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Les leçons d’Afrin : Pour en finir avec le « McDo-marxisme » !

samedi 24 février 2018, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 24 février 2018).

Les leçons d’Afrin :

Pour en finir avec le « McDo-marxisme » !

« …certains de ces combattants affirment eux-mêmes être "fichés S". Interrogé par France Info sur son retour en France, avant qu’il ne soit tué sur le front à Afrin le 10 février, "Kendal Breizh", un Français de 40 ans, disait vouloir rentrer l’été prochain. Il n’était pas inquiet quant à une éventuelle condamnation dans l’Hexagone pour ses activités armées. "Il y a peu de conséquences pour les gens qui ont déjà eu l’occasion de retourner [en France] pour une raison très simple : il serait un peu hypocrite de la part de la France de poursuivre des gens qui combattent avec les Unités de protection du peuple (YPG) [milice kurde, NDLR], alors qu’à quelques kilomètres d’ici les forces françaises font de même."

http://www.france24.com/fr/20180221-syrie-afrin-kurdes-litigieuse-question-retour-combattants-francais-partie2

Quel meilleur aveu que les « fichés S » sont un vivier de pions disponibles et utilisables par les « forces spéciales » et autres barbouzes de tous poils de l’impérialisme français ?

A Afrin l’impérialisme français continue de jouer sa partie de « je t’aime moi non plus » avec son allié et suzerain US, dans l’espoir de ramasser quelques miettes du dépeçage de la Syrie.

Hélas pour ces vautours, la macabre pièce montée s’est écroulée et la hyène turque en profite pour essayer de ramasser les morceaux non seulement sous la table, mais éventuellement en montant dessus, et concrètement, à l’assaut d’Afrin, pourtant un bastion de ses alliés US… Dans le camp des alliés de l’impérialisme US tout le monde n’a pas la souplesse d’échine de la diplomatie française… Face au suzerain US, les courbettes, même jusqu’à terre, ne suffisent donc pas pour accéder aux miettes…

Dans ce contexte nauséabond, le fait que la Russie ait quelque peu « favorisé » ce règlement de comptes « entre amis », cela se comprend aisément. S’étant, comme alliée officielle de la Syrie, portée garante de son intégrité territoriale, elle n’avait donc pas à faire de différence entre la partition déjà imposée par les forces Otanesques directement contrôlées par les USA et la France et celle effectuée par les forces, non moins Otanesques, contrôlées par la Turquie.

Les forces kurdes, principalement visées à Afrin, quant à elles, ont préféré depuis longtemps pactiser directement avec l’impérialisme US et la France, pour s’arroger un droit d’expansionnisme sur près d’un tiers du territoire syrien, contre toute logique de leur influence ethnique réelle, historiquement limitée à quelques enclaves, même si très peuplées et assez riches, près des frontières nord.

Le "Rojava" aujourd’hui…

Ce « pacte avec le diable », en dehors du fait de se révéler évidemment illusoire, ne correspond de toutes façons en aucune manière au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et encore moins, à l’intégrité et au droit à l’existence de la nation syrienne.

Le biais par lequel on a tenté de nous le faire avaler, en France, est celui qui a habilement utilisé la bêtise crasse de la « gauche » française, y compris et surtout supposée « extrême », en nous abreuvant de propagande sur la prétendue édification d’une « utopie sociale » dans ce « Rojava », hypothétique « Kurdistan syrien ». Un « Kurdistan sans kurdes » ont même pu avancer certains… Ce qui est en partie vrai, si l’on excepte, dans de vastes portions de ce territoire, les forces armées « kurdes » et les éléments d’occupation déplacés par elles.

En fin de compte, une « utopie sociale » qui serait créée par des forces d’occupation armées par l’impérialisme US…

Quelle « utopie », effectivement !

Le fait que nos « gauchistes » français aient tenu à s’ « illustrer » dans cette entreprise plus que douteuse en dit long sur le niveau d’élucubrations « théoriques » auquel ils en sont arrivés pour justifier de telles contorsions et même les faire passer pour le nec plus ultra de l’ avant-gardisme « révolutionnaire » !!

Mais de plus, ce qui est caractéristique et incontournable, dans cette démarche, c’est la culture du mensonge sur laquelle elle repose.

Car très « officiellement » il n’y est jamais reconnu la moindre complicité avec l’impérialisme, même si celle-ci apparaît désormais au grand jour et publiquement, à la lumière crue des derniers événements à Afrin.

Le discours très peaufiné de ces Tartuffes n’est jamais que celui de l’héritage « gauchiste » qui consiste à voir de l’ « impérialisme » chez tous les protagonistes et à prétendre ne pas choisir. Le slogan « Ni Washington ni Moscou » ne date pas d’hier, mais aujourd’hui comme hier, il apparaît clairement que ses tenant ont non seulement choisi Washington, mais qu’il vont même jusqu’à combattre sur le terrain pour cette « cause », alors qu’à l’époque de l’URSS ils se contentaient de motions hypocrites et alambiquées pour soutenir, directement ou non, les divers supplétifs de l’ennemi des peuples…

Mensonge, hypocrisie, certes, aujourd’hui évidente, mais on ne saurait donc parler de lâcheté, et il faut bien parler de complicité, qui n’est plus seulement « objective » mais désormais factuelle, tout simplement.

L’indigence de l’analyse, noyée sous une phraséologie « anti-impérialiste » d’opérette révèle, comme on l’a vu, l’amplitude du reflux de la culture marxiste en France et en occident, plus généralement.

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/20/limperialisme-nest-pas-un-complot-cest-un-systeme-economique-a-la-base-du-capitalisme-mondialise/

Cette indigence culturelle trouve ses racines dans la dégénérescence de la gauche française et celle-ci a déjà plusieurs générations derrière elle et son discours est entré tellement en osmose supposément « démocratique » avec le système qu’il paraît s’imposer à tous comme une évidence. Et même aux supposés « marxistes-léninistes » qui s’affirment encore comme héritiers directs du concept de « social-impérialisme soviétique » forgé à l’origine par les chinois maoïstes et colporté depuis l’époque de la prétendue « révolution culturelle » comme la formulation théorique la plus achevée du « Ni Washington ni Moscou ». Malgré le retournement avéré de la Chine maoïste du côté US, sous le masque de la "diplomatie du ping-pong", la formule continue donc de faire florès, sous la forme à peine remaniée du prétendu "impérialisme russe", dans la tête de nos idéalistes petits-bourgeois et les amène aujourd’hui au statut de chair à canon de l’impérialisme.

Il ne s’agit pas non plus d’idéaliser le rôle de la Russie contemporaine, pas plus (ni moins…) que celui de l’URSS de l’époque Khrouchtchev-Brejnev, mais de comprendre en quoi elle a retrouvé son rôle d’axe principal de la résistance de ce qui reste de bourgeoisies nationales et nationales-bureaucratiques sur la planète, et qui était déjà le sien, et encore jusqu’à sa défaite en Afghanistan. (Cf. étude citée en lien ci-dessus)

Si certains "gauchistes" français sont donc "passés à l’action" en tant que supplétifs des USA, d’autres, plus prudents ou plus timorés, préfèrent encore l’utiliser pour affirmer une « neutralité » toute formelle et prétendre en fait que toutes ces luttes de libération contre l’impérialisme, y compris, et voire même, surtout, contre l’impérialisme US, sont en réalité des luttes entres puissances impérialistes et ne nous concernent donc pas, sauf rare exception.

« Le marxisme place en priorité la révolution socialiste, et la libération nationale des peuples opprimés en découle, ce n’est pas l’objectif principal. Par conséquent lutter contre tel ou tel impérialisme parce qu’il est plus ceci ou cela n’a aucun sens. La seule perspective c’est la révolution en France, et c’est par rapport à cet objectif que doivent être évaluées le soutien à tel ou tel mouvement de libération nationale à l’étranger. » Nous écrivait récemment l’un des adeptes de cette tendance…

« Ce qui me dérange c’est cette façon de ne pas s’occuper de nos tâches ici en France à nous et d’avoir constamment le nez à regarder ce qui se passe à l’autre bout de la planète comme si la tâche la plus urgente n’était pas l’organisation des révolutionnaires marxistes en France et rien d’autre. »

N’hésitait-il pas à préciser dans un mail suivant, invoquant donc cette formule ancienne, telle que lutter sur place contre son propre impérialisme, indépendamment de ses implications internationales et autres connivences avec l’impérialisme US, cela suffirait donc à remplir nos devoirs de supposés internationalistes et anti-impérialistes…

Alors qu’on le voit partout, et notamment en Syrie, l’impérialisme français suit comme un petit chien l’impérialisme US et parfois même, le précède ou le remplace, sur ce qui reste de ses chasses gardées « françafricaines ».

Ce que nous montre Afrin, c’est donc aussi que l’organisation de la solidarité avec les luttes de résistance anti-impérialistes à travers le monde, que ce soit l’impérialisme français ou US à la manœuvre, c’est donc un devoir de solidarité qui n’est pas vain, mais contribue, au contraire, à affaiblir également notre propre impérialisme et à préparer les conditions de la Révolution en France.

De plus, compte tenu des mouvements migratoires induits par toutes ces guerres impérialistes, la solidarité anti-impérialiste, et notamment contre l’impérialisme US, principal fauteur de guerres à travers le monde, a un fort potentiel unificateur par rapport au phénomène de communautarisme qui divise actuellement le prolétariat en France.

A nous de combiner cette solidarité avec les objectifs de lutte à priori plus « locaux » en France…Cette solidarité répond évidemment d’abord à des impératifs économiques et géo-économiques et contribue donc à l’affaiblissement global de l’impérialisme, y compris le nôtre, ce dont nous avons besoin pour avancer, selon le principe marxiste :

« Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre. »

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/22/un-peuple-qui-en-opprime-dautres-ne-saurait-etre-libre/

Principe repris par Lénine dans son texte de 1916, La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, certes relatif aux conditions et circonstances de l’époque, mais qui nous éclaire sur la manière de comprendre concrètement les fondamentaux de son analyse sur le phénomène impérialiste, plus que jamais d’actu, donc, comme on vient encore de le voir, à Afrin et ailleurs.

Il n’y a donc pas de « priorité » de la lutte anti-impérialiste sur le plan local par rapport à la solidarité internationale, ni inversement, l’une étant inséparable de l’autre, elles doivent s’intégrer mutuellement dans une stratégie de résistance globale, qui nous permettra, si elle se construit, de passer à la contre-offensive, aussi bien sur le plan local que sur le plan international. C’est ce qui ressort également de cette utile lecture de ce texte de Lénine, au delà de son contexte historique, déjà riche de leçons.

Luniterre

Le texte de Lénine en PDF :

Lenine- 1916 - La révolution socialiste

et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes

Sauvegarde : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/leni…

LES ARTICLES DE TML SUR LE SUJET :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/23/les-lecons-dafrin-pour-en-finir-avec-le-mcdo-marxisme/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/20/limperialisme-nest-pas-un-complot-cest-un-systeme-economique-a-la-base-du-capitalisme-mondialise/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/02/22/un-peuple-qui-en-opprime-dautres-ne-saurait-etre-libre/

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Dernières nouvelles…

Il se confirme que les forces kurdes, confrontées à l’impasse de leur propre stratégie, se trouvent donc obligées de négocier leur réintégration dans le dispositif de défense de l’intégrité du territoire syrien…

BEYROUTH (Reuters) - Les combattants envoyés à Afrin pour s’opposer à l’intervention de la Turquie dans le nord de la Syrie ne sont pas assez nombreux et l’armée syrienne doit intervenir pour protéger la région, a déclaré jeudi un porte-parole kurde.

Plusieurs centaines de combattants soutenant le régime de Damas se sont déployés sur la ligne de front pour s’opposer à l’offensive turque, a précisé le porte-parole, Nouri Mahmoud.

"Des groupes affiliés à l’armée syrienne sont arrivés à Afrin mais pas ils ne sont pas assez nombreux ni en capacité d’arrêter l’occupation turque. L’armée syrienne doit remplir son devoir de protéger les frontières de la Syrie", a-t-il affirmé.

Un commandant de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) à Alep a déclaré que des éléments de sa formation avaient quitté la ville pour aller renforcer les Kurdes dans le secteur d’Afrin, et que par conséquent, le régime syrien avait pris le contrôle de quartiers d’Alep tenus par les Kurdes.

"Nous, à Alep, sommes partis pour le secteur d’Afrin. De ce fait, les quartiers orientaux d’Alep sont passés sous le contrôle du régime syrien", a expliqué dans un message à Reuters Fourat Khalil, commandant des YPG à Alep.

Un témoin cité par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté jeudi que des troupes syriennes étaient entrées dans les quartiers de Al Halak, Bani Zaïd et Boustan al Bacha dans le nord d’Alep, jusqu’alors contrôlés par les YPG.

(Ellen Francis ; Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)

https://fr.news.yahoo.com/les-ypg-k…

http://www.leparisien.fr/internatio…

http://www.france24.com/fr/20180220…

http://www.lemonde.fr/syrie/article…

http://www.lemonde.fr/proche-orient…

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6 Messages de forum

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