VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Colombie - 11 mars 2018 - Résultats des législatives

Colombie - 11 mars 2018 - Résultats des législatives

mardi 13 mars 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 mars 2018).

En Colombie, l’application du processus de paix avance toujours au ralenti

https://www.letemps.ch/monde/colomb…

Anne Proenza, Bogota
Publié lundi 12 mars 2018 à 20:23
modifié mardi 13 mars 2018 à 09:11

Les trois partis les plus à droite de l’échiquier politique, opposés à l’accord de paix avec les FARC, ont remporté les législatives dimanche, sans obtenir de majorité. Les regards se tournent désormais vers la présidentielle déterminante pour l’avenir du processus de paix

Un an et quatre mois après la signature historique de l’accord de paix entre le gouvernement colombien et l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes devenue le parti de la Force alternative révolutionnaire commune (FARC), les Colombiens ont élu dimanche 11 mars un des Congrès – Sénat et Chambre des députés – « les plus à droite de leur histoire », comme le souligne le politologue Ariel Avila. Un Congrès qui risque, à l’image du précédent, de continuer à enliser l’application de l’accord de paix, dont moins de 20% du contenu a pour l’instant seulement été concrétisé, comme le rapportait l’observatoire de suivi de la mise en œuvre de l’accord de paix (OIAP) en janvier.

Le Parti conservateur, Cambio Radical et Centro Democratico remportent en effet à eux trois le plus grand nombre de sièges dans les deux chambres (avec respectivement 15, 16 et 19 sièges au Sénat et 21, 30 et 32 à la Chambre). Mais ces trois partis, les plus à droite de l’échiquier politique et dont la plupart des membres sont clairement anti-paix, sont toutefois loin d’obtenir la majorité. Pour autant, « c’est aussi un des Congrès avec le plus de forces alternatives de l’histoire colombienne », relativise Ariel Avila.

La gauche gagne aussi du terrain

Les Verts font en effet une percée historique en doublant notamment leur nombre de sièges au Sénat (avec 10 sièges). Antanas Mockus, numéro un de la liste verte, ancien maire de Bogota et personnalité emblématique anti-système, fait un score remarquable en dépit de la maladie de Parkinson qui l’affecte depuis plusieurs années et l’a empêché de se représenter à la présidence. La gauche, fragmentée en plusieurs listes, conserve ou augmente sa représentation alors que de nombreux experts annonçaient une chute terrible. Le Parti de la U du président et Prix Nobel de la paix, Juan Manuel Santos, comme le prévoyaient les sondages, continue à perdre des voix (-7 sièges au Sénat et -12 à la Chambre). Tandis que le Parti libéral se maintient avec 14 sénateurs et 35 députés.

Par ailleurs, au moins 48 congressistes élus restent encore clairement liés à des affaires de corruption ou à des structures criminelles, selon l’analyse de la fondation Paz y Reconciliación.

Application de l’accord de paix retardée

« Cette élection ne change pas fondamentalement la composition des deux chambres. Les partis traditionnels reculent mais résistent. Et les reformes nécessaires à l’application de l’accord de paix vont continuer à être retardées, à être négociées point par point, ce qui fait qu’on continuera à ne pas pouvoir les mettre en œuvre », analyse le chercheur Fréderic Massé, spécialiste du processus de paix colombien. La réforme agraire et la réforme politique, deux des axes principaux de l’accord, risquent ainsi de ne pas être approuvées, renchérit Ariel Avila.

Cette élection reste cependant historique sur de nombreux points. Pour la première fois, l’ex-guérilla des FARC, démobilisée et sans armes a participé démocratiquement au scrutin avec son nouveau parti de la Force alternative révolutionnaire commune. De nombreux ex-guérilleros votaient dimanche pour la première fois. Et les immenses sourires arborés par les ex-commandants au moment d’introduire leur bulletin dans l’urne restent sans conteste parmi les images les plus fortes de ces élections. Car même si la nouvelle FARC n’a obtenu qu’à peine 0,4% des voix (soit à peine plus que le nombre de ses militants) le parti sera représenté pour les deux prochaines législatures par cinq sénateurs et cinq députés, comme le prévoit l’accord de paix. Le temps de faire oublier – ou non – leurs très difficiles débuts en politique…

Par ailleurs, le gouvernement se félicite du fait que le pays ait pu célébrer « les élections les plus calmes de son histoire ». La participation reste comme d’habitude extrêmement basse avec un taux de 48% mais qui montre une amélioration de 5% par rapport aux élections législatives de 2014.

Les enjeux de la présidentielle

Dès lors, l’avenir de l’accord de paix avec les FARC et la suite des négociations avec la guérilla de l’Armée de libération nationale va se jouer lors de la présidentielle dont le premier tour a lieu le 27 mai. Le favori, Ivan Duque, dauphin de l’ex-président d’extrême droite et ennemi de la paix Alvaro Uribe, est en tête des sondages. Il a largement remporté la primaire de la droite qui se votait aussi dimanche et a annoncé que sa « formule » à la vice-présidence serait la dirigeante conservatrice Marta Lucía Ramírez.

Autre ennemi de l’accord de paix, le très à droite Germán Vargas Lleras, héritier d’une dynastie politique, n’est que quatrième dans les sondages mais voit son parti Cambio Radical devenir une des principales forces politiques du Congrès et bénéficie pour la présidentielle d’une « machinerie politique » très rodée. A gauche, le favori de la course à la présidence est Gustavo Petro, ancien maire de Bogota, qui, avec son mouvement Colombia Humana, a aussi remporté la primaire de dimanche. Gustavo Petro, qui est aussi un ex-guérillero du M-19, bête noire de la droite et des médias, a fait une percée spectaculaire dans les sondages ces dernières semaines. Il est au coude à coude avec Ivan Duque. Enfin, l’ancien maire de Medellín Sergio Fajardo, qui se présente avec une coalition allant du centre droit à la gauche en passant par les Verts, entend aussi se faire une place « entre les extrêmes ».

En attendant, le président Santos, qui avait promis une paix « complète » aux Colombiens, vient d’annoncer la reprise des dialogues avec l’ELN suspendus depuis plusieurs semaines.

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0