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Le Sud algérien entre simplifications faussaires et « fatalités anthropologiques »

mercredi 22 juillet 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 20 juillet 2015).

Par Mohamed Bouhamidi

L’intrusion terroriste au M’zab, préparée depuis longtemps par la prédication wahhabite-takfirie, puis exécutée par des brigades paramilitaires, est le fruit conjugué de plusieurs facteurs et d’une chaîne de causalités et de déterminations.

L’explication communautariste, par ses raccourcis et la séduction de sa simplicité faussaire, a neutralisé notre perception de ces réalités nouvelles. Elle offre, non seulement, l’avantage de projeter sur les faits des classements ethniques ou confessionnels intégrés depuis longtemps dans notre regard social, mais elle nous permet aussi de nous exempter du bilan critique des conséquences de nos choix politiques développementistes, socialistes, capitalistes d’Etat ou capitaliste sous cosmétique de l’économie de marché.

Bref, les derniers développements et notre incapacité à agir sur leurs trajectoires ne seraient pas le résultat de nos propres aveuglements idéologiques mais celui d’une fatalité anthropologique. C’est le sens du communiqué de la Présidence, des réactions de l’opposition ou de l’écrasante majorité des médias, qui attribuent les violences à des différents communautaires. Les sociologies fantasmées des courants modernistes et de gauche ont joué, sur ce plan, un rôle particulièrement falsificateur.

Appeler à mettre fin à la Fitna ou dissension religieuse est une validation de l’explication communautariste et un aveuglement sur les facteurs nouveaux.

Elle est aussi l’expression théorisée de la réalité mentale tribale et régionaliste de nos élites malgré le vernis de leur « langage universel » tout aussi importé que les produits « made in » qui inondent nos marchés et nos esprits.

C’est parce que nos choix économiques, institutionnels et culturels décisifs et notre destin, ont été pensé par les autres que notre Être a échappé à notre détermination et à notre conscience. Cette aliénation de notre volonté a produit notre impuissance pratique.

Totalement contraire à l’homo-diversité des particularismes si nombreux et si prononcés dans l’immensité de notre pays, la prédication salafo-wahhabite, par sa volonté d’uniformisation totale des apparences, des rites, des conduites, n’aurait pu réussir sans les dégâts d’une gestion du pays qui a tout emprunté à la pensée économique et sociale des puissances dominantes, toujours indifférente à ses effets sur la société réelle.

Cette prédication n’a réussi qu’en rencontrant, comme dans la crise de 1986, la disponibilité de nouvelles couches sociales, désormais coupées des économies traditionnelles et des valeurs et hiérarchies ancestrales des statuts sociaux, des métiers et des professions et déstabilisées par un vécu antinomique des perceptions et de la culture qui ont formé leur regard sur le monde.

Bref, ces couches, dont une grande partie est instruite et diplômée par la généralisation et la gratuité de l’éducation, nées dans un héritage culturel tribal entièrement opérationnel et fonctionnel mais aux soubassements et aux possibilités économiques ruinées par le choix de l’économie de marché, se sont retrouvées flottantes entre des structures pré-capitalistes, inégalitaires mais au lien social puissant et une économie de marché dont le principe même est d’ouvrir les autoroutes au marché unique mondialisé qui a ruiné les économies précapitalistes de leurs ancêtres et de tout notre continent africain.

Le succès des idéologies salafo-wahhabites repose sur la recherche, dans ces nouvelles couches, d’une idéologie fraternelle de substitution à la fraternité perdue des tribus et à la fraternité promise par les années socialistes de notre pays. Ces idéologies leur offrent une variante « neuve » de la rédemption d’un péché de coexistence avec les « associateurs » qui honorent les saints marabouts et leur érigent des mausolées. Elles ont été puissamment aidées par les programmes scolaires et radiotélévisés qui ont fait de la religion le chemin obligé de la compréhension, de l’expression et de la projection politiques. Cela ne concerne pas que la vallée du M’zab mais tout le Sahara. Les affrontements extrêmement meurtriers à peine médiatisés entre Touaregs et Brabiches, à Bordj Badji Mokhtar, près de la frontière malienne, viennent creuser le clivage ethnique berbères/arabes et le conjuguer au clivage confessionnel entre la nouvelle orthodoxie en expansion, le wahhabisme, et les orthodoxies de nos différentes écoles ancestrales.

Personne ne peut préserver ou transformer ce qu’il ne voit pas. C’est toute l’urgence de nous construire le regard nouveau sur les réalités nouvelles qui travaillent le pays.

M. B.

Postscriptum : Mea-culpa Soljenitsyne

Dans ma dernière chronique j’ai voulu résumer l’aspect culturel du travail global de reconquête colonial de notre pays par la création de fausses idoles littéraires pour attirer notre jeunesse vers les sunlights de l’aliénation culturelle et rendre désirable une tutelle française. L’exploitation politique du travail littéraire et de l’exil de Soljenitsyne qui a permis de séparer définitivement les élites universitaires et artistiques françaises de la séduction communiste m’a paru par erreur un raccourci puissamment pédagogique. Je visais le travail de récupération politique de l’exil de Soljenitsyne pas du tout son œuvre et il est clair que les idoles qui patientent devant les portes du CRIF ou celles d’Israël n’approchent, même de loin, la réalité et la puissance de son œuvre ni son attachement à la singularité de son pays non soluble dans l’uniformité humaine du modèle occidental. Mea-culpa Soljenitsyne

Source : http://www.impact24.info/le-sud-alg…

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