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Comaguer 368 - Gaz naturel en Méditerranée Orientale, l’Égypte maitre du jeu (PDF)

vendredi 2 mars 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 2 mars 2018).

http://comaguer.over-blog.com

Comaguer n°368 - semaine 9 - fin février 2018

Gaz naturel en Méditerranée Orientale

L’Égypte maitre du jeu

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Version PDF de ce document :

http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/Cmaguer-368_Gaz-naturel-en-Egypte.pdf

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Une intense campagne de presse vient d’être lancée pour faire accroire qu’Israël producteur de gaz naturel (champs TAMAR et LEVIATHAN) s’installait comme le grand collecteur du gaz sous-marin régional et comme futur fournisseur privilégié de l’Union Européenne grande assoiffée de gaz. Cette politique fortement appuyée par un certain Emmanuel Macron du temps où la Banque Rothschild l’avait détaché au Ministère des Finances à Paris s’est concrétisée par des déclarations tapageuses déclarant que le projet israélien avait reçu l’appui des gouvernements chypriote, grec et italien pour construire un gazoduc sous marin reliant les eaux israéliennes à la péninsule italienne.

Le gouvernement chypriote , en l’attente d’élections présidentielles qui l’incitaient à la prudence s’est prêté au jeu espérant ainsi trouver un débouché pour sa future production gazière confirmée par les résultats positifs des derniers forages et le gouvernement grec bien qu’il ne puisse pour l’instant que nourrir des espoirs de forages positifs s’est laissé , comme à son habitude, convaincre et par Bruxelles et par Tel Aviv - avec qui il entretient d’étroites et confiantes relations - de laisser passer, moyennant redevances, le futur gazoduc dans les eaux grecques.

Ah le beau projet ! Ne manquent plus à sa concrétisation que quelques dizaines de milliards d’Euros et quelques années. Notons au passage que les techniques de pose de gazoducs sous-marins ont beaucoup progressé ces dernières années mais que la traversée d’Est en Ouest de la moitié de la Méditerranée pourrait se révéler un peu plus complexe et onéreuse que la traversée de la Mer Baltique mer peu profonde (gazoduc Nord Stream) ou de la mer Noire (gazoduc Blue Stream).

C’est alors que ZOHR est arrivé (voir notre bulletin n° 346 sur le blog de COMAGUER). Ce gisement de très grande capacité a été découvert dans les eaux égyptiennes et mis en exploitation avec une rapidité exceptionnelle. L’industrie du gaz naturel est une activité dans laquelle l’Egypte a des acquis technologiques et industriels d’importance. En effet à la fin des années 1990 l’Egypte a mis en exploitation de petits gisements dans la zone du delta du Nil, s’est dotée d’installations de liquéfaction de gaz naturel et a été pendant quelques temps un petit exportateur de GNL y compris vers la France. Elle n’a donc pas à attendre la réalisation de nouveaux gazoducs sous marins pour reprendre sa place de grand exportateur.

Restait la question de la part du gaz de Zohr à réserver à l’exportation sachant que l’Egypte doit fournir un très important marché intérieur. La réponse vient d’être fournie et constitue un véritable coup de maitre du gouvernement égyptien. Le nouveau ministre égyptien du pétrole, TAREK EL MOLLA cadre de très haut niveau de l’industrie pétrolière internationale – il a été Directeur Afrique de CHEVRON - a mené deux négociations.

La première avec le gouvernement chypriote une fois réélu le Président Anastasiades pour garantir à ce dernier l’évacuation vers l’étranger du gaz du nouveau gisement Aphrodite voisin de celui de Zohr. Chypre n’a donc plus à attendre la construction du grand gazoduc sous marin israélo-européen. La seconde avec le gouvernement israélien auquel l’Egypte va acheter sans tarder une partie de la production de TAMAR et LEVIATHAN qui sera acheminée vers l’Egypte par un gazoduc terrestre existant et de là pourra atteindre soit l’énorme marché intérieur égyptien soit les marchés internationaux via les installations de liquéfaction égyptiennes existantes.

Double coup de maitre. Israël a beau à travers une « com » triomphante clamer qu’il s’apprête à vendre du gaz à l’Egypte en réalité il passe un accord avec la nouvelle puissance gazière régionale. Ce coup pourrait en annoncer un autre car l’Egypte pourrait également prêter la main au gouvernement libanais dans l’exploitation et la commercialisation des probables futurs gisements sous marins du pays du Cèdre.

Un seul acteur régional prend ombrage de cette nouvelle donne : la Turquie qui voit Chypre pendre place sur le marché international du gaz et prétend toujours au mépris du droit, c’est-à-dire au nom de l’occupation illégale depuis 1974 de Chypre Nord, prendre sa part dans la future production sous marine chypriote et qui manifeste par des actes militaires belliqueux son opposition aux projets de collaboration de Chypre et de l’Egypte. L’UE va-t-elle une nouvelle fois laisser Chypre, état membre, être maltraité par la Turquie dominatrice ?

De son côté l’Egypte ne se laisse pas impressionner par les rodomontades d’Erdogan et sa marine avec à sa tête son navire amiral le fameux BPC MISTRAL construit à Saint Nazaire pour la Russie qu’elle a racheté dans d’excellentes conditions a pris position autour des installations de surface de Zohr.

Dernier changement sur la scène énergétique régionale : l’Irak et l’Egypte viennent de signer un accord qui prévoit la construction d’un oléoduc permettant via la Jordanie la fourniture régulière de pétrole irakien à l’Egypte avec, là encore, la possibilité pour ce pétrole d’accéder aussi au marché international directement par un port égyptien sur la Méditerranée. Il s’agit donc d’un véritable désenclavement de l’Irak et d’un basculement de la géopolitique énergétique régionale au profit des pays arabes riverains de la Méditerranée au détriment des monarchies réactionnaires du Golfe.

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Ce document montre l’emplacement des différents gisements et des deux stations de liquéfaction de gaz existantes en Egypte (carte à gauche) et le passage (graphique de droite) de l’Egypte de la position d’exportateur de GNL en 2014 à la position d’importateur dont elle va à nouveau sortir en 2018.

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