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Cuba et la conscience d’un échec US

mardi 23 décembre 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 décembre 2014).

La presse mainstream salue un « évènement historique » dans l’accord diplomatique entre Cuba et les USA et emboîte le pas aux propos d’Obama : le blocus a échoué à changer les choses sans l’Île de la Liberté.

Comprenez : a échoué à « faire tomber le régime ». Dans ces louanges, orchestrées par simple suivisme, l’injustice fondamentale passe à la trappe : les ambassades vont ouvrir, le blocus reste.

Au passage le cynisme atteint de nouveaux sommets. Les élites aux commandes de l’Occident jugent le blocus à son efficacité pas à ses fondements juridiques, moraux, humains, politiques. La logique capitaliste du rendement et de la rentabilité est toute entière dans cette corruption de l’esprit qui présente quand-même l’avantage de nous raidir et de nous alerter non d’un changement de politique mais de méthode.

Les USA avaient-ils le moindre droit de décider du sort et de la vie d’un peuple et d’un pays distincts de leur Etat et de leur territoire ? Pour l’esquive, beaucoup parmi ces élites répondraient que la doctrine Monroe et surtout son corollaire (1) installaient les Amériques sous le contrôle de fait de structures de gouvernance de Washington. Sur les deux siècles de ce hold-up, c’est vraiment la révolution cubaine qui révélera le mieux aux opinions libres la marche vers la transformation de la législation US en législation universelle. Pour faire simple, les sanctions infligées à BNP pour violation de l’embargo étasunien, ou mieux, infligées au Crédit Suisse pour ses opérations au profit de clients cubains sont l’extension logique de cette « souveraineté » sur l’Amérique Latine devenue souveraineté sur le Monde. Mais quand l’Etat et le peuple cubain se dressent fiers de leur libre-arbitre et leur libre autorité sur leur île et sur leur destin, ces banques exécutent les commandements des tribunaux étasuniens dans le silence d’Etats-vassaux. L’île est infiniment plus digne que des puissances soumises en silence à la juridiction d’un pays étranger.

Cette réjouissance de l’établissement – peut-on parler de rétablissement après 50 ans de rupture ? - de relations est bien sûr suspecte. Elle signifie, entre autres, combien les réalisations époustouflantes de Cuba placée souvent première dans le système de l’éducation, de la culture, de la santé, de la recherche scientifique notamment dans les biotechnologies, du sport mais aussi dans la solidarité avec les autres peuples démasquait le caractère de ce blocus : haineux, ridicule, criminel et sans même l’utilité minimale pour soutenir sa logique et celle des malfaiteurs de Washington ou de Floride. Nous observons le soulagement lâche de ces élites - qui ont partagé le crime en le justifiant – enfin débarrassées d’une tâche impossible.

Le crime fut multiforme et permanent : formation des groupes anticastristes largement croisés avec la maffia, agression militaire permanente dont la Baie des Cochons (2) fut un point culminant, séparation des familles, pressions de tous genres sur le quotidien des cubains et dernièrement les plus ahurissantes campagnes de discrédit de l’Etat cubain par l’amplification des dimensions d’une dissidence cubaine, voire sa fabrication, et par les tapages autour d’une blogueuse bidon (3). La disparition du Bloc socialiste a pesé très, très lourdement sur le destin de Cuba et sa survie relève d’une intelligence politique et d’un héroïsme hors-normes. Dans le reflux général de « la victoire occidentale » dans la guerre froide, même les leaders de l’extrême gauche et la gauche européennes, dont M. G. Buffet, se sont joint à cette campagne U.S de dénonciation du « manque de démocratie » dans l’ile héroïque.

Tout a échoué des plans contre le socialisme cubain. On peut l’appeler ainsi car jamais l’humanité n’a été aussi loin dans la production de rapports sociaux aussi autonomes des déterminations économiques immédiates et aussi proches de l’idée de socialisme. C’est cela que les USA ni les élites du capitalisme occidental ne pardonneront jamais à la Révolution Cubaine avec un grand « R » mais devant l’échec de tous les projets criminels, ils en sont réduits à comprendre que pour faire quelque chose ils doivent être sur place pour fabriquer une révolution de couleur ou un Maïdan havanais. Les dirigeants cubains le savent parfaitement. Pour l’instant, ils sont les premiers, avant la Chine, la Russie ou l’Iran, à avoir fait admettre un échec à la conscience des leaders US. Cela vaut une victoire pour Cuba.

Mohamed Bouhamidi.

(1) Enoncé par Théodore Roosevelt le 6 décembre 1904 devant le Congrès US, il stipule un devoir de police de la nation civilisée que sont les USA, là où se manifeste une atteinte à l’ordre de la civilisation. Il complète la doctrine de Monroe, formulée en décembre 1823, qui faisait des Amériques la basse-cour US

(2) Nom de la plage choisie par les USA pour réaliser une invasion militaire de Cuba en avril 1961

(3) Sur ces aspects on peut consulter avec grand profit les textes et articles de Salim Lamrani.

http://www.impact24.info/?p=2894

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