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Pluton - 17 juillet 2015 - La surprise des montagnes de glace

vendredi 17 juillet 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 17 juillet 2015).

Pluton et la surprise des montagnes de glace

http://assawra.blogspot.fr/2015/07/…

Jeudi 16 juillet 2015

(Cliquer sur l’image pour l’agrandir)
(Photo Nasa)

Meilleures qu’hier et moins bonnes que demain : telles sont les premières images de Pluton et ses astres compagnons, renvoyées par la sonde américaine New Horizons au lendemain de son passage au plus près de la planète naine. Mercredi 15 juillet, ses responsables scientifiques ont commenté cette première moisson, depuis le laboratoire de physique appliquée de l’université Johns-Hopkins (Baltimore, Maryland), en ménageant le suspens : ils sont partis de la petite lune Hydra, simple patate pixelisée, sont passés à Charon et ses canyons géants, pour finir en beauté avec les mystères des montagnes de glace de Pluton.

Respectons cette progression dramatique. Hydra d’abord. C’est l’une des quatre petites lunes qui gravitent autour du couple Pluton-Charon, avec Styx, Nyx et Kerberos. Découverte en 2005, elle n’était jusqu’alors qu’un point flou dans le viseur du télescope Hubble. L’image pixélisée prise par New Horizons permet de lui donner une dimension, de 43 km par 33 km, et d’avoir une meilleure idée de sa forme irrégulière. « L’analyse de sa réflexivité, située entre celle de Pluton et de Charon, suggère qu’elle est composée de glace d’eau », estime Hal Weaver (université Johns-Hopkins). Il faudra expliquer comment un aussi petit corps n’a pas fini noir comme du charbon, à l’instar d’une comète comme « Tchouri », qui récolte en permanence des poussières cosmiques.

Passons à Charon, cette lune sans atmosphère de 600 km de rayon. « Elle ne nous a pas déçus, indique Cathy Olkin (Southwest Research Institute, Boulder, Colorado). On s’attendait à voir des terrains anciens, constellés de cratères. » Mais c’est un tout autre paysage qui se dessine : une série de falaises qui s’étirent sur 1 000 km, suggérant une fracture de la croûte, résultat probable d’événements internes. Des canyons géants, profonds de 8 km, qui ridiculisent ceux de l’ouest américain, non pas creusés comme eux par l’érosion, mais par des processus géologiques qu’il va aussi falloir comprendre. Enfin des zones lisses, presque exemptes de cratères, l’accumulation de ceux-ci au fil du temps donnant généralement une idée de l’ancienneté de la surface. Leur quasi-absence peut être interprétée comme le signe d’un « ressurfaçage » récent, avance Cathy Olkin.

« C’est pour moi le plus intrigant, commente Emmanuel Lellouch, astronome à l’Observatoire de Paris. Il faut imaginer qu’il y a une activité géologique, alors qu’on considérait généralement Charon comme un astre mort. » Autre surprise, la zone la plus sombre, au pôle Nord, baptisée « Mordor » par l’équipe de New Horizons en référence à la région des forces des ténèbres du Seigneur des anneaux : « On y devine quelques points clairs, causés peut-être par des impacts, ce qui pourrait indiquer la présence d’un voile fin couvrant la glace », avance Cathy Olkin. Ce qui amène à une hypothèse assez audacieuse : ce voile sombre pourrait être le résultat de l’irradiation par le rayonnement solaire d’une partie de l’atmosphère d’azote et de méthane qui fuit de Pluton, et serait capturé par son astre compagnon ! Venons-en au plat de résistance, Pluton. L’une des premières structures que New Horizons a pu observer lors des derniers mois d’approche a été baptisée « le cœur », en raison de sa forme bilobée. « Nous voyions ce cœur briller comme un fanal », témoigne Alan Stern, le responsable scientifique de la mission. C’est pour cette raison que l’équipe l’a nommé de façon informelle « Tombaugh Regio », en l’honneur de Clyde Tombaugh, l’Américain découvreur de Pluton en 1930.

La première image en haute résolution permet justement de zoomer sur le sud de cette zone. Et ce qu’on y découvre est là encore inattendu : peu de cratères d’impact, mais des montagnes de glace hautes de 3 500 m. « Les géophysiciens vont devoir retourner à leur table de travail pour nous dire comment cela se fait », prévient Alan Stern. Ces observations posent en effet plusieurs questions. L’absence de cratères d’abord : on s’attendrait qu’au fil de milliards d’années depuis la formation de la planète naine, les débris qui croisent dans les parages aient grêlé sa surface. Or, celle-ci semble avoir bénéficié d’un lifting récent. Là encore, un astre actif.

La présence de montagnes de glace ensuite. Les glaces d’azote et de méthane dont on connaissait la présence sur Pluton ne sont pas assez solides pour pouvoir s’empiler ainsi, elles ne peuvent donc qu’être faites de glace d’eau. Mais comment se sont-elles formées ? « Nous l’ignorons », avoue John Spencer (Southwest Research Institute), qui avance tout de même deux mécanismes énergétiques qui auraient pu soulever ces massifs : « Les matières radioactives comme le thorium ou l’uranium présent dans les silicates qui forment l’intérieur de Pluton produisent de la chaleur en se désintégrant. » A moins qu’un océan, invisible sous la surface, « en perdant sa chaleur latente, cède cette énergie à la glace au-dessus ».

Quoi qu’il en soit, « ce ne peut pas être un mécanisme classique d’influence entre un gros corps et son satellite, qui engendre des forces de gravité capables de triturer l’intérieur de ce dernier, au point d’engendrer du volcanisme, comme on l’observe sur Io, satellite de Jupiter », prévient François Forget (CNRS, Institut Pierre-Simon Laplace), un des rares Français qui ait été invité à collaborer à la mission.

Pluton n’est en effet sous l’influence gravitationnelle d’aucun corps qui puisse engendrer de tels effets. « Cela montre en tout cas qu’une planète naine isolée peut conserver une activité après 4,5 milliards d’années », souligne Alan Stern. Il ne doute pas que les images à plus haute résolution qui vont continuer de parvenir à la Terre offriront de nouveaux indices. Insatiable, il donne déjà rendez-vous vendredi 17 juillet, pour des données qui cette fois concerneront l’atmosphère de Pluton.

2 Messages de forum

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