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En trois jours, Pékin a dévalué trois fois sa monnaie

vendredi 14 août 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 14 août 2015).

Un jeu trouble

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Editorial vendredi 14 août 2015

Stéphane Benoit-Godet

Un bureau de change à Hongkong. Mardi, la banque centrale de Chine (PBOC) avait présenté comme « exceptionnelle » sa première baisse du niveau autour duquel la « monnaie du peuple » (renminbi) est autorisée à fluctuer dans une bande de 2%. (Tyrone Siu/Reuters)

En trois jours, Pékin a dévalué trois fois sa monnaie. S’agit-il d’une dévaluation compétitive, remède le plus expéditif en cas de commerce extérieur en berne ? Ces trois derniers jours, il a chuté comme jamais depuis des décennies. Pourquoi procéder à trois dévaluations durant trois jours d’affilée ?

A quoi joue la Chine sur le marché des changes ? En trois jours, Pékin a dévalué trois fois sa monnaie. Une chute impressionnante des exportations du pays semble être la première raison pour laquelle la banque centrale chinoise a décidé d’agir. La dévaluation compétitive constitue le remède le plus expéditif en cas de commerce extérieur en berne. Reste que, pour la Chine, cela n’a rien d’anodin. Le renminbi varie fort peu. Ces trois derniers jours, il a chuté comme jamais depuis des décennies. Pourquoi procéder à trois dévaluations durant trois jours d’affilée ?

La banque centrale chinoise, dans un exercice de transparence complètement nouveau pour elle, a tenté de s’expliquer lors d’une conférence de presse. C’était comme si la main invisible du pouvoir se voyait tout à coup douée de la parole. Personne n’a vraiment compris le message. Les autorités affirment souhaiter intégrer rapidement le club très restreint des grandes monnaies afin de poursuivre l’internationalisation de leur économie.

Le FMI salue le mouvement, avec précaution. Mais la Chine, qui a tenté d’enrayer la chute de sa bourse au début de l’été avec des mesures autoritaires à l’encontre des investisseurs, a-t-elle vraiment envie désormais de se frotter au marché, qui plus est pour sa monnaie, l’expression de sa souveraineté ? La réponse paraît plus qu’évidente.

Les économistes spéculent plutôt sur le fait que l’économie chinoise va encore plus mal qu’annoncé et que les autorités comprennent désormais toute l’ampleur du risque. Pékin sait qu’un ralentissement encore plus marqué de son activité signifierait une hausse du chômage et une instabilité sociale potentiellement explosive. Le pouvoir avait fait le pari que la consommation des ménages prendrait rapidement le relais de la croissance d’une économie jusqu’ici basée essentiellement sur l’export. Mais pour que les deux tiers du PIB proviennent de la demande intérieure, comme c’est le cas pour les Etats-Unis, il faudra des années, si ce n’est des décennies. D’ici là, les Chinois devront trouver autre chose que des dévaluations successives pour améliorer leur économie.


Pékin défend son action sur le yuan

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Monnaie vendredi 14 août 2015

Sebastien Falletti

La monnaie chinoise chute depuis trois jours. Les autorités assurent ne pas vouloir de guerre des monnaies. La baisse va doper les exportations d’une économie en ralentissement

Economie en ralentissement, bulle boursière qui explose et, cette semaine, monnaie qui chute. Depuis le début de l’année, la Chine cumule les problèmes, qui semblent s’accélérer cet été.

Jeudi, pour le troisième jour consécutif, la devise chinoise a perdu du terrain, accumulant une chute historique de près de 4% face au dollar. Du jamais vu depuis deux décennies, déboussolant les places financières mondiales, incapables de décrypter les motivations et les intentions de Pékin et craignant un dérapage incontrôlé.

Mardi, la banque centrale de Chine (PBOC) avait présenté comme « exceptionnelle » sa première baisse du niveau autour duquel la « monnaie du peuple » (renminbi) est autorisée à fluctuer dans une bande de 2%. Avant de s’y reprendre à deux fois. De quoi entamer sa crédibilité aux yeux des investisseurs, d’abord pour des raisons de communication. « L’annonce a été mal gérée. La banque centrale n’a aucune expérience de communication avec les marchés. En Chine, les autorités ne savent communiquer qu’avec un mégaphone de propagande », explique Arthur Kroeber, expert au Brooking-Tsinghua Center, à Pékin.

Sous pression, le vice-gouverneur de la PBOC, Yi Gang, est monté au créneau jeudi pour tenter de calmer les esprits et donner une première explication de la mesure, lors d’une rare conférence de presse. Pour les autorités, la Chine ne fait rien d’autre qu’avancer dans le processus d’internationalisation du yuan. Avec ces annonces, l’ajustement de la monnaie à la valeur du marché est « pratiquement achevé », a juré le numéro deux de l’institution, alors que la Chine est soupçonnée de maintenir sa monnaie artificiellement bas pour doper les exportations. Le sujet est une pierre d’achoppement depuis des années, avec les Etats-Unis en particulier.

Pourtant, pour les autorités, la dévaluation est sous contrôle et ne durera pas : « Le yuan demeure une devise forte ! » a trompeté Yi Gang devant les journalistes du monde entier.

Officiellement, le mot « dévaluation » ne fait pas partie du vocabulaire de la PBOC. Elle justifie son changement de cap par la volonté de donner une plus grande influence au marché dans l’évaluation de sa devise, comme le réclame le FMI. Avec pour ambition de rejoindre le panier des grandes devises mondiales, les fameux droits de tirage spéciaux (DTS) au côté du dollar, de l’euro, du yen et de la livre sterling. L’organisation basée à Washington doit trancher en novembre sur la candidature du yuan, mais a exigé une plus forte fluctuation, dans un rapport rendu début août qui a fait l’effet d’une douche froide à Pékin. Les trois derniers jours de tendance baissière viseraient à démontrer la sincérité de sa nouvelle conversion au marché au FMI, qui applaudit.

Mais pour d’autres, il s’agit d’une « dévaluation » déguisée pour répondre à des pressions politiques au sommet du régime. Le but ? Redonner un bol d’air à la seconde économie mondiale en plein ralentissement. En juillet, les exportations ont encore chuté de 8% et la production industrielle a déçu. « Il y avait beaucoup de critiques contre le yuan jugé surévalué. C’est le début d’une vague de dévaluation jusqu’à la fin de l’année pour soutenir l’économie », prédit Xiao Lei, économiste pour le China Securities Journal. La revue financière chinoise CBN parie sur une correction d’environ 5%, mais certains experts prédisent une dépréciation allant jusqu’à 10%.

Un scénario rejeté fermement par le vice-gouverneur Yi, qui a récusé toute tentative chinoise d’engager une « guerre des monnaies » pour doper ses exportations face à ses concurrents asiatiques inquiets. Et de laisser entendre que la PBOC se laissait le droit « d’intervenir » sur les marchés pour prévenir une spirale baissière incontrôlable. Dans les faits, les grands argentiers sont déjà passés à l’action mercredi en fin de journée en rachetant du yuan, y compris sur le marché offshore à Wall Street, une première, selon des sources bancaires. Grâce à ses réserves de change en dollars toujours les plus importantes du monde, Pékin peut voir venir. « Une tendance continue à la baisse est probable, mais nous pensons que les autorités garderont le contrôle », affirme Jens Nordvig, chef des questions de change chez Nomura.

En dévaluant la « monnaie du peuple », les dirigeants chinois font un virage stratégique, rompant avec un arrimage tacite au dollar. Depuis un an, le yuan s’est apprécié en moyenne de 14% contre les principales devises mondiales, étant la seule à s’accrocher au billet vert. Il gagnait 25% face à l’euro, alors que l’UE est son premier partenaire commercial.

Le choix était guidé par la détermination de réformer l’économie en réduisant la dépendance aux exportations et en renforçant le marché intérieur, notamment la consommation, encore relativement faible en Chine, par rapport aux pays développés.

Pékin voulait ainsi suivre le modèle allemand en stimulant les gains de productivité et la demande intérieure grâce à une devise forte. Un pari ambitieux devenu intenable, à mesure que la croissance et l’industrie ralentissent.


L’Asie du Sud-Est attend de voir avant de réagir à la dévaluation du yuan

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Arnaud Dubus

Les pays voisins de la Chine réagissent en ordre dispersé face à la dévaluation chinoise

Pris au dépourvu par la forte dévaluation de la monnaie chinoise, la plupart des pays d’Asie du Sud-Est ont choisi de minimiser l’impact de l’affaiblissement du yuan, malgré la baisse des indices boursiers et des monnaies dans l’ensemble de la sous-région.

La Thaïlande, sous régime militaire, a même estimé que la baisse durant trois jours consécutifs du yuan profiterait à l’économie du royaume, en fort déclin du fait de l’instabilité politique et des doutes grandissants sur la compétence des généraux au pouvoir à gérer le pays. Si l’intervention de Pékin permet de relancer son économie, toute la région en profitera, a estimé jeudi Sommai Phasi, le ministre thaïlandais des Finances. Il a aussi affirmé que la baisse du yuan ne va pas affecter l’arrivée de touristes chinois en Thaïlande (ils constituent déjà 18% de l’ensemble des visiteurs) puisque les prix n’augmenteront pas de plus de 2%. Il ne pense pas non plus que les exportations du royaume vers la Chine seront affectées.

Seul le Vietnam a répondu à la baisse du yuan

La Malaisie, qui a fortement accusé le coup face à la chute de la monnaie chinoise – le ringgit malaisien est tombé cette semaine à son plus bas niveau depuis 1998 –, a aussi opté pour une vision positive de la situation. « L’économie malaisienne devrait poursuivre sa croissance régulière, appuyée par la consommation des ménages », a indiqué jeudi Zeti Akhtar Aziz, gouverneur de la banque centrale. Pourtant, la Fédération de Malaisie, fortement dépendante de ses exportations énergétiques, a été doublement touchée par l’effondrement des prix du pétrole et du gaz ainsi que par les remous politiques qui ont placé le premier ministre, Najib Razak, accusé de détournement d’argent, dans une position délicate. Au deuxième trimestre de cette année, elle a connu sa plus faible croissance depuis deux ans.

Seul le Vietnam a réagi aux mouvements du yuan. Mercredi, Hanoï a élargi la bande au sein de laquelle la monnaie vietnamienne – le dong – peut être échangée avec le dollar, la faisant passer de 2 à 4%.

Hanoï perçoit la politique monétaire chinoise comme un des « facteurs extérieurs déstabilisateurs », qui s’ajoute aux incertitudes pesant sur la monnaie européenne et à la chute des prix du pétrole. « La forte chute du yuan a provoqué la dépréciation d’une série de monnaies asiatiques ainsi qu’un déclin des prix des marchandises sur le marché mondial, ce qui peut être considéré comme un nouveau choc externe pour le Vietnam », a indiqué Nguyen Thi Hong, vice-gouverneur de la Banque d’Etat du Vietnam au quotidien Tuoi Tre.

Pas de guerre des monnaies

Il est vrai que Hanoï affiche un fort déficit commercial avec son grand voisin du nord – déficit qui ne peut que s’agrandir après la dévaluation chinoise. Généralement, toutefois, la crainte d’une « guerre des monnaies en Asie » voyant les pays dévaluer en série leurs devises pour rester compétitifs face aux Chinois sur le marché mondial ne s’est pour l’instant pas concrétisée.


La Fed ne changera pas de cap

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Changes vendredi 14 août 2015

Yves Hulmann

La dépréciation du yuan pourrait retarder la sortie des Etats-Unis de l’ère des taux zéro

En chute libre mardi et mercredi, les bourses se sont ressaisies jeudi. Les abaissements successifs de 2% mardi, puis de 1,6% mercredi, du taux de référence du yuan face au dollar annoncés par la banque centrale chinoise ont déstabilisé les marchés. La nouvelle dévaluation jeudi de 1% du taux de référence n’a, elle, pas eu un effet aussi négatif. Deux raisons l’expliquent. D’une part, les autorités chinoises ont pris soin d’accompagner cette annonce d’autres déclarations, expliquant leur décision et affirmant que le yuan était désormais à un niveau équilibré.

D’autre part, si les marchés ont réagi si violemment, c’est qu’ils craignaient que le chaos amené par les interventions chinoises empêche la Réserve fédérale américaine (Fed) de sortir de l’ère des taux zéro. Une phase d’instabilité prolongée aurait pu inciter la Fed à reporter à 2016 la hausse des taux d’intérêt, attendue entre septembre et décembre. Une remise en question de ce calendrier créerait une période d’incertitude prolongée.

« La dépréciation de 4% du yuan par rapport au dollar a été trop faible pour modifier les attentes concernant l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis », relativisait jeudi Thomas Flury, stratège chez UBS. Certes, selon l’expert en devises, reste à savoir si l’adaptation des cours du yuan est terminée. Néanmoins, la banque anticipe un premier relèvement des taux cette année, à fin septembre ou au plus tard en décembre. Selon AXA IM, les événements récents en Chine rendent plus probable que ce premier tour de vis survienne en fin d’année : « Une première hausse des taux d’intérêt en décembre nous paraît à présent aussi probable qu’en septembre. »

Le dollar se renforcera

Thomas Flury rappelle, lui, que la Fed poursuit deux objectifs. Le premier concerne le marché du travail, qui « progresse dans la bonne direction », estime-t-il. Le deuxième se rapporte à l’évolution des prix : « Aux Etats-Unis, l’inflation n’est pas un problème. La Fed peut adapter la politique monétaire ultra-accommodante menée jusqu’ici. L’inflation est suffisamment élevée pour que l’institution puisse donner un premier signal d’un resserrement de sa politique monétaire », juge-t-il.

Les dernières statistiques concernant les ventes de détail publiées aux Etats-Unis renforcent ce scénario. « Elles vont rassurer les gouverneurs de la Fed sur le fait que l’économie est sur la bonne voie pour croître plus rapidement au second semestre », a jugé hier J. Safra Sarasin dans une note.

UBS parie sur un renforcement du dollar vis-à-vis de l’euro et du franc. « La demande pour le franc comme monnaie refuge a été reléguée au second plan, notamment en raison de données économiques favorables aux Etats-Unis et des signaux de reprise dans la zone euro », selon Thomas Flury. UBS prévoit un cours du billet vert situé à 1,02 franc à six mois, puis à 1 franc par dollar à douze mois (0,9761 jeudi). La devise helvétique devrait, elle, s’affaiblir à 1,10 franc face à l’euro, à six et à douze mois (1,0880 jeudi). Le même cours est attendu par J. Safra Sarasin pour le début de 2016.


Vendredi matin, la Chine a relevé légèrement le cours de référence du yuan

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Monnaies Vendredi 14 août 2015 09h21

AFP

La banque centrale chinoise (PBOC) a relevé légèrement vendredi, de 0,05%, son taux de référence du yuan face au dollar, inversant la tendance après les trois dévaluations successives des jours précédents

La banque centrale chinoise (PBOC) a remonté à 6,3975 yuans pour un dollar, contre 6,4010 yuans la veille, le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom de la monnaie chinoise) est autorisé à fluctuer, selon l’opérateur du marché des changes national.

Ce qui revient pour la PBOC à encourager l’appréciation du yuan, faisant marche arrière après avoir provoqué et accompagné les brutales dégringolades des derniers jours.

Dès jeudi, la banque centrale avait tenté de calmer l’affolement des marchés financiers mondiaux, expliquant qu’il s’agissait d’un « ajustement » technique de la valeur du renmibi à la réalité du marché.

« Cet ajustement est désormais pratiquement terminé » et une dépréciation prolongée n’aurait « aucun fondement », avait assuré Zhang Xiaohui, assistant du gouverneur de la PBOC.

« La banque centrale a tout à fait la capacité de maintenir le renminbi fondamentalement stable à un niveau raisonnable et équilibré », avait-il ajouté. La PBOC s’est dite prête à intervenir en cas de fluctuations trop violentes et de « distorsions ».

Ces propos avaient semblé convaincre les investisseurs, alimentant un vigoureux rebond des places boursières en Asie comme en Europe.

La banque centrale chinoise avait abaissé mardi de quasiment 2% son taux-pivot du yuan, une annonce qui avait fait l’effet d’un coup de tonnerre sur les marchés financiers.

Cette soudaine dévaluation avait été largement perçue comme une tentative de Pékin de revigorer ses exportations et l’activité, ravivant brusquement les inquiétudes sur la santé vacillante de l’économie chinoise.

La PBOC avait dévoilé de nouvelles réductions drastiques les jours suivants, de 1,6% mercredi puis de quasiment 1% jeudi, soit la plus brutale dépréciation du renminbi depuis deux décennies et la mise en place par Pékin du système de changes actuel.

Mais la banque centrale s’était soigneusement gardée de parler de dévaluation, expliquant avoir simplement modifié sa façon de calculer le taux de référence du yuan pour prendre davantage en compte la clôture de la veille sur le marché des changes, l’offre et la demande, et les cours des grandes devises.

La Chine continue d’encadrer étroitement la convertibilité du yuan, celui-ci ne pouvant fluctuer que dans une fourchette quotidienne de 2% de part et d’autre du taux-pivot déterminé par la PBOC.

Mais en décidant d’accompagner plus fidèlement les mouvements du marché, Pékin pourrait chercher à conforter les chances du renminbi d’intégrer le club des grandes monnaies mondiales de référence.

Et notamment d’être inclus dans les Droits de tirage spéciaux (DTS), l’unité de compte du Fonds monétaire international (FMI).

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