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Irak - C’est la CIA qui avait placé Saddam Hussein au pouvoir

lundi 13 juillet 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 juillet 2015).

Un ancien officiel Américain raconte comment la CIA a aidé le parti Baas Irakien

Ancien lien originel en anglais :

http://www.reuters.com/newsArticle….

Jeudi 17 Avril 2003

Par David Morgan

(La version originelle en anglais est en dessous de la traduction en français.)

PHILADELPHIE (Reuters) - Si les Etats-Unis réussissent à mener la création d’un gouvernement Irakien d’après-guerre, ce ne sera pas la première fois que Washington aura joué un rôle primordial dans le changement de gouvernement de ce pays.

Roger Morris raconte que la CIA a joué un rôle dans deux coups d’État en Irak durant les jours les plus sombres de la guerre froide, dont un putsch en 1968 qui a fermement mis Saddam Hussein sur le chemin du pouvoir.

"Cela nous montre une voie longue et sombre en terme de culpabilité Américaine", dit Morris, un ancien officier des services extérieurs du Département d’État, qui faisait partie de l’équipe du Conseil de Sécurité Nationale sous l’administration de Johnson et de Nixon.

En 1963, deux ans après la désastreuse tentative de renversement du régime de Cuba, opération connue sous le nom de "Baie des Cochons", Morris déclare que la CIA a contribué à l’organisation d’un coup d’État sanglant en Irak qui a déposé le Général Abdel-Karim Kassem, pro-soviétique.

"Comme en Iran en 1953, cela eut lieu avec de l’argent américain et il y eût même une implication américaine physique", déclare Morris, se référant au coup d’État appuyé par les États-Unis qui a rapproché le shah du voisinage de l’Iran.

Kassem, qui avait permis à des communistes de détenir des postes à responsabilités dans son gouvernement, fut balayé militairement. Et le pays tomba entre les mains du parti Baas.

À cette époque, Saddam était un militant du Baas et étudiait le droit au Caire, un des sites choisis par la CIA pour préparer le coup d’État, affirme Morris. En fait, il soutient que Saddam, l’ancien gouvernant Irakien, châtié par le Président Bush comme l’un des dictateurs les plus violents de l’histoire, était à l’époque appointé par la CIA.

"Il n’y a aucun doute" a dit Morris à Reuters, "Ce fut au Caire que (Saddam) et d’autres ont eu leur premier contact avec l’agence [la CIA]."

LE RÔLE DES ÉTAT-UNIS DANS LE TRIOMPHE DE SADDAM.

Morris déclara que cinq ans plus tard, en 1968, la CIA avait encouragé une révolte de palais au sein du parti Baas dirigée par le maître à penser de Saddam, Ahmed Hassan al-Bakr, qui donna en 1979 les rênes du pouvoir à son ambitieux protégé [Saddam].

"C’est un régime qui a indiscutablement été mis en place par les États-Unis, l’implication de la CIA a été tout-à-fait fondamental." dit Morris.

Sa version de l’histoire est loin de l’actuelle réthorique américaine à propos de l’Irak — un pays dont les plus hauts officiels américains disent qu’il a été libéré de dizaines d’années de tyrannie et auquel il est donné une chance d’accéder à un futur démocratique brillant, mais sans faire mention du rôle des Etats-Unis dans la naissance de ce régime.

Un porte-parole de la CIA a refusé de commenter les déclarations de Morris à propos de l’implication de la CIA dans les coups d’État Irakien, mais a qualifié de "totalement ridicule" l’affirmation prétendant que Saddam aurait été payé par la CIA.

Morris, qui démissionna du Conseil de Sécurité Nationale en 1970 lors de l’invasion Américaine au Cambodge, a déclaré avoir appris les détails des opérations secrètes américaines en Irak par des officiels actuels de haut rang dans la C.I.A., notamment par Archibald Roosevelt, petit-fils du President Teddy Roosevelt, .

Après 1965, Morris devint l’un des biographes de Nixon, et il écrit actuellement un livre à propos des actions américaines secrètes en Afghanistan et en Irak.

Il considère Saddam comme un dirigeant à la solde des Américains déposé par ceux-ci, à l’instar de l’ancien Président des Philippines Ferdinand Marcos ou de l’ancien dictateur Panaméen Manuel Noriega.

"Nous allons dans le même bateau que ces personnes sans savoir réellement quoi que ce soit sur leur politique", déclara Morris dans un entretien depuis Seattle, où il travaille actuellement sur son livre. "Bien entendu, ce n’est pas inhabituel dans la politique Américaine. Nous nous fatiguons de ces personnes, et nous trouvons des raisons de les renverser."

UN MOUCHOIR EMPOISONNÉ ?

De nombreux experts, notamment des spécialistes en affaires étrangères, parlent de l’implication Américaine en Irak dans les années 60.

David Wise, un écrivain vivant à Washington qui a beaucoup écrit à propos de l’espionnage durant la guerre froide, déclare avoir eu connaissance d’enregistrements montrant qu’un groupe de la CIA connu sous le nom de "Health Alteration Committee" (Comité d’Altération de la Santé) a tenté d’assassiner Kassem en 1960 en lui envoyant un mouchoir empoisonné comportant un monogramme.

"Clairement, ils sentaient que Kassem était quelqu’un qui devait être éliminé ", dit Wise.

Morris déplore que si peu de choses soient connues à propos des opérations de la CIA en Irak, expliquant que dans les années 60, le Moyen-Orient ne tenait pas une place stratégique très importante et que la plupart des officiels Américains déjà âgés à cette époque sont morts depuis.

Mais, même en supposant que les Etats-Unis n’aient joué aucun rôle dans la montée du parti Baas Irakien, des experts affirment que Washington fût évidemment confronté aux conséquences involontaires de ses anciennes actions politiques — notamment celles du père de Bush, le Président George Bush, ancien directeur de la CIA.

"Il y a toujours des conséquences involontaires. Il y a eu des conséquences involontaires pendant la première guerre mondiale qui ont abouti à la montée d’Hitler." dit Helmut Sonnenfeldt, spécialiste invité dans le cycle d’études de politique étrangère à la "Brookings Institution", et ancien membre de l’équipe du Conseil de Sécurité Nationale.

Les États-Unis et d’autres puissances occidentales ont soutenu le régime de Saddam pendant la guerre Iran-Irak entre 1980 et 1988, même après que le gouvernement de Bagdad ait utilisé des armes chimiques pour tuer des milliers de villageois Kurdes à Halabja.

L’atrocité de 1988 a été récemment utilisée par des officiels Américains pour justifier l’élimination du régime de Saddam.

Mais Jon Alterman, directeur du programme du Moyen-Orient au Centre d’Etudes Stratégiques et Internationales, dit avoir été conseiller législatif au Capitole à cette époque, et rappelle que Bush et ses alliés ont dénoncé les événements à Halabja comme un stratagème fomenté par des lobbies pro-israéliens pour provoquer la rupture des relations Américano-Irakiennes.

LES AMERICAINS ENVOIENT DE L’ANTHRAX, ET D’AUTRES GERMES PATHOGENES

Avant que la guerre n’éclate le mois dernier, une rafale de manchettes américaines portaient l’attention sur des rapports indiquant que les germes pathogènes utilisés par l’Irak pour ses programmes de guerre biologique venaient de centres américains de prévention et de contrôle des maladies, et de Manassas, un dépôt d’échantillons biologiques basé en Virginie et appelé "American Type Culture Collection" [NDT : ATCC est un centre de bio-ressources à but non-lucratif qui fournit des produits biologiques pour les chercheurs]

Des officiels des deux institutions disent que des envois d’anthrax, du virus "West Nile", des germes du botulisme et d’autres agents pathogènes ont été envoyés en Irak dans les années 80, avec l’approbation du Département Américain pour le Commerce dans le but d’effectuer des recherches médicales.

Même le programme Irakien d’armes nucléaires, dont les officiels Américains disaient qu’il était sur le point de produire une bombe atomique l’an dernier, a pu se faire avec l’aide de l’administration Eisenhower vers les années 1950, dans le cadre d’un programme destiné à partager les bénéfices pacifiques de l’énergie nucléaire appellé : « Des atomes pour la paix. »

Cette dernière affirmation provient du groupe "Initiative sur la menace nucléaire", établi à Washington et co-fondé par le magnat de la presse Ted Turner et l’ancien sénateur Sam Nunn, dans le but de réduire la menace d’armes nucléaires, chimiques et biologiques

James Phillips, un analyste du Moyen-Orient pour "Heritage Foundation", nie le fait que la guerre du Président Bush en Irak soit le résultat de l’implication de la CIA ou de la politique Américaine.

Mais il déclare que les États-Unis ont laissé passer une possibilité d’éliminer Saddam pendant la guerre du Golfe de 1991, tout comme ils laissèrent l’Afghanistan à la merci des Talibans et d’al Qaida, le réseau d’Oussama ben Laden, après que les forces soviétiques eurent quitté le pays.

"Je me souviens d’une expression de la Bible à propos des péchés du père", dit Phillips.

"La première administration Bush fut celle qui décida de couper les aides aux Moudjahidines en Afghanistan et de les laisser aller à la dérive. Elle fut également celle qui décida de ne pas aller à Bagdad pendant la première guerre du Golfe."


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ENGLISH

Former U.S. Official Says CIA Aided Iraqi Baathists

Thu April 17, 2003 12:50 PM ET

By David Morgan

PHILADELPHIA (Reuters) - If the United States succeeds in shepherding the creation of a postwar Iraqi government, it won’t be the first time that Washington has played a primary role in changing the country’s rulers.

At least not according to Roger Morris, who says the CIA had a hand in two coups in Iraq during the darkest days of the Cold War, including a 1968 putsch that set Saddam Hussein firmly on the path to power.

"This takes you down a longer, darker road in terms of American culpability," said Morris, a former State Department foreign service officer who was on the National Security Council staff during the Johnson and Nixon administrations.

In 1963, two years after the ill-fated U.S. attempt at overthrow in Cuba known as the Bay of Pigs, Morris says the CIA helped organize a bloody coup in Iraq that deposed the Soviet-leaning government of Gen. Abdel-Karim Kassem.

"As in Iran in ’53, it was mostly American money and even American involvement on the ground," said Morris, referring to a U.S.-backed coup that had brought the return of the shah to neighboring Iran.

Kassem, who had allowed communists to hold positions of responsibility in his government, was machine-gunned to death. And the country wound up in the hands of the Baath Party.

At the time, Saddam was a Baath operative studying law in Cairo, one of the venues the CIA chose to plan the coup, Morris says. In fact, he claims the former Iraqi ruler castigated by President Bush as one of history’s most "brutal dictators," was actually on the CIA payroll in those days.

"There’s no question," Morris told Reuters. "It was there in Cairo that (Saddam) and others were first contacted by the agency."

U.S. ROLE ALLEGED IN SADDAM’S RISE

Five years later, in 1968, Morris says the CIA encouraged a palace revolt among Baath Party elements led by long-time Saddam mentor Ahmed Hassan al-Bakr, who would turn over the reins of power to his ambitious protege in 1979.

"It’s a regime that was unquestionably midwived by the United States, and the (CIA’s) involvement there was really primary," Morris said.

His version of history is a far cry from current American rhetoric about Iraq — a country that top U.S. officials say has been liberated from decades of tyranny and given the chance for a bright democratic future without their making mention of America’s own alleged role in giving birth to the regime.

A spokesman for the Central Intelligence Agency declined to comment on Morris’ claims of CIA involvement in the Iraqi coups but said his assertion that Saddam once received payments from the CIA was "utterly ridiculous."

Morris, who resigned from the NSC staff over the 1970 U.S. invasion of Cambodia, says he learned the details of American covert involvement in Iraq from ranking CIA officials of the day including President Teddy Roosevelt’s grandson Archibald Roosevelt.

Now 65, Morris went on to become a Nixon biographer and is currently writing a book about U.S. covert action in Afghanistan and Iraq.

He regards Saddam as a deposed U.S. client in the mold of former Philippine President Ferdinand Marcos and former Panamanian dictator Manuel Noriega.

"We climb into bed with these people without really knowing anything about their politics," Morris said in an interview from Seattle where he is working on his book. "It’s not unusual, of course, in American policy. We tire of these people, and we find reasons to shed them."

POISONED HANDKERCHIEF ?

But many experts, including foreign affairs scholars, say there is little to suggest U.S. involvement in Iraq in the 1960s.

David Wise, a Washington-based author who has written extensively about Cold War espionage, says he is only aware of records showing that a CIA group known as the "Health Alteration Committee" tried to assassinate Kassem in 1960 by sending the Iraqi leader a poisoned monogrammed handkerchief.

"Clearly, they felt that Kassem was somebody who had to be eliminated," Wise said.

Morris contends that little is known about CIA involvement in the Iraqi coups because the Middle East did not hold as much strategic importance in the 1960s and most senior U.S. officials involved there at the time have since died.

But even if the United States played no role in the rise of Iraq’s Baath Party, experts say Washington has obviously had to confront unintended consequences of former U.S. policies — including those of Bush’s father, President George Bush, a former CIA director.

"There are always some unintended consequences. There were unintended consequences in World War One that brought the rise of Hitler," said Helmut Sonnenfeldt, guest scholar in foreign policy studies at the Brookings Institution and former NSC staffer.

The United States and other Western powers supported Saddam’s regime during the 1980-88 Iran-Iraq war, even after the Baghdad government used chemical weapons to kill thousands of Kurdish villagers in Halabja.

The 1988 atrocity recently was used by U.S. officials to justify the toppling of Saddam’s regime.

But Jon Alterman, Middle East program director at the Center for Strategic and International Studies, said he was a legislative aide on Capitol Hill at the time and recalls Bush allies dismissing the Halabja issue as a ploy by pro-Israel lobbyists to disrupt U.S.-Iraqi relations.

U.S. SENDS ANTHRAX, OTHER PATHOGENS

Before war broke out last month, a flurry of U.S. headlines also called attention to reports that pathogens used by Iraq for its biological warfare program came from the U.S. Centers for Disease Control and Prevention and the private Manassas, Virginia-based biological samples repository called the American Type Culture Collection.

Officials at the two institutions said shipments of anthrax, West Nile virus, botulinum toxins and other pathogens were sent to Iraq in the 1980s with U.S. Commerce Department approval for medical research purposes.

Even Iraq’s alleged nuclear weapons program, which U.S. officials said was on the verge of producing a nuclear bomb last year, got under way with help from a 1950s Eisenhower administration program to share the peaceful benefits of nuclear energy called "Atoms for Peace."

That is according to the Nuclear Threat Initiative, a Washington-based group co-founded by media mogul Ted Turner and former U.S. Sen. Sam Nunn to reduce the global threat of nuclear, chemical and biological weapons.

James Phillips, senior Middle East analyst for the Heritage Foundation, disagrees that President Bush’s war in Iraq is the result of CIA involvement or U.S. policy.

But he said the United States did turn a blind eye to the chance to topple Saddam during the 1991 Gulf War, just as it left Afghanistan to the mercy of the Taliban and Osama bin Laden’s al Qaeda network after Soviet forces left that country.

"I am reminded of the biblical expression about the sins of the father," Phillips said.

"The first Bush administration was the one that decided to cut off aid to the Mujahideen in Afghanistan and set them adrift. And they were also the ones who decided not to go to Baghdad during the first Gulf War."

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