à vivre au-delà de la mort, dans le coeur de chacun de nous, de chaque Amossois. Bon vent Tonton.

Romy JEAN-MICHEL, fils de Christine CHERUBIN, la grande soeur d’Ulrick CHERUBIN. Ce vendredi 26 septembre 2014.

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