Note : "Ils" ont interdit l’inoffensif et très efficace chlorate de soude pour favoriser le roundup du très nuisible Monsanto, inventeur aussi de l’agent orange (dioxine) déversé sur le Vietnam, et promoteur des OGM.
Le désherbant Roundup classé cancérogène
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/39e…
Agronomie samedi 28 mars 2015
Stéphane Foucart
Le Centre international de recherche sur le cancer a revu à la hausse le potentiel cancérogène de l’herbicide vedette de Monsanto. Il passe de cancérogène « possible » à « probable », le dernier stade avant « certain »
Rarement le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) aura rendu évaluation potentiellement aussi lourde de conséquences. Dans la dernière édition de la revue The Lancet Oncology, publiée en ligne le 20 mars 2015, l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce avoir classé trois pesticides dans la catégorie 2A – c’est-à-dire « cancérogènes probables » –, dernier échelon avant la qualification de « cancérogène certain ».
Parmi les trois molécules réévaluées par le CIRC se trouvent deux insecticides, le diazinon et le malathion, dont l’utilisation est restreinte en Europe. C’est la troisième substance épinglée, le glyphosate, qui donne son caractère singulièrement explosif à l’avis rendu par le CIRC. Synthétisé par Monsanto dans les années 1970, le glyphosate – principal ingrédient du célèbre désherbant Roundup – est en effet l’herbicide le plus utilisé au monde et le plus souvent retrouvé dans l’environnement.
« Il est utilisé dans plus de 750 produits pour l’agriculture, la foresterie, les usages urbains et domestiques, notent les scientifiques réunis par le CIRC. Son utilisation a vivement augmenté avec le développement des cultures transgéniques tolérantes au glyphosate. » Ce n’est donc pas une simple substance chimique dont l’innocuité est mise en cause par le CIRC, mais la pierre angulaire de la stratégie du secteur des biotechnologies. La grande majorité des plantes génétiquement modifiées mises en culture dans le monde sont en effet conçues pour pouvoir absorber cet herbicide sans péricliter, permettant ainsi un épandage direct sur les cultures pour désherber les surfaces cultivées.
Aux Etats-Unis, une étude publiée en 2011 par l’US Geological Survey a montré que dans certaines régions, le glyphosate était présent à des niveaux mesurables dans les trois quarts des échantillons d’air et d’eau de pluie analysés.
En France, en dépit de l’absence de cultures transgéniques ad hoc, c’est le pesticide de synthèse le plus utilisé. Il s’en est épandu plus de 8000 tonnes en 2011, loin devant les quelque 2700 tonnes de la deuxième substance la plus populaire – le mancozèbe (un fongicide). Selon le rapport rendu en 2010 par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), « le glyphosate est [en France] le principal responsable du déclassement de la qualité des eaux ». En Suisse, le glyphosate a également été clairement identifié comme un « polluant potentiel des eaux superficielles », selon un rapport de l’Agroscope. La substance ne résiste cependant pas au chlore et est largement absente de l’eau potabilisée.
Ce n’est d’ailleurs pas sur la population générale que les études examinées par le CIRC décèlent un risque accru de cancer, mais sur les jardiniers et les agriculteurs. Selon l’agence, « des études cas-témoins d’exposition professionnelle [au glyphosate] conduites en Suède, aux Etats-Unis et au Canada ont montré des risques accrus de lymphome non hodgkinien [un cancer du sang] ». Quant aux expériences sur les animaux, certaines ont montré que le désherbant phare de Monsanto induisait des dommages chromosomiques, un risque augmenté de cancer de la peau, de cancer du tubule rénal, d’adénomes de cellules pancréatiques. Au total, cependant, le CIRC estime que l’ensemble de la littérature scientifique examinée ne permet pas de conclure avec une totale certitude à la cancérogénicité du glyphosate.
Dans un communiqué publié lundi 23 mars, Monsanto a protesté, en termes crus, contre l’avis rendu par le CIRC. La société basée à Creve Cœur (Missouri) fustige la « science poubelle » (junk science, dans le texte) de l’agence intergouvernementale, dont elle rejette en bloc les conclusions. Dans une lettre datée du 20 mars et dont l’agence Bloomberg a obtenu copie, Monsanto intime même à Margaret Chan, la directrice générale de l’OMS, de faire « rectifier » l’opinion du CIRC.
Celle-ci a pourtant été établie selon un processus immuable depuis quarante ans. Une vingtaine de scientifiques de plusieurs disciplines (toxicologie, épidémiologie…) sont réunis par l’agence, sélectionnés sur leurs compétences et l’absence stricte de conflits d’intérêts avec l’industrie. Un projet d’avis, fondé sur l’ensemble de la littérature scientifique publiée sur le sujet examiné, est discuté par les chercheurs, plusieurs jours durant, en présence d’observateurs de l’industrie, de représentants d’agences de sécurité sanitaire, etc. Lorsque les membres du groupe d’experts parviennent à un consensus, l’avis est adopté. Les opinions du CIRC bénéficient du plus haut niveau de reconnaissance dans la communauté scientifique, mais sont souvent attaquées par les secteurs industriels contrariés.
Purement informatifs, ces avis n’ont pas valeur réglementaire : ils ne peuvent conduire en eux-mêmes à l’interdiction ou à la régulation d’une substance. « Nous ne faisons pas de l’évaluation des risques mais de l’identification des risques, rappelle-t-on au CIRC. Notre avis ne dit pas si la population générale court un risque du fait de telle ou telle substance, cela c’est le travail des agences de sécurité sanitaire. »
Le glyphosate est précisément en cours de réévaluation au niveau européen. Interrogée, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) précise que c’est son homologue allemand, l’Institut fédéral d’évaluation des risques (Bundesinstitut für Risikobewertung, BfR), qui a été chargé de le réévaluer au nom de l’Europe – la procédure européenne veut en effet qu’un Etat-rapporteur soit désigné pour conduire l’évaluation des risques des pesticides. Les résultats de cette expertise, qui doit repasser sous les fourches Caudines de l’EFSA avant d’être formellement adoptée, sont attendus dans les prochaines semaines.
Les experts allemands et européens ne pourront pas ignorer l’avis des experts du CIRC, pas plus que d’autres travaux récents sur des risques autres que le cancer. Mais l’interdiction du glyphosate, réclamée par plusieurs ONG, n’est pas pour demain. Un vieux routier de l’évaluation des risques en veut pour présage la composition « particulièrement intéressante » du groupe d’experts « Pesticides » de l’agence allemande : le tiers des membres du comité sont directement salariés… par des géants de l’agrochimie ou des biotechnologies !
Members of BfR Committee for Pesticides and Their Residues
http://www.bfr.bund.de/en/members_o…
Dr. Bergmann, Albert
Österreichische Agentur für Gesundheit und Ernährungsschutz
Institut für Pflanzenschutzmittel, Abt. Toxikologie
Wien, Österreich
Dr. Bross, Monika
BASF Agricultural Center, Crop protection, Global Consumer Safety
Limburgerhof
Dr. Fegert, Ivana
BASF SE
Ludwigshafen
Dr. Hohgardt, Karsten
Bundesamt für Verbraucherschutz und Lebensmittelsicherheit
Braunschweig
Dr. Hommes, Martin
Julius Kühn-Institut
Bundesforschungsinstitut für Kulturpflanzen
Braunschweig
Dr. Jezussek, Magnus
Bayerisches Landesamt für Gesundheit und Lebensmittelsicherheit
Erlangen
Dr. Laporte, Frank Pierre
Bayer CropScience
Lyon, Frankreich
Rautmann, Dirk
Julius Kühn-Institut
Institut für Anwendungstechnik im Pflanzenschutz
Braunschweig
Riehle, Jochen
Eurofins Dr.Specht Laboratorien GmbH
Hamburg
Professor Dr. Schäffer, Andreas
RWTH Aachen
Institut für Umweltforschung (Biologie V)
Aachen
Professor Dr. Schüürmann, Gerrit
Helmholtz-Zentrum für Umweltforschung
Department Ökologische Chemie
Leipzig
Dr. Zarn, Jürg
Federal Food Safety and
Veterinary Office (FSVO)
Zürich, Schweiz