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Syriza - 27 mars 2015 - Tsipras à Berlin - l’Allemagne et la Grèce s’engagent à « coopérer » pour imposer

vendredi 27 mars 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 27 mars 2015).

Tsipras à Berlin : l’Allemagne et la Grèce s’engagent à « coopérer » pour imposer l’austérité

https://www.wsws.org/fr/articles/2015/mar2015/tsip-m26.shtml

Par Johannes Stern
26 mars 2015

Le premier ministre grec Alexis Tsipras a effectué lundi 23 mars 2015 sa première visite officielle en Allemagne. Comme de coutume lors de telles visites, Tsipras fut reçu à Berlin avec les honneurs militaires. Il a passé en revue la garde d’honneur de l’armée allemande en compagnie de la chancelière Angela Merkel. Ensuite, il tenu deux conférences de presse conjointes suivies par un dîner de travail.

Un spectateur non averti de cette cérémonie aurait eu du mal à réaliser qu’il y avait eu, avant l’arrivée de Tsipras, un sérieux conflit entre le gouvernement allemand et celui d’Athènes, dirigé par Syriza. La première visite officielle de Tsipras s’est déroulée dans une atmosphère apparemment normale et presque amicale. Lors de la conférence de presse de lundi soir, les deux dirigeants ont trouvé un ton conciliant et ont invoqué l’esprit de la coopération mutuelle.

Tsipras a souligné qu’à l’image de ses prédécesseurs sociaux-démocrates et conservateurs, il était prêt à poursuivre les mesures d’austérité en étroite coopération avec l’UE et le gouvernement allemand. « Nous devons mieux nous comprendre, » a-t-il dit. « Il n’y a pas d’autre voie que le dialogue pour surmonter les difficultés existantes. » Son gouvernement respecterait tous les accords existants et appliquerait toutes les réformes structurelles nécessaires. La réunion commune avec Merkel pourrait s’avérer « fructueuse. »

Pour sa part, Merkel a souligné le besoin d’une « collaboration sincère » dans « un esprit de confiance mutuelle. » Les deux pays faisaient partie de l’Union européenne et de l’OTAN et portaient donc une grande responsabilité dans « l’instauration de la paix en Europe » et dans l’avenir de celle-ci. Le premier ministre grec était « un hôte bienvenu » à Berlin.

En amont de la visite, de nombreux politiciens et commentateurs des médias allemands qui avaient sévèrement critiqué le gouvernement grec, avaient déjà commencé ces derniers jours à modérer leurs attaques verbales. Même le quotidien Bild, qui ces derniers mois avait orchestré la chasse aux sorcières contre la Grèce et « les Grecs », a titré à la Une, « Bienvenu en Allemagne M. Tsipras ! » et énuméré 50 raisons pour lesquelles « nous aimons la Grèce. »

Au cours du weekend, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et son homologue grec, Nikos Kotzias, avaient également mis l’accent sur la coopération entre l’Allemagne et la Grèce. « Nous ne pouvons pas permettre que les questions certes importantes et difficiles que nous devons résoudre ensemble en Europe, sapent les solides fondements des relations germano-grecques, » avait précisé Steinmeier après un dîner avec Kotzias au ministère des Affaires étrangères.

Dans une déclaration faite au micro de la Deutsche Welle, Kotzias avait remarqué, « Il existe une longue amitié et des intérêts communs. La chose la plus importante est de mieux nous comprendre, de briser les stéréotypes qui existent des deux côtés. »

Il y a deux raisons principales pour ces représentations de coopération entre Berlin et Athènes. D’abord, Syriza a, au cours des quelques dernières semaines, totalement capitulé devant l’Union européenne et le gouvernement allemand et montré clairement que non seulement il poursuivrait les mesures d’austérité dictées par la « troïka » (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), mais qu’il les intensifierait.

Jeudi dernier à Bruxelles, lors d’une réunion de haut niveau avec des poids lourds politiques de l’Union européenne, Tsipras avait personnellement promis d’imposer toutes les coupes sociales convenues et de soumettre une nouvelle liste de mesures d’austérité. (Voir : « Syriza promet une nouvelle liste de mesures d’austérité. » Selon des informations parues dans les médias, la liste en train d’être préparée comporte des attaques étendues dirigées contre la classe ouvrière.

Spiegel Online a écrit que « le programme de privatisation haï du gouvernement précédent et que le gouvernement Tsipras avait bloqué, sera repris. » Il prévoit entre autres que Fraport, l’opérateur de l’aéroport de Francfort, prendrait le contrôle de 14 aéroports régionaux grecs comme initialement convenu. Pour d’autres installations de transport importantes cependant, comme le port de Thessalonique, le gouvernement grec ne vendra ses parts « que » jusqu’à hauteur de 49 pour cent.

Dans le même temps, Syriza envisage de reculer l’âge de départ à la retraite, le portant à 67 ans, conformément au modèle allemand. A l’avenir, seul ceux ayant à leur actif 40 ans de travail au moins seront en droit de partir à la retraite à 62 ans. Toute personne prenant sa retraite plus tôt, subira d’importants abattements sur le montant de sa retraite.

Il y aura de plus, développé en partenariat avec l’OCDE, une « boîte à outils » pour les réformes structurelles, un synonyme pour une libéralisation plus vaste de l’économie et du marché du travail grecs. Officiellement, Syriza veut faire éclater les monopoles et combattre la corruption dans la passation des marchés publics. En clair, cela signifie créer pour le capital financier international de meilleures conditions pour l’exploitation des travailleurs grecs et des ressources du pays.

La seconde raison de la redécouverte de l’« amitié » germano-grecque est de nature géopolitique. Bruxelles, Washington, Berlin et Athènes sont d’avis qu’un ‘Grexit’ (sortie de la Grèce de l’euro) doit être évité à tout prix.

Dans une interview accordée en début de semaine au Süddeutsche Zeitung, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait invoqué à ce propos l’unité de l’UE et l’alliance avec les Etats-Unis. « Nous devons éviter un départ de la Grèce. Ce serait certainement une catastrophe… Nous devons maintenant nous concentrer et comprendre que ce n’est pas seulement une question d’argent mais aussi de géopolitique. »

Il a demandé, « Pouvez-vous imaginez l’Europe sans la Grèce ? Avec la crise en Libye, la situation précaire dans les Balkans, en Moldavie, en Transnistrie et à Chypre. Et en plus de tout cela, une sortie dramatique de la Grèce ? » Et il a prévenu que « les conséquences ne seraient pas seulement pour l’Europe de nature financière. Une sortie de la Grèce représenterait le chapitre le plus catastrophique de l’histoire de l’Union européenne. »

La semaine passée, la secrétaire d’Etat américaine adjointe chargée de l’Europe, Victoria Nuland, s’était rendue en Grèce afin d’insister sur un accord entre Athènes et la troïka. Selon un rapport du l’agence de presse allemande DPA, Washington préconise une « solution rapide » vu qu’une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait avoir « de graves conséquences pour le flanc sud-est de l’OTAN. »

Nuland est l’un des faucons de la politique étrangère américaine. Ceux-ci veulent accroître la pression militaire sur la Russie dans la crise ukrainienne. Ils considèrent que l’unité de l’UE et de l’OTAN sous leadership américain est une condition préalable à cela.

En dépit des tensions germano-américaines au sujet du type d’action commune à mener contre la Russie, la classe dirigeante allemande est dans sa majorité, du moins pour le moment, d’avis qu’un ‘Grexit’ doit être évité.

Pendant que Tsipras et Merkel se rencontraient à Berlin et invoquaient l’unité européenne, Steinmeier disait lors d’une brève visite en Slovaquie, « Nous avons discuté bien trop longuement sur une sortie de la Grèce de l’euro. Maintenant il nous faut à nouveau parler sérieusement. » Il a prévenu qu’un échec du plan de sauvetage de la Grèce serait « ressenti par le monde entier » et minerait la « crédibilité » de l’UE.

La bourgeoisie allemande poursuit de plus en plus ouvertement l’objectif d’une unification du continent sous sa direction. Pas plus tard que vendredi dernier, lors d’une réunion à Bruxelles du groupe de réflexion transatlantique German Marshall Fund, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, avait soutenu la création d’une armée européenne.

Dans le but d’assurer l’unité de l’UE sur une base militariste et anti-ouvrière extrêmement réactionnaire, les marchés financiers internationaux continuent de faire pression sur la Grèce malgré la servilité de Tsipras. Citant par exemple des réflexions internes de la Commission européenne, l’édition dominicale du Frankfurter Allgemeine Zeitung a rapporté que le gouvernement grec avait tout juste assez de liquidités pour payer, jusqu’au 8 avril, les salaires et honorer ses créances sur les marchés financiers. Il ne restait donc plus à Tsipras que « deux bonnes semaines pour se mettre d’accord avec les bailleurs de fonds sur une liste complète de réformes. »

(Article original paru en anglais le 24 mars 2015)

1 Message

  • Les institutions européennes accentuent la pression sur la Grèce

    Syriza promet une nouvelle liste de mesures d’austérité

    http://www.wsws.org/fr/articles/2015/mar2015/grec-m21.shtml

    Par Robert Stevens
    21 mars 2015

    Suite à un sommet des dirigeants européens à Bruxelles jeudi, le premier ministre grec Alexis Tsipras a promis de soumettre une nouvelle liste de mesures d’austérité.

    Un communiqué des pouvoirs européens et de la Grèce rendu public vendredi matin déclarait que « les autorités grecques ser[aient] responsables des réformes et devr[aient] présenter une liste complète de réformes précises dans les prochains jours. » Ces réformes font partie de l’accord que la Grèce a conclu avec l’Eurogroupe le mois dernier.

    Le communiqué ajoutait que, dans un esprit de « confiance mutuelle », toutes les parties étaient « engagées à accélérer les travaux et à les compléter aussi vite que possible. »

    La crise grecque n’était pas à l’ordre du jour officiel du sommet de jeudi. Un représentant de l’Union européenne (UE) aurait cependant déclaré que la situation à Athènes était « l’éléphant dans la pièce, » la chose dont personne ne parle mais à laquelle tout le monde pense.

    Les représentants politiques des banques européennes ont bien pris la mesure de Syriza, ils ont répondu à son abjecte capitulation du mois dernier en le pressant pour qu’il s’engage de plus en plus sur la voie de l’austérité. Menés par l’Allemagne, les gouvernements européens ont insisté, dans le cadre des préparatifs du prochain sommet, pour que le gouvernement dirigé par Syriza commence à imposer des mesures concrètes au risque de voir bloqué tout prêt supplémentaire. Athènes a besoin de milliards supplémentaires dans les jours et semaines à venir pour éviter un défaut sur sa dette de € 320 milliards.

    Les « discussions techniques » prévues par l’accord de février pour concrétiser les mesures que la Grèce doit imposer, ont eu lieu à Bruxelles, Athènes et Paris la semaine dernière. Elles n’ont cependant pas abouti à un accord final. Ce fut le signal pour que l’UE, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (la ‘troïka’) accentuent encore la pression sur l’Etat grec en faillite.

    Tsipras a demandé une réunion en marge du sommet avec des personnalités politiques françaises et allemandes de premier plan, ainsi qu’avec des représentants des principales institutions de l’UE. Une réunion de trois heures dans la nuit de jeudi, convoquée par le président du Conseil européen Donald Tusk, a réuni la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, le chef de la BCE, Mario Draghi, le président de la Commission Jean-Claude Juncker et le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem.

    Merkel a aussi invité Tsipras à Berlin pour de nouveaux pourparlers lundi. Elle a toutefois précisé que ni les pourparlers au sommet, ni les discussions de lundi n’allaient changer quoi que ce soit et que la Grèce devrait se conformer à l’Accord du 20 février.

    Elle a déclaré après les réunions de jeudi : « Nous n’avons pas changé un iota. Vous avez probablement entendu une partie de ces choses avant. Mais il ne s’est pas passé grand-chose ces dernières semaines. » Hollande a ajouté : « Ces réformes doivent être … compatibles avec les engagements de la Grèce … Il n’y a pas de temps à perdre. »

    Les tensions entre les dirigeants de l’UE et la Grèce ont explosé au cours des derniers jours. Mardi Dijsselbloem avait dit : « La pression monte sur la Grèce. La quantité d’argent liquide – du moins c’est ce qu’on me dit – diminue de jour en jour. Et je répète, ils n’obtiendront un prêt d’urgence que s’il y a de vraies mesures de prises, s’il y a des progrès par rapport aux réformes qui sont nécessaires en Grèce ".

    Mercredi, la BCE n’a prêté à la Grèce que €400 millions de fonds de la Fourniture de liquidité d’urgence (FLU) au lieu des €900 millions que le gouvernement Syriza avait demandés. Les banques grecques sont seulement maintenues à flot grâce à leur accès temporaire à des fonds FLU.

    Reuters a cité une « personne qui connaît bien la pensée de la BCE » disant qu’il n’y aurait pas d’assurance complémentaire de la dette à court terme. « C’est à la Grèce de respecter ses engagements afin d’obtenir de l’argent de ses créanciers. La BCE ne fait pas de crédits-relais ».

    Les craintes d’une sortie de la Grèce de la zone euro ont mis en péril le système bancaire du pays dans une situation où le financement par le FLU couvre à peine les montants retirés par les déposants. Mercredi, entre €300 et €400 millions ont été retirés des banques, la plus grande sortie de fonds depuis que l’Accord de février a été signé.

    Le même jour, le gouvernement Tsipras a fait passer un « projet de loi humanitaire » au Parlement grec, d’un coût de seulement €200 millions. Le projet de loi fournit de l’électricité gratuite et des coupons alimentaires à des familles dans la misère. Sous la pression constante de ses créanciers, Syriza avait déjà considérablement réduit le programme humanitaire de € 1,8 milliards d’euros, déjà insuffisant.

    Même ceci était inacceptable pour la Commission européenne, qui a envoyé une note à la Grèce mardi l’avertissant que cette loi pourrait être considérée comme une action « unilatérale » et donc une violation de l’Accord de février.

    Suite au vote, le vice-premier ministre grec Giannis Dragasakis s’est aplati devant l’UE pour mendier de l’argent. « Le pays est confronté à des problèmes de liquidités et a besoin de la coopération des partenaires européens pour couvrir ses obligations », a-t-il dit. « Nous n’avons pas reçu un seul versement de prêt depuis août 2014, mais nous avons payé toutes nos obligations. »

    Le tabloïde allemand Bild a déclaré que le soutien du Parlement grec au projet de loi humanitaire était une « déclaration de guerre ».

    Vendredi, il a été révélé que la BCE envisageait d’interdire aux prêteurs grecs d’augmenter le montant de la dette publique qu’ils détiennent. Le Financial Times a écrit que ce serait là « couper une source essentielle de financement pour Athènes et aggraver la discorde avec ses créanciers. »

    Juncker a déclaré à une station de radio française jeudi, « je vais lui répéter [à Tsipras] ce que je lui ai déjà dit deux fois : la Grèce doit entreprendre les réformes nécessaires, la Grèce doit garantir que les engagements pris à l’Eurogroupe en 2012 et, plus récemment, soient suivis. "

    Cette semaine, Alex Brazier, directeur exécutif de la Banque d’Angleterre pour la stratégie de la stabilité financière et le risque, a déclaré que la Grèce ne serait jamais capable de se débarrasser de sa dette. Il a dit à la commission parlementaire du Trésor britannique, « Je pense qu’il y a des chiffres pour l’excédent primaire que la Grèce pourrait porter, en principe, ce serait assurer le remboursement de la dette sur un certain horizon », mais il a ensuite posé la question, « Est-ce que la douleur des interventions politiques dans la gestion de ce genre de surplus primaire est tolérable ? Je trouve cela difficile à croire. »

    Il a suggéré qu’aucun gouvernement élu ne pouvait le faire

    Le gouvernement américain a également accentué son intervention dans la crise. La position géographique de la Grèce fait qu’elle joue un rôle géostratégique clé dans l’Alliance atlantique. Alors que les États-Unis sont en train de renforcer leur encerclement provocant de la Russie par l’OTAN, le gouvernement Obama ne peut se permettre un scénario où la Grèce serait poussée dans l’orbite de la Russie. Des personnalités dirigeantes de Syriza, ainsi que Panos Kammenos, le chef des Grecs indépendants, l’autre parti de la coalition, ont suggéré qu’ils envisageaient de s’adresser à la Russie comme source alternative de financement, s’ils ne pouvaient parvenir à un accord avec l’UE.

    Mardi, la Secrétaire d’Etat américaine adjointe pour les Affaires européennes et eurasiennes, Victoria Nuland, s’est rendue à Athènes pour y rencontrer Tsipras et d’autres hauts responsables du gouvernement grec. Son voyage fut motivé par l’annonce que le voyage de Tsipras à Moscou, prévu en mai, était rapproché d’un mois. Selon le quotidien grec Kathemerini le changement de date de ce voyage avait été demandé « à l’initiative d’Athènes. »

    Nuland a déclaré que le Etats-Unis voulaient voir la Grèce « en mesure d’arriver à un bon accord avec les institutions créancières. »

    Selon les informations diffusées par la presse, elle a aussi discuté de la sécurité, de la défense, de l’Ukraine, du groupe EI, du Moyen-Orient et des questions énergétiques. Nuland a déclaré à propos de l’Ukraine que les États-Unis « étaient très heureux qu’il y ait eu solidarité entre l’UE et les Etats-Unis et que la Grèce ait joué son rôle en aidant à établir un consensus. »

    (Article original publié le 20 mars 2015)

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