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Impérialisme - Le jeudi 17 septembre 2015 à 07h58, La France coloniale a repris le pouvoir au Burkina Faso

lundi 21 septembre 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 21 septembre 2015).

Nouveau coup d’État de Blaise Campaoré, l’agent de la France qui, lors de son premier coup d’État en 1987, a assassiné le révolutionnaire anti-impérialiste Thomas Sankara, grand allié de Kadhafi.


Burkina Faso, le bal des faux-culs

http://mondafrique.com/lire/editos/…

Éditos - Par Philippe Duval - Publié le 19 Sep, 2015

Philippe Duval. Journaliste indépendant, membre de la rédaction d’un grand quotidien “Le Parisien” pendant vingt ans (culture, politique étrangère). Auteur de nombreux reportages en Afrique de l’Ouest. Et de plusieurs livres dont “Fantômes d’Ivoire” et “Chroniques de Guerre”

Pour comprendre le coup d’État au Burkina, il faut faire le bilan du règne de Balise Compaoré, ce président qui a joué le rôle de gendarme de la France dans cette région d’Afrique, depuis le décès de l’Ivoirien Houphouët-Boigny en 1993.

Il est 07h58, ce jeudi 17 septembre 2015. Un personnage en treillis apparaît sur l’écran de la RTB. Il a la mine patibulaire et les traits tirés d’un type qui vient de passer une nuit blanche. Les yeux fixés sur un prompteur, ce militaire passe-muraille lit d’une voix monocorde une déclaration plutôt embrouillée où il parle de démocratie, de respect du droit, de libre expression politique. Et annonce que le président burkinabe de la Transition, Michel Kafando, est démis de ses fonctions, que son gouvernement et son conseil national sont dissous.

Le Colonel Bamba (c’est son nom) vient d’annoncer que la récréation entamée voilà un an après la destitution de Blaise Compaoré qui avait gouverné le Burkina d’une main de fer pendant 27 ans, est terminée. Il est le porte-parole du Régiment de sécurité de la présidentielle (RSP), la garde prétorienne du président déchu qui a pris en otage Kafando et son Premier ministre. À la tête du coup de force, se trouve le général Diendéré, ancien bras droit de Compaoré.

Coup de menton de Hollande… et puis rien

François Hollande, qui en octobre 2014, avait fait exfiltrer Compaoré vers la Côte d’Ivoire, condamne fermement le coup de force. La France "ne peut laisser faire", assure-t-il, mais les deux cent vingt militaires français des Forces spéciales, présents au Burkina dans le cadre de l’opération Barkhane, n’interviendront pas. Ils sont si occupés par leur guerre contre le terrorisme islamiste, qu’ils n’ont d’ailleurs rien vu arriver. Les Américains non plus. Comme l’a révélé le Washington Post, le Burkina est une place forte pour les équipements US. C’est là qu’ils ont installé tout un attirail d’appareils d’écoute, de drones, qui leur permet de surveiller toute la sous-région. Mais les grandes oreilles de l’Oncle Sam n’ont pas perçu les signes annonciateurs de bruits de bottes à Ouagadougou. Il y aurait là de quoi s’inquiéter sur l’efficacité de tous ces services de renseignements.

Mais à entendre Susan Rice, la conseillère NSA d’Obama, on comprend que l’Amérique n’est pas trop attristée par ce coup d’État. Elle le condamne bien sûr avec la plus extrême fermeté, mais sans attendre que le corps du défunt régime de transition soit totalement refroidi, elle annonce non moins froidement que les États-Unis "examineront la possibilité d’aider au Burkina Faso à la lumière des événements qui se sont passés dans le pays".

Larmes de crocodile

Du côté de la presse française, on verse aussi beaucoup de larmes de crocodiles sur le régime de transition : « Ca devait arriver, avec des gens qui excluent de la compétition électorale d’anciens barons du régime de Compaoré ; qui n’organisent pas d’élections inclusives, qui vont déterrer le cadavre de Sankara », peut-on lire en résumé. Le Burkina fait un petit tour à la Une de l’actualité et puis re-sombre dans l’anonymat.

On cherche aussi Compaoré, le probable initiateur de ce coup d’État. Est-il encore au Maroc où il se repose après une hospitalisation ? Ou à Abidjan, dans la luxueuse résidence d’État avec piscine et salle de sport que lui a prêté son "frère" Alassane Ouattara, le président ivoirien ? Mystère. En tout cas, le général Diendéré est fomel : Le beau Blaise n’était pas au courant. En voilà encore un de mal informé !

Compaoré, le vrai fauteur de troubles

Examinons maintenant le fond du problème, les méchancetés commises par Kafando et ses amis contre les partisans de Compaoré, qui servent d’alibi à ces grands défenseurs de la démocratie que sont les militaires burkinabés de la garde présidentielle. Sont-elles justifiées ? Ou bien, les sbires de Compaoré, avec à leur tête Djibrill Bassolé, son ministre des Affaires étrangères, qui a participé à tous les coups tordus du régime depuis quinze ans, doivent-ils bénéficier d’une totale impunité et aurait dû être autorisés à participer à la présidentielle d’octobre ?

Pour répondre à cette question, il faut ouvrir le dossier Compaoré, ce président qui a joué le rôle de gendarme de la France dans cette région d’Afrique depuis le décès de l’Ivoirien Houphouët-Boigny en 1993 :

1. Le "Beau Blaise" est impliqué dans l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ces compagnons en 1987, lors de sa prise de pouvoir par un coup d’État. Mais, il n’est pas le seul : Sa veuve, la discrète Mariam, exilée à Montpellier, affirme que dans cette affaire, "le nom de la France revient souvent". Pour mémoire, quelques semaines avant sa mort, Sankara s’était notamment signalé en exhortant les responsables africains à ne pas rembourser une dette qu’il comparait à un « esclavage ». Compaoré est aussi directement accusé d’avoir fait disparaître Norbert Zongo, un journaliste d’opposition. On retrouve aussi sa trace dans l’évaporation de plusieurs opposants.

2. Campaoré a fait les quatre cent coups avec Charles Taylor, l’ex-président libérien condamné à une peine de cinquante ans de prison par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour les exactions barbares commises par les rebelles du RUF qui coupaient les bras de leurs victimes au format manches longues ou courtes. Curieusement, Compaoré, même pas appelé à la barre comme témoin, est passé entre les gouttes. Pourtant, en 2000, une commission indépendante des Nations-Unies désignait son pays comme la principale voie d’approvisionnement en armes des rebelles du RUF. La même année, il avait déjà été montré du doigt dans un rapport de l’ONU sur le trafic de matériel militaire avec les guérilleros de l’Unita, et de diamants, les fameux "diamants du sang". Il a été impliqué dans toutes les opérations de déstabilisation en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Il est même intervenu en RDC.

3. Pendant des années, Campaoré a accueilli et formé au Burkina des générations de rebelles. C’est le cas de Jonas Savimbi, le chef de l’Unita, la guérilla anticommuniste en Angola. Des rebelles du RUF qu’il a entraînés dans le sud de son pays. De l’Ivoirien Guillaume Soro, et de quelques dizaines de soldats déserteurs qui ont tenté à plusieurs reprises des coups contre Laurent Gbagbo, élu en 2000 contre le général putchiste Robert Gueï, avant de réussir à prendre le contrôle du nord de la Côte d’Ivoire. Ces rebelles, dont certains, réclamés par la Cour Pénale Internationale, sont aujourd’hui à la tête de l’armée de Ouattara, ont séjourné pendant des mois à Ouagadougou. C’est d’ailleurs là qu’ils ont investi leurs "économies". Dans la crise malienne, la plupart des rebelles touaregs, nigériens ou maliens, étaient installés à Ouagadougou. On les accueillait, on les conseillait et ensuite, on les renvoyait sur le terrain.

4. En créant le désordre chez ses voisins, Blaise Campaoré a trouvé d’importantes ressources occultes pour son pays et ses proches. Il a été souvent appelé comme médiateur pour régler des conflits qu’il avait souvent aidé à créer, avec l’aval de Paris, selon la stratégie du pompier-pyromane. Il allumait les feux et s’arrangeait pour demander à venir les entretenir. grâce aux trafics en tous genres. Le Burkina, où pas grand chose ne pousse, est ainsi devenu un gros exportateur de bananes ivoiriennes. Et aux yeux des Français et des Américains, il est apparu par contraste comme un ilot de stabilité dans une Afrique de l’Ouest à feu et à sang. "Il tient bien son pays", se félicitaient les diplomates français, de droite comme de gauche, à propos de la gouvernance de Compaoré.

Michel Kafando est-il apte, lui aussi, à "tenir bien son pays" ? Pas vraiment. Pourtant les putchistes de la garde présidentielle semblent avoir bénéficié au minimum d’un feu orange pour "dissoudre" la transition.

Correctif de do :

L’auteur écrit : « Dans la crise malienne, la plupart des rebelles touaregs, nigériens ou maliens, étaient installés à Ouagadougou. On les accueillait, on les conseillait et ensuite, on les renvoyait sur le terrain. »

C’est peut-être vrai pour ceux qui ont participé à la rébellion islamiste, mais ce n’est certainement pas le cas des Touaregs indépendentistes de l’Azawad. En effet, ceux-ci avaient lutté armes à la main dans le camp de Kadhafi contre l’impérialisme français. Et c’est avec les armes que leur avait livré Kadhafi qu’ils ont pu espérer conquérir l’indépendance de l’Azawad :

http://mai68.org/spip/spip.php?article4550

Burkina Faso - 31 octobre 2014 - Vive la révolution ! Sankara revient !

http://mai68.org/spip/spip.php?article8132

C’est Kadhafi qui avait financé contre l’impérialisme français la révolution du Burkina Faso avec le sympathique Thomas Sankara :

http://mai68.org/spip/spip.php?article2097

Pour expliquer aux Burkinabés qu’il fallait un peu abandonner l’élevage en toute liberté des chèvres et des moutons, si l’on voulait faire reverdir le désert, Sankara avait procédé ainsi :

Il avait enfermé une surface de 100 mètres sur cent mètres avec des grillages pour qu’aucune chèvre ou mouton ne puisse y aller. Et tout le monde avait pu constater que l’herbe se remettait à pousser. Sankara n’a donc pas eu besoin ni de faire de la dictature, ni de faire des lois répressives pour que les Burkinabés fassent un peu attention à ce qu’ils faisaient avec les chèvres et les moutons.

Aucune dictature, donc. Cette histoire avait fait le tour du monde, à l’époque. Elle avait établi la réputation du révolutionnaire Thomas Sankara du Burkina Faso. Qui fut, au bout de trois ou quatre ans si je me souviens bien, assassiné par un agent de la France, dont le nom est Compaoré, qui pris le pouvoir et rendit le Burkina à la France.

N’empêche que cette histoire a fait énormément mal voir Kadhafi en France, du moins auprès du pouvoir qui n’avait de cesse de faire de la propagande contre lui.

Votez Sankara - Virlo 2013 - Audio 2’42 :

http://mai68.org/spip/spip.php?article4862

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